Accueil > ArtAujourd'hui Hebdo > N° 254 - du 5 avril 2012 au 11 avril 2012

ArtAujourdhui.Hebdo

N° 254 - du 5 avril 2012 au 11 avril 2012


Masque de China Supay © Musée du quai Branly (exposition Les Maîtres du désordre)

L'AIR DU TEMPS

Pourquoi le chamanisme fascine l'Occident…

Dans nos sociétés, que la mécanisation et la rationalisation ont rendues avides de « sacré », le chamanisme revient à la mode… Il fait du désordre (la mort, la maladie, la guerre) une des forces vitales du monde, que l’on combat sans fin pour aboutir à un équilibre précaire. Pour combattre ce désordre menaçant, il se sert de champions de même acabit, libres, déviants, marginaux, excessifs – comme Dionysos, comme l’Esprit du Tonnerre, comme le sorcier du fou rire -, qui agissent par rituels ésotériques, usant de la transe, de la folie, de l’hallucination. Bref, tout ce que nos sociétés cartésiennes ont évacué comme autant de forces obscures et impossibles à maîtriser. L’exposition du quai Branly en réunit des manifestations venues de toute la planète – d’Afrique, de Sibérie, d’Océanie – et d’époques révolues – clowns sacrés, lévitation, voyages cosmiques. Pour en donner d’autres clés de lecture, des artistes réputés, de Thomas Hirschhorn à Annette Messager, sont intervenus pour fournir leur propre interprétation et assouvir notre soif d’irrationnel…
Les maîtres du désordre au musée du quai Branly, du 11 avril au 29 juillet 2012.

En savoir plus

EXPOSITIONS


Nicolas de Leyde, Buste d'homme accoudé (détail), Strasbourg, 1463 ( ?). Grès rose. Strasbourg, Musée de l'Œuvre Notre Dame. Photo : M. Bertola

Nicolas de Leyde, psychologue du XVe siècle

STRASBOURG – On connaît la bouteille de Leyde mais qui connaît Nicolas de Leyde ? Cette première exposition rétrospective permet de révéler un grand inconnu du XVe siècle, bourlingueur autant qu’ont pu l’être les surréalistes ou les dadaïstes. Né dans les Flandres, il meurt à Vienne à l’âge de 43 ans, en 1473, non sans avoir aussi passé une période féconde à Strasbourg, de 1462 à 1467, travaillant à la chapelle Saint-Jean de la cathédrale et au portail de la Chancellerie de la ville (disparu). Soixante-dix œuvres provenant d’Europe et des Etats-Unis (Chicago, New York) montrent la virtuosité de l’artiste dans un genre très particulier, le « buste accoudé », et la remarquable profondeur psychologique de ces visages en pierre et en bois qui marqueront la sculpture d’Europe du Nord.
Nicolas de Leyde, sculpteur du XVe siècle au musée de l’Œuvre, du 30 mars au 8 juillet 2012.

En savoir plus

Ces expositions ouvrent cette semaine…

Damien Hirst au sommet

LONDRES - Damien Hirst, l’artiste le plus cher, le plus riche, le plus productif du monde, a enfin sa rétrospective de référence… Elle se tient à la Tate Modern et réunit des productions de toutes les phases de la carrière du Young British Artist. Du 4 avril au 9 septembre 2012.

En savoir plus

Modigliani et les génies de Montparnasse

PARIS - Modigliani, Soutine et l’aventure de Montparnasse présente à la Pinacothèque une collection peu connue de chefs-d’œuvre du XXe siècle. Rassemblée par Jonas Netter, simple représentant en marques, elle compte des Modigliani et des Soutine mais aussi des Utrillo, Valadon, Kisling… Du 4 avril au 9 septembre 2012.

En savoir plus

Cima da Conegliano, grand de Venise

PARIS – C’est un des maîtres de la Renaissance, encore trop peu connu : le musée du Luxembourg offre une vraie tribune à Cima da Conegliano, pour qu’il rejoigne au panthéon vénitien ses homologues Bellini ou Carpaccio. Du 5 avril au 15 juillet 2012.

En savoir plus

VENTES


Lot 421. Revue Playboy. Directeur: Egmont Arens. New York, numéro 1 de 1919. Estimation : 700-800 €. Courtesy Binoche & Giquello, Paris.

Playboy et le surréalisme

PARIS – Apollinaire, Arp, Artaud, mais aussi des manifestes et revues de l’avant-garde portugaise, roumaine, japonaise voire lettone : c’est un choix éclectique qui préside, en 554 lots, à cette dispersion d’œuvres de l’époque surréaliste. Comme des éditions de L’Emmerdeur et de L’Enculeur de Mariën et Magritte, l’édition originale de la Fable des origines d’Henri Michaux, aux éditions du Disque vert, en 1923 (800 €), un envoi de Jean Paulhan de ses Entretiens sur des faits divers à Nush et Paul Eluard (400), une édition en 424 exemplaires de Et les seins mouraient de Benjamin Péret, édité à Marseille par les Cahiers du Sud (1000 €), des dessins de Gisèle Prassinos, des collages de Prévert. Avec, au lot 421, une vraie curiosité : le premier numéro de Playboy… Il ne s’agit pas de l’annuaire des jeunes femmes déshabillées mais d’une revue d’avant-garde avec son « portfolio d’art et de satire », imprimée à la main à New York en 1919, qui devrait allègrement dépasser les 700 € attendus.
Art surréaliste et livres du XXe siècle les 5 et 6 avril 2012 à Drouot-Richelieu (Binoche & Giquello).

En savoir plus

L'ARTISTE DE LA SEMAINE


Victoria Klotz, Pour en finir avec le petit chaperon rouge, château des Adhémar, Montélimar, 2012.

Victoria Klotz : culture versus nature

Questionner notre rapport à la nature est redevenu d’actualité. Cette thématique est au cœur du travail de Victoria Klotz (née en 1969), qui s’immerge dans un parc ou une forêt pour y élaborer des « feuilletons » mêlant son, vidéo, œuvres plastiques. Après son Ravissement des loups au château des Adhémar à l’automne dernier, elle a répondu à l’invitation de Chemins du patrimoine en Finistère pour produire une installation à l’abbaye de Daoulas. Derrière une palissade en bois de peuplier, une friche de 5 hectares rassemble un cerf, un âne, une femme, un homme et un enfant, dans un équilibre précaire. Ce véritable Jardin d’Eden n’est visible qu’à travers de petites ouvertures, qui font découvrir l’inattendu, tout en biaisant inévitablement le regard…
La Dissolution de l’Eden est présenté du 7 avril au 14 octobre 2012 à l’abbaye de Daoulas. A voir aussi, dans le cadre de Chemins du patrimoine en Finistère, l’installation Batbox d’Erik Samakh au château de Trévarez.

En savoir plus

LES VERNISSAGES DE LA SEMAINE

LIVRES

Affaire Wildenstein ou Dallas ?

Comment l’un des plus grands marchands du monde, Daniel Wildenstein (1917-2001), pouvait-il déclarer un revenu de 780 € par mois, alors qu’il possédait 180 tableaux de Bonnard évalués 380 millions € ? L’affaire Wildenstein a défrayé la chronique - et continue de le faire. C’est ici l’une des parties, en l’occurrence Claude Dumont-Beghi, avocate de la seconde épouse de Daniel Wildenstein, qui prend la plume et dresse son réquisitoire contre les enfants du marchand, accusés d’avoir sciemment spolié sa cliente en l’excluant de l’héritage. Tous les recours ne sont pas épuisés mais le redressement fiscal de 600 million € récemment signifié (1er février 2012) par l’Etat français aux héritiers ne plaide pas forcément en leur faveur. En filigrane, ce récit d’une longue bataille judiciaire commencée en 2001 et interrompu par le décès de la plaignante fin 2010 se lit comme un feuilleton passionnant. Y apparaissent les grands de ce monde, des toiles inouïes et pas seulement de l’art moderne (par exemple une version du Joueur de luth de Caravage estimé 25 millions €), une écurie de chevaux de course plusieurs fois vainqueur du prix de l’Arc de triomphe ou un ranch de 30 000 hectares au Kenya, où a été tourné Out of Africa. Un bon matériau pour Hollywood…
L’affaire Wildenstein, histoire d’une spoliation par Claude Dumont-Beghi, L’Archipel, 2012, 240 p., 18,50 €

Achetez cet ouvrage chez Amazon

Achetez cet ouvrage à La FNAC