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N° 207 - du 3 mars 2011 au 9 mars 2011


Paire de boucles avec motifs de guerriers (Tillya Tepe, Tombe III), 1er siècle av. J.-C.-1er siècle apr. J.-C., or, National Museum of Afghanistan. Copyright Thierry Ollivier / Musee Guimet (exposition Afghanistan au British Museum, Londres)

L'AIR DU TEMPS

Pays meurtris

Ces derniers temps, l’actualité ne cesse de nous proposer des images de révolution, parfois étonnamment pacifiques (la Tunisie) parfois sauvagement brutales (la Libye). Si la préoccupation pour le patrimoine doit logiquement passer au second plan, elle ne peut être entièrement ignorée. Si le Musée archéologique du Caire a été victime d’un vandalisme curieusement ciblé (voir la chronique de Jean-Pierre Corteggiani dans Le Monde du 24 février), c’est évidemment en Libye que les inquiétudes sont les plus grandes : que vont devenir les collections du musée de Tripoli ou des musées de sites majeurs que sont Sabratha, Leptis Magna ou Cyrène ? Nous avons chroniqué il y a peu un beau livre, dû à Claude Sintes et Gilles Mermet, qui révèle la richesse extraordinaire du patrimoine antique libyen. Ces questions ne sont certes pas neuves et pour faire utilement face à ces situations récurrentes, qui comportent destructions mais aussi pillages et commerce illicite, rien de mieux que de poser un regard rétrospectif. C’est ce que fait le British Museum en dédiant, quelques années après le musée Guimet, une rétrospective fouillée à l’Afghanistan et à ses trésors rescapés de décennies de violence.
Afghanistan, surviving treasures from the National Museum of Afghanistan au British Museum, du 3 mars au 3 juin 2011.

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EXPOSITIONS


Jan Steen (1626-1679), Couple dans une chambre, vers 1671, Mauritshuis, La Haye

Jan Steen tous azimuts

LA HAYE – Jan Steen (1626-1679) a une réputation de joyeux drille : scènes d’auberge truculentes, repas pantagruéliques, médecins de foire, donzelles délurées… Le Mauritshuis n’entend pas faire l’impasse sur cette dimension de l’un des artistes les plus connus de l’art hollandais, dont il possède quinze œuvres. Mais en centrant cette exposition sur une acquisition très récente, il montre que l’art de Steen ne peut pas être aussi facilement réduit. Le nouveau tableau, qui fait la fierté du musée (acquis grâce au mécénat de BankGiro Lottery) est en effet une composition biblique, Moïse et la couronne de Pharaon où la dimension « salle de garde » s’efface partiellement. Faire revivre le Steen peintre d’histoire ne suffira pas à faire disparaître l’expression passée dans le langage courant « comme un intérieur à la Jan Steen », synonyme d’un désordre joyeux et indescriptible.
Jan Steen au Mauritshuis du 3 mars au 13 juin 2011

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Claude-Auguste Renoir, Jeune fille à l'éventail, vers 1879, Sterling and Francine Clark Art Institute, Williamstown, Massachusetts. Acquis en 1939. Photo Michael Agee © Sterling and Francine Clark Art Institute, Williamstown, Massachusetts, USA.

Impressionnistes de chez Clark

MILAN - Les impressionnistes passeront-ils jamais de mode ? Quand une exposition Monet ferme, une exposition Renoir ouvre… et si aucun des ténors n’est en scène, on peut toujours se retourner vers une rétrospective de groupe. C’est ce que propose le Palazzo Reale en accueillant une grande collection américaine, qui ne voyage qu’au compte-goutte, celle du Clark Institute de Williamstown, au Massachusetts. Réunie par un couple aux moyens hors du commun (Robert Sterling Clark était l’un des héritiers des machines à coudre Singer), qui s’installa à Paris à la fin de la Belle Epoque, elle compte quelques œuvres de premier plan. Plus de 70 tableaux de Pissarro, Monet, Degas, Sisley, etc., mais aussi de contemporains comme Bougereau, Carolus-Duran ou Gérôme (avec le Charmeur de serpents récemment montré dans la rétrospective du musée d’Orsay) décrivent une sensibilité américaine précoce, comparable à celle des Barnes, Phillips et Mellon, qui, en remplissant les musées du Nouveau Monde, furent les meilleurs propagateurs de la gloire impressionniste…
Impressionisti, chefs-d’œuvre de la collection Clark au Palazzo Reale, du 2 mars au 19 juin 2011.

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Rome, côté campagne

PARIS – Après la folie Monet, le Grand Palais retrouve son calme. L’exposition consacrée au paysage romain du XVIIe siècle ne devrait pas mobiliser les mêmes foules… Ce thème fut pourtant en son temps un « marronnier » tel que l’on peut difficilement l’imaginer aujourd’hui. Tout artiste modestement prometteur se devait d’en produire sur place et tout « grand touriste » moyennement fortuné se devait d’en acquérir. Le jeu de la demande poussa à produire en masse des œuvres immédiatement reconnaissables et échangeables sur les grands marchés européens. L’exposition démonte les origines de cette vogue, en grande partie attribuable aux « étrangers » comme Rubens, Bril, Poussin ou Le Lorrain mais également aux locaux comme les Carrache. Ces vues idéales se devaient de comporter des caprices architecturaux dans une nature tenue de conserver un semblant de sauvagerie avec ses cascades, montagnes ou arbres touffus…
Nature et idéal : le paysage à Rome 1600-1650 au Grand Palais, du 9 mars au 6 juin 2011. L’exposition sera ensuite présentée au Prado du 28 juin au 25 septembre 2011.

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Ces expositions ouvrent aussi cette semaine…

• GRENOBLE - Avec Marc Chagall et l’avant-garde russe, le musée de Grenoble revient sur un grand moment du XXe siècle, enfanté par la Révolution. Du 5 mars au 13 juin 2011.

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• PARIS - La Bibliothèque nationale de France rend hommage à l’un des pionniers de l’égyptologie, Emile Prisse d’Avennes (1807-1879), à qui elle doit notamment la présence dans ses collections du célèbre papyrus Prisse. Du 1er mars au 5 juin 2011.

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• ROME - Le Maxxi ouvre grand ses salles à Michelangelo Pistoletto, l’un des grands noms de l’Arte povera italienne. Du 4 mars au 15 août 2011.

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VENTES

Photos du bout du monde

Le choix des lots de cette vente Explorations est certes subjectif mais reflète assez bien le changement de pôles d’intérêt chez les grands voyageurs du XIXe siècle : l’Italie et l’Espagne, trop proches, cèdent la place à l’Afrique du Nord, à l’Orient, à l’Océanie des tribus, à la Russie sibérienne. Le goût pour l’architecture se mâtine d’ethnologie et de voyeurisme. Les clichés de l’époque mêlent ainsi des prostituées du Maghreb alanguies sur des peaux de bête, des petits pieds bandés de Chine, des Vénus stéatopyges, quelques maharajahs en grande tenue et une poignée de supplices – pendaisons, condamnés à la cangue, jusqu’à un effrayant hara-kiri immortalisé par Kusakake Kimbei vers 1880 (lot 145)… De grands noms du genre – Felice Beato, le prince Roland Bonaparte, Lehnert & Landrock, Pierre Verger ponctuent le défilé des lots, qui sont estimés pour la plupart sous le millier d’euros.
Explorations photographiques le 9 mars 2011 à Richelieu-Drouot (SVV Yann Le Mouel).

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LIVRES

Une année Drouot en images

L’hôtel Drouot en a suffisamment entendu sur son incapacité à s’adapter et à tenir le rythme des maisons anglo-saxonnes installées depuis une dizaine d’années sur le sol français… Certes, l’enchère moyenne est modeste mais la variété des biens mis en vente est inégalable : c’est l’argument de fond des commissaires-priseurs parisiens. Cet ouvrage en est un peu l’illustration. Il recense les plus belles enchères de l’année écoulée : aussi bien les records que les collections exceptionnelles. S’y côtoient donc, pour aboutir aux 413 millions € obtenus sur douze mois, la copie manuscrite d’une grammaire arabe de 1120 (2 millions €), une commode de Joseph (1,6 millions €), un livre d’heures à l’usage du diocèse d’Amiens (100 000 €) ou un bracelet articulé de Jean Dunand (17 000 €). De la Russie à l’Afrique, de l’Antiquité à nos jours, du tout petit (montre à tact Bréguet, 78 000 €) au très grand (une verrière de quatorze panneaux en verre cathédrale, 69 000 €, ou un tronçon de l’escalier de la tour Eiffel, 105 000 €), on pense évidemment au slogan de la feue Samaritaine : on trouve de tout à Drouot…
Drouot, l’art et les enchères 2010, Drouot Holding, 2010, 386 p., 65 €

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L’ARTISTE DE LA SEMAINE


Pierre Lamalattie, Collègue de travail avec son trieur, huile et acrylique sur toile, 160 x 80 cm ©Pierre Lamalattie. Courtesy galerie Blondel, Paris.

Pierre Lamalattie : des CV en images

Une comédie humaine tirée de la vie quotidienne du marché du travail, de la recherche d’emploi, des journées au bureau, des rivalités et des jalousies professionnelles, des doutes sur la carrière, c’est ce que nous joue Pierre Lamalattie avec ses portraits. Dans son « reportage sur l’homme », l’artiste qui se présente comme « une sorte de raté irrémissible », un « peintre pompier », croque nos travers de façon drôle ou cruelle, selon l’angle que l’on choisira de prendre. Entre l’obsédée des soldes et le « beauf » à la mer, chacun pourra trouver son archétype. Les légendes sont indissociables de ces dessins précis, qui rappellent les aphorismes d’Edward Lear ou de Pierre Desproges. Romuald ? « Depuis qu’il est moniteur de fitness, il s’est construit lui-même une philosophie qui marche. » Paulette ? « A la résidence des sapins, tous les quinze jours, elle reçoit la visite du coiffeur. » Petites tranches de vie…
• Pierre Lamalattie est exposé à la galerie Alain Blondel (128 rue Vieille-du-Temple, 75003 Paris), jusqu’au 19 mars 2011.

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BRÈVES

BARCELONE – Le MACBA a reçu en donation les archives Miserachs et ses 80 000 photos, source essentielle de documentation sur l’Espagne du XXe siècle.

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BORDEAUX - L'exposition consacrée à Diego Rivera, qui devait ouvrir le 10 mars 2011 au musée des beaux-arts, est annulée - nouvelle victime du naufrage de l'Année du Mexique en France.

NEW YORK – L’Armory Show, salon d’art moderne et contemporain, se tient du 3 au 6 mars 2011, avec une centaine de galeries internationales.

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PARIS – La Gaîté lyrique, célèbre théâtre parisien inauguré en 1862, a rouvert le 2 mars 2011, transformé en centre international des arts numériques et des musiques actuelles.

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PARIS – Le salon Paris Photo a annoncé que sa prochaine édition se tiendrait au Grand Palais et non au Carrousel du Louvre et qu’elle serait dirigé par un nouveau commissaire, Julien Frydman, ancien directeur de l’agence Magnum, qui remplace Guillaume Piens.

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PARIS – La galerie Wallworks, spécialisée en street art (4, rue Martel, 75010), est inaugurée avec une exposition consacrée au graffeur Kongo, à partir du 4 mars 2011.

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