ArtAujourdhui.Hebdo
N° 295 - du 14 mars 2013 au 20 mars 2013
Algaculture © Michael Burton et Michiko Nitta. Biennale internationale de design de Saint-Etienne.
L'AIR DU TEMPS
Gros plan sur le design de demain
SAINT-ETIENNE - Trois semaines et 61 expositions : pour sa 8e édition, la Biennale internationale du design, qui s’est décalée de novembre à mars, prend de l’ampleur et s’implante davantage dans le territoire. Même si le lien avec la mythique Manufacture d’armes et de cycles (Manufrance), dont chaque foyer français possédait un catalogue, reste ténu… De nombreux événements – conférences, projections, parcours dans la ville, forum sur Design et Innovation sous la direction de l’économiste Jeremy Rifkin – accompagnent cet événement. Fédéré sous une thématique un peu obscure, « L’empatie ou le rapport à l’autre », il joue de sa synergie avec l’école supérieure d’art et de design. Dans les Labos, on pourra tester des produits innovants (des nouvelles cafetières Krups jusqu’à la commande, chez Legrand, de l’illumination de la maison par la détection du mouvement des locataires). Dans « Demain, c’est aujourd’hui », on sera initié aux produits qui sont en gestation tandis que « Dream Team » détaille les pistes de recherches des écoles européennes de design.
• Biennale internationale de design en divers lieux, du 14 au 31 mars 2013.
EXPOSITIONS
Pieter van der Werff (1665-1722), Pierre le Grand, 1697-1700, huile sur toile, 56 х 49,5 cm © Musée national de l'Ermitage, Saint-Pétersbourg.
Pierre le Grand, retour en Hollande
AMSTERDAM - Il ne vit la mer pour la première fois qu’à l’âge de 20 ans, à Arkhangelsk, et fut pourtant celui qui fit de la Russie une puissance navale. Pierre le Grand (1672-1725) est considéré comme le tsar qui ouvrit et modernisa son pays. Lui dédier une exposition à Amsterdam, étape fondamentale de sa Grande Ambassade de 1697 (son impressionnant voyage d’études en Europe), est tout à fait logique. Pierre apprit le néerlandais dans sa jeunesse et la ville des canaux fut une inspiration première pour la fondation de Saint-Pétersbourg. Il y avait de nombreux correspondants – antiquaires (Pierre possédait un Rembrandt et son célèbre cabinet de curiosités doit beaucoup à ses achats locaux) ou taxidermistes (c’est le célèbre naturaliste Nicolaas Bidloo qui fut chargé d’embaumer son chien adoré Lisetta). Dans l’antenne de l’Ermitage ouverte en 2009, tableaux, habits, objets divers et son masque mortuaire retracent la vie du souverain, qui eut aussi sa face sombre : la mort sous la torture du tsarévitch Alexis, accusé de complot, en est l’illustration la plus connue.
• Peter the Great à l’Ermitage Amsterdam, du 9 mars au 13 septembre 2013
Ces expositions viennent aussi d'ouvrir…
L’âme artiste d’Antonioni
FERRARE - Antonioni e le arti, au Palazzo dei Diamanti, montre le rapport du réalisateur (1912-2007) à la peinture, la photographie, la littérature au moyen d’objets personnels, de tableaux, de correspondance (avec Barthes, Morandi ou Tarkovsky). Du 10 mars au 9 juin 2013.
Entente cordiale entre tsars et Stuarts
LONDRES - Treasures of the Royal Courts, au Victoria & Albert Museum, fait écho à l’exposition de l’Ermitage Amsterdam. Elle décrit, à partir de trésors provenant de la cour anglaise et de celle des tsars, les rapports entre les deux pays pendant trois siècles. Du 9 mars au 14 juillet 2013.
Le côté obscur du romantisme
PARIS – Une peinture éprise de sombre, de mystère, d’inconnu : c’est L’ange du bizarre ou le romantisme noir au musée d’Orsay, qui rassemble la production d’artistes comme Goya, Füssli ou Blake. Du 5 mars au 9 juin 2013.
VENTES
Pablo Picasso, Plat à poisson, 1952, variante unique, datée 6.6.52, avec les marques Madoura et Empreinte Originale de Picasso. Diamètre : 418mm. Courtesy Sotheby's.
Picasso à boire et à manger
LONDRES - La seule façon d’avoir un grand maître à bas prix ? Un multiple, évidemment… Pour la plupart des artistes, il s’agit de gravures. Chez Picasso, on peut viser un autre registre, celui des céramiques. A partir de 1946, à un âge où d’autres se mettent à la retraite (il a 65 ans), il se lance en effet dans une production nouvelle, aux ateliers Madoura de Vallauris, en compagnie des époux Ramié. C’est d’ailleurs là qu’il fera la connaissance de Jacqueline Roques, qui sera sa dernière compagne. Soucieux de produire en série une vaisselle dans laquelle on puisse manger, visages, animaux (chouettes, taureaux, poissons, sauterelles), figures mythologiques se multiplient sur les assiettes, pichets, plats - en simples reliefs imprimés par le doigt, en bichromie ou, au contraire, en couleurs éclatantes. Pour une assiette de service à poisson de 1947, tirée à 300 exemplaires, les estimations débutent autour de 1000 £ (lot 2). En revanche, dès que la patte devient « unique », il faut compter vingt fois plus comme pour ce plat à poisson (lot 32) de 1952, à 25 000 £.
• Important Ceramics by Pablo Picasso chez Sotheby’s Londres le 19 mars 2013.
L'ARTISTE DE LA SEMAINE
Karl Haendel, Down Box, crayon sur papier, 261,6 x 396,2 cm. Courtesy galerie Yvon Lambert, Paris.
Haendel, le dessin XXL
Voici un artiste qui estime que le dessin n’est pas l’art des pauvres – à dénicher dans les foires parallèles pour ceux qui n’ont pas les moyens… Pour le prouver, Karl Handel, artiste trentenaire (il est né en 1976 à New York) en présente un gigantesque, de près de 4 mètres de long, montrant des footballeurs américains en pleine action. Ce Down Box lui a demandé des mois de travail, à partir de projections d’agrandissements. Et il ne s’agit pas d’une simple étude : le dessin est chez Haendel un aboutissement, le produit de la digestion, selon une méthode très personnelle, des gros titres de la presse US pendant deux ans. How Ready Are We for Bioterrorism ? Seeing Lincoln as a C.E.O, Black Women and Fat ou The Cost of Football Glory. La réponse au crayon graphite sur papier blanc…
• Karl Haendel est présenté à la galerie Yvon Lambert (108 rue Vieille du Temple, 75003 Paris) du 15 mars au 20 avril 2013.
LES VERNISSAGES DE LA SEMAINE
LIVRES
Un autre regard sur les hôpitaux
On les visite généralement à son corps défendant. Ce qui est bien dommage : les hôpitaux représentent un extraordinaire patrimoine architectural et historique, et cet ouvrage a nécessité pas moins de 600 pages pour en donner un premier aperçu ! On regarde avec intérêt le XXe siècle, la naissance de l'hôpital-bloc et ces grands bâtiments à l'américaine comme l'hôpital Beaujon de Clichy (avec ses volées d'escaliers métalliques) ou le colossal hôpital Nord de Marseille. Mais c'est le passé qui éberlue : combien d'hôtels-Dieu, combien de maladreries, léproseries, lazarets, asiles d'aliénés et autres pavillons de quarantenaires a-t-on construits ! Certains sont de véritables chefs-d'œuvre du Grand Siècle ou de l'époque des Lumières, inconnus du grand public : l'hôpital du Saint-Esprit à Provins, celui de Notre-Dame des Fontenilles à Tonnerre, plus beau qu'une cathédrale, l'hôpital de la Charité à Langres… L'hôpital de la Marine à Rochefort possède une élégante chapelle et l'hôtel-Dieu de Lyon, avec sa façade se mirant dans le Rhône, est coiffé d'un invraisemblable voûtement. Un trésor bien caché!
• L'hôpital en France, histoire et architecture, Cahiers du patrimoine, éditions LieuxDits, 2012; 592 p., 44 €.
BRÈVES
LONDRES – Le tableau de Pablo Picasso, L'Enfant à la colombe, daté de 1901, l’une des premières œuvres de sa période bleue, quittera la Grande-Bretagne, où il est conservé depuis 1928, à l’issue de l’exposition «Becoming Picasso» à la Courtauld Gallery (qui finit le 26 mai), la levée de fonds pour empêcher sa vente à un acquéreur étranger ayant échoué.
LONDRES – Un tableau anonyme du Bowes Museum a été attribué à Van Dyck après sa mise en ligne sur le site de la BBC qui recense toutes les œuvres conservées dans des collections publiques anglaises.
MAASTRICHT – Le salon d’antiquaires TEFAF se tient du 15 au 24 mars 2013 et accueille pour la première fois une section d’arts de l’Islam.
PARIS – Du 16 au 24 mars 2013, les « Journées marteau », à l’hôtel-Drouot et dans les hôtels de ventes de toute la France, proposent une initiation au monde des enchères.