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N° 372 - du 15 janvier 2015 au 21 janvier 2015


© Dijwar Ibrahim Siraj

L'AIR DU TEMPS

Eloge de la caricature

Jamais la caricature n’a montré à ce point sa puissance. Il a fallu la tuerie de Charlie Hebdo pour que l’on mesure, dans un monde que l’on croyait saturé et blasé d’images, la charge que peuvent porter quelques traits de crayon. Prémonitoire, le film Caricaturistes, fantassins de la liberté, de Stéphanie Valloatto, primé au festival de Cannes 2014, présentait des cas comme celui du Syrien Ali Ferzat, enlevé et passé à tabac par la police d’Assad. On se souvient aussi de l’attaque à la hache contre Kurt Westergaard, l’auteur danois des premières vignettes contre Mahomet, et l’on sait que les caricaturistes de tous pays ont régulièrement été malmenés par le pouvoir (le Sud-Africain Zapiro avait été détenu sans procès par la police militaire en 1988 pour sa position anti-apartheid). Mais, même dans les temps anciens, lorsque l’on prenait moins de gants avec la liberté de la presse, on n’a pas le souvenir d’une exécution aussi barbare. En 1832, Daumier passe six mois en prison pour avoir caricaturé Louis-Philippe en Gargantua. En 1898, Heine, de Simplicissimus, est condamné à la même peine pour offense à Guillaume II. Gillray et Cruikshank, les maîtres anglais, n’ont jamais été inquiétés. En 1978, Wolinski écrivait dans L’Humanité : « L’humour, comme le feu, l’eau, l’air, l’or, a toujours la même composition… » Une composition simple et immémoriale, que les intolérants, les autoritaires et les extrémistes n’arriveront jamais à digérer.

EXPOSITIONS


Lyubov Popova, Architecture peinte, 1916, huile sur carton, 59.4 × 39.4 cm. Scottish National Gallery of Modern Art, Edimbourg.

L’art au carré

LONDRES – Ce coup de tonnerre a retenti il y a exactement un siècle, ce qui justifie la présente exposition. Le fameux Carré noir sur fond blanc de Malevitch (1879-1935), conservé à l’Ermitage de Saint-Pétersbourg, inaugure l’école suprématiste mais, plus encore, le riche filon de l’art abstrait géométrique. Il fleurira tout au long du XXe siècle, dans différentes directions et sous toutes les latitudes, comme le démontre ce rassemblement d’œuvres très variées, qui mêle les compatriotes russes de Malevitch (Popova, Rodtchenko ou le critique Pounine), le groupe des Hollandais de De Stijl (Piet Mondrian et Van Doesburg) ou des classiques des années 1970 comme Dan Flavin et Helio Oiticica. Examinant ses échos dans l’architecture, les utopies ou le design quotidien, l’expositon n’oublie pas les variations les plus récentes, comme celles du Mexicain Gabriel Orozco.
Adventures of the Black Square, à la Whitechapel Art Gallery, du 15 janvier au 26 avril 2015

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Kjarval, Fra Pingvollum, depuis Thingvellir

Kvarjal, la poésie de l’Islande

REYKJAVIK - Un artiste islandais ? On citera facilement Errò, depuis longtemps installé en France, mais on a bien du mal à lui trouver un compatriote… Il faut dire que l’Islande, île de quelque 300 000 habitants, indépendante de la tutelle danoise depuis 1944 seulement, n’a organisé sa première véritable exposition qu’en 1900. A cette époque, Jóhannes Sveinsson Kjarval était un jeune provincial de 15 ans. Désireux d’élargir ses horizons, il étudia à Reykjavik puis à l’étranger, à Londres et au Danemark. Revenu au pays, il devait en décrire les paysages de manière onirique, les côtes, les lacs, les rochers, la végétation, au point de devenir une sorte d’artiste « national », dont le visage buriné figure depuis 1995 les billets de 2000 couronnes. Pour les connaisseurs (tous les Islandais !), l’exposition présente des inédits : ses dessins sur plastique. Les néophytes en profiteront pour découvrir un autre peintre islandais, le peintre « expressionniste » Einar Hákonarson (né en 1945), exposé en même temps.
Kjarval, Poetic Color Palette au Reykjavik Art Museum, du 17 janvier au 15 mars 2015

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Le retour de Johns

VIENNE – Le succès récent de Jeff Koons, la mode durable d’Andy Warhol font parfois oublier des pionniers américains encore vivants et actifs. C’est le cas de Jasper Johns (né en 1930), alter ego de Robert Rauschenberg dans la mouvance pop et créateur de ces icônes que sont les cibles (Targets) et les drapeaux américains (Flags) peints à l’encaustique. Objet de plusieurs rétrospectives dans les grandes institutions (comme au MoMA en 1996 et à la National Gallery en 2007), le monstre sacré Johns présente là sa dernière série, « Regrets », qui doit beaucoup au hasard. Elle a en effet été inspirée par une photographie de Lucian Freud sur un lit, se tenant la tête. Johns découvrit cette étrange composition de John Deakin (qui appartenait à Francis Bacon) sur un catalogue de vente. Elle l’a inspiré pour un ensemble de dessins et deux grands tableaux, qui évoquent cette attitude de regret ou de désespoir…
Jasper Johns, Regrets à l’Albertina, du 13 janvier au 26 avril 2015

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LIVRES

Noire croisière

C’est un épisode mythique de l’histoire de l’automobile et de l’exploration. Pourtant, son principal organisateur déclarait à la veille du départ : « J’ai l’âme d’un petit bourgeois mal vêtu qui prend sa valise pour aller de Chartres à Etampes ». En ce 12 octobre 1924, Louis Audouin-Dubreuil doute, tant la tension des préparatifs l’a épuisé. Mais le défi Citroën, cette « Croisière noire » en autochenilles, partira bien et parcourra 20 000 kilomètres, jusqu’à Madagascar, où elle arrive en juillet 1925, après une succession d’aventures et d’études scientifiques qui continuent de fasciner. Rédigé par sa fille, ce compte-rendu est remarquable par la quantité des documents fac-simile issus des archives familiales. Elégamment glissés dans des pochettes en papier serpente, elles comprennent aussi bien la transcription des chants des pagayeurs de l’Ouellé que des rapports sur l’anthropophagie rituelle et la sorcellerie, ou des notes sur les coutumes kenyanes. Pour avoir des reproductions des pastels d’Alexandre Iacovleff (1887-1938), l’artiste de l’expédition, qui avait travaillé avec les Ballets russes et signé son contrat sur un coin de table chez Maxim’s, il faudra choisir l’édition de luxe…
La Croisière noire, par Ariane Audouin-Dubreuil, Glénat, 2014, 176 p., 39 € (version de luxe à 120 €).

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EN BREF

LOS ANGELES – La foire Photo LA se tient du 15 au 18 janvier 2015

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MIAMI – La Miami International Art Fair se tient du 16 au 20 janvier 2015

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PARIS - Ancien directeur général de Marseille 2013 et actuel président du MuCEM, Jean-François Chougnet vient d'être nommé président du FRAC Ile-de-France.

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LES VERNISSAGES DE LA SEMAINE


Mirjam Appelhof BEAUTIFUL MIND

15 janvier 2014 - BOULOGNE BILLANCOURT VOZ'Galerie

Un univers photographique original, alimenté par un drame familial

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