ArtAujourdhui.Hebdo
N° 353 - du 26 juin 2014 au 2 juillet 2014
Johannes Vermeer, Jeune Fille à la perle, vers 1665, huile sur toile, 44,5x39 cm. Courtesy The Mauritshuis.
L'AIR DU TEMPS
Le retour de la fille à la perle
LA HAYE – C’est la charge des musées hollandais : en à peine plus d’un an, trois des plus célèbres institutions du pays ont rouvert, après d’ambitieuses campagnes de restauration. A Amsterdam, le Stedelijk a été le premier à être inauguré en septembre 2012, suivi du Rijksmuseum en avril 2013, puis du musée Van Gogh un mois plus tard. Dans la capitale, cité bien plus tranquille, c’est maintenant le tour du Mauritshuis, dans son bâtiment néo-classique agrandi par une nouvelle partie souterraine. Le musée est de dimensions contenues mais possède une surprenante séries d’icônes de l’age d’or hollandais. Outre sa star incontestée, la Jeune Fille à la perle de Vermeer, s’y côtoient aussi la Vue de Delft du même auteur, le Chardonneret de Carel Fabritius, objet d’un récent roman de Donna Tartt, ou encore la Leçon d’anatomie de Rembrandt. Une véritable « galerie » comme l’on disait autrefois…
• Le Mauritshuis rouvre au public le 27 juin 2014.
EXPOSITIONS
Jean-Baptiste Carpeaux (1827-1875), Pêcheur à la coquille, 1861-1862, marbre, 92x42x47 cm. Washington, D.C., The National Gallery of ArtSamuel H. Kress Collection © Image courtesy of the National Gallery of Art, Washington
Carpeaux, le Michel-Ange de Napoléon III
PARIS – On se souvient de Valenciennes pour le match truqué contre l’Olympique de Marseille il y a vingt ans. Ne vaudrait-il pas mieux s’en souvenir pour avoir donné naissance à un as de la sculpture, Jean-Baptiste Carpeaux ? Sa vie plutôt courte (il est mort à 48 ans, en 1875, d’un cancer de la vessie) ne l’a pas empêché d’accumuler les honneurs. Celui qui « faisait plus vivant que la vie », selon le mot de Dumas, régna sur la cour de Napoléon III. En guère plus d’une décennie, il produisit les œuvres monumentales qui ont fait sa renommée : Ugolin et ses enfants (où est notable l’influence de son idole Michel-Ange), la Danse et la fontaine des Quatre Parties du monde, conservée dans les jardins de l’Observatoire. On attendait depuis 1975 une rétrospective de cette dimension, présentant quelque 80 sculptures mais aussi de nombreux dessins croquant le monde de son époque .
• Carpeaux, un sculpteur pour l’Empire au musée d’Orsay, du 24 juin au 28 septembre 2014.
Direction Pacifique
PARIS – Le Pacifique avec ses îles - ou plutôt son mythe - a exercé au milieu du XXe siècle une forte influence sur la société américaine, devenant le symbole d’un paradis primordial, d’une innocence et d’une joie de vivre gommés par la société capitaliste. Dans la musique, dans le cinéma (Adorable voisine avec James Stewart et Kim Novak ou Les Révoltés du Bounty avec Marlon Brando), jusque dans l’architecture des motels, l’esthétique tiki pop a eu une présence durable. Elle est ici recréée à l’intention d’un public français néophyte.
• Tiki pop au musée du quai Branly du 24 juin au 28 septembre 2014.
Vive les primitifs !
FLORENCE – La vogue des primitifs italiens ne date pas de Bernard Berenson. Dès la fin du XVIIIe siècle, des collectionneurs érudits, qui ont pour nom Bandini, Artaud de Montor ou Fesch se prennent d’intérêt pour Bernardo Daddi, Fra Angelico ou Filippo Lippi. L’exposition retrace la genèse de cet engouement.
• La Fortuna dei primitivi à la Galleria dell’Accademia, du 24 juin au 8 décembre 2014.
Koons enfin
NEW YORK - Il n’a pas encore 60 ans, est l’un des plus célèbres (et des plus chers) artistes américains et, pourtant, il n’a jamais eu dans son pays la rétrospective globale à laquelle il pouvait prétendre. C’est chose faite avec cette exposition de 150 œuvres qui est en même temps la dernière organisée au siège historique du Whitney Museum, lequel va déménager en 2015 dans le Meatpacking District.
• Jeff Koons au Whitney Museum, du 27 juin au 19 octobre 2014
LES VERNISSAGES DE LA SEMAINE
VENTES
Lot 136. Masque heaume Heheya Hopi, Arizona, Etats-Unis, cuir, peintures, bois, duvet, plumes, cordelette Période de confection proposée: Circa 1930 Hauteur: 24 cm.Estimation : 12 000 €.
Le retour des kachinas
PARIS – La vente de poupées kachina est devenue une opération délicate… Considérant que ces pièces font partie de leur propriété collective, les Indiens Hopi d’Arizona ont mené l’an dernier (sans succès) une action en justice pour tenter d’interdire une vente par la maison Néret-Minet à Drouot. De nouvelles polémiques devraient resurgir à l’occasion de la dispersion d’un ensemble remarquable, qui comprend notamment 47 poupées dues à Wilson Tawaquapteva (1873-1960) ainsi qu’une très rare idole « tiponi ». Sculptée il y a sept siècles dans une roche magmatique elle fut exposée dans l’éphémère galerie Gradiva d’André Breton, rue de Seine, et est aujourd’hui estimée près de 200 000 euros…
• Art amérindien et précolombien, collection de kachinas à l’hôtel Drouot (EVE) le 27 juin 2014.
LIVRES
Soulages, très vieux, très neuf
A 90 ans passés, quand on est une star de la peinture comme Soulages, il doit rester bien peu de choses à découvrir… Ce n’est pas le cas : le tout nouveau musée Soulages, inauguré à Rodez à la fin du mois de mai, présente une collection permanente de 118 papiers. Il s’agit de dessins à l’encre et, plus encore, au brou de noix, une technique à laquelle Soulages s’est adonné à partir de 1947 et qui lui a permis de se « rassembler » comme il le dit lui-même. Ces œuvres ont certes été montrées mais si peu et il y a si longtemps – notamment à l’exposition itinérante d’art français en Allemagne en 1947 - que c’est comme si on ne les avait jamais vues. Elles semblent comme neuves : c’est le privilège de l’âge… Protégées dans des tiroirs, elles ont conservé un blanc immaculé. L’auteur, qui fréquente l’œuvre de Soulages depuis 35 ans, parle de révélation quasi mystique, comme s’il découvrait les peintures pariétales d’une grotte paléolithique…
• Soulages. Les papiers du musée par Pierre Encrevé, Gallimard, 2014, 256 p., 49 €.
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Cette semaine, ne manquez pas…
DE GOYA À DELACROIX
AUTUN - L'exposition met en lumière la fulgurante ascension d'un médecin bourguignon, Ferdinand-Pierre Guillemardet, qui, après avoir assuré les fonctions de maire d'Autun et de député, se verra offrir celles d'ambassadeur de France en Espagne par Talleyrand.