ArtAujourdhui.Hebdo
N° 385 - du 16 avril 2015 au 22 avril 2015
Wim Wenders, Wyeth Landscape, 2000, C-Print, 124 x 228 cm, © Wim Wenders / Courtesy Blain | Southern
L'AIR DU TEMPS
Le monde selon Wim Wenders
DÜSSELDORF - Les cinéastes aux cimaises ! Après Antonioni la semaine dernière, c'est au tour de Wim Wenders de faire l'objet d'une grande exposition. Du réalisateur actuellement à l'affiche pour le Sel de la terre, sa biographie de Sebastião Salgado, on sait qu’il aime le voyage et le dépaysement. Qui a oublié Paris Texas ou sa vision très personnelle de Lisbonne ? Il a cependant attendu de fêter son 70e anniversaire pour dévoiler dans sa ville natale de Düsseldorf sa passion de toujours, la photographie. Recalé aux Beaux-Arts en 1967, ce fou de peinture s’inscrira en désespoir de cause à la nouvelle école de cinéma de Munich. On connaît la suite… Mais durant toutes ces années de tournage, le cinéaste n’a jamais renié ses goûts de jeunesse. Dans ses errances filmiques entre Palerme, l’Arménie, les Grandes Plaines américaines ou le proche Berlin, il n’a cessé de croquer en photo (d’abord en noir et blanc puis en couleur) des paysages. Ils respirent tous une ambiance, silencieuse, intemporelle, une sorte d’inquiétante étrangeté…
• Wim Wenders. Landscapes. Photographs au Kunstpalast, du 18 avril au 16 août 2015.
EXPOSITIONS
Lyonel Feininger (1871-1956), Cathédrale [grande planche] (Kathedrale [grosser Stock]), 1919, bois gravé, 30,8 x 19,1 cm. Frontispice du programme du Staatliches Bauhaus Weimar, 1919. Collection particulière. © Maurice Aeschimann — © ADAGP, Paris, 2015
Feininger, avant-garde cosmopolite
LE HAVRE – En France, il est peut-être moins connu que son fils, le photographe Andreas. Pourtant, Lyonel Feininger (1871-1956) est un des grands noms de l’art moderne et sa longévité, ses voyages, ses amitiés lui ont permis de participer aux principales avant-gardes. Caricaturiste à la fin du XIXe siècle, proche des Fauves puis de la Sécession, de Die Brücke, il est ensuite l’un des piliers du Bauhaus. Homme de double culture allemande et américaine, il retourne aux Etats-Unis de sa naissance face à la montée du nazisme et réussit aussi à s’y imposer. Basée sur une unique collection, l’exposition montre surtout son talent de dessinateur et de graveur avec les motifs récurrents que sont la grande ville (et ses Hautes Maisons, les voiliers et les ports, et son sens très particulier de la synthèse géométrique.
• Lyonel Feininger, l’arpenteur du monde au musée d’Art moderne André-Malraux, du 18 avril au 31 août 2015.
Adolfo Wildt, Carattere fiero–Anima gentile, 1912, marbre partiellement doré, 38 x 57 x 37 cm. Venise, Fondazione Musei Civici di Venezia, Galleria Internazionale d’Arte Moderna di Ca’ Pesaro 2015 © Photo Archive – Fondazione Musei Civici di Venezia.
Mystère Wildt
PARIS – Il a été célébré il y a trois ans dans une belle exposition à Forli, la ville de Mussolini. Les rapports qu’il entretint avec le Duce (dont il fit un buste célèbre) pesèrent sur sa renommée et Adolfo Wildt (1868-1931) a été très oublié en Italie… et encore plus en France. En acquérant récemment une œuvre, la sculpture en bronze Vir temporis acti, et en montant cette rétrospective à l’Orangerie, le musée d’Orsay jette une lumière sur cet artiste étrange, susceptible et solitaire, qui effectue une fusion entre la virtuosité de la Renaissance (il eut d’ailleurs pendant près d’un quart de siècle un mécène allemand, aussi fidèle que ceux de Michel-Ange ou Raphaël), le symbolisme et l’expressionnisme. Ses personnages torturés, aux musculatures exagérées, se situent quelque part entre l’Apollon du Belvédère et les bustes grimaçants de Messerschmitt…
• Adolfo Wildt, le dernier symboliste au musée de l’Orangerie, du 15 avril au 13 juillet 2015.
L'Asie sur scène
PARIS - Le Mahabharata, qui ne le connaît depuis la mise en scène historique de Peter Brook aux Bouffes du Nord ? Mais, le théâtre asiatique, c'est bien plus que les épopées indiennes menant des armées de singes dans les pas de Vishnou. C'est aussi le minimalisme du nô japonais ou, au contraire, la flamboyance baroque de l'Opéra de Pékin, dont la Révolution culturelle de Mao essaya d'effacer toute trace. L'exposition a pour propos ambitieux de parcourir deux millénaires de théâtre d'Asie, depuis le théâtre d'ombre jusqu'au cinéma d'animation avec, en aparté, la figure inclassable de Mata Hari, bayadère et espionne qui, il faut le rappeler, se révéla dans la biliothèque du musée Guimet, lors d'une fameuse soirée de 1905...
• Du Nô à Mata-Hari, 2000 ans de théâtre en Asie au musée Guimet, du 15 avril au 31 août 2015.
Raysse bis
VENISE – A l’approche de l’ouverture de la Biennale (le 9 mai), l’activité se fait plus dense sur la Lagune. Le Palazzo Grassi donne une seconde chance à ceux qui auraient manqué au Centre Pompidou Raysse, l’un des mieux connus (et parmi les derniers survivants) des Nouveaux Réalistes. Sculptures, autoportraits, installations sont présentés dans une perspective chronologique inversée.
• Martial Raysse au Palazzo Grassi, du 12 avril au 30 novembre
VENTES
Lot 43, quatre images souvenirs en papier découpé, première moitié du XXe siècle. Estimation : 100-200 €.
La vie des choses
PARIS – Nos objets populaires d’autrefois nous sont souvent aussi mystérieux et étrangers que ceux des civilisations lointaines. On le vérifie une fois de plus lors de cette vente. Parmi ses lots phares, elle propose un mannequin articulé qui fait écho à l’actuelle exposition du musée Bourdelle. Mesurant 1,70 m, datant probablement du début du XIXe siècle, il aurait appartenu, selon une information invérifiable transmise par des générations de propriétaires, à Delacroix (lot 24, estimation : 1500 €). Le lot phare (136, estimé 7000 €) est une paire de vases aux huiles saintes en étain ayant appartenu au XVIIe siècle à l’évêque Roquette d’Autun. D’impressionnantes râpes à tabac en buis gravé, dont l’usage s’est totalement perdu, devraient dépasser le millier d’euros chacune. Pour bien moins cher, on pourra emporter un tricycle d’enfant du début du XXe siècle, des corbeilles en sapin, des casse-noisettes, des mortiers, des marques à pain bénit, des socques à boue, un abécédaire en fil de coton rouge et même une clé en forme de pistolet…
• Collection Maigne, art populaire et curiosités le 17 avril 2015 à l’hôtel Drouot (Ferri SVV).
LIVRES
La galaxie Leiris
Il a traversé tout le siècle, et pas qu’en spectateur… Né en 1901, mort en 1990, Michel Leiris a eu le temps de mener une remarquable carrière ethnographique (scandée par sa fameuse Afrique fantôme) tout en côtoyant un impressionnant who’s who de l’art de son temps. Proche de Breton, de Bataille et de Jouhandeau (avec qui il eut une liaison), ami de créateurs aussi dissemblables que Miró, Masson, Giacometti ou Bacon, il a écrit, collectionné et vendu (il était l’époux de Louise Godon, belle-sœur de Kahnweiler et qui prit sa suite). L’exposition du Centre Pompidou Metz s’inscrit dans le droit fil des expositions consacrées aux figures cachées de l’art du XXe siècle (Charles Ratton, Nancy Cunard, Kenneth Clark, etc.). Le catalogue, classé par décennie, permet de voir l’extraordinaire mélange des genres de ce touche-à-tout génial, qui passe avec fluidité des Dogons au jazz, de Boris Vian au vaudou… Un seul regret pour un ouvrage de référence maniant autant de noms : l’absence d’index.
• Leiris & Co., sous la direction de Denis Hollier, Agnès de La Beaumelle, Marie-Laure Bernadac, Gallimard, 2015, 400 p., 49 €.
LES VERNISSAGES DE LA SEMAINE
ENTRELACS
16 avril 2015 - PARIS - L'Atelier des ateliers d'art de France
Les créations les plus contemporaines dans une technique millénaire, la vannerie d'osier (Photo Estelle Meunier)
EN BREF
COLOGNE - La foire d'art moderne et contemporain Art Cologne se tient du 16 au 19 avril 2015.
NEW YORK - Le salon de photographie AIPAD, avec environ 80 galeries, se tient du 16 au 19 avril 2015.
VERSAILLES - L'ancien hôpital royal, datant du XVIIIe siècle, est inauguré le 16 avril 2015 après une campagne de réhabilitation, dans sa nouvelle configuration (logements, espace culturel, jardins publics).