Accueil > ArtAujourd'hui Hebdo > N° 328 - du 19 décembre 2013 au 8 janvier 2014

ArtAujourdhui.Hebdo

N° 328 - du 19 décembre 2013 au 8 janvier 2014

Ceci est le dernier numéro de 2013. Notre prochain numéro paraîtra le 9 janvier 2014. JOYEUX NOËL ET BONNE ANNÉE !


Berthe Morisot, Le Piano, 1888, collection particulière (exposition Les Impressionnistes en privé, 100 chefs-d'œuvre de collectionneurs, au musée Marmottan Monet, Paris, du 13 février au 6 juillet 2014).

L'AIR DU TEMPS

En attendant 2014, bonnes lectures de Noël

La fin de l'année, les cadeaux… Tablettes, ordinateurs, téléphones portables, liseuses électroniques… Et pourquoi pas, ce qui ravira Gutenberg dans sa tombe, un bon vieux livre de papier ? Nous, qui en sommes fervents, vous proposons notre bref best of des catalogues de l'année (même si bien d'autres pouvaient prétendre à ce titre). Les expositions qu'ils ont accompagnées ont parfois fermé leurs portes, leur intérêt n'en est que plus grand : ils en conservent fidèlement la trace et permettent de nous affranchir, pour une fois, de la dictature de l'actualité… en attendant le programme du premier trimestre qui s'annonce chargé.

Le surréalisme par l'objet

Tout le monde a déjà vu le Buste de femme rétrospectif de Salvador Dalí, une femme aux seins nus, la tête couverte d'une baguette de boulanger parisien. Ou encore les poupées désarticulées de Bellmer voire l'Indestructible Object de Man Ray, ce métronome dont le bras porte un œil. Mais la productivité des surréalistes (le terme est à prendre au sens large, et inclut les créateurs de l'après-Seconde Guerre mondiale) semble avoir été inépuisable dans le domaine de l'objet. C'est ce que démontre l'exposition du Centre Pompidou (ouverte jusqu'au 3 mars 2014), qui a choisi de les accompagner d'un véritable dictionnaire. Les entrées, mixtes, mêlent des mots-clés (automatisme, inquiétante étrangeté, tamanoir) et des biographies. A côté des stars, il fait bon (re)découvrir qui était Alphonse Benquet, l'inventeur de la roue ovale, Jacqueline Lamba, la première épouse d'André Breton, ou Marcel Jean, créateur des Chronogrammes.
Dictionnaire de l'objet surréaliste sous la direction de Didier Ottinger, Centre Pompidou/Gallimard, 2013, 336 p., 39,90 €.

Achetez cet ouvrage chez Amazon

Achetez cet ouvrage à La FNAC

Hollywood-sur-Seine

Heureusement, il nous reste Paris, prononce de sa voix rauque Humphrey Bogart dans Casablanca. L'attirance de Hollywood pour la capitale française n'est pas chose nouvelle et cet ouvrage (qui accompagnait une exposition à l'Hôtel de Ville à l'automne 2012) en fait le tour, depuis Griffith jusqu'à Woody Allen. Dans son introduction, Antoine de Baecque estime à huit cents les films américains qui ont pris la Ville-Lumière pour décor. Certains sont des classiques, de Ninotchka de Lubitsch avec Greta Garbo, ou Un Américain à Paris de Minnelli, avec Leslie Caron et Gene Kelly. Comment s'est bâti cet imaginaire, comment il a contribué à véhiculer des clichés (le bistrot, les petites femmes, la gouaille), comment il a fait émerger des interprètes-types (Maurice Chevalier ou Audrey Hepburn), c'est ce qu'explorent les auteurs. Un aspect fascinant est la méticulosité des reconstitutions : dans Irma la douce de Billy Wilder, qui ressuscite les Halles interlopes, pas une scène n'a été tournée à Paris...
Paris vu par Hollywood, sous la direction d'Antoine de Baecque, Skira Flammarion, 2012, 288 p., 45 €

Achetez cet ouvrage chez Amazon

Achetez cet ouvrage à La FNAC

Saint-Sépulcre d'or et d'argent

Les reliques de la Sainte-Croix (bois) et de la Passion (clous, éponge, suaire) ont essaimé dans toute la chrétienté : au Moyen Âge, les reliques faisaient l'objet d'un commerce très lucratif - les moines de Conques menant une opération commando pour s'emparer de la châsse de Sainte-Foy est restée célèbre. Ce que l'on connaît moins, et qu'illustrait l'exposition tenue à Versailles et à la Maison de Chateaubriand (d'avril à juillet 2013) est le mouvement inverse, qui a porté en Terre sainte des pièces d'exception, pour enrichir le trésor du Saint-Sépulcre. Chasubles à fils d'or venues du Milanais, encensoirs espagnols en argent repoussé, aiguière en argent doré d'Augsbourg, crosse en émail de Limoges du XIIe siècle… Les pièces exposées à cette occasion montraient l'extraordinaire détenu par la Custodie franciscaine de Jérusalem, fruit de dons de rois, prélats ou riches particuliers. Et parfois souvenir d'une magnificence disparue ailleurs : sans ces présents, on serait moins au fait de l'orfèvrerie française, dont tant de chefs-d'œuvre ont disparu, sacrifiés au financement des guerres de Louis XIV ou à l'iconoclasme révolutionnaire.
Trésor du Saint-Sépulcre, Silvana Editoriale, 2013, 430 p., 39 €

Achetez cet ouvrage chez Amazon

Achetez cet ouvrage à La FNAC

Modernités magyares

A une époque où la Hongrie ne donne pas que des gages d'ouverture, il est bon de rappeler qu'elle connut il y a un siècle un véritable bouillonnement des avants-garde. Ce joli catalogue-objet (dont les couleurs, vert et rouge, jouent avec le drapeau hongrois) accompagne une exposition très ciblée au musée d'Orsay (jusqu'au 5 janvier). Tirant son titre d'une œuvre célèbre de Bartók (écrite en 1911), elle montre que le ferment de la nouveauté agitait en réalité tous les arts. La Hongrie, épousant le modèle parisien, avait alors ses fauves, ses cubistes, ses premiers abstraits, qui réinterprétaient les motifs du folklore ou importaient les thèmes de Toulouse-Lautrec et Matisse. Ses interprètes sont malheureusement très peu connus, à l'exception peut-être de Rippl-Ronai. Voici donc l'occasion rare de s'initier à Béla Czóbel, Odon Márffy, Sándor Bortnyik ou Róbert Berény.
Allegro Barbaro, Béla Bartók et la modernité hongroise, 1905-1920, Musée d'Orsay/Hazan, 272 p, 40 €.

Achetez cet ouvrage chez Amazon

Achetez cet ouvrage à La FNAC

Pasolini, tous les chemins mènent à Rome

Personnalité inclassable, Pasolini est à la fois poète, cinéaste, essayiste. Il est communiste mais chroniqueur au Corriere della Sera, le quotidien de la bourgeoisie italienne. Il promeut la liberté sexuelle mais prend la défense de CRS contre les chevelus en 1968. Il est homosexuel mais vit des amitiés passionnées avec Laura Betti et Maria Callas. Pour aborder un créateur aussi pétri de contradictions, il était bon de prendre une clé de lecture. C'est ce qui a été fait ici avec, pour dénominateur commun de toutes ces facettes, la ville de Rome. Il s'y installe avec sa mère en 1950, à l'âge de 28 ans, fuyant le Frioul et son atmosphère étouffante. Il y fera toute sa carrière, de la publication de Ragazzi di vita en 1960 jusqu'à Salò, tourné à la veille de sa mort, en novembre 1975. Le livre, qui accompagne une exposition au long cours (à la Cinémathèque de Paris jusqu'au 26 janvier 2014 puis au Palazzo delle Esposizioni de Rome et au Martin-Gropius-Bau de Berlin), mêle photos, extraits de poésies, d'articles et de scénarios, interviews de ceux qui l'ont connu et ont travaillé avec lui (de Bernardo Bertolucci à Ennio Morricone).
Pasolini Roma, Skira Flammarion/La Cinémathèque française, 2013, 264 p. 35,50 €.

Achetez cet ouvrage chez Amazon

Achetez cet ouvrage à La FNAC

Wols derrière l'objectif

Par le jeu des coproductions internationales, on peut consulter un catalogue avant que l'exposition qu'il détaille ne soit arrivé. C'est le cas avec ce superbe volume au graphisme recherché (couverture gaufrée, composition typographique sur les lettres ). Il présente l'un des météores de l'art du XXe siècle, Wols, mort à 37 ans en 1951, sous un visage qu'on lui connaît mal, celui de photographe, son premier métier lors de son arrivée à Paris au début des années trente. D'abord montrée au Kupferstich-Kabinett de Dresde, l'exposition n'abordera qu'à l'automne 2014 au musée d'Art moderne de la Ville de Paris pour y présenter vues urbaines, portraits et autoportraits, et des natures mortes surréalistes bien dans l'air du temps.
Wols Hatje Cantz, 2013, 448 p., 68 € (en anglais).

Achetez cet ouvrage chez Amazon

LES VERNISSAGES DE LA SEMAINE