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N° 202 - du 27 janvier 2011 au 2 février 2011


Franz Xaver Messerschmidt, L’Homme qui bâille, 1771-1781, étain, H.43; 1.22; pr.24 cm. Budapest, Szépmuvészeti Múzeum © Szépmuvészeti Múzeum, Budapest (exposition au musée du Louvre).

L'AIR DU TEMPS

Monet, fils de Toutankhamon

PARIS - Toutankhamon peut dormir tranquille (d’autant que l’on s’apprête à interdire sa tombe au public). Son record n’est pas près de tomber. Les 1,2 millions de visiteurs qui avaient visité l’exposition consacrée au pharaon en 1967 à Paris, en pleine frénésie de sauvetage d’Abou Simbel, n’ont pas été égalés par les fans de Monet. Même si l’expérience tentée l’an dernier avec « Picasso et les maîtres » a été reconduite : un rush final avec ouverture nuit et jour… Lundi 24 janvier, à 6 heures du matin, par une nuit humide, venteuse et froide (4°C), l’auteur de ces lignes se trouva face à une queue de 4 heures, qu’il ne put surmonter que grâce à son sésame, la carte de presse. A l’intérieur, il fallut savoir jouer des épaules, dans le brouhaha des audio-guides à l’unisson. La débâcle à Vétheuil ne put être aperçue que de loin. Dans les salles consacrées aux meules de foin ou à Venise, 60 esthètes se disputaient avidement cinq ou six tableaux. A la sortie, l’attente d’une demi-heure à la librairie pour acheter le catalogue ne semblait qu’une vétille aux passionnés. Monet, que de sacrifices, on consent en ton nom ! S’il ne concurrence pas le souverain du Nil, le champion de l’impressionnisme n’a pas à rougir : il a attiré 920 000 visiteurs en quatre mois, ce qui lui permettra de dominer aisément les hit-parades internationaux de 2011.
• La rétrospective Monet au Grand Palais a fermé le 24 janvier 2011.

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EXPOSITIONS


Joaquín Sorolla y Bastida, Enfants à la plage, Valence, 1916, huile sur toile, 70 x 100 cm, collection privée. © Photo Gonzalo de la Serna Arenillas/Charlie Peel, Archives BPS, Madrid

Espagne, le tournant de 1898

LAUSANNE – En 1898, coup de tonnerre en Espagne : le pays perd son empire avec la sécession des Philippines et de Cuba. Une génération d’artistes et d’écrivains, baptisée «génération de 1898», fera de ces événements un ferment de modernité et pavera le chemin de la génération suivante, celle de 1929, des Dalí et des García Lorca. La fondation de l’Hermitage étudie le panorama artistique à Madrid et dans les provinces autour de cette date fatidique, qui clôt le XIXe siècle. Le génie de Picasso est déjà en gestation mais le grand artiste du moment est Sorolla, qui règne depuis sa fastueuse demeure-atelier de Madrid (transformée en délicieux musée), où il produit des toiles évoquant les bords de mer dans un impressionnisme lumineux. Il y a aussi un fort contingent de Catalans caustiques, dont Mir, Rusiñol et Casas, qui seront des piliers du célèbre cabaret des Quatre Chats à Barcelone. Anglada, Regollos ou Zuloaga complètent un contingent qui reste mal connu en dehors de la péninsule.
El Modernismo 1880-1918 à la Fondation de l’Hermitage du 28 janvier au 29 mai 2011.

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Messerschmidt, l’encyclopédie des grimaces

PARIS – Ses têtes d’expression ont fait pendant longtemps les délices de rares connaisseurs, qui se considéraient un peu comme les tenants d’une société secrète. Car Messerschmidt (1736-1783), ce portraitiste bavarois apprécié par la cour de Vienne, puis mis à son ban pour son caractère imprévisible, qui le connaissait ? On ne voyait guère ses visages tordus par la colère, le rire ou la douleur que dans les pages de revues raffinées et confidentielles comme FMR. Messerschmidt est en passe d’être consacré : ses «têtes de caractère», qui anticipent les théories des phrénologues, de Lavater et de Beccaria, arrivent au Louvre ! Une trentaine de bustes, en albâtre ou en métal, sont présentés, exprimant toute une palette de sentiments et d’afflictions. Une question demeure, que la notoriété grandissante de l’artiste, pourrait aider à résoudre : combien de têtes Messerschmidt a-t-il sculptées ?
Franz Xaver Messerschmidt au Musée du Louvre, du 28 janvier au 25 avril 2011. Catalogue Louvre/Officina Libraria, 2011, 224 p., 39 €.

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Wyndham Lewis, Workshop, vers 1914-1915, huile sur toile, Tate Britain, Londres. Courtesy Guggenheim Collection, Venise.

Dans le tourbillon des vorticistes

VENISE – Le patron du mouvement a été, il y a peu, superbement célébré à la fondation March à Madrid. C’est maintenant le tour de tout le groupe, qui agita la scène artistique britannique dans les deux premières décennies du XXe siècle, d’être mis en perspective. Il y a donc en tête de file Wyndham Lewis, créateur polymorphe, oscillant entre dessin, peinture, écriture, théâtre et politique. Mais aussi Jacob Epstein ou Henri Gaudier-Brzeska, jeune sculpteur franco-polonais, qui disparaîtra pendant la Première Guerre mondiale (récemment exposé, lui aussi, au centre Pompidou). Proches voisins des futuristes italiens, les vorticistes veulent s’inscrire dans le tourbillon de la vie moderne (c’est la signification du mot «vortex» en anglais). Comme Marinetti et consorts, ils s’inspirent de la vitesse et de la mécanique pour créer un art urgent, géométrique, essentiellement abstrait.
I Vorticisti: artisti ribelli a New York e Londra, 1914-1918 à la Fondation Peggy Guggenheim, du 29 janvier au 15 mai 2011. Exposition présentée à la Tate Britain du 14 juin au 4 septembre 2011.

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Ces expositions ouvrent également cette semaine…

• Avec Les Insolites, le Centre national du costume de scène de Moulins montre comment les scénographes utilisent les matières les plus inattendues – caoutchouc, métal, végétaux – pour créer des costumes hors du commun. Du 28 janvier au 15 mai 2011.

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• A Sète, le musée Paul-Valéry présente Louis Valtat, un coloriste trop méconnu, contemporain de Bonnard et de Matisse. Du 28 janvier au 7 mai 2011.

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• A Vienne, l’Albertina présente un des grands noms de l’art Pop, Roy Lichtenstein, en version noir et blanc. Du 28 janvier au 15 mai 2011.

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VENTES

A la mémoire du peintre inconnu

PARIS - On voit régulièrement passer à Drouot l’entier contenu d’un atelier d’artiste. Quand le peintre est inconnu, des dizaines de toiles sont vendues à vil prix… S’il bénéficie d’une petite réputation, sa cote connaît une embellie. La maison Ader, entre autres, s’est fait une spécialité de ces réévaluations. Les années passées, on a vu resurgir l’Argentin Eduardo Jonquières ou le Canadien Fernand Leduc. Ce dernier, notamment, est passé d’estimations de 1000 ou 2000 € à des enchères de plus de 50 000 €. Une telle envolée est rare et l’on doute qu’elle se reproduise avec les candidats de cette semaine : Paul Mantes (1920-2004), pâle copiste de Chirico, Delvaux et Tanguy, ou Pierre Van Poucke, marqué par Matisse et Picasso, et qui fut pendant des décennies un membre actif du Salon des Indépendants. Peu importe, d’ailleurs, et l’on pourra continuer la recherche chez Massol où l’on propose le discret paysagiste Pierre Edmond Péradon (1893-1981) : les esprits curieux, toujours à l’affût de redécouvertes, savent qu’elles ne s’offrent pas facilement…
Ventes Mantes et Van Poucke à Richelieu-Drouot (Ader SVV) le 28 janvier 2011.
Ateliers d’artistes à Richelieu-Drouot (Massol SVV) le 29 janvier 2011.

Le site de la maison Ader

L'ARTISTE DE LA SEMAINE


Jonathan Meese, Spieglein, Spieglein an der Wand, wann ist Diktatur der Kunst Erzland ? (MEE/S) 251/OD, 2010, assemblage, technique mixte, 70,5 x 37 x 37,5 cm. Courtesy galerie Daniel Templon, Paris.

Jonathan Meese, trublion berlinois

PARIS – Ses toiles dégoulinent de coulures, de giclées, de sécrétions bizarres. Ses sculptures sont des pots-pourris baroques, pleins d’excroissances, d’objets rapportés, poupées rafistolées voisinant avec des cadres dorés, le tout lacéré de graffiti. Jonathan Meese n’aime pas le net et le propre. Son art, qui a à voir avec une sorte de vitalité tropicale, s’exprime dans autant de directions que possible : peinture, sculpture, installations, performances, vidéo, décors de théâtre ou d’opéra. « On ne peut pas apprendre l’art, on ne peut pas enseigner l’art » proclame ce provocateur, qui, comme Hermann Nitsch, arbore une grande barbe de prophète. Né à Tokyo (en 1970), exposant à New York et Londres, vivant à Berlin, il donne une vision très personnelle de la globalisation, en accumulant, comme autant de débris, les idoles des adolescents, les symboles fascistes et les objets de consommation.
• L’exposition St Neutralité se tient à la galerie Daniel Templon (30 rue Beaubourg, 75003 Paris), jusqu’au 8 février 2011.

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LIVRES

Sèvres : 1769, année mythique

La couverture est alléchante : un sein, qui n’est pas celui de la Belle Otero (celui-là est immortalisé dans les coupoles de l’hôtel Negresco à Nice), avec le téton bien visible. Ce n’est pourtant pas un ouvrage dévergondé mais une somme sur la porcelaine de Sèvres ! Ce bel attribut féminin y a toute sa place : il avait été commandé, pour servir de jatte de luxe, par Marie-Antoinette pour sa laiterie à Rambouillet… Dans le livre, il voisine avec ce que la manufacture de Sèvres a produit de plus remarquable au moment où elle perçait le secret de la porcelaine dure (1769) : le légendaire Grand Vase, de 2 mètres de haut, les services pour les tsars de Russie, les décorations consacrées aux grands hommes ou aux oiseaux de Buffon. Même s’il inclut un inventaire spécialisé (la liste des tous les artisans recensés à Sèvres à l’époque), le livre s’adresse à un plus large public : il aide à comprendre l’iconographie, à distinguer entre pâte dure et tendre, et reproduit des lettres des concurrents d’alors (Wedgwood) ou de Jacques Garcia, l’actuel pape de la décoration à la française.
Sèvres sous Louis XVI, par John Whitehead, éditions Courtes et Longues, 2010, 146 p., 45 €.

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• Pour un choix très large d'ouvrages sur le sujet, consultez en ligne la Librairie de la Céramique.

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BRÈVES

BOLOGNE – La foire d’art moderne et contemporain Arte Fiera se tient du 28 au 31 janvier 2011.

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LAUSANNE - Le Fonds photographique Chaplin, composé d'environ 10 000 photographies, a été déposé au musée de l'Elysée.

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PARIS – Pour la troisième année consécutive, le musée du Louvre a reçu 8,5 millions de visiteurs en 2010, dont 7,8 millions ont parcouru les collections permanentes, le chiffre le plus élevé jamais atteint.

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PARIS - Le permis de construire de la Fondation LVMH, un bâtiment dessiné par Frank Gehry et devant s'élever dans le bois de Boulogne, a été annulé par le tribunal administratif de Paris.

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SUR ARTAUJOURDHUI.INFO

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MUSÉE MANDET Nouveau département design

RIOM - Le musée Mandet a rouvert le 22 janvier 2011 après un an de travaux, avec un nouveau département centré sur les arts décoratifs contemporains, des espaces pédagogiques adaptés au jeune public, un accueil pourvu d’une boutique et une bibliothèque de travail pour les chercheurs.

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