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N° 277 - du 25 octobre 2012 au 31 octobre 2012


Edward Hopper, Summertime, 1943, Delaware Art Museum, Wilmington, USA / © Bridgeman 2012

L'AIR DU TEMPS

Hopper de retour à Paris

PARIS – Pendant ses quarante premières années, il n’a quasiment pas vendu de tableaux, aujourd’hui, près d’un demi-siècle après sa mort, il est une superstar. Edward Hopper (1882-1967) fait accourir les foules parisiennes après avoir séduit Madrid. Pourquoi ces images d’un monde désincarné, où la communication entre les êtres semble s’être interrompue, où chacun semble enfermé dans une solitude sans retour, nous fascinent-t-elles ? Parce qu’elles décrivent une réalité sombre sous des dehors souriants ? Parce qu’elles synthétisent un siècle urbain, blasé et consommateur ? Le propre des grands artistes est d’autoriser plusieurs interprétations divergentes… Insistant sur ses années parisiennes (1906, 1909, 1910) et sur la rupture de 1924 (il connaît enfin le succès au musée de Brooklyn alors qu’il n’avait vendu qu’une seule œuvre dans sa vie, à l’Armory Show de 1913, celui où Duchamp avait fait scandale), l’exposition du Grand Palais montre que cette icône de l’Amérique du XXe siècle est moins réaliste que métaphysique : presque un De Chirico à l’américaine…
Edward Hopper au Grand Palais jusqu’au 28 janvier 2013.

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EXPOSITIONS


Michael Elmgreen (*1961) et Ingar Dragset (*1968), Berger, 2009. Impression couleur montée sur aluminium avec plexiglas, 200 x 149,5 cm. Courtesy Galleri Nicolai Wallner, Kopenhagen / Copenhagen © VBK, Wien 2012

Quand l’homme est nu

VIENNE - Pierre et Gilles censurés ! L’affiche de l’exposition s’est avérée trop provocatrice : une interprétation de l’équipe de France de football en nu intégral, qui devait annoncer l’exposition, a dû être retirée. Il n’en reste pas moins que le propos est courageux : tracer un panorama de la nudité masculine dans l’art depuis le XVIIIe siècle jusqu’à nos jours. Les tenants de la parité et les Gorilla Girls, qui s’insurgeaient contre le fait que les femmes devaient être déshabillées pour accéder au Metropolitan Museum (85% des nus exposés sont féminins), devraient être satisfaits. Des académies 1800 à Egon Schiele, en passant par les éphèbes siciliens de Von Gloeden, jusqu’aux sérigraphies d’Andy Warhol et aux dérangeantes Fillettes de Louise Bourgeois, ce sont des approches très variées du corps masculin qui sont proposées.
Nude Men au musée Leopold du 19 octobre 2012 au 28 janvier 2013

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Ces expositions ouvrent aussi cette semaine…

Carra, un grand d'Italie

ALBA – La Fondation Ferrero dédie à Carlo Carra, peintre « métaphysique » contemporain de De Chirico, une rétrospective avec près de 80 tableaux. Du 27 octobre 2012 au 27 janvier 2013.

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Léonard grandeur nature

PARIS – A la Cité des sciences, Léonard de Vinci, projets, dessins, machines, fait revivre avec de nombreuses maquettes l’univers du génie de la Renaissance. Du 23 octobre 2012 au 18 août 2013.

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Setari, un couple collectionneur

PARIS – Un regard personnel sur l’art contemporain international : c’est celui que propose la Collection Giuliana et Tommaso Setari, assemblée ces dernières années et montrée à la Maison rouge. Du 20 octobre 2012 au 13 janvier 2013

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VENTES


Lot 15, Emilie du Châtelet, Système du monde, manuscrit probablement entièrement autographe. Estimation : 6000-9000 €

Châtelet, le génie au féminin

PARIS - Elle est morte à 43 ans, cinq jours après avoir accouché, a eu le temps d’être l’amante de Voltaire, de Maupertuis et du poète Saint-Lambert, d’écrire des Commentaires sur les Actes des apôtres, des Propos sur le bonheur et de commencer, avec l’appui de Voltaire, qui voyait en elle un « génie », la traduction en français des œuvres de Newton. Personnage inclassable, Emilie du Châtelet (1706-1749) a été la première femme à voir un de ses ouvrages, la Dissertation sur la nature et la propagation du feu couronné par l’Académie des Sciences. Cette vente propose quelques-uns de ses manuscrits – les 174 feuillets d’un Cours sur la géométrie, un Essai sur l’optique, une Anatomie de l’oreille montrant l’étendue de ses intérêts, ainsi que divers documents comme l’inventaire après décès de son hôtel de la rue Traversière.
Emilie du Châtelet, ses travaux scientifiques & le château de Cirey chez Christie’s le 29 octobre 2012

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LES ARTISTES DE LA SEMAINE


Daniel Dewar et Grégory Gicquel, Gisant, 2012. Projet de monument funéraire pour le Cimetière Montparnasse, dolérite ; 94 x 198 x 114 cm. Courtesy galerie Loevenbruck, Paris

Dewar et Gicquel, dérision duchampienne

Comme chaque année, le samedi matin a été marqué à la FIAC par la traditionnelle remise du prix Marcel-Duchamp, décerné par l’ADIAF (Association pour la diffusion internationale de l’art français). C’est un duo qui l’a obtenu en 2012, et l’on pourrait prétendre, clin d’œil cosmopolite en ces temps de résurgence des nationalismes, qu’il s’agit d’une courageuse promotion de l’art franco-anglais. La paire composée de Grégory Gicquel (le Français, né en 1975) et Deniel Dewar (le Britannique, né en 1976) aime en tout cas jouer d’un autre type de provocation. Leur hippopotame en kaolin, leur lévrier greyhound sculpté dans du bois de chêne mais équipé de vraies chaussettes de tennis, leur Ferrari en marbre de Castelnou, leurs sandales en verre, s’inspirent tout en la tournant en dérision, de la grande sculpture classique. Une attitude portée à son summum avec l’œuvre primée : un gisant de scaphandrier palmé…

Le site de l'ADIAF

LES VERNISSAGES DE LA SEMAINE

LIVRES

Le Louvre en 100 dessins

Le Louvre est si riche en œuvres d’art que l’on néglige souvent un pan important de son patrimoine : les dessins. Héritier du Cabinet du roi puis du « cabinet aux trois serrures » (pendant la Révolution, il fut protégé par trois clés confiées à trois personnes différentes), le fonds compte aujourd’hui quelque 150 000 œuvres. Arlette Sérullaz, qui en a été conservatrice pendant plusieurs décennies, compile un hit-parade chiffré, bien dans l’air du temps, mais qui se nourrit d’une passion sincère. A côté des immanquables Watteau, Ingres et Géricault, on y découvre des noms moins connus du grand public comme le mystérieux Maître E.S. ou comme cet excentrique Gabriel de Saint-Aubin qui passait son temps à dessiner (on le disait atteint de « priapisme de dessin » et il mourut sur la paille), qui a laissé un magnifique carnet, dit « carnet Groult », mélangeant, de façon très moderne, textes et dessins. En conclusion,, un lexique permet de s’y retrouver entre détrempe, estompe, lavis et marouflage…
100 dessins du musée du Louvre par Arlette Sérullaz, La Martinière, 2012, 256 p., 45 €

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BRÈVES

MADRID – Le salon Estampa, consacré à la gravure et aux multiples, se tient du 25 au 28 octobre 2012.

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PARIS – La Grande Table (1961-62) de René Magritte a été adjugé 5,1 millions € chez Sotheby’s le 24 octobre, multipliant par cinq le record pour l’artiste en France.

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PARIS – Deux nouvelles galeries d’art contemporain ont ouvert durant la FIAC, chacune avec une exposition Anselm Kiefer : Gagosian au Bourget (Jean Nouvel architecte) et Thaddaeus Ropac à Pantin (Buttazzoni architectes).

La galerie Gagosian