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N° 333 - du 6 février 2014 au 12 février 2014


François-Charles Cécile (1766-1840), Façade du temple de Louxor, vers 1800, aquarelle © RMN-Grand Palais (musée du Louvre)/Les frères Chuzeville (exposition Musée national de la Marine, Paris).

L'AIR DU TEMPS

L’affaire de l’obélisque

Une bagatelle : 230 tonnes, 23 mètres de haut, dans les sables de la Haute-Egypte, à 700 km de l’embouchure du Nil… En 1829, lorsque Méhemet-Ali offre à la France les obélisques de Louxor, cela a tout l’air d’un cadeau empoisonné. Comment transporter cette masse énorme ? C’est l’aventure hors du commun (même si elle ne concernera finalement qu’un seul des deux monolithes) que raconte une exposition originale, à partir de documents d’époque et de maquettes. La saga durera sept ans, comprendra la construction d’un navire spécial, le Luxor, l’expédition de 121 hommes (dont 10 mourront sur place d’épuisement ou de maladie), l’intervention du premier navire à vapeur de la Marine (le Sphinx), enfin la levée du monument sur la place de la Concorde par une belle journée d’automne (le 25 octobre 1836). Question subsidiaire : comment, au temps de Ramsès II, trois mille ans auparavant, avait-on réussi à dresser cette gigantesque aiguille de calcaire ? Voilà qui mérite bien, comme à Hollywood, une suite…
Le voyage de l’obélisque, Louxor-Paris 1829-1836, au musée de la Marine, du 12 février au 6 juillet 2014.

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EXPOSITIONS


Henri Cartier-Bresson, Rue de Vaugirard, Paris, France, mai 1968, épreuve gélatino-argentique, tirage réalisé en 1984. Collection Fondation Henri Cartier-Bresson, Paris. © Henri Cartier-Bresson / Magnum Photos, courtesy Fondation Henri Cartier-Bresson.

Cartier-Bresson, l’œil du siècle

PARIS - En 1945, le MoMA prépare l’exposition d’un photographe européen, qu’il croit mort pendant la guerre (alors qu’il vient de réaliser pour le Service of War Information américain un film sur le retour des prisonniers). A l’époque, ni internet ni twitter : il faudra quelque temps pour l’erreur soit corrigée. L’artiste survivra longuement à l’exposition (1947) et à cette fausse alerte, ne s’éteignant qu’en 2004, à 95 ans révolus. Il s’agit évidemment d’Henri Cartier-Bresson, le théoricien de « l’instant décisif », le photographe français le plus connu dans le monde. Autant dire que sa carrière s’étend sur plusieurs décennies et croise des événements majeurs comme la Seconde Guerre mondiale, les indépendances africaines, la guerre du Vietnam, Mai 68… Si l’on ajoute qu’elle a débuté par la peinture, au temps du surréalisme (1926) et qu’elle a fini par le dessin, a fait des incursions par le cinéma, on conçoit la gageure d’un accrochage, même s’il réunit la bagatelle de 500 images. L’idée de départ étant qu’il n’y a pas un mais plusieurs Cartier-Bresson, on y trouve un Janus aux multiples visages : l’ami de René Crevel, l’assistant de Jean Renoir, le voyageur émérite (en Afrique en 1930, au Mexique en 1934) et évidemment, le photographe de reportage, cofondateur de l’agence Magnum.
Henri Cartier-Bresson au Centre Pompidou, du 12 février au 9 juin 2014.

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À VOIR AUSSI

Ensor et les postiches

BÂLE – James Ensor (1860-1949) s’est amusé à déguiser la sordide humanité sous un grand déballage de masques. Ce carnaval grinçant – une soixantaine d’œuvres - est présenté au Kunstmuseum.
Du 9 février au 18 mai 2014

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Le retour de Vincent

MONTPELLIER – Longtemps opposé à David, puis oublié, confondu avec Fragonard ou Vélasquez, François-André Vincent (1746-1816) sort enfin de l’ombre. Après Tours, le musée Fabre est la deuxième étape de sa résurrection.
Du 8 février au 11 mai 2014

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Rome XVIIe

PARIS – Poussin, Lorrain, Paul Bril sont quelques-uns des praticiens connus du paysage à Rome au XVIIe siècle. La collection du cabinet des dessins Jean Bonna, aux Beaux-arts de Paris, possède des feuilles de d’autres artistes, souvent méconnus.
Du 11 février au 2 mai 2014

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VENTES


Lot n° 9, Maurice Denis (1870-1943), Annonciation à Fiesole (aux chaussons rouges), 1898, huile sur toile, signée du monogramme vertical et datée en bas à gauche. 78 x 117 cm. Au verso: Esquisse pour Marthe et Marie, 1896, huile sur toile, 77 x 116 cm.

Les Denis de Thomas

PARIS - Posséder une série d'œuvres de Maurice Denis est aujourd’hui un exploit dont ne peuvent se targuer que quelques musées. Au début du XXe siècle, un individu possédait 120 tableaux du maître nabi… Cela aurait suffi à rendre ce personnage extraordinaire s’il n’avait eu d’autres titres à faire valoir : homme d’affaires et de culture, Gabriel Thomas (1854-1932) contribua à l’édification de la tour Eiffel et du théâtre des Champs-Élysées, demanda le célèbre Héraclès Archer à Bourdelle et servit d’intermédiaire dans la commande de la chapelle du Rainy à Le Corbusier. A la cinquantaine, il se convertit et entre au tiers ordre dominicain, une évolution spirituelle proche de celle que suivra aussi Maurice Denis, dont l’œuvre tardive est marquée par une foi profonde. Quelques pièces ayant appartenu à Gabriel Thomas, qu’il conservait dans sa ville de Meudon, Les Capucines, sont réunies dans cette vente, dont une Annonciation. Thomas possédait sept variations différentes de ce thème biblique…
De l’ancienne collection Gabriel Thomas, vente le 12 février 2014 à l’hôtel Drouot (SVV Beaussant-Lefèvre)

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L'ARTISTE DE LA SEMAINE


Mathieu Pernot, Caravane, 2013. Série «Le Feu», tirage jet d’encre, contrecollé sur dibond, 75 x 100 cm, édition de 7. Courtesy de l’artiste, © Mathieu Pernot.

Les errances de Pernot

PARIS – Mathieu Pernot, jeune « quadra » de la photo, renouvelle, en digne héritier de Depardon ou Koudelka, les codes de l’image documentaire. Travaillant en séries, marqué par la thématique du voyage et de l’errance, il a souvent pris pour sujets des communautés « marginales », celles des gitans, des prisonniers, des migrants et autres déplacés. Dans cette rétrospective, on voit apparaître à plusieurs reprises des personnages suivis sur une longue période (la communauté gitane d’Arles) ou, au contraire, saisis à un moment donné (les réfugiés afghans). Le Feu est une série produite pour l’occasion, qui illustre une tradition des gens du voyage : incendier la caravane des morts.
Mathieu Pernot, la Traversée au Jeu de paume, du 11 février au 18 mai 2014.

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LES VERNISSAGES DE LA SEMAINE

LIVRES

Mémoires d’étain

Dans le domaine de l’art, la production éditoriale est étroitement dépendante du calendrier des grandes expositions et autres « anniversaires ». On ne peut donc que saluer les ouvrages d’érudition, fruit d’années de travail dans des spécialités peu médiatiques, lorsqu’ils arrivent à se frayer un passage jusqu’à la table du libraire. Celui-ci en est un exemple parlant. A priori rebutant pour les non-initiés, ce catalogue des maîtres potiers d’étain est en fait une passionnante plongée dans la micro-histoire. La législation de la profession, les types de poinçons, l’exercice de la jurande, le catalogue des objets les plus usuels (du pichet au moutardier en passant par le clystère, qui servait aux lavements mais aussi à baptiser in utero les enfants non viables) parlent en creux de la société parisienne des XVIIe et XVIIIe siècles. La liste officielle de la ville en 1773 indique que le doyen, Charles Lausmonier, possède sa maîtrise depuis 1707 ! L’impressionnant recensement (190 pages) des maîtres potiers permet d’en savoir plus. On y apprend que ledit Lausmonier décèdera le 29 juillet 1775, à 88 ans, chez son fils, apothicaire rue Aubry-le-Boucher, et que ses modestes biens ne permettront même pas de payer les frais funéraires. L’étain, ce n’est pas l’or…
Étains, maîtres potiers d’étain Paris 1643-1791, par Philippe Boucaud et Michel Schonn, Chez les auteurs, 2014, 432 p., 112 €.

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