Accueil > ArtAujourd'hui Hebdo > N° 273 - du 27 septembre 2012 au 3 octobre 2012

ArtAujourdhui.Hebdo

N° 273 - du 27 septembre 2012 au 3 octobre 2012


Astrup Fearnley Museum, Oslo. Photo : Nic Lehoux

L'AIR DU TEMPS

Renzo Piano sur le fjord

OSLO – Dans la capitale norvégienne, les amateurs d’architecture avaient l’habitude de se diriger vers l’Est, pour contempler l’Opéra dessiné par Snöhetta. Dans l’attente d’un musée Munch qui semble s’être ensablé dans les polémiques, c’est vers l’Ouest, dans le quartier de Tjuvholmen, qu’il faudra désormais se rendre. C’est là en effet qu’est inauguré le nouveau siège du musée Astrup Fearnley. Financé par une grande dynastie d’armateurs norvégiens, active depuis 1869, le musée a commandé son bâtiment à l’architecte par excellence des grandes collections, Renzo Piano. Outre le Centre Pompidou, celui-ci a aussi livré la Mesnil Collection à Houston, l’Art Institute à Chicago, la Fondation Beyeler à Bâle, etc. Ce nouvel écrin joue avec l’environnement naturel - la lumière et l’eau – pour d’évidentes raisons symboliques : en cet endroit, la ville se fond avec le fjord. D’où un jeu de lumière zénithale, de reflets, de ponts pour passer de l’un à l’autre des trois bâtiments. L’exposition inaugurale est un bilan de trente ans d’acquisitions d’art contemporain, comprenant des artistes célèbres, comme Jeff Koons, Cindy Sherman ou Damien Hirst.
• L’Astrup Fearnley Museum ouvre le 29 septembre 2012.

En savoir plus

EXPOSITIONS


Edgar Degas, Trois danseuses (jupes bleues, corsages rouges), vers 1903. Pastel, 94 x 81 cm, Fondation Beyeler, Riehen / Basel, Photo : Peter Schibli, Bâle

La vieillesse de Degas

BÂLE – En 1886, Edgar Degas a 52 ans. Son époque impressionniste est derrière lui. Autant dire que, même s’il continue à peindre (il lui reste tout de même 31 ans à vivre), cet artiste intéresse beaucoup moins les gazettes. Ainsi, dans la notice que lui consacre l’Encyclopédie de l’art Garzanti, on ne cite pas une seule œuvre de cette période ! La Fondation Beyeler joue les redresseurs de torts et montre que le Degas de la maturité est tout aussi intéressant que celui de la jeunesse. Il explore à n’en plus finir des thèmes déjà labourés (les nus, les jockeys, les danseuses), en devenant plus direct, plus architecturé dans ses compositions, plus saturé en couleur. Deux pastels de la fondation (Le Bain et Trois Danseuses) donnent le ton dans une rétrospective qui rassemble quelque 150 œuvres venues du monde entier.
Degas à la Fondation Beyeler, du 30 septembre 2012 au 27 janvier 2013.

En savoir plus


Edouard Manet, Jeune dame en 1866, dite aussi La femme au perroquet, 1866, huile sur toile, 185,1x128,6 cm. New York, The Metropolitan Museum of Art, don d’Erwin Davis, 1889 © The Metropolitan Museum of Art, Dist. RMN/image of the MMA

Une mode très impressionniste

PARIS – On a étudié l’impressionnisme sous toutes les coutures mais il reste toujours de nouveaux territoires à découvrir… C’est l’enseignement de l’exposition du musée d’Orsay, qui rapproche Monet, Renoir ou James Tissot de la mode de l’époque. Un grand tableau de Caillebotte, débarqué de Chicago, montre les bourgeois du Second Empire sur le pavé mouille des boulevards mais l’on y trouve aussi mainte petite étude de genre. Et de la mode en « vrai »… Chapeaux, corsages, crinolines et souliers ont été prêtés par le musée Galliera ou d’autres institutions pour que le regard puisse faire le voyage entre le modèle et son interprétation. Des photographies anciennes, des extraits du Bonheur des dames complètent l’opération de plongée dans l’univers raffiné qui fut celui du couturier Worth, du coiffeur-perruquier Deffosse ou du parfumeur Houbigant…
L’impressionnisme et la mode au musée d’Orsay, du 25 septembre 2012 au 20 janvier 2013.

En savoir plus

Ces expositions ouvrent aussi cette semaine…

Le Turner Prize se met en quatre

LONDRES – Qui sera le vainqueur du Turner Prize, principal prix d’art contemporain en Grande-Bretagne ? On ne le saura qu’en décembre mais les quatre artistes sélectionnés sont d’ores et déjà exposés à la Tate Britain. Du 2 octobre 2012 au 6 janviers 2013.

En savoir plus

Dures années trente

MADRID – Dans Encuentros con los años 30, le musée Reina Sofía montre comment les artistes de l’entre-deux-guerres furent condamnés à créer dans un environnement toujours plus violent. Du 3 octobre 2012 au 7 janvier 2013.

En savoir plus

Les chemins de la bohème

PARIS – Conçue par le même scénographe que l’exposition du musée d’Orsay, Robert Carsen, Bohèmes examine au Grand Palais le mythe de l’artiste maudit et vagabond, vivant d’expédients et d’amour, symbole de la liberté créatrice. Du 26 septembre 2012 au 14 janvier 2013.

En savoir plus

L'ARTISTE DE LA SEMAINE


Jean-Luc Parant, Gorgones muettes et conteuses, 2012, corail souple, encre de Chine sur papier, 55 x 61 cm

Jean-Luc Parant, l’homme qui faisait des boules

On le connaît pour sa passion des boules. Non pas la pétanque sous les frondaisons bruissantes d’un vieux platane mais la manufacture obsessionnelle de sphères de terre et de papier marché. Dans un certain village du Sud, Parant a créé autant de boules qu’il y avait d’habitants. Mais l’on ne peut pas limiter l’artiste, qui est aussi poète, à cette production roulante. Il est aussi un passionné de livres (il fait des bibliothèques en bois et en cire) et d’histoire naturelle. Il aime, comme dans les palimpsestes, recouvrir de vieux herbiers, de vieilles lettres jaunies, de vieux coquillages nacrés de ses propres mentions, qui prennent la forme d’interminables phrases admirablement calligraphiés.
• Jean-Luc Parant est exposé à la galerie Lara Vincy, jusqu’au 28 octobre 2012. .

En savoir plus

LIVRES

La revanche de Blanche

Jacques-Emile Blanche (1861-1942) fait partie de ces artistes que l’on ne sait trop où caser. Un peu impressionniste, un peu mémorialiste (il se fit une spécialité des portraits), un peu intellectuel, un peu mondain, un peu écrivain, un peu pianiste. Plus qu’un peu d’ailleurs : dans tous ces domaines, il se montra brillant, laissant l’image d’un touche-à-tout, d’un dilettante doué, une catégorie que l’histoire de l’art jette souvent aux oubliettes. Ami de Proust et de Robert de Montesquiou, il vécut de près l’atmosphère décadentiste de la fin du XIXe siècle, la Belle Epoque qui sentait le blasé. Entre « Blanchard, Maria » et « Blaue Reiter », l’encyclopédie Garzanti citée plus haut oublie Blanche… La preuve qu’il marqua son époque (Mauriac lui fut reconnaissant de lui avoir « ouvert les yeux sur la peinture ») mais disparut des suivantes. Cette biographie très illustrée lui rend justice et se lit comme une véritable Comédie humaine où défilent Aubrey Beardsley, Oscar Wilde, Gide et Joyce et les sublimes Ida Rubinstein et Tamara Karsavina.
Jacques-Emile Blanche par Jane Roberts, éditions Gourcuff Gradenigo, 2012, 216 p., 39 €

Achetez cet ouvrage chez Amazon

Achetez cet ouvrage à La FNAC

LES VERNISSAGES DE LA SEMAINE