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N° 389 - du 14 mai 2015 au 20 mai 2015


Inauguration du bosquet du Théâtre d'eau à Versailles, le 11 mai 2015, avec le ballet O'de du L.A. Dance Project (Photo R. Pic)

L'AIR DU TEMPS

Un nouveau jardin à Versailles

Plus de deux siècles que cela n’arrivait pas ! Deux siècles que le château de Versailles, vivant sur les acquis colossaux de Le Nôtre (et, accessoirement, d’Hubert Robert), n’avait pas créé de nouveau jardin. Le passage des ans a fini par changer la donne. L’ancien bosquet du Théâtre d’eau, un chef-d’œuvre aquatique avec jets, cascades et statues, inauguré en 1671, n’était plus que l’ombre de lui-même. Abandonné par Louis XV, défiguré par Louis XVI, anéanti par les tempêtes de 1990 et 1999, il criait secours. Le reconstituer à l’identique ? Ou, au contraire, faire le choix d’un « geste » contemporain ? C’est cette deuxième solution qui a été choisie. Piloté par le paysagiste Louis Benech et l’artiste Jean-Michel Othoniel, le nouveau bosquet a été inauguré le 11 mai. Il s’agit d’un bassin « écologique » et réversible, car simplement posé, entouré d’essences résistantes comme la pervenche et la ronce de Sibérie (pour briller même en hiver), et embelli de fontaines de perles dorées, dont la forme rappelle les mouvements de danse du Grand Siècle. Désormais habitué à voir intervenir Jeff Koons ou Lee Ufan, le château de Versailles a aussi fait son aggiornamento paysager. Et n’entend pas quitter les feux de la rampe : la semaine prochaine, c’est le bassin de Latone, lui aussi restauré (en version d’époque, cette fois-ci) qui est inauguré…

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EXPOSITIONS


Jacques Bellange (vers 1595-?, 1616), Archer turc, 1600-1606. Chantilly, musée Condé © RMN Domaine de Chantilly/ Thierry Ollivier

Festif XVIIe siècle

CHANTILLY – Il a fallu attendre 161 ans… pour que le public puisse découvrir ce portfolio. Acquis en 1854 par le duc d’Aumale, fils de Louis-Philippe et véritable fondateur du musée (qui, par statut, ne prête aucun de ses chefs-d’œuvre, de Clouet à Piero di Cosimo, Watteau ou Ingres), ledit portefeuille nous propulse dans la Lorraine du XVIIe siècle. Il documente le mariage, en 1606, d’Henri, duc de Bar et héritier du trône lorrain, avec Marguerite de Gonzague, fille du duc de Mantoue. Il contient 23 dessins de Jacques Bellange illustrant les fêtes somptueuses qui accompagnèrent ces noces à Nancy. Chariot triomphal, pages habillés « à la turque », chœurs et groupes de danseurs en satin bleu, feux et luminaires se prolongèrent pendant toute la semaine du solstice de juin. La cour de France devait prendre exemple sur ces fastes, comme le rappellent les 34 estampes jointes : elles ont été dessinées par Berain, grand ordonnateur des fêtes de Louis XIV.
Fastes de cour au château de Chantilly, du 13 mai au 13 août 2015.

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Jacques-Emile Blanche, Marcel Proust, 1892, huile sur toile, 73,5 x 60,5 cm, Paris, musée d’Orsay © RMN-Grand Palais (musée d’Orsay) / Hervé Lewandowski

Les années Blanche

EVIAN – Il nous a laissé l’image emblématique de Proust, œillet à la boutonnière. Mais il a aussi croqué le jeune Gide au Café maure de l’Exposition universelle de 1900 à Paris ou Cocteau le torse bombé… Le beau monde était le milieu naturel de Jacques-Emile Blanche (1861-1942), qui eut le temps, dans sa jeunesse, de voir passer des personnalités hautes en couleur. Son père était en effet le célèbre Docteur Blanche, un aliéniste qui accueillait ses clients (dont Nerval et Maupassant) dans sa clinique, un hôtel particulier de Passy. Ami d’Oscar Wilde, de Maurice Denis, de Puvis de Chavannes (son témoin de mariage) ou de Mallarmé, Blanche Jr a su appliquer la perspicacité psychologique héritée de son père dans ses portraits, véritable compte-rendu sur les élites intellectuelles de la Belle Epoque. La centaine d’œuvres (provenant pour l’essentiel de la donation faite en 1921 au musée des Beaux-Arts de Rouen) le prouve. Mais Blanche se considérait autant écrivain que peintre : de ce côté, la notoriété n’a pas suivi et ses romans, ses études sur ses maîtres (Manet) ou ses mémoires (La Pêche aux souvenirs) attendent encore leur public…
Jacques-Emile Blanche, peintre, écrivain, homme du monde au Palais Lumière, du 7 mai au 6 septembre 2015.

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Délires belges

ROME - Etre Belge, c’est une vraie mission ! Il y a deux mille ans déjà, Jules César soulignait l’originalité de ce peuple, le plus difficile à vaincre parmi les tribus gauloises. Le courage peut s’exercer de mille manières, même pacifiques. Ainsi, dans la genèse des avant-gardes artistiques, les Belges ont joué un rôle proportionnellement bien supérieur à leur poids numérique (aujourd’hui 10 millions d’habitants). De nombreux exemples en livrent témoignage, des satires grinçantes d’Ensor avec ses carnavals de squelettes, jusqu’aux provocations contemporaines de Jan Fabre. Ce dernier a tapissé d’élytres de libellules le Palais royal de Bruxelles, dénudé des acteurs à Avignon ou continué une originale réflexion sur la mort et la condition humaine, qui avait aussi stimulé Magritte, Delvaux ou Wim Delvoye, auteur d’une impressionnante machine à produire des excréments (Cloaca). Félicien-Rops, Spilliaert, Permeke, Alechinsky ou Panamarenko renforcent les rangs de cette exposition qui révèle, en un coup d’œil unique, la richesse insoupçonnée du Plat Pays.
I Belgi. Barbari e poeti au MACRO, du 15 mai au 13 septembre 2015.

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L’ARTISTE DE LA SEMAINE

Carl Andre, maxi exposition pour artiste minimaliste

MADRID – Exposant de marque du minimalisme, Carl Andre (né en 1935) n’est pas seulement connu pour ses blocs de pierre ou de bois disposés de manière précise, quasi rituelle. Il a aussi émargé à la chronique des faits divers en 1985, lors de la mort mystérieuse – une chute de leur appartement du 34e étage – de sa compagne de l’époque, l’artiste cubaine Ana Mendieta. L’exposition du Reina Sofía se veut définitive : embrassant un demi-siècle de création, répartie en plusieurs lieux (le musée lui-même et le Palacio Velázquez dans le parc du Retiro), elle réunit quelque 400 œuvres. Des sculptures, évidemment, qui ont fait la renommée de l’artiste mais aussi sa production poétique (poésie visuelle et concrète).
Carl Andre, Escultura como lugar, 1958-2010 au Museo Reina Sofía et au parc du Retiro, du 4 mai au 12 octobre 2015.

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LES VERNISSAGES DE LA SEMAINE


WETLANDS HERO

16 mai 2015 - CHATOU - CNEAI

Une exposition de groupe où l'artiste se transforme en commissaire (photo : Ben Kinmont, Red Swan Hotel)

Notre sélection de nouvelles expositions

LIVRES

Blasons d’un corps

Un cou court ou un cou long ? Un visage allongé ou plutôt rond ? Et le nez ? Et les mains ? Comment les artistes les ont-ils représentés au cours des siècles ? Quelles règles de perspective et de beauté ont-il suivi ? C’est l’objet de cet ouvrage qui se présente comme un dictionnaire (aux entrées parfois un peu décousues – que vient y faire le mythe d’Icare ?) Il prouve que la norme est chose variable à travers le temps et l’espace : rien à voir entre l’œil de l’Etendard des lamas danseurs (Tibet, XIXe siècle) et celui d’Odilon Redon. La maladie, la mort, le sang, le rapport au médecin font l’objet d’intéressants développements : on apprend comment le grand Albucasis de Cordoue cautérisait les plaies au Xe siècle ou comment les docteurs lombards du XIVe siècle effectuaient leurs visites médicales (enluminure de Guy de Vigevano). Ce voyage touche aussi les contrées de l’imaginaire : on a longtemps cru à l’existence des sciapodes décrits par Marco Polo (hommes à un seul pied, dont ils se servaient comme d’un parasol contre le soleil) ou au fait que le foie transformait la nourriture en sang…
Le livre d’or du corps humain, par Giorgio Bordin, Marco Bussagli, Laura Polo Ambrosio, Hazan, 2015, 504 p., 29,45 €.

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EN BREF

EUROPE – La Nuit européenne des musées, qui se tient du samedi 16 au dimanche 17 mai 2015, propose l’ouverture gratuite et nocturne de près de 3500 musées en Europe.

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MILAN – La Pietà Rondanini, l’un des chefs-d’œuvre de Michel-Ange, dispose depuis le 2 mai 2015 d’un musée spécifique dans l’ancien hôpital espagnol du château des Sforza.

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NEW YORK - Les Femmes d'Alger (1955), une toile de Picasso, a été adjugée 179,3 millions $ le 11 mai 2015 chez Christie's, devenant le tableau le plus cher jamais vendu aux enchères.

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VENISE - La Biennale a octroyé les Lions d'or suivants : meilleur pavillon à l'Arménie et meilleur artiste à Adrian Piper (Etats-Unis) tandis que l'artiste ghanéen El Anatsui recevait le Lion d'or à la carrière.

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