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N° 259 - du 10 mai 2012 au 16 mai 2012


Daniel Buren, Excentrique(s), travail in situ, 2012, 380 000 m3. Détail. Monumenta 2012 – Daniel Buren, Paris. © Daniel Buren, ADAGP, Paris. Photo Didier Plowy.

L'AIR DU TEMPS

Buren s’empare de Paris

Il y a plus de 50 ans, il faisait scandale avec ses palissades « clandestines » aux bandes alternées de 8,7 cm. Il y a 42 ans, il faisait scandale au Guggenheim, poussant Donald Judd à le traiter d’installateur de papier peint et obligeant au démontage de son grand rideau rayé. Il y a 26 ans, il faisait scandale avec ses colonnes bicolores du Palais-Royal. Aujourd’hui, Buren ne fait plus scandale. Plus du tout : il fait partie des stars de l’art contemporain, et est probablement le plasticien français le plus connu dans le monde, devant Boltanski, Sophie Calle ou Annette Messager. Nous l’écrivions il y a à peine un an lors de son exposition au Centre Pompidou Metz. Sa plus récente installation l’est encore davantage : une consécration. En investissant le Grand Palais, après Richard Serra et Anish Kapoor, il y a tracé, sous le nom d’Excentriques, un parcours initiatique tout en cercles, inspirés de formules mathématiques perses, et en a coloré la coupole, appelée à devenir une phare lumineux et sans cesse changeant.
Monumenta 2012 : Daniel Buren au Grand Palais du 10 mai au 21 juin 2012.

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10 AUTRES ARTISTES SUR LE DEVANT DE LA SCÈNE

Daniel Buren a aujourd’hui 74 ans. Qui sont les artistes français qui sont susceptibles d’occuper demain sa place ? Voici une sélection, forcément fragmentaire, à partir des expositions actuellement ouvertes à Paris.


Laurent Grasso, Untitled, 2009, DVD Pro HD, 17 min 30 sec. Courtesy Galerie chez Valentin, Paris & Sean Kelly Gallery, New York. © Laurent Grasso / ADAGP, Paris, 2012

Blazy, Grasso et Sala : le questionnement du monde

Les thématiques de l’environnement, du réchauffement climatique, du gaspillage ne pouvaient laisser insensibles les artistes. Parmi ceux qui s’y mesurent, Michel Blazy (né en 1966) est l’un des plus originaux. Ses installations ont la vertu d’être «pourrissantes» c’est-à-dire vivantes, composées de plantes, graines, aliments qui évoluent le temps de l’exposition. On en aura un nouvel exemple avec Bouquet final (au Collège des Bernardins du 10 mai au 15 juillet). Laurent Grasso (né en 1972), lauréat du prix Duchamp en 2008 fait partie de ces artistes impossibles à cataloguer car utilisant toutes les ressources de la création (photo, vidéo, dessin, peinture et même sculpture) pour poser des questions de fond sur notre monde : qu’est-ce que la mémoire ? où est la réalité ? peut-on encore mesurer le temps ? (Au Jeu de paume, à partir du 22 mai). Tout aussi reconnu au niveau institutionnel, Anri Sala (né en 1974) est Albanais depuis longtemps installe à Paris. Trouvant dans la photo et la vidéo ses instruments préférés, il a réuni plusieurs de ses œuvres récentes sous forme d’une chorégraphie sonore (au Centre Pompidou jusqu’au 6 août).


Bertille Bak Robe, 2009, en collaboration avec Charles-Henry Fertin. Courtesy Galerie Xippas, Paris.

Bak et Auguste-Dormeuil face aux démons de la société

Bertille Bak (née en 1983) privilégie une dimension sociale. Déjà bardée de prix (Gilles Dusein, Hiscox), elle porte un regard quasi documentaire mais toujours suffisamment décalé sur les communautés actuelles ou passées (Polonais des mines du Nord, chômeurs, habitants de HLM de Bangkok (à la galerie Xippas jusqu’au 2 juin et à la Triennale du Palais de Tokyo). Même intérêt pour les thèmes socio-politiques chez Renaud Auguste-Dormeuil (né en 1968), qui s’était fait connaître avec ses cartes du ciel à la veille d’événements dévastateurs (Guernica ou le 11-septembre). Il traque aussi l’obsession sécuritaire de nos édiles inscrite dans les caméras de surveillance, les dispositifs de surveillance et de «traçabilité» (à la galerie Fabienne Leclerc du 3 mai au 16 juin)


Stéphane Pencréac'h, Minotaure, 2012, huile et parties de mannequins sur toile, 200 x 200 cm. Courtesy galerie Anne de Villepoix, Paris.

Pasqua, Pencréac'h : la peinture résiste

Dire que la peinture est morte est une figure de style dont on abuse trop. Il suffit de voir l’œuvre de Philippe Pasqua (né en 1965) pour se convaincre que la figure humaine – qu’elle comprenne aussi des « palimpsestes » à demi effacés ou des crânes de mort en forme de «vanités» - reste centrale chez un certain nombre d’artistes (à la galerie RX jusqu’au 25 mai). Stéphane Pencréac'h (né en 1970) est un exemple d’artiste autodidacte, qui produit une peinture figurative puissante, monumentale, souvent empreinte d’érotisme (à la galerie Anne de Villepoix, du 12 mai au 23 juin).


Claude Closky, To die at 10h08, collage et stylo bille sur papier, 30 x 21 cm. Courtesy galerie Laurent Godin, Paris.

Moulène et Closky : entre image et langage

De même, le conceptuel tient encore la corde comme le prouve la récente intronisation de Jean-Luc Moulène (né en 1955) au P.S.1, temple new yorkais de l’art contemporain. A Paris, on peut voir un aperçu de son œuvre – des photographies prises par milliers d’un même site évoquant des souvenirs d’enfance (à la galerie Chantal Crousel jusqu’au 16 juin). Claude Closky (né en 1963) a un goût pour l’exploration du langage (ou pour lire le monde à travers le langage) qui le relie à Joseph Kossuth ou à Art & Language. Il est aussi très impliqué dans des collectifs comme il le montre dans Ça et là (à la fondation d’entreprise Ricard, jusqu’au 21 mai).


Bernard Moninot, Ombres croisées, 2008, dessin sur soie, 60 x 75 cm. Courtesy galerie Catherine Putman, Paris.

Moninot et tous les autres

La poésie, l’ineffable ont également droit de cité, par exemple dans l’œuvre de Bernard Moninot (né en 1949), qui nous montre depuis quelques années comment le vent dessine. Il revient pour montrer les derniers développements de ce projet et présenter des dessins évanescents sur soie (à la galerie Catherine Putman, du 5 mai au 16 juin, à la galerie Baudoin Lebon à partir du 24 mai). Certains de ces artistes et d’autres – car l’énumération ne s’interrompt que faute de place et non de talents – peuvent être vus à la Triennale du Palais de Tokyo, qui dresse un large panorama.

Ces événements ouvrent cette semaine

L’art urbain à maturité

ANGERS – L’art urbain, qui connaît depuis quelques années, dans le sillage des Blek le Rat et autres Jonone, une véritable reconnaissance, est au cœur du festival Artaq, qui se tient dans les rues de la ville et présente également la collection personnelle de Nicolas Laugero Lasserre (en illustration un de ses Miss.Tic), directeur de l’Espace Pierre Cardin à Paris. On y découvrira de nouvelles formes d’intervention comme le « Yarn Bombing », occupation de l’espace par des installations en tricot. Quand l’ultra-contemporain rejoint l’ultra-classique…
Du 11 au 13 mai 2012.

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Koons, planche à billets ?

BÂLE - Jeff Koons est devenu, avec Damien Hirst et Murakami, le symbole des artistes-businessmen au chiffre d’affaires colossal. La Fondation Beyeler essaie d’y voir plus clair dans une œuvre qui balance entre kitsch et dérision et dont le grand public ne connaît que quelques icônes comme le cœur rose ou le chien tout en fleurs (ill. Ushering in Banality, 1988, Private collection Photo Schaub Hoffner, Koln © Taschen GmbHs)
Du 13 mai au 2 septembre 2012.

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30 artistes pour Track

GAND – Track est une manifestation d’art contemporain qui réunit dans les rues de Gand des artistes affirmés comme Fischli & Weiss (ce dernier étant tout récemment disparu, il s’agit d’une de leurs ultimes œuvres communes) et des créateurs en devenir comme Ahmet Ogut ou Aron Levin (Ill. Emilio López-Menchero, Bernadette, Moscou, 2012).
Du 12 mai au 16 septembre 2012. .

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LES VERNISSAGES DE LA SEMAINE

BRÈVES

AJACCIO – Quatre tableaux volés en février 2011 au musée Fesch (un Poussin, un Bellini, un Mariotto di Nardò et un anonyme ombrien) ont été retrouvés sur un parking le 6 mai 2012.

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DAKAR - Dak’art, 10e biennale de l'art contemporain africain se tient du 11 mai au 10 juin 2012.

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LONDRES – Le cabinet Herzog & de Meuron et l’artiste Ai Weiwei ont dévoilé les plans de leur projet pour le pavillon éphémère annuel de la Serpentine Gallery.

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NEW YORK – Le Cri, un pastel de 1895 d’Edvard Munch, adjugé 120 millions $ chez Sotheby’s le 2 mai 2012, est devenu le tableau le plus cher du monde aux enchères. Le 8 mai, chez Christie's, la vente d'art moderne et contemporain a totalisé 388,5 millions $, en faisant le plus haut total de l'histoire des enchères, avec Orange, Red, Yellow de Mark Rothko atteignant 86,9 millions $, record pour une œuvre de l'après-guerre.

Le site de Sotheby's

PARIS - Les ventes de livres de la semaine proposent quelques lots majeurs : un mahzor (mauscrit hébraïque de la Renaissance) chez Christie's le 11 mai (estimation 400 000 €), un exemplaire original de Case d'Armons d'Apollinaire chez Sotheby's le 15 mai (estimation 100 000 €), un manuscrit de Pilote de guerre de Saint-Exupéry chez Artcurial le 16 mai (estimation : 250 000 €).

SAO PAULO - Le salon d'art contemporain SP-Arte se tient du 10 au 13 mai 2012.

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VIENNE – Art Austria, salon consacré à l’art autrichien, se tient du 9 au 13 mai 2012 dans les salles du Leopold Museum.

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