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N° 392 - du 4 juin 2015 au 10 juin 2015


Black Mountain College, Sue Spayth et d’autres étudiants devant le Lee Hall, Blue Ridge Campus, 1938 © Courtesy of Western Regional Archives, State Archives of North Carolina.

L'AIR DU TEMPS

Le secret de la Montagne noire

BERLIN - Le compositeur John Cage, le chorégraphe Merce Cunningham, le cinéaste Arthur Penn, l’architecte Buckminster Fuller, les artistes Robert Rauschenberg et Cy Twombly, et même Albert Einstein… Quel lien entre eux ? Ils ont tous enseigné ou étudié au Black Mountain College, une université créée en 1933 en Caroline du Nord, au cœur des Craggy Mountains, près – cela ne s’invente pas – du lac Eden. On y donnait un rôle central à la pluridisciplinarité, à la démocratie, à la performance artistique, à l’esprit de communauté. Pour apprendre l’architecture, les étudiants potassaient leurs manuels mais prenaient aussi clous et marteaux pour bâtir une grange ou une bibliothèque, puis discutaient des résultats, autour d’un verre, avec Walter Gropius… L’expérience du Black Mountain, malgré sa brièveté (le collège ferme dès 1957, ne réussissant pas à équilibrer son budget), a profondément influencé la création de l’après-guerre. A l’heure où un nouveau débat sur l’enseignement agite la France, cette aventure rappelle l’importance d’expériences hors normes pour nourrir et féconder l’éducation…
Black Mountain. An Interdisciplinary Experiment 1933 – 1957 à la Hamburger Bahnhof, du 5 juin au 27 septembre 2015.

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EXPOSITIONS


Gian Stefano Caroni, Jacques Bylivelt, sur dessin de Bernardo Buontalenti, fiasque, dernier quart du XVIe siècle, Florence, Museo degli Argenti.

Lapis-lazuli, une certaine idée du bleu

FLORENCE – Une pierre venue du lointain Afghanistan… A la Renaissance, il n’était pas aisé de se procurer le fameux lapis-lazuli ou « outremer », un ingrédient pourtant indispensable aux peintres, qui, une fois qu’ils l’avaient réduit en poudre, en tiraient les bleus les plus intenses. De par sa qualité de roche, le lapis-lazuli a aussi été utilisé pour les arts décoratifs : la cour des Médicis possédait une des plus belles collections au monde. Elle sert ici de noyau à un rassemblement ambitieux qui finit avec… Yves Klein.
Lapislazzuli, magia del blu au Museo degli Argenti, du 9 juin au 11 octobre 2015.

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Germaine Krull, André Malraux, 1930. Tirage gélatino–argentique, 23 x 17,3 cm. Museum Folkwang, Essen. © Estate Germaine Krull, Museum Folkwang, Essen

Tout Krull

PARIS – Beaucoup pensent qu’elle a disparu dans les années quarante tant sa carrière est liée à l’entre-deux-guerres. Pourtant Germaine Krull, née en 1897 à Poznan, a vécu jusqu’en 1985, cachée en Asie où elle était devenue bouddhiste pratiquante. Son œuvre la plus emblématique concerne les grandes architectures de fer – la tour Eiffel avec des contreplongées audacieuses ou le mythique pont transbordeur de Marseille. En réalité, comme le prouvent ces quelques 120 images, elle a produit bien davantage : des nus parfois osés, un roman-photo avec Simenon, La Folle d’Itteville, des vues de Paris, des enquêtes sur les marginaux, des réclames pour Paul Poiret et les grands couturiers du temps, des collages surréalistes, des portraits de célébrités. Tout en menant une vie riche et agitée : avortement à 16 ans, longues liaisons avec Joris Ivens et Eli Lotar, emprisonnée à la Loubianka à Moscou, photographe de la France libre à Brazzaville, gérante de l’hôtel Oriental à Bangkok…
Germaine Krull (1897-1985) au Jeu de paume, du 2 juin au 27 septembre 2015.

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Henry Darger, Young Rebonna Dorthereans - Blengins - Catherine Isles, Female, One whip-lash-tail, 1910-1970 © Eric Emo / Musée d'Art Moderne / Roger-Viollet.

Attention Darger !

PARIS – Personnage étrange que ce Henry Darger (1892-1973) qui bat aujourd‘hui tous les records de l’art brut en ventes publiques. Orphelin, placé en hôpital psychiatrique, il s’en échappe pour vivoter à Chicago d’emplois précaires ans les hôpitaux. Peu lui importe car son grand œuvre est caché au fond de son petit appartement : un roman-fleuve de 15 000 pages et des milliers de dessins qui racontent la saga sanglante des Royaumes de l’irréel : la révolte des enfants face à leurs sadiques oppresseurs, les Glandéliniens. Le musée d’Art moderne de la Ville de Paris, qui a bénéficié d’une riche donation (45 œuvres provenant de la veuve du photographe Nathan Lerner), les enrichit de prêts extérieurs (notamment du MoMA et de la collection de l’Art brut à Lausanne) pour tracer le portrait d’un modeste rond-de-cuir à l’inépuisable monde intérieur.
Henry Darger au musée d’Art moderne, du 29 mai au 11 octobre 2015.

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L'ARTISTE DE LA SEMAINE


Alejandro Jodorowsky, Fábulas Pánicas, 9 juin 1968. Collage

Le mystère Jodorowsky

BORDEAUX - Un qualificatif s’impose pour ce Franco-Chilien cosmopolite, d’origine juive ukrainienne, né en 1929 dans le désert d’Atacama, ayant longtemps vécu au Mexique, aujourd’hui basé en France : inclassable. Spécialiste du tarot, qu’il décrypte dans des cafés parisiens, scénariste de BD, performer avec le groupe Panique de Topor, écrivain, cinéaste : on ne sait guère par quel bout prendre ce touche-à-tout… A intervalles réguliers, cet habitué de l’underground resurgit et obtient un succès plus massif : avec la BD L’Incal (dessinée par Moebius) ou, plus récemment, avec son film autobiographique La Danza de la realidad. Consacrer une rétrospective à ce ludion est chose difficile. C’est ce qu’a tenté le CAPC en lui octroyant sa nef, divisée en 22 arcanes et présentant des jardins encore plus secrets, comme ses dessins-collages de Fabulas Panicas.
Alejandro Jodorowsky au CAPC, du 28 mai au 31 octobre 2015.

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LES VERNISSAGES DE LA SEMAINE


Guy BRUNET, réalisateur

5 juin 2015 - LAUSANNE - Collection de l'art brut

Une vision très personnelle de l'âge d'or du cinéma hollywoodien

Notre sélection de nouvelles expositions

LIVRES

Warburg, homme du livre

C’est une divinité tutélaire de l’histoire de l’art, mais au fond mal connue. Aby Warburg (1866-1929), héritier d’armateurs juifs hambourgeois, décide de consacrer sa vie à la connaissance et, par un pacte quasi biblique, se fait financer tout au long de sa vie par ses frères. Refondateur, après Emile Mâle, de l’iconographie, il accumule une somme insensée de connaissances et d’images, qu’il tente d’ordonner par affinités électives, comme un atlas de la création. Il démontre au passage que les grands artistes sont ceux qui, comme Rembrandt, réussissent à se démarquer du poids de la tradition. Marqué par des troubles psychiques révélés lors d’un séjour chez les Navajos, amoureux de la Renaissance italienne, fin connaisseur de l’astrologie, son grand œuvre est en réalité sa bibliothèque. D’abord hébergée dans son appartement hambourgeois, elle émigrera à Londres lors de la montée du nazisme et donnera naissance au célèbre Warburg Institute. Ecrite par l’un de ses plus célèbres directeurs, cette biographie était restée inédite en français.
Aby Warburg. Une biographie intellectuelle, par Ernst Gombrich, traduit et présenté par Lucien d’Azay, Klincksieck, 2015, 500p., 33 €.

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EN BREF

BARCELONE – Le festival d’art vidéo Loop se tient jusqu’au 6 juin 2015.

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BRUXELLES - La 25e édition de Bruneaf, salon des arts non européens, se tient du 10 au 14 juin 2015.

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MADRID – Le 14e festival Photo España se tient du 3 juin au 30 août 2015.

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SOUVIGNY (Allier) – La chapelle funéraire du duc Louis II de Bourbon (1337-1410), a été rouverte au public après restauration.

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