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N° 348 - du 22 mai 2014 au 28 mai 2014


Georges Seurat, L’hospice et le phare de Honfleur, 1886, huile sur toile. Collection National Gallery of Art, Washington DC (exposition musée Kröller-Müller, Otterlo).

L'AIR DU TEMPS

La malédiction Seurat

OTTERLO (Pays-Bas) - Ses œuvres évoquent une sorte de bonheur simple et intemporel – les Parisiens se baignant le dimanche dans la Seine, les bords de mer paisibles, les acrobates au cirque. Traitées dans une technique pointilliste qui inaugure le post-impressionnisme, elles valurent au jeune Seurat (né en 1859) de figurer parmi les valeurs montantes de la décennie 1880. Ses affinités avec le symbolisme littéraire lui attachèrent des écrivains doués comme Verhaeren ou Gustave Kahn qui voyaient en lui le rénovateur de la peinture. Tout s’écroula en mai 1891 lorsque Seurat mourut, à 31 ans, d’une diphtérie foudroyante, qui emporta aussi son tout jeune fils. Moins d’un an après la fin tragique de Van Gogh, suicidé à 37 ans… Mais, à la différence du Hollandais, toute rétrospective Seurat s’assimile à un tour de force tant ses œuvres sont rares : à peine 50 tableaux et 200 dessins, qui ont migré à travers le monde. L’exposition du centenaire, en 1991, au Grand Palais et au Metropolitan, fut marquante. Le Kröller-Müller nous donne une nouvelle occasion de savourer ce monde mystérieux, où les hommes semblent des mannequins de bois et l’eau un mirage immobile.
Seurat, master of pointillism au musée Kröller-Müller, du 23 mai au 7 septembre 2014.

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EXPOSITIONS


Claude-Louis Châtelet (1753-1795), Vue de jeu de bague chinois. Dessin à la pierre noire, aquarelle et gouache Extrait du Recueil des vues et plans du Petit Trianon à Versailles, sous la direction de Richard Miquet (1728-1794) 1786

C’était la Chine

VERSAILLES – On parle beaucoup de la Chine. Rien de nouveau : on en parlait déjà beaucoup en 1688… A l’époque, Louis XIV pressentait l’émergence d’un énorme marché en Extrême-Orient et y avait expédié une mission jésuite. Pendant tout le XVIIIe siècle, les classes fortunées de France se délectèrent des arts décoratifs chinois, englobés sous un terme générique de « lachine ». Du Trianon de porcelaine de Louis XIV au pavillon chinois de Marie Leszczynska, en passant par les boîtes de laque que collectionnait avidement Marie-Antoinette, c’est une véritable épidémie esthétique qui saisit les esthètes – un engouement comparable à celui que connaît l’art contemporain chinois. L’exposition retrace cette vogue en montrant quelque 150 objets issus de collections françaises ou européennes : coupes en jade, fontaines à parfum, panneaux décoratifs… On verra pour la première fois un don reçu en 2014 par le château de Versailles : une commode à panneaux de laque du Japon, de l’ébéniste Antoine-Robert Gaudreaus, pour la chambre de Louis XV à Choisy.
La Chine à Versailles, art et diplomatie au XVIIIe siècle, au château de Versailles, du 27 mai au 26 octobre 2014.

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L’œil de Gisèle Freund

BERLIN – Privilège de sa longévité, tout le XXe siècle ou presque est passé derrière son objectif. Gisèle Freund (1908-2000) est ici célébrée avec près de 300 photos, essentiellement des portraits dont ceux de Frida Kahlo, Malraux et Gide, ainsi que la série complète qu’elle a consacrée à Walter Benjamin.
Gisèle Freund à l’Académie des arts, du 23 mai au 10 août 2014.

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Carrier-Belleuse trop méconnu

COMPIÈGNE – Véritable machine à sculpter, Albert Carrier-Belleuse (1824-1887) fut avec Carpeaux l’un des sculpteurs en vue du Second Empire et un habitué du Salon. Un autre de ses titres de gloire fut d’avoir été le maître de Rodin.
Carrier-Belleuse au Château de Compiègne, du 22 mai au 27 octobert 2014.

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Fin de siècle

METZ – A quoi ressemble l’art de la fin du XXe siècle ? Comment les plasticiens ont-ils absorbé un changement d’ère, marqué par l’irruption de l’informatique, de l’internet, et une mondialisation galopante ? C’est l’objet de ce panorama qui convoque objets, idées, musiques et films ayant marqué les artistes pendant une longue décennie.
1984-1999. Une décennie au Centre Pompidou, du 24 mai 2014 au 2 mars 2015.

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VENTES

Le vertige Tintin

PARIS - Jusqu’où montera-t-il ? Hergé, le créateur de Tintin, aurait-il imaginé côtoyer un jour, en valeur, Ingres ou Delacroix ? C’est un phénomène récent, peut-être appelé à s’amplifier : en 2012, la planche originale de l’album Tintin en Amérique (1932) était adjugée 1,3 million €. Artcurial, à l’origine de ce record, propose une vacation-monstre (1000 lots) qui pourrait établir de nouveaux records. La couverture à l’encre de Chine de L’Île noire (1942), estimée entre 600 000 et 800 000 €, pourrait bien faire jeu égal. Un exemplaire en parfait état du tirage de tête de tintin au Congo se négocie aujourd’hui à près de 100 000 €. Hergé n’est pas seul : derrière lui, des gloires disparues (Franquin, Hugo Pratt avec 25 planches de Et in Helvetia Corto estimées 600 000 €) ou encore en activité (Bilal) devraient également signer des enchères pharaoniques. Le neuvième art bien plus cher que le dessin du XVIIIe siècle, qui l’aurait jamais cru ?
L’univers du créateur de Tintin/Bandes dessinées chez Artcurial, les 24 et 25 mai 2014.

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L’ARTISTE DE LA SEMAINE

Michel Nedjar : au cœur de l’art brut

Il a une double « casquette » : artiste d’un côté, collectionneur de l’autre, mais toujours dans le même « registre », l’art brut. Né en 1947, d’origine juive, Michel Nedjar a utilisé le matériau évident pour un fils de tailleur – le tissu – pour créer des poupées. Celles-ci n’ont rien de séduisant pour les petites filles : la bouche béante, les orbites vides, trempées dans le sang, elles étaient plutôt une façon d’exorciser le drame de ses proches disparus dans les camps de concentration nazis. Remarqué par Jean Dubuffet, qui le collectionne, Michel Nedjar va avoir lui aussi un rôle fédérateur. Il assemble avec Madeleine Lommel et Claire Teller la vaste collection de l’Aracine, aujourd’hui exposée au musée d’Art moderne de Villeneuve d’Ascq.
• La galerie Christian Berst propose une rétrospective de Michel Nedjar, du 23 mai au 12 juillet 2014.

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LES VERNISSAGES DE LA SEMAINE

LIVRES

Orsay, un océan de dessins

Au musée d’Orsay, on associe spontanément des toiles de Courbet, de Monet ou de Van Gogh… plus rarement des dessins. Pourtant, le musée est riche de quelque 80 000 feuilles, dont une bonne partie est conservée au Louvre. Pour faire vivre de façon originale ce fonds, l’historien d’art Werner Spies a effectué une sélection subjective puis a demandé à des artistes, écrivains, cinéastes de s’exprimer chacun sur une œuvre. David Lynch décortique par la calligraphie une ambiance mystérieuse de Degouve de Nuncques, Yasmina Reza évoque la Madrilène de dos d’Henri Regnault, Valérie Belin retranscrit en photo une étude de chapeaux de Boudin (l’un des 7555 dessins de l’artiste !), Anish Kapoor réinterprète un Diable de Redon. Un exercice original qui voit passer des noms connus ou moins (Degas, Manet, Bresdin, Rassenfosse, Fortuny) et qui nous vaut d’intéressantes contributions, parfois iconoclastes. « Enfin c’est étonnant que l’on demande si souvent aux « peintres » d’écrire et si rarement aux écrivains de peindre, d’autant plus que la peinture existait bien avant l’écriture ! » écrit finement François Morellet.
Les archives du rêve. Dessins du musée d’Orsay : carte blanche à Werner Spies, Musées d’Orsay et de l’Orangerie/Hazan, 2014, 432 p., 49,90 €.

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