ArtAujourdhui.Hebdo
N° 225 - du 7 juillet 2011 au 7 septembre 2011
L’une des statues en or du temple. Courtesy Sree Padmanabhaswamy Temple, Thiruvananthapuram, Kerala, Inde.
Notre prochain numéro paraîtra le 8 septembre 2011. Bonnes vacances !
L'AIR DU TEMPS
Inde, le trésor de l’été
La belle saison est propice aux chasses au trésor. Qui n’a pas trouvé une pièce sur la plage ? Qui n’a pas entendu parler du trésor du Staffordshire et sa superbe orfèvrerie anglo-saxonne, mis au jour en 2009 ? Certaines sociétés sont spécialisées dans cette recherche excitante, dont l’américaine Odissey, aux pratiques souvent contestées, est la plus connue. On lui doit la découverte du galion espagnol Santa María de las Mercedes, coulé en 1804 par les Anglais au large de Gibraltar, et de ses 17 tonnes de monnaies d’or et d’argent (trouvaille qui donne lieu depuis 2008 à un interminable procès avec l’Etat espagnol). Mais il suffit parfois de pousser une porte pour trouver bien plus. C’est ce qui vient d’arriver à Thiruvananthapuram, la capitale de l’Etat du Kerala, au temple de Sree Padmanabhaswamy, dédié à Vishnu. Une injonction délivrée par un juge à l’encontre des descendants du maharajah de Travancore, «gardiens du temple», pour sécurité insuffisante, a amené à ouvrir des salles fermées depuis près d’un siècle. Les statues en or massif, les noix de coco constellées de pierres précieuses, ont été évaluées à près de 20 milliards d’euros. Et il reste encore une chambre à ouvrir…
EXPOSITIONS
Ibn al-Muqaffa, Kalila wa Dimna, Egypte ou Syrie (?), milieu du XIVe siècle. Papier, 119 folios, 30 x 23 cm BnF, Manuscrits, arabe 3467, f. 21
Voyage à travers les enluminures
PARIS – La Bibliothèque nationale de France et le musée du Louvre inaugurent le même jour deux expositions aux thématiques similaires : la première se penche sur l’enluminure en terre d’Islam tandis que le second étudie ses chefs-d’œuvre occidentaux. Le fossé semble net : d’un côté, la figure humaine, de l’autre, non. En réalité, la coupure n’est pas aussi franche. Les copistes chrétiens ont réalisé de superbes motifs abstraits ou floraux et leurs homologues mahométans ont produit des manuscrits consacrés à la poésie, à l’histoire, à l’épopée, pleins de personnages, l’embargo ne s’appliquant de façon stricte qu’au domaine religieux. Ces deux expositions permettent de mettre en valeur les collections des deux institutions : 70 enluminures, dont certaines signées Lorenzo Monaco ou Jean Fouquet au Louvre, contre 87 manuscrits, arabes, persans et turcs, à la BnF.
•Enluminures en terre d’Islam à la Bibliothèque nationale de France, du 7 juillet au 25 septembre 2011.
• Enluminures du Moyen Âge et de la Renaissance au musée du Louvre, du 7 juillet au 10 octobre 2011 .
Joaquín Sorolla, Marie au chapeau, 1910, huile sur toile. Collection particulière, Madrid, Archivo BPS. Courtesy Obra Social La Caixa.
Portraits mondains
BARCELONE – La Belle Epoque ? Ces années tourbillonnantes, avant le cataclysme de la Première Guerre mondiale. On danse, on boit, on s’habille somptueusement, on fonce en Bugatti, on va aux bains de mer… De ces années, on a plutôt retenu la naissance du cubisme, avec Picasso et Braque ou, les premiers pas du futurisme, sous la tutelle de Marinetti, voire le surréalisme. En réalité, il existait à l’ombre de ces mouvements d’autres courants bien plus appréciés, comme celui de la peinture mondaine. Le rôle des artistes ici exposés était voisin de celui que jouent aujourd’hui les magazines Gala, Voici ou Points de vue : donner une image idéale, appétissante, racée des people. C’est à partir des meilleurs interprètes qu’a été composé le choix de la fondation La Caixa : de Sorolla à Toulouse-Lautrec, de Steinlen à Sargent et Serov, on navigue parmi quelques-uns des grands interprètes du portrait au XXe siècle.
•Retratos de la Belle Epoque au Caixa Forum, du 20 juillet au 9 octobre 2011.
Prosaurolophus Maximus de plus de 11 mètres - dinosaure momie © Sotheby’s
Un été chez les dinosaures
PARIS – Qui aimerait se retrouver devant un ténontosaure de 6 mètres, de mauvaise humeur, prêt à fouetter les plaisantins avec sa queue puissante comme un fouet d’acier ? Ou devant ce suuwassae emiliae, dit diplodocus au long cou, un monstre de 11 mètres ? On le prétend herbivore mais qui sait jamais… Ou encore devant ces reptiles volants de 4 mètres d’envergure ? En réalité, ces rencontres sont tout à fait envisageables : ces fossiles dans un état de conservation exceptionnel et qui vont être mis en vente chez Sotheby’s cet automne (le 14 octobre), sont exposés à l’Institut de paléontologie humaine. Cette fondation due à Albert Ier de Monaco, ouvre exceptionnellement pour présenter ces exemplaires, dont certains ont été mis au jour très récemment (en 2008 et 2009), dans le décor d’un amphithéâtre aux ferrures Art nouveau récemment restauré.
• Trésors de dinosaures à l’Institut de paléontologie humaine, du 1er juillet au 15 septembre 2011.
Artaujourdhui vous conseille aussi ces expositions…
• BRUXELLES – Chef-d’œuvre de Victor Horta, l’hôtel Aubecq n’a pas survécu à l’expansion de la ville dans les années 1950. Cette exposition originale, qui le fait revivre aux Musées royaux des beaux-arts, à partir de plans et d’élévations, comprend aussi une visite du dépôt où est conservée sa façade démontée. Du 1er juillet au 9 octobre 2011.
• GIVERNY – Après une étape romaine, la fastueuse Collection Clark s’installe chez Monet pour l’été. Le choix n’est évidemment pas fortuit : ce riche ensemble constitué par un couple américain dans les années 1930 est très riche en œuvres impressionnistes et trouve un habitat idéal chez Claude Monet. Du 12 juillet au 31 octobre 2011.
• MADRID – Voir la Dame à l’hermine de Léonard sans aller à Cracovie ? C’est possible au Palacio Real, qui consacre avec Polonia une rétrospective à la culture polonaise, comprenant mobilier, tableaux, tapisseries, livres, monnaies… Jusqu’au 4 septembre 2011.
• MONACO – Dans quel décor vivaient les monarques du temps passé ? Au Grimaldi Forum, Faste et grandeur des cours en Europe s’appuie sur quelque 700 prêts venus de toute l’Europe pour évoquer vingt cours du continent, de Jean III Sobieski à Napoléon et Joséphine, de Victoria à Léopold Ier, roi des Belges. Sans oublier, évidemment, les Grimaldi…Du 11 juillet au 11 septembre 2011.
• NOTTINGHAM - Pour le centenaire de sa naissance, c'est l'Angleterre qui offre à Jean Genet l'exposition anniversaire que l'on attendait. Nottingham Contemporary réunit installations, archives, œuvres contemporaines. Du 25 juillet au 4 septembre 2011.
• PARIS – Ils sont deux des plus éminents représentants de la Renaissance en Europe du Nord. Dans Cranach et Dürer graveurs, présenté au Petit Palais, il s’agit de mettre en regard leur virtuosité dans le domaine de l’estampe. Du 19 juillet au 13 novembre 2011.
FESTIVALS
Philippe Ramette, Exploration rationnelle des fonds sous-marins : le contact, 2006. Photographie couleur 150 x 120 cm. Photo : Marc Domage. © Philippe Ramette Courtesy Galerie Xippas.
De l’art sur la Côte d’Azur
Chaque année, en juillet-août, les journaux essaient désespérément d’indiquer des moyens de ne pas «bronzer idiot». Sur la Riviera française, en 2011, l’issue semble toute trouvée : un grand festival «L’art contemporain et la Côte d’Azur» va permettre de voir sous un autre jour Nice, Menton ou Antibes. De la «Sculpture autrement» à l’Eco-parc de Mougins à «Coaraze à ciel ouvert», l’arrière-pays participe également à l’événement qui veut montrer une ample sélection d’artistes ayant trouvé dans le Sud un milieu idéal pour développer leur création depuis l’après-guerre. Arman, Ben, Robert Filliou, Henri Goetz, Picasso mais aussi les contemporains, comme Céleste Boursier-Mougenot ou Frédéric Nakache, font partie de cette charge des 300, présentés dans une cinquantaine de lieux différents.
• La Côte d’Azur et l’art contemporain jusqu’à novembre 2011.
Et aussi…
• ARLES - Les Rencontres photographiques et leurs 47 expositions sont placées cette année sous le signe du Mexique, avec quelques digressions vers Chris Marker ou les 30 ans du New York Times Magazine. Jusqu’au 18 septembre 2011.
• BRETAGNE - Les Chemins du patrimoine en Finistère proposent une programmation d’art contemporain sur cinq sites, de l’abbaye de Daoulas au manoir de Kernault. Jusqu’à fin octobre 2011.
• FRANCE - Les Monuments nationaux mettent 35 châteaux, abbayes et autres sites à l’heure animale avec Monuments & animaux qui convoquent aussi bien les moutons de Marie-Antoinette que le singe de Buffon. Jusqu’au 16 octobre 2011.
• MADRID - Le festival PhotoEspaña propose un programme très riche de 68 expositions, de Lartigue à Ajo, qui a fait le portrait du Madrid de la Movida, en passant par Thomas Ruff et Chema Madoz, à qui a été attribué le prix 2011. Jusqu’au 24 juillet 2011.
LIVRES
Des netsuke plus forts que le nazisme
Dans le domaine du patrimoine, les épisodes de spoliation des nazis pendant la Seconde Guerre mondiale ont été abondamment développés et commentés depuis une décennie. Un ouvrage original vient renouveler le genre. Plutôt que de rappeler les ignominies dont ont été victimes ses ancêtres, Edmund de Waal, descendant des grands négociants en blé que furent les Ephrussi d’Odessa, ensuite installés dans les grandes capitales européennes, choisit d’attaquer par la bande. C’est en suivant le destin d’une petite partie de la collection, celle des netsuke japonais (petits objets sculptés en bois ou ivoire, portés à la ceinture du kimono), acquis vers 1870 à Paris, miraculeusement épargnés par les rafles de la fin des années trente à Vienne, et dont il est aujourd’hui le dernier dépositaire, qu’il fait la lumière sur un système bien huilé de dépossession. Cette enquête serrée est d’autant plus poignante qu’elle ne joue pas sur le ressort de la nostalgie et se déprend des habituels critères quantitatifs sur le nombre d’œuvres célèbres ou leur valeur en dollars…
• La mémoire retrouvée, l’incroyable destin de la collection Ephrussi par Edmund de Waal, Albin Michel, 2011, 416 p., 23 €
Architecture de guerre
Comment et que construit-on en temps de guerre ? Etudiant le cas de la Seconde Guerre mondiale, l’auteur montre le rôle des architectes pour minimiser les effets des frappes aériennes, concevoir des usines d’armement, mettre au point de techniques de camouflage, jusqu’aux projets qui furent alors développés, du Pentagone aux plus macabres (les camps de concentration).
• Architecture en uniforme, par Jean-Louis Cohen, Hazan, 2011, 448 p., 38 €
Photo-reportage dans une valise
Voici enfin venue la publication française de la fameuse découverte de 2008, due au mari de Léonor Fini : les négatifs de la guerre civile espagnole, signés Capa, Gerda Taro et Chim, contenus dans une valise, que l’on crut longtemps perdue. Deux volumes ne sont pas de trop pour approcher ces 4500 clichés du conflit qui, le premier, fit de la photographie un acteur à part entière.
• La valise mexicaine, Actes Sud, 2011, 592 p., 83 €.
BRÈVES
AMSTERDAM – Le musée Van Gogh fermera d’octobre 2012 au printemps 2013 pour des travaux de mise aux normes.
LONDRES – Le pavillon temporaire de la Serpentine Gallery, confié cette année à l’architecte Peter Zumthor, a ouvert le 1er juillet 2011.
PHILADELPHIE – La fondation Barnes, dont les statuts interdisaient expressément tout déménagement, va quitter la banlieue de Philadelphie pour le centre ville. Le siège historique a fermé le 3 juillet 2011.
VATICAN – Les cartons préparatoires aux fresques de la chapelle du Rosaire de Vence par Matisse, offerts en 1980 au Saint-Siège par son fils, le galeriste Pierre Matisse, bénéficieront d’une salle d’exposition permanente aux musées du Vatican.