ArtAujourdhui.Hebdo
N° 245 - du 2 février 2012 au 8 février 2012
Akseli Gallen-Kallela, La Mère de Lemminkäinen [Lemminkäisen äiti], 1897 Tempera sur toile, 85,5 x 108,5 cm Finlande, Helsinki, Ateneum Art Museum, Finnish National Gallery © Finnish National Gallery / Central Art Archives / Photo Jouko Könönen (exposition au musée d'Orsay).
L'AIR DU TEMPS
Souffle scandinave sur l’Europe
La question n’a pas fini d’alimenter les débats : la Finlande fait-elle partie de la Scandinavie ou non ? Les lecteurs nous pardonneront d’avoir choisi l’acception large pour inclure dans cette newsletter venue du froid (en parfaite concomitance avec les intempéries annoncées par les services météorologiques), à côté d’Hammershoi et de dessinateurs suédois, un artiste finlandais majeur mais jamais montré en France bien qu’il y ait étudié dans sa jeunesse. Akseli Gallen-Kallela (1865-1931), passé par l’académie Julian, puis encensé pour ses grandes compositions du pavillon finlandais lors de l’Exposition universelle de 1900 (également à Paris), est une sorte de cousin septentrional des muralistes mexicains. Comme eux, il a besoin de grands espaces et du souffle de l’épopée pour s’exprimer. Comme eux, il réécrit les grands mythes fondateurs – non pas la fondation de Tenochtitlán mais la saga du Kalevala – avec un lyrisme alimenté par les nombreuses influences reçues – de la douceur toscane à l’exubérance de l’Afrique noire.
• Akseli Gallen-Kallela, une passion finlandaise au musée d’Orsay, du 7 février au 6 mai 2012
EXPOSITIONS
Vilhelm Hammershøi (1864 - 1916), Intérieur avec le chevalet de l'artiste, National Gallery of Denmark, 1910, huile sur toile, 84 x 69 cm. © SMK Foto
Hammershoi, Européen avant l'heure
COPENHAGUE – Vilhelm Hammershoi (1864-1916) fut une révélation pour le public français lors de la mémorable rétrospective au musée d’Orsay à l’hiver 1997-1998. S’y révélait un inconnu du grand nord, manipulateur émérite de lumières rasantes et blanches, construisant des scènes d’intérieur comme des natures mortes. Depuis, l’artiste danois a été revu, notamment confronté à Dreyer (au CCCB de Barcelone en 2007) ou lors d’une autre rétrospective personnelle, à la Royal Academy en 2008. Celui que l’on croyait surgi de nulle part, génération spontanée des pays froids, était en fait un Européen averti, voyageant et s’imbibant des avant-gardes de son époque. C’est le discours que défend Hammershoi and Europe en le confrontant à ses contemporains Whistler, Khnopff, Carrière ou Gauguin.
• Hammershoi and Europe au SMK, du 4 février au 20 mai 2012.
A voir aussi…
• BRUXELLES – A Bozar, Copenhagen X montre en quoi la capitale danoise est un modèle original en termes d’urbanisme contemporain et de gestion de l’espace public. Du 10 février au 15 avril 2012.
• HELSINKI – Les aquarelles de Carl Larsson (1853-1919), avec ces fillettes en robes à fleur, ces pimpantes maisons de bois, ces grands-pères bonhommes, sont devenues un symbole de la joie de vivre à la suédoise. L’Ateneum en présente une sélection ainsi que des vues réalisées à Grez-sur-Loing pendant un séjour français. Du 10 février au 29 avril 2012.
LES ARTISTES DE LA SEMAINE
Dessinateurs aux prises avec Strindberg…
PARIS - August Strindberg fait partie, avec son voisin norvégien Ibsen, des analystes les plus pénétrants de l’âme humaine. Comment un tel monument peut-il inspirer les créateurs graphiques de notre temps ? C’est la question que pose l’Institut suédois, dont le travail de récolement est bien sûr motivé par le centenaire de l’écrivain (1849-1912). Malin Biller, Loka Kanarp et Anneli Furmark sont parmi les jeunes auteurs de BD qui ont relevé le défi de transcrire un univers psychologique complexe sur le papier. Durant tout le mois de février, un autre dessinateur, Knut Larsson, a été invité à réaliser une fresque sur les murs de l’Institut (le bel hôtel particulier de Marle), également en connexion avec Strindberg.
• La vie n’est pas pour les amateurs : August Strindberg interprété par des dessinateurs suédois à l’Institut suédois, du 8 février au 15 avril 2012.
LES VERNISSAGES DE LA SEMAINE
VENTES
Lot n°161. Sept poignées d'espagnolettes en fer forgé, à décor ajouré de motifs géométriques dont grecque, étoiles, croix pattée. XVIIIe et XIXe siècles. Estimation : 50-100 €.
Le goût du métal
PARIS – On connaissait la collection de gravures Petiet, qui a donné lieu à une interminable série de ventes (chez Piasa), le fonds de livres de Pierre Bérès ou, dans la même famille, celui d’estampes japonaises (chez Pierre Bergé), dont la richesse a chaque fois provoqué des enchères à répétition. Les acheteurs semblent goûter ces ventes à « sequels » qui constituent des rendez-vous réguliers. On en a une nouvelle illustration avec la quatrième vente Rullier (chez Fraysse), qui met sur le marché des centaines d’objets usuels en fer, bronze et étain, dont une sélection de mortiers de bronze – l’exemplaire standard du XVIIe siècle étant estimé quelque 500 € (la belle pièce espagnole à panse moulurée pouvant monter à 2000 €) – autant de heurtoirs en fer forgé ainsi que des girouettes, clés, forces, pique-épingles et autres pommeaux de canne…
• 4e vente Rullier : fer, bronze, fer, étain, haute curiosité le 7 février 2012 à Richelieu-Drouot (Fraysse)
Et aussi…
COPENHAGUE – Le Danemark est terre de design. On en trouvera une belle sélection chez Bruun Rasmussen le 7 février 2012 (fauteuils de Poul Kjaerholm, chaises de Hans J. Wegner, luminaires de Poul Henningsen, etc.)
LIVRES
Les années Boulle
Il a marqué durablement (jusqu'à aujourd'hui, où ses œuvres peuvent atteindre des millions d'euros) l'ébénisterie française : André-Charles Boulle, dont l'existence fut fort longue (il est mort à 90 ans le 29 février 1732), aura vécu 60 ans dans les galeries du Louvre même s'il ne produisit que relativement peu pour la cour. L'ouvrage détaille de façon chronologique cette vie bien remplie, en insistant sur les moments-forts : sa jeunesse auprès de son père hollandais, Jean Bolt, le travail pour le roi, le Dauphin, le duc d'Anjou ou les riches aristocrates comme les Crozat, son bref emprisonnement pour impayé, les liens avec Jean Berain ou l'incendie de 1720, qui fera disparaître 15 boîtes à pendules, une table en marqueterie d'écaille et trois bibliothèques. L'intérêt du livre, très illustré, tient aux nombreuses reproductions et aux relevés très soigneux réalisés par l'auteur (praticien reconnu de la discipline) des décorations (portes de cabinet, dessus de bureau, etc.) qui montrent la richesse décorative - rinceaux, guirlandes, cages à oiseaux - du plus grand virtuose de la marqueterie.
• André-Charles Boulle, ébéniste, ciseleur et marqueteur ordinaire du roy, par Pierre Ramond, éditions Vial, 2011, 208 p., 85,50 €.
BRÈVES
ABOU DHABI – De nouveaux retards ont été annoncés dans l’ouverture des futurs grands musées sur l’île de Saadiyat: le Louvre est désormais programmé pour 2015, le Zayed National Museum pour 2016 et le Guggenheim pour 2017.
INTERNET – La foire d’art contemporain virtuelle (sans siège physique) VIP se tient du 3 au 8 février 2012.
PALM BEACH – L’American International Fine Art Fair se tient du 4 au 12 février 2012 au Convention Center.
PARIS – Le site latribunedelart.fr dénonce la destruction par la mairie de Paris des statues de la fontaine de la place de la République.
SÉVILLE – Un projet de tour de 40 étages, par l’architecte César Pelli, met la ville sous la menace de perdre son inscription au patrimoine mondial de l’Unesco. Voir l’article sur urbanews.fr
VENISE - Massimiliano Gioni, directeur adjoint du New Museum de New York, a été nommé commissaire de la prochaine Biennale de Venise.