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N° 263 - du 7 juin 2012 au 13 juin 2012


Edward Hopper, Morning Sun, 1952, huile sur toile, 71,4 x 101,9 cm, Columbus Museum of Art, Ohio, Howald Fund Purchase (exposition au musée Thyssen-Bornemisza, Madrid)

L'AIR DU TEMPS

Hopper arrive enfin en Europe

MADRID - Il y a cinq ans, l’exposition au Museum of Fine Arts de Boston nous avait mis l’eau à la bouche. Une centaine d’œuvres du champion du réalisme américain y étaient réunies, comme pour nous faire sentir davantage son insupportable absence en Europe (où il avait pourtant fait, à Paris, un voyage fondamental en 1907, année des Demoiselles d’Avignon)… Le mal semble conjuré : la grande rétrospective tant attendue ouvre enfin au Thyssen-Bornemisza de Madrid avant d’arriver, plus tard dans l’année, au Musée national d’art moderne, à Paris. Aujourd’hui reconnu comme l’interprète majeur de l’American way of life – la ville, la foule, la solitude, le bar, la pompe à essence – Edward Hopper (1882-1967) avait pourtant connu des débuts difficiles, ne vendant sa première toile qu’à l’âge de 31 ans et sa seconde à 41 ans ! La suite de sa carrière allait au contraire le voir cumuler tous les honneurs. Rassemblant 70 œuvres, couvrant toutes ses périodes, de 1900 jusqu’à la fin de sa vie, l’exposition se clôt par un hommage cinématographique : Ed Lachman y recrée sur un plateau le célèbre Soleil matinal, où une femme se laisse caresser par les premiers rayons du jour.
Hopper au musée Thyssen-Bornemisza, du 12 juin au 16 septembre 2012, au Centre Pompidou du 10 octobre 2012 au 28 janvier 2013.

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EXPOSITIONS


Aloïse, Fleurir l’Amérique Président Stubborn, 1951-1960. Crayons de couleur sur trois feuilles de papier cousues ensemble, 65 x 70 cm. Collection Antoine de Galbert, Paris

Aloïse, la totale

LAUSANNE - Déjà présente dans plusieurs musées internationaux, dont le LAM de Villeneuve-d’Ascq, la créatrice Aloïse Corbaz (1886-1964) bénéficie enfin d’une rétrospective méritée sur ses terres. Deux institutions, le Musée cantonal des beaux-arts et la Collection de l’art brut, se sont associées pour offrir une exposition complète en deux volets à cette artiste dont raffolait Dubuffet. Couturière puis gouvernante à Potsdam, Aloïse est internée pour schizophrénie en 1918, à l’âge de 32 ans. Les quatre décennies suivantes la verront créer une œuvre inclassable et colorée, sur les formats les plus invraisemblables, la hissant au rang des papesses de l’art brut. L’événement coïncide avec la mise en ligne de son catalogue raisonné.
Aloïse, le ricochet solaire au Musée cantonal (du 2 juin au 28 octobre 2012) et à la Collection de l’art brut (du 2 juin au 26 août 2012).

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Du Zhenjun, Independence of the Country Super Towe, 2010, Galerie RX, Paris © Du Zhenjun / Galerie RX, Paris

Babel, version 2012

LILLE - Elle s’est gravée dans nos esprits sous la forme que lui a donnée Bruegel l’Ancien au XVIe siècle. Comment était en réalité la tour de Babel ? Ce symbole d’une mondialisation ratée – les ouvriers désireux d’atteindre le ciel abandonnent les travaux, incapables de surmonter la cacophonie de leurs langues respectives – est plus que jamais d’actualité. Ce qui explique qu’elle ait excité la créativité des artistes contemporains comme le montre la sélection présentée. Sous une version stimulante (les 15 000 livres en colimaçon de Jakob Gautel) ou déprimante (le fourmillement cauchemardesque de larves humaines dans No Woman No Cry des frères Chapman), elle se décline en BD (Schuiten), vidéo, photo (Rauzier), sculpture, peinture (Kiefer) voire en cire d’abeille (John Isaacs). A ceux qui pensent que les mythes anciens sont dépassés, voici une démonstration de leur incroyable capacité à se renouveler.
Babel au Palais des beaux-arts, du 8 juin 2012 au 14 janvier 2013.

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Ces expositions ouvrent aussi cette semaine…

Tobeen, l’inconnu du cubisme

BORDEAUX – L’exposition le proclame « poète du cubisme ». Le Bordelais Tobeen (1880-1938), ami de Lhote et de Gleizes, serait plutôt l’oublié du mouvement artistique. Le musée des Beaux-Arts le fait sortir de l’anonymat grâce à de nombreux prêts, notamment de collections hollandaises (Ill. : Les Pelotaris). Du 8 juin au 16 septembre 2012.

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Rodin face au marbre

PARIS – Au musée Rodin, dont les salles sont fermées pour travaux, Rodin, la chair et le marbre montre que l’artiste, que l’on a souvent présenté comme « conventionnel » dans ses sculptures en marbre, a au contraire soumis le noble matériau à un traitement aussi audacieux que le plâtre (Ill. : Le Baiser © Musée Rodin, Photo Christian Baraja). Du 8 juin 2012 au 3 mars 2013.

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Kalvach, entre Klimt et Kokoschka

VIENNE – Le Leopold Museum célèbre un autre inconnu, Rudolf Kalvach (1883-1932), quasiment contemporain de Tobeen. Chez lui, ce sont les tendances Jugenstil, si puissantes dans la Vienne 1900, qui prennent le dessus pour donner naissance à une œuvre puissamment décorative (Ill. : Quai, vie portuaire à Trieste, coll. part.). Du 7 juin au 10 septembre 2012.

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VENTES


Kees Van Dongen (1877-1968), Portrait de Madeleine Grey à la rose, huile sur toile, 1929, 55 x 47 cm.

L’œil de René Clément

CHEVERNY - Les ventes « garden-party » de l’étude Rouillac, menées par Philippe et son fils Aymeric, sont suivies avec intérêt. Parce qu’elles se tiennent dans un lieu inattendu – le château de Cheverny qui inspira le Moulinsart du capitaine Haddock – mais aussi parce qu’elles livrent toujours quelques surprises. Dans cette édition, parmi les 459 lots dont un Autoportrait d’Alma Mahler (estimation : 2000 €) et une petite gouache d’Herbin (1000 €), on découvrira notamment une œuvre charmante de Pissarro, Julie allaitant Ludovic-Rodolphe (250 000 €), ignorée depuis plus d’un demi-siècle. Mais aussi l’ensemble de la collection de René Clément, le réalisateur de La Bataille du rail et de Jeux interdits, une quinzaine de tableaux (Buffet, Dufy, Bauchant) dont la pièce la plus belle est un portrait de la danseuse Madeleine Grey par Van Dongen (300 000 €). L’occasion de rappeler ce qui lui donna le goût de collectionner : lorsqu’il fut déclaré meilleur réalisateur du premier festival de Cannes (1946), le prix comprenait aussi une toile de maître, à choisir dans une petite sélection (il opta pour un Marquet). Une initiative originale qui gagnerait à être renouvelée…
XXIVe Vente garden-party au château de Cheverny (étude Rouillac), le 10 juin 2012.

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L'ARTISTE DE LA SEMAINE


Yüksel Arslan, Arture 186, 1976-77, techniques mixtes, 73,5 x 108,5 cm

Yüksel Arslan, constructeur de mondes

Ami de Topor, de Sarkis et de Dado, Yüksel Arslan (né en 1933) est installé depuis un demi-siècle à Paris, où il fut invité la première fois par Breton en 1959 pour la 8e Exposition inteRnatiOnale du Surréalisme, consacrée à Eros à la galerie Cordier (il ne put s’y rendre, n’ayant pas obtenu de visa pour quitter la Turquie). Il aura fallu une importante rétrospective à Istanbul en 2009, suivi d’expositions monographiques à la Kunsthalle de Zurich puis à Düsseldorf, pour réaliser que ce créateur hors pair, largement ignoré par son pays d’accueil, produit toujours dans le calme de son appartement de Saint-Mandé. Malaxant les sources littéraires, religieuses, historiques (c’est un lecteur vorace), broyant lui-même ses pigments dans lesquels il mêle des matières multiples et « pauvres » (terre, cheveux, fluides corporels), il produit des «Artures», dont il tient un compte précis dans un petit cahier. Véritables encyclopédies visuelles de notre civilisation, de nos travers, de nos hantises, elles foisonnent de détails, de personnages, d’animaux, d’objets et de textes, autorisent de nombreuses clés de lecture et permettent une plongée dans un univers saisissant.
• A lire : Yüksel Arslan, Artures, catalogue des expositions aux Kunsthalle de Zurich et Düsseldorf, sous la direction d’Oliver Zybok, allemand/anglais, Hatje Cantz, 2012, 272 p., 39,80 €
• Yüksel Arslan à la Kunsthalle Düsseldorf, jusqu’au 24 juin 2012.

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LES VERNISSAGES DE LA SEMAINE

LIVRES

Paris surréaliste

Certains lieux existent encore comme Les Deux Magots, la Closerie de Lilas, ou le Studio des Ursulines (en 1929, Buñuel y avait fait provision de cailloux dans ses poches pour les lancer sur le public s’il se montrait réticent devant Un chien andalou). D’autres ont disparu comme l’appartement du 54, rue du Château dans le XIVe arrondissement, où se réunissaient Marcel Duhamel, Desnos et Prévert, ou le Studio 28, où eut lieu la projection de L’Age d’or. Tous composent une géographie idéale du Paris surréaliste de l’entre-deux-guerres. Ce vademecum, qui manque malheureusement d’un index des rues, ne se présente pas comme un dictionnaire mais comme un recueil de promenades centrées sur les grands noms du mouvement. On suit Aragon dans les passages de la Rive droite, Crevel jusqu’au cimetière de Montrouge, où il est enterré, Soupault sur les quais de la Seine, Breton entre la rue Fontaine et l’hôtel des Grands-Hommes. Une façon de lever les yeux et d’ancrer les avant-gardes dans la topographie.
Guide du Paris surréaliste sous la direction d’Henri Béhar, éditions du Patrimoine, 2012, 200 p., 25 €.

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BRÈVES

BÂLE – Liste 17, foire d’art contemporain consacrée aux jeunes galeries et artistes, se tient du 12 au 17 juin 2012.

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KASSEL – Documenta 13, manifestation quinquennale d’art contemporain (première édition en 1955), se tient du 9 juin au 16 septembre 2012.

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MARIEHAMN (îles Aland, Finlande) – Artcurial procède le 8 juin 2012 à la vente de dix bouteilles de champagne très particulières (Veuve Cliquot Ponsardin, Heidsieck, Juglar) : découvertes en 2010 par 48 mètres de fond, elles ont 200 ans d’âge et sont estimées 10 000 € chacune.

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MONTPELLIER – Le festival des Architectures vives, consacré à la création architecturale éphémère, se tient du 13 au 17 juin 2012.

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