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N° 352 - du 19 juin 2014 au 25 juin 2014


Pierre-Auguste Renoir, Villeneuve-les- Avignon, 1901, huile sur toile, 33x53.5 cm. Fondation Corboud.

L'AIR DU TEMPS

Quoi de neuf sur Renoir ?

MARTIGNY – Parmi les grands impressionnistes, il est peut-être celui qui a le moins bien passé le test de la postérité. Ses femmes nues, indolentes et dodues, reproduites jusqu’à écœurement, sont devenues des chromos bon marché qui resservent son Moulin de la Galette ou son Déjeuner des canotiers. Regarder Renoir (1841-1919) avec un œil neuf : c’est un peu le propos de cette exposition, qui regroupe des œuvres rarement ou jamais montrées au public. Cachées dans des collections privées, dans des musées lointains ou moins fréquentés (São Paulo, Moscou, Dresde), elles confirment sans surprise la permanence de ses thèmes préférés – le portrait, le paysage, le nu, les scènes de famille heureuses. Avec de temps en temps une image inattendue, comme cette scène précoce de commedia dell’arte (Arlequin et Colombine). Ou, dans un autre registre, ce portrait d’une gracieuse jeune fille en robe, avec ruban dans ses cheveux dorés, tout occupée à coudre. Tout faux ! Il s’agit de son fils Jean, qui deviendra le célèbre cinéaste…
Revoir Renoir ! à la fondation Gianadda, du 20 juin au 23 novembre 2014.

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EXPOSITIONS


Amedeo Modigliani, Paul Alexandre devant un vitrail, huile sur toile, 81x45,6 cm, 1913. Rouen, Musée des Beaux-Arts. Don Blaise et Philippe Alexandre, 1988.

Greco et ses héritiers

MADRID – Après une première salve à Tolède, l’année Greco (qui célèbre le quatrième centenaire de son décès, en 1614) connaît une seconde jeunesse à Madrid. Quel peintre moderne n’a pas été influencé par le maître crétois ? se demande-t-on en voyant la liste des tableaux présentés, qui entendent mesurer son pouvoir d’attraction post mortem. Il y a évidemment Manet, fou de peinture espagnole, et Picasso, mais aussi Kokoschka et une palette d’expressionnistes, jusqu’aux abstraits (Pollock) sans oublier les muralistes mexicains (Orozco) ou des grands déformateurs de l’anatomie humaine comme Bacon. Ce genre de rapprochement est éminemment discutable mais toujours fécond et excitant. Quant aux 78 œuvres de Greco qui font face à ces modernes, elles sont garanties par l’Etat pour un montant de près de 700 millions d’euros. Avant son début, l’exposition fait déjà parler d’elle par le seul poids des chiffres…
El Greco y la pintura moderna au musée du Prado, du 24 juin au 5 octobre 2014.

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Calder à l’air

AMSTERDAM – Le Rijksmuseum, récemment rouvert après une longue restauration, est désormais doté d’un espace d’exposition extérieur. Pour l’été, il y installe 14 sculptures monumentales de Calder, provenant des plus grandes collections mondiales.
Calder at the Rijksmuseum, du 21 juin au 5 octobre 2014.

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Gaulois, qui êtes-vous ?

CLERMONT-FERRAND – Le Gaulois était guerrier, portait des braies, d’épaisses moustaches et ne se lavait pas ? Le mythe a la vie dure et Astérix n’a rien fait pour le dissiper. A mi-chemin entre art, archéologie et sociologie, cette exposition confronte le mythe gaulois et la réalité, alimentée par les dernières fouilles archéologiques. En Europe, les Gaulois furent les vulgarisateurs du savon…
Tumulte gaulois au musée Bargoin et au musée d’art Roger-Quilliot, du 20 juin au 23 novembre 2014.

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Rodin, un goût d’inachevé

GENÈVE – On sait que Rodin passa des années sur sa fameuse Porte de l’Enfer sans jamais la terminer. Mais n’était-ce pas chez lui une passion que celle de l’inachevé ? C’est ce que laisse entendre cette exposition, qui présente 80 fragments et états intermédiaires du sculpteur.
Rodin, l’accident et l’aléatoire au Musée d’art et d’histoire, du 20 juin au 26 septembre 2014.

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VENTES


Lot 29 : Walter Greaves (1846-1930), Portrait de Thomas Carlyle. 1870. Dessin et pastel. Signé et daté en bas à droite. 32 x 22,5 cm. Estimation : 2000-3000 €.

Eclectisme marseillais

MARSEILLE - Dans le monde des enchères, on oublie souvent la province au profit de Paris. Pourtant, les records n’y sont pas rares – que l’on pense à ceux enregistrés chaque année à la vente « garden party » des Rouillac au château de Cheverny (cette année, les 15 et 16 juin) ou au rouleau chinois vendu à Toulouse par l’étude Labarbe en 2011 (22 millions €). Cette semaine, c’est à Marseille que l’on pourra voir passer les plus belles pièces. La peinture locale aura une place d’honneur - des cavaliers de Brayer aux maîtres provençaux Olive, Chabaud ou Monticelli jusqu’à un fonds complet d’Augustin Carrera (1878-1952). Mais les stars attendues seront plus exotiques : une toile de Chu Teh-Chun (estimée 200 000 €), un Mariage à Marrackech de Majorelle ou une Marie-Madeleine du peintre baroque Spadarino, qui appartint au comte Chabran, général d’Empire. Pour qui ne dédaigne pas l’éclectisme…
Peintures le 21 juin 2014 chez Damien Leclère

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L'ARTISTE DE LA SEMAINE

Rouge Aubertin

Chez Yves Klein, c’était le bleu, chez Bernard Aubertin, c’est le rouge. Même obsession du monochrome chez les deux hommes, qui étaient d’ailleurs contemporains… et amis. Cela fait longtemps que Klein (1928-1962) a disparu mais Aubertin fête ses 80 ans en poursuivant sa quête du rouge. Couleur du sang, de la passion, du diable, couleur de l’énergie et de l’interdit. Rouge qu’il a étalé en grandes toiles, qu’il a brûlé, dont il a enduit des résilles métalliques ou enduit des clous et des allumettes. Membre depuis le début des années 60 du groupe Zero de Düsseldorf (où il rejoint notamment Gunther Uecker, beau-frère de Klein), Aubertin a en réalité une palette plus large où l’on trouve d’autres monochromes (argent, or) et des œuvres marquées par la flamme comme ces « dessins de feu » et même ces récents « Rotella brûlés »…
• Bernard Aubertin est exposé à la galerie Jean Brolly (18, rue de Montmorency, 75003 Paris), du 19 juin au 31 juillet 2014.

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LES VERNISSAGES DE LA SEMAINE

21 juin 2014 - TREIGNY - Château de Ratilly

Des œuvres récentes de l'un des meneurs du groupe Support Surface

Notre sélection de nouvelles expositions

LIVRES

Delvaux, l’autre surréaliste

Magritte a depuis longtemps monopolisé le surréalisme belge. Depuis qu’il a un musée à son nom au cœur de Bruxelles, sa dictature est encore plus implacable. On sait pourtant que le plat pays a été prodigue en la matière : Marcel Mariën, Louis Scutenaire, E.L.T. Mesens et Marcel Broodthaers mériteraient d’être mieux connus. Quant à Paul Delvaux, l’aîné de Magritte, il resurgit à intermittences, comme une locomotive sortant d’un tunnel… Ce catalogue, qui accompagne l’exposition du musée Cantini à Marseille, fondée sur la collection du musée d’Ixelles, rappelle les grandes sources d’inspiration de l’artiste à l’étonnante longévité (il est mort en 1994 à 97 ans). D’abord, les tramways, les gares et les trains, de préférence la nuit ; puis, des nus féminins, éthérés et énigmatiques, placés entre des colonnes et des escaliers; enfin, des ossements à tout va, rappelant les monstres du cabinet de curiosité Spitzner, qui le fascinèrent à la foire du Midi. On a oublié la puissance subversive de cette peinture, qui malaxe l’Antiquité avec la métaphysique de Chirico. Lors de la biennale de Venise 1956, ses squelettes provoquèrent, dit-on, la colère du cardinal Roncalli, futur pape Jean XXIII…
Paul Delvaux, le rêveur éveillé, éditions Snoeck, 2014, 172 p., 30 €.

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