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N° 208 - du 10 mars 2011 au 16 mars 2011


Jean-Antoine Watteau, Deux études de femmes, vers 1716-17. Sanguine, pierre noire, craie et crayon sur papier crème. 260 x 205 mm. Nationalmuseum, Stockholm. © The Nationalmuseum, Stockholm (exposition à la Royal Academy of the Arts, Londres).

L'AIR DU TEMPS

Femmes au seuil des musées

Le Centre Pompidou avait montré l’exemple en réalisant, en mai 2009, un accrochage « féministe » de la collection du Musée national d’art moderne. A l’époque, le musée de Brooklyn s’était aussi fait remarquer avec son nouvel espace dédié au Sackler Center for Feminist Art. Si le 8 mars est l’occasion de rendre hommage aux femmes dans l’art (à l’image du musée Thyssen-Bornemisza de Madrid, qui inaugure l’exposition Héroïnes), on peut se demander quelle est leur place réelle dans les institutions culturelles. On se souvient du slogan bien tourné des Guerrilla Girls en 1989 : « Do women have to be naked to get into the Met. Museum ? » (les femmes doivent-elles être nues pour entrer au Metropolitan Museum ?), rappelant que seulement 5 % des artistes exposées dans le grand musée new-yorkais d'art moderne étaient des femmes (mais que 85 % des nus représentaient des femmes). Malgré toutes les initiatives et déclarations d’intention, la réalité ne semble évoluer qu’en apparence. Une nouvelle enquête des Guerrilla Girls, réalisée en 2004, quinze ans après la première, montrait que la fameuse statistique avait encore décru, à 3 %. On attend la prochaine…

L’exposition Heroínas au musée Thyssen-Bornemisza, du 8 mars au 5 juin 2011

EXPOSITIONS


Détail du retable Heilsspiegel, Kunstmuseum Basel.

Le mystère Witz

BÂLE – Il est sorti des brumes de l’histoire au début du XXe siècle grâce aux recherches de Daniel Burckhardt-Werthemann mais les zones d’ombre restent nombreuses. Qui était ce Konrad Witz, dont l’activité n’est documentée que pendant une décennie (environ 1434-1447) à Bâle, l’une de villes majeures de la réflexion religieuse, au moment du concile œcuménique convoqué par l’Eglise ? L’exposition montée au Kunstmuseum tente de faire avancer la recherche, notamment en rassemblant les fragments éparpillés de ses grands retables, peuplés de personnages très réalistes, d’architectures détaillées et de montagnes dessinées comme des draperies. Pour l’occasion, les neuf éléments du retable Heilsspiegel, conçu pour l’église Saint-Léonard et aujourd’hui propriété du musée, ont été restaurés, et côtoient les prêts en provenance de Genève, Dijon ou Strasbourg.
Konrad Witz au Kunstmuseum, du 6 mars au 3 juillet 2011.

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Richelieu puissance trois

ORLÉANS, RICHELIEU, TOURS - Gonzague, Este, della Rovere, Farnèse : on a vu ces dernières années de belles reconstitutions de ces anciennes collections princières italiennes. On salive devant un projet similaire consacré à un autre collectionneur d’exception : le cardinal Richelieu. Il semble impossible de recenser ce que l’homme d’Etat put réunir en son temps : des antiques acquis à Rome par ses émissaires, des tableaux commandes à ses contemporains (comme Nicolas Prévost) ou achetés sur le marché (le célèbre Studiolo d’Isabella d’Este à Ferrare), des représentations de batailles pour servir la gloire de l’Etat et la sienne. Et encore des objets d’art, des tapisseries et du mobilier pour son château de Richelieu (dessiné par Jacques Lemercier, il fut le plus grand de France avant la construction de Versailles)… Répartie en trois lieux – Orléans (les antiques), Tours (les décors intérieurs) et Richelieu (les batailles) - l’exposition donne un goût de la magnificence qui entourait le cardinal. On regrette l’absence d’un site internet qui aurait pu fédérer ces manifestations (qualifiées d’intérêt national) et rendre plus compréhensible la richesse d’un fonds aujourd’hui dispersé. On se demande à quoi a servi le mécénat IBM et Deloitte, mentionné sur le dossier de presse…
Richelieu à Richelieu du 12 mars au 12 juin à Orléans (musée des Beaux-Arts), Tours (musée des Beaux-Arts) et Richelieu (Musée municipal).

Le Forain de Paris

PARIS – Une tache souille sa carrière : avoir participé au combat antidreyfusard – un choix surprenant pour un artiste qui a connu la vie de bohème aux côtés de Rimbaud (avec qui il partagera un appartement) et qui a eu une sensibilité anarchiste à l’époque de la Commune. Pour le reste, difficile de synthétiser la longue carrière de Jean-Louis Forain (1852-1931) tant elle a été variée : jeune impressionniste, prolifique illustrateur de presse, excellent lithographe, jusqu’à un feu d’artifice final en forme d’expressionnisme, à l’âge de 70 ans, lorsqu’il fréquente les clubs de jazz et de tango des Années folles. L’exposition du Petit-Palais montre donc beaucoup – plus de 200 œuvres – en prenant pour fil conducteur la ville et la nuit. Habitué de l’Opéra et des cafés, observateur des maisons closes et des tribunaux, Forain a produit une riche et très personnelle encyclopédie des mœurs.
Jean-Louis Forain, la Comédie parisienne au Petit Palais du 10 mars au 5 juin 2011. L’exposition sera présentée à la Dixon Gallery and Gardens de Memphis (Tennessee) du 26 juin au 9 octobre 2011.

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Ces expositions ouvrent aussi cette semaine…

• LONDRES - Les dessins de Watteau font l’objet d’une rétrospective à la Royal Academy of Arts. Du 12 mars au 5 juin 2011.

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• PARIS – Rossetti et Burne-Jones étaient contemporains des pionniers de la photo. Le musée d’Orsay fait le tour de leurs relations dans Photographie préraphaélite. Du 8 mars au 29 mai 2011.

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• ZURICH - Le Kunsthaus s’attaque à un thème complexe : la vision dans l’œuvre de Giacometti en rassemblant plus d’une centaine d’œuvres. Du 11 mars au 22 mai 2011.

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VENTES

Habits de lumière

PARIS - Marina Vlady lumineuse en princesse de Clèves (en 1961) avec ses galons or et ses manches en damas lamé, Jeanne Moreau toute jeune dans La Reine Margot (en 1954) en velours et cape, Danielle Darrieux en robe longue en crêpe plissé dans L’Affaire des poisons (1955)… Ou Michèle Morgan en déshabillé vert d’eau dans Le crime ne paie pas (1962) ? Au cours de cette vente, les nostalgiques pourront s’amuser à endosser le rôle de leurs idoles : les costumes utilisés dans ces films Pathé devraient être accessibles pour quelques centaines d’euros. Les interprètes masculins ne sont pas absents : le costume deux pièces gris porté par Gérard Philipe dans Le Joueur (1958) ou celui en gabardine qui seyait si bien à Omar Sharif dans Mayerling (1968) inspireront les fétichistes. Le record est attendu pour le tailleur d’Edith Piaf dans French Cancan (1955), qui devrait dépasser le millier d’euros.
Anciens stocks d’un costumier à Richelieu-Drouot le 11 mars 2011 (Ader SVV).

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L'ARTISTE DE LA SEMAINE


Julien Taylor, Dessus de cartes sur table.

Julien Taylor : photo non stop

S’il confesse son goût pour le « moment décisif » cher à Cartier-Bresson, Julien Taylor (né en 1976) s’en éloigne par la facture de ses photographies, qui sont le produit d’arrangements complexes. La formation scientifique de l’auteur et son goût pour la vie nocturne parisienne ont accouché d’une œuvre originale où la multiplicité des points de vue (qui illustrent le passage du temps ou différents angles d’une même action) réussissent à se combiner en des images uniques, par la magie de la retouche numérique. Qu’il s’agisse d’une fête d’anniversaire prise du plafond, d’un bar à différentes heures de la nuit, des différents mannequins participant à un défilé, Taylor produit à chaque fois des images de synthèse, dans la double acception du mot : travaillées à l’ordinateur et capables de résumer une situation en mouvement. Julien Taylor, qui participe au festival Fetart, vient de recevoir le prix Nicolas Feuillatte de l’artiste de l’année 2011.

Le site de l’artiste

LIVRES

Diyarbakir, murailles d’exception

Le patrimoine, ce sont les vieilles pierres mais aussi les traditions, les mélanges de cultures, la cuisine et la musique… Quand on n’est pas inscrit au patrimoine de l’Unesco et que l’on se trouve dans une région stigmatisée par des décennies de violence, comme le Kurdistan turc, comment faire connaître ces richesses ? C’est ce à quoi s’attelle ce charmant ouvrage, qui traite de la ville de Diyarbakir, à peu près inconnue du public, même cultivé. Située à l’extrême-Est de la Turquie, sur les bords du Tigre, elle ne manque pourtant pas d’atouts et fascina l’archéologue Albert Gabriel. Ses murailles d’andésite de plus de 5 kilomètres de long, rythmées par 82 tours, sont considérées parmi les plus longues du monde et certaines parties remonteraient aux hourrites (3000 av. J.-C.). Creuset kurde, chrétien, juif, arménien et syriaque, Diyarbakir a compté un temps le plus beau cinéma du Moyen-Orient (le Dilan, de 1500 places) et des traditions originales comme l’habitude d’installer son lit, pendant les nuits d’été, sur les terrasses. Face à la croissance explosive de sa population, son patrimoine bâti est très menacé et ne bénéficie pas des mêmes attentions que sa voisine Mardin, chère à l’Aga Khan.
Diyarbakir par Seyhmus Diken, Turquoise, 2010, 256 p., 20 €

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BRÈVES

ÉMIRATS ARABES UNIS - La 6e Biennale d’art contemporain de Sharjah se tient du 16 mars au 16 mai 2011.

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KARLSRUHE - Le salon d'art contemporain Art Karlsruhe se tient du 10 au 13 mars 2011.

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LE CAIRE – Zahi Hawass, qui dirigeait le service des Antiquités égyptiennes depuis une décennie, a annoncé le 6 mars 2011 sa démission de son poste de ministre des Antiquités. L’ex-président Moubarak l’y avait nommé quelques semaines avant de quitter le pouvoir.

Le site du « Dr Hawass »

LONDRES - Le tableau considéré le plus cher du monde, un Picasso de 1932, Nu au plateau de sculpteur, vendu aux enchères pour 106,5 millions $ le 4 mai 2010 chez Christie's à New York, est exposé à la Tate Modern depuis le 7 mars 2011.

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SINGAPOUR – La 3e Biennale d’art contemporain de Singapour se tient du 13 mars au 15 mai 2011.

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