ArtAujourdhui.Hebdo
N° 276 - du 18 octobre 2012 au 24 octobre 2012
Ramin Haerizadeh, Untitled, 2012, technique mixte sur toile. Courtesy Galerie Nathalie Obadia, Paris/Brussels (FIAC 2012 à Paris)
L'AIR DU TEMPS
FIAC, l’âge mûr
PARIS – L’an prochain, la FIAC (Foire internationale d’art contemporain) aura 40 ans. Pour sa dernière année de jeunesse, elle montre un profil solide, avec ses 180 galeries rassemblées sous la verrière du Grand Palais. Preuve de son internationalisation: un tiers seulement d’entre elles sont françaises. Et l’on retrouve parmi les autres des poids lourds qui l’ont un peu snobée dans le passé comme la Londonienne White Cube ou la multinationale Gagosian. Le succès de la FIAC se lit aussi, comme pour Frieze à Londres ou Art Basel à Bâle et Miami, au nombre de foires satellites qui l’accompagnent. De la plus ancienne à la plus récente, Slick, Show Off, Cutlog, Art Elysées et la dernière venue YIA réunissent autant de galeries que la FIAC elle-même. Un parcours impossible – il faudrait voir cent stands par jour pour en faire le tour – mais qui confirme que Paris n’est pas out sur la scène internationale.
• FIAC, du 18 au 21 octobre 2012, au Grand Palais, Jardin des Plantes et Muséum d’histoire naturelle
• Slick, du 17 au 21 octobre 2012, au Garage
• Slick, du 17 au 21 octobre 2012, au Garage
• Art Elysées, du 17 au 22 octobre 2012, sur les Champs-Elysées
• YIA, du 18 au 21 octobre 2012, au Bastille Design Center
EXPOSITIONS
10 artistes à suivre à Paris
A l’occasion de la FIAC et des foires parallèles, les galeries parisiennes proposent un programme dense d’expositions. En voici un florilège cosmopolite. Le Japonais Susumu Shingu présente une dizaine de sculptures mobiles à la galerie Jaeger-Bucher ainsi qu’une installation dans le Bassin des Tuileries. L’Iranien Ramin Haerizadeh, installé à Dubai, montre chez Nathalie Obadia ses collages qui malmènent quelques grandes figures de l’art et de l’histoire. Chez Chantal Crousel, le Sud-Coréen Haegue Yang construit des installations à base de stores vénitiens, de câbles électriques et d’ampoules. Blair Thurman, originaire de la Nouvelle-Orléans, rajeunit la pratique du néon chez Frank Elbaz. Comme son aîné Ionesco, le Roumain Catalin Petrisor joue des ressorts de l’absurde à la galerie Dix9. A la galerie Perrotin, qui continue son expansion à marche forcée (New York est la prochaine frontière), la Suédoise Klara Kristalova retranscrit en céramique les personnages de la société contemporaine. Le photographe ukrainien Boris Mikhailov n’a pas perdu sa veine caustique à la galerie Suzanne Tarasiève. Le Thailandais Pratchaya Phinthong présente chez gb agency un art conceptuel très épuré. L’Allemand Michael Riedel pervertit chez Michel Rein les codes de la typographie et de la communication scientifique. Enfin, chez Almine Rech, le jeune Américain Alex Israel donne une dimension iconique à des accessoires de studios de cinéma en les sortant de leur contexte.
VENTES
Lot n°153 : Alexandre Trauner (1906-1993), Les Barrières de Paris ou la Rue Rouge Gorge. Les Enfants du Paradis. Gouache sur carton. 1943; 49 x 74 cm, sous encadrement.
Trauner-Prévert, une amitié féconde
PARIS - C’est l’histoire d’une amitié qui a duré plus de quatre décennies. En 1936, Alexandre Trauner, jeune émigrant hongrois de 30 ans qui a commencé à se faire une réputation (notamment sur La kermesse héroïque de Jacques Feyder), rencontre Jacques Prévert, de six ans son aîné. Respectivement en tant que décorateur et que scénariste, ils vont lier leur nom à celui du réalisateur Marcel Carné pour quelques monuments du cinéma français : Quai des Brumes (1938), Les Visiteurs du soir (1942) ou Les Enfants du paradis (1945). La vente propose quelques-uns des moments qui ont scandé cette association : lettres autographes, gouaches de décors, photographies, collages. Si l’on sait que Prévert a eu une autre vie, il en va de même pour Trauner : il tournera avec Orson Welles (Othello) et Joseph Losey (Don Giovanni) et sera un pilier du Saint-Germain-des-Prés de l’après-guerre, fréquentant Duke Ellington ou Boris Vian. C’est toute cette époque qui revit dans ces 304 lots d’un Paris spirituel, typé et indémodable.
• Cinéma : Prévert/Trauner, une amitié complice le 24 octobre à l’hôtel-Drouot (SVV Binoche & Giquello)
LIVRES
Requiem haussmannien
Haussmann, fossoyeur du Paris ancien ! L’accusation n’est pas nouvelle et contient une part de vérité même si le Paris qui est devenu une icône est le sien, avec ses larges boulevards et ses immeubles à gabarit standardisé. Il faut cependant reconnaître que le préfet de la Seine eut l’honnêteté de laisser trace de son action. Des documents récemment exhumés par Pierre Pinon dans la Bibliothèque historique de la Ville de Paris donnent une idée du remarquable travail de greffier qui fut mené avant d’envoyer à l’abattoir 250 maisons des XVIIe et XVIIIe siècles de la rue de Rivoli. Des dessins aquarellés furent réalisés des façades condamnées. Hélas, ces documents disparurent lors de l’incendie de l’Hôtel de Ville. Heureusement, Davioud signala en 1877 au bibliothécaire qu’il avait conservé les minutes (dessins au trait avant mise au propre), qui n’ont guère été vues depuis. Ce sont celles-ci que publie ce recueil, sans commentaire, faisant défiler les élévations de la rue de la Tixeranderie, de la rue Trognon, de la rue Tirechappe, l’hôtel de l’Union rue Nicolas-Flamel, les denrées coloniales de Villary ou les bains Marivaux. Un Paris qui fut…
• Paris pour mémoire, le livre noir des destructions haussmaniennes par Pierre Pinon, Parigramme, 2012, 49 €.
LES VERNISSAGES DE LA SEMAINE
BRÈVES
PARIS - Le projet d'assujettissement à l'impôt sur la fortune des œuvres d'art d'une valeur de plus de 50 000 € a été finalement écarté par le gouvernement.
PARIS – Le musée Zadkine a rouvert le 10 octobre 2012 après une année de travaux.
ROTTERDAM - Sept tableaux de maître ont été volés à la Kunsthal mardi 16 octobre 2012, dont un Gauguin, un Monet (Waterloo Bridge, Londres), un Picasso et un Matisse.
SUR ARTAUJOURDHUI.INFO
Cette semaine, ne manquez pas…
HOKUSAI
PARIS - Une quarantaine d'œuvres de l'artiste japonais (peintures, estampes et dessins), dont la célèbre Sous la grande vague, sont exceptionnellement présentées au public du musée Guimet pendant trois mois.