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N° 214 - du 21 avril 2011 au 27 avril 2011


Le futur Muséoparc Alésia, architecte Bernard Tschumi (Photo R. Pic)

L'AIR DU TEMPS

Alésia horizon 2012

Comprendre la bataille qui fit de Vercingétorix un mythe et qui donna naissance à la civilisation gallo-romaine. C’est l’objet du futur MuséoParc d’Alésia, tout entier dédié à la confrontation de 52 av.J.-C., avec ses colossales fortifications et ses épiques combats de cavalerie. On s’y initiera au quotidien des troupes et au patient travail de redécouverte lancé par Napoléon III et relayé de nos jours par les explorations aériennes au laser. Attendue pour ce printemps, l’inauguration vient d’être repoussée à mars 2012. La Bourgogne bénéficiera alors de trois musées de pointe pour mieux décrypter son archéologie : le MuséoParc, le musée de Châtillon-sur-Seine (où est conservé le célèbre vase de Vix) et celui de Bibracte, consacré à la civilisation gauloise des oppida. Le premier est signé par Bernard Tschumi (l’auteur du musée de l’Acropole à Athènes), le deuxième par Antoine Stinco (à qui l'on doit le musée du Jeu de paume à Paris), le troisième par Pierre-Louis Faloci (aussi connu pour le Moulin de Valmy et le Centre du déporté du Struthof). Soit trois « musées d’architecte ». La recette gagnante pour relancer le tourisme culturel (hier Bilbao avec Frank Gehry, demain Glasgow avec Zaha Hadid, après-demain Abu Dhabi avec Jean Nouvel et Norman Foster) gagne enfin ses lettres de noblesse en province…

Le site du Muséoparc Alésia

EXPOSITIONS


Couverture de la revue A-I-Z : die Arbeiter-Illustrierte aller Länder n°17, 1931. Photographie Tina Modotti, 38 x 28 cm, The Museum of Fine Arts, Houston.

Dans l’œil du prolétaire

MADRID – La photographie d’avant-garde est-elle née dans les studios d’artistes ? Ou plutôt dans les manifestations prolétaires, avec des appareils empoignés par des amateurs ? La rétrospective du musée Reina Sofía est intéressante par la quantité de clichés exposés – au total, un bon millier ! – mais aussi car elle est une exposition à thèse : elle démontre que le modernisme n’est pas forcément là où on l’attend. L’Allemagne (avec la revue AIZ qui lance en 1926 un concours de photo ouvrière) et l’Union soviétique sont les deux foyers de ce mouvement populaire. Il sera relayé par les partis communistes des pays d’Europe centrale, rebondira en Espagne avec la Guerre civile et se développera en Amérique avec la Workers Photo League, Edward Weston et Tina Modotti. Parmi les auteurs exposés voisinent des célébrités comme Capa, Strand et Cartier-Bresson, des écrivains et cinéastes comme Joris Ivens ou Ilya Ehrenbourg ou des talents oubliés comme Eugen Heilig, Ferenc Haár, Arkady Shaikhet.
Fotografía obrera 1926-1939 au musée Reina Sofía, jusqu’au 22 août 2011.

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Gino Severini, Expansion sphérique de la lumière centripède et centrifuge. Simultanéisme © DR / Munson-William-Proctor Arts Institute, Museum of Art © ADAGP, Paris 2011

Severini, le renouveau perpétuel

PARIS - Gino Severini (1883-1966) a été un recordman des « ismes » : au cours de sa longue carrière, il a été tour à tour des aventures du divisionnisme (1905-1910), du futurisme (1911-1915), du cubisme (1916-1919), jusqu’au néo-futurisme trente ans plus tard, alternant ces engagements avec des allées et venues, moins faciles à cataloguer, vers la figuration et l’abstraction. L’exposition documente ces multiples intérêts à partir de la riche collection du musée de Trente et Rovereto, du musée d’Orsay et d’autres prêts internationaux. Introduit dans les avant-gardes par Giacomo Balla, Severini prend une dimension européenne en quittant sa Cortone toscane pour s’installer à Paris en 1906. Il y fréquentera aussi bien Braque et Picasso que Paul Fort, le poète du « petit cheval blanc », dont il épousera la fille. Expansion sphérique, Train blindé en action ou Danseuse articulée montrent qu’il s’est aussi bien préoccupé de questions formelles que de rendre compte de son époque, prise en tenailles entre guerre et Années folles.
Gino Severini au musée de l’Orangerie, du 27 avril au 25 juin 2011.

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Quand Rembrandt inventait le Christ

PARIS - Rembrandt était fasciné par l’histoire biblique et par la peinture d’après modèle (ce qui lui fit préférer au mirage du voyage en Italie le travail en atelier). De ces deux convictions devait naître une révolution : une nouvelle façon de représenter le Christ. Non plus un personnage fictif répondant au canon immémorial de la Lettre à Lentulus mais un être de chair, en prise avec le doute et l’émotion, dont Rembrandt prit, dit-on, le modèle chez un jeune homme de la communauté juive d’Amsterdam. C’est cette terrible audace que documente le Louvre en rassemblant, autour du célèbre Pèlerins d’Emmaüs juste restauré, des dessins, tableaux et eaux-fortes de Rembrandt, confrontés à la production des artistes de son temps. Le bond en avant des années 1640, jamais étudié de façon aussi approfondie, y apparaît de manière éclatante.
Rembrandt et la figure du Christ au musée du Louvre, du 21 avril au 18 juillet 2011. L’exposition sera présentée au Philadelphia Museum of Art du 3 août au 30 octobre 2011 puis au Detroit Institute of Arts, du 20 novembre 2011 au 12 février 2012.

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• COLOGNE – Dans August Sander. Sardinien, le Photografische Sammlung se penche sur un voyage de 30 jours que le photographe fit en Sardaigne en mars 1927.

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• LILLE - Portraits de la pensée est une exposition originale du Palais des beaux-arts : comment restituer la pensée ? Démonstration à partir du 50 portraits de peintres du Siècle d’or, de Ribera, Vélasquez, Giordano et de l’école d’Utrecht. Jusqu’au 13 juin 2011.

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• PARIS – La Pinacothèque, frustrée de son exposition sur les masques de jade mayas, annulée au dernier moment, se rattrape avec Le voyage imaginaire de Hugo Pratt consacré à l’un des grands créateurs de bande dessinée du siècle passé. Jusqu’au 21 août 2011.

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VENTES


Marcel Duchamp, La mariée mise à nu par ses célibataires, même (la boîte verte), Paris, Rrose Sélavy, 1934 ; 33 x 27 cm, en feuilles, emboîtage de feutrine verte, titre en pointillés blancs et noirs. Lot 49, estim. 12000-15000 €. Courtesy Cornette de Saint Cyr, Paris.

Avant-gardes à petits prix

PARIS - Un placard surréaliste français, un tract surréaliste sud-américain, une photographie originale de Denise Bellon, des exemplaires de la revue Minotaure, d’autres de la revue Documents de Georges Bataille, des lettres tapuscrites de Jean Arp, des billets signés Michel Leiris, une édition originale du Mont de piété d’André Breton, une carte postale de Jacques Hérold… Comme il sied au foisonnement des avant-gardes, cette vente juxtapose les lots dans une manière qui aurait plu à Lautréamont, avec des estimations raisonnables de quelques centaines d’euros. Sauf pour une des 300 boîtes de La mariée mise à nu par ses célibataires, même, de Duchamp, avec ses 93 documents. Elle est estimée 12 000 euros car ornée d’une signature très lisible.
Avant-gardes à Richelieu-Drouot (Cornette de Saint Cyr) le 21 avril 2011.

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L'ARTISTE DE LA SEMAINE


Ben Kinmont, Prospectus: Paris, Kadist Art Foundation, 2011. Photos : Aurélien Mole

Ben Kinmont, une certaine idée de la performance

On connaît l’obsession des artistes, surtout contemporains, pour le nouveau. Chez Ben Kinmont, c’est l’inverse : l’artiste de la Nouvelle-Angleterre (né en 1963) n’aime rien tant que recycler des projets déjà aboutis. Si sa dernière exposition parisienne ne peut pas réactiver sa conversation avec des promeneurs à New York en 1992 (I need you), elle le fait pour d’autres actions comme Digger Dug où il s’agit de témoigner, à partir d’interviews menées à travers le monde, de la façon dont les artistes peuvent avoir une activité altruiste. On l’aura compris, Ben Kinmont ne produit pas d’œuvres matérielles au sens habituel mais un corpus qui tient plus de la sociologie. Il s’interroge sur l’appropriation des revenus de l’activité artistique, par exemple en les partageant avec les auteurs de ses performances (il a envoyé un chèque de 40 $ à chaque participant de Digger Dug). Tous les documents produits sont soigneusement conservés - et enrichis lors des « remakes » - pour servir d’archives susceptibles de développements infinis.
• Ben Kinmont est exposé à la Kadist Art Foundation (19-21 fue des Trois Frères, 75018 Paris) jusqu’au 1er mai 2011.

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LIVRES

Le manifeste de Burle Marx

Comme le rappelle Arnaud Maurières dans l’une des interviews qui composent l’ouvrage, il existe un begonia burle-marxii et un heliconia burle-marxii. Ces plantes constituent des hommages vivaces à l’un des grands paysagistes du XXe siècle, Roberto Burle Marx (1909-1994) qui a associé son nom à la genèse de Brasilia, mais aussi au centre d’art contemporain d’Inhotim à Belo Horizonte, au pavement de la plage de Copacabana ou au jardin del Este à Caracas. Jacques Leenhardt et Gilles Clément rapportent une anecdote qui suffit à rendre attachant le personnage. En 1928, peintre en Allemagne, il dessine des fleurs au jardin botanique de Dahlem quand, lisant les étiquettes, il réalise qu’elles sont du même pays que lui et qu’il ne les a jamais remarquées. Sa vocation naît ce jour-là. Comment a-t-elle marqué le Brésil, comment annonce-t-elle le rapprochement entre art contemporain et nature, comment rejoint-elle les préoccupations actuelles sur la biodiversité ? Ce sont quelques-unes des directions qu’explore ce livre à plusieurs voix sur un humaniste du paysage.
Dans les jardins de Roberto Burle Marx, sous la direction de Jacques Leenhardt, Actes Sud, 2011, 184 p., 22 €.

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BRÈVES

AVIGNON – Le Piss Christ, une photographie d’Andrés Serrano, représentant un crucifix dans l’urine de l’artiste, a été vandalisé à coups de couteau à la Fondation Lambert le 17 avril 2011.

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BARCELONE – La sacristie et la crypte de la Sagrada Familia de Gaudí ont été endommagées par un incendie criminel le 19 avril 2011.

Un diaporama sur El País

BERLIN - LA capitale allemande va se doter d'un monument commémorant la réunification. Baptisé Citoyens en mouvement, ce plateau mobile a été conçue par la chorégraphe Sasha Waltz et l'architecte Johannes Milla.

L'image du monument dans The Guardian

CHAUMONT-SUR-LOIRE – Le Festival international des jardins se tient du 22 avril au 16 octobre 2011 sur la thématique « Jardins d’avenir ou l’art de la biodiversité heureuse ».

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