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N° 414 - du 14 janvier 2016 au 20 janvier 2016


Ugo Mulas, Andy Warhol, Philip Fagan et Gerard Malanga, New York, 1964

L'AIR DU TEMPS

Ugo Mulas, un James Dean de la photo

Il ne fait pas partie des superstars de la photo européenne, trop tôt disparu, à 44 ans. Pourtant, en moins de vingt ans de carrière (il ne débute qu’à 25 ans, abandonnant ses études de droit), Ugo Mulas (1928-1973) aura embrassé de manière boulimique un champ impressionnant, dévorant son sujet par les deux bouts. Il s’est aussi bien plongé dans la mode (avec la styliste Mila Schön) que dans l’architecture (avec la revue Domus), le théâtre (avec Giorgio Strehler) ou les arts (avec Calder et Duchamp), trouvant même le temps de réaliser des scénographies d’opéra. L’exposition qui lui rend hommage à la Fondation Cartier-Bresson fait l’impasse sur les images couleur (notamment ses remarquables portraits d’artistes américains lors du voyage à New York en 1964) et se concentre sur le noir et blanc. Une parfaite façon d’orchestrer la nostalgie : Mulas a commencé sa carrière dans l’effervescence du bar Jamaica, dans le quartier de Brera, à Milan. Ce lieu bohème réunissait écrivains et peintres, produisant un melting pot détonant : le très abstrait Lucio Fontana, Piero Manzoni (le producteur des Merdes d’artiste), le poète hermétique Giuseppe Ungaretti, le romancier Dino Buzzati, Allen Ginsberg et les poètes beatnik… Jusqu’au début du XXIe siècle, la fondatrice Mamma Lina, nous recevait, encore aux commandes, à plus de 100 ans d’âge. Depuis, le lieu a été rattrapé par la gentrification. Mais il survit dans les photos de Mulas comme l’allégorie d’une Europe bigarrée, provocatrice, politiquement incorrecte, qui donnait un autre sens à l’expression « réseaux sociaux » !
Ugo Mulas à la fondation Henri Cartier-Bresson, du 15 janvier au 24 avril 2016.

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EXPOSITIONS


Vue de l'exposition Art into Society. Society into Art. Institute of Contemporary Arts, Londres (ICA). Photo: Mark Blower

Retour vers 1974

LONDRES - En 1974, Norman Rosenthal, un jeune curator provenant de Brighton et qui n’avait pas encore fêté son 30e anniversaire, montait à l’ICA (Institute of Contemporary Art), une exposition qui devait faire date. Avec son collègue Christos Joachimides, il y réunissait sept artistes emblématiques de l’Allemagne d’après-guerre, dont Joseph Beuys. Si Rosenthal a fait bien du chemin depuis (prenant notamment les rênes de la Royal Academy pendant trente ans, et y fomentant une véritable révolution) et s’est même rangé (il se consacre à Warhol, qui ouvre à l’Ashmolean d’Oxford le 4 février), ce flashback rappelle que l’art pouvait être une affaire musclée. L’exposition de 1974, véritable critique sociale, impliqua de nombreux échanges avec les spectateurs, vit la défection d’un artiste et suscita critiques et polémiques. C’était l’époque où Norman Rosenthal se fit boxer par des contestataires, emmenés par l’acteur Keith Allen. Une tache de son sang est toujours conservée à l’ICA…
Art into Society. Society into Art à l’ICA, du 19 janvier au 6 Mars 2016.

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Ivan Aguéli, Maison égyptienne à voûte, 1914. Photo: Juan Luis Sánchez/Moderna Museet

Aguéli, un Suédois vers l’Orient

STOCKHOLM – Tout le monde – ou presque – a entendu parler du voyage en Tunisie de Paul Klee (1879-1940), avec ses amis. C’était en 1914 - on en a fêté il y a peu le centenaire. La même année, un peintre suédois dont la notoriété n’a pas franchi les frontières, Ivan Aguéli (1869-1917), s’embarquait dans un périple similaire en Egypte. Mais il s’agissait pour lui de la troisième occasion et elle devait pousser cet anarchiste de cœur à sa conversion à l’islam, après une étude poussée de la pensée soufie. Les deux hommes, contemporains, sont montrés côte à côte. C’est une rencontre virtuelle puisqu’ils ne se sont jamais connus et ont mené des vies bien différentes (paisible pour Klee, aventureuse pour Aguéli, qui vécut longtemps à Paris, fut emprisonné pour avoir tiré sur des toreros et mourut dans un accident de train à Barcelone). Mais justifiée car motivée par les mêmes champs magnétiques : l’appel du lointain, de l’Orient, de la lumière…
Klee/Aguéli au Moderna Museet, du 16 janvier au 24 avril 2016.

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Karel Appel, Ma Mère, 1963, huile sur toile, 150x120 cm © Karel Appel Foundation, c/o Pictoright Amsterdam 2015

Appel, 10 ans déjà

LA HAYE – Appel, c’est Cobra ! A dix ans de sa mort, l’artiste hollandais est vite catalogué. Cette exposition, qui inaugure une année pleine, entend montrer, en près de 150 œuvres (dont 67 peintures), que Karel Appel (1921-2006) ne se confond pas tout entier avec le fameux mouvement nordique, ses couleurs éclatantes, ses contours gras. Incluant les legs de dessins au musée, l’exposition insiste sur son intérêt pour l’art brut, sur ses nus quasiment abstraits, sur sa collaboration avec musiciens et écrivains. Le catalogue contient notamment une interview du critique Michel Ragon, son exact contemporain (né en 1924), ami et presque ultime mémoire vivante de cette génération, qui éclaire sur les débuts de Cobra à Paris - la rencontre de Corneille et Appel avec Edouard Pignon en 1947, la première exposition parisienne de Jorn en 1948 et la fameuse rencontre fondatrice au café Notre Dame en novembre de la même mois.
Karel Appel au Gemeentemuseum, du 16 janvier au 16 mai 2016.

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LIVRES

Stämpfli, la ballade du pneu

Les prix de l’essence jouent au yoyo, les marques automobiles fusionnent ou font faillite, les carrosseries changent, mais Peter Stämpfli trace sa route, imperturbable, avec une constance rare : depuis cinquante ans, le pneu est le sujet obsessionnel de son œuvre. D’abord vu de loin (dans Rallye, 1964) puis de plus en plus près, de plus en plus colossal, jusqu’à ne devenir qu’une trace qui a envahi les musées d’Europe… Ces empreintes de pneus donnent elles-mêmes lieu à d’infinies variations : agrandies, elles deviennent des géométries abstraites, presque des Motherwell ! Cette monographie rappelle que le peintre suisse né en 1937 à Deiswill a eu à ses débuts une période très pop (notamment à la Biennale de Paris de 1963). Ses cigarettes, ses bouches pulpeuses, ses bouteilles, évoquaient alors furieusement ses alter ego américains Wesselmann ou Warhol. Ayant surmonté en 1990 l’incendie de son atelier, Stämpfli est reparti de plus belle, introduisant davantage de couleurs, des matières nouvelles (pastel) et du volume (sculptures en caoutchouc, en résine). On the road again…
L’œuvre de Peter Stämpfli par Daniel Abadie, Hazan, 2015, 340 p., 39 €.

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LES VERNISSAGES DE LA SEMAINE


Nicolas Moulin, AZURASEIN

13 janvier 2016 - ANNEMASSE - Villa du Parc

A propos d'une cité utopique des années 60 qui n'a jamais existé que dans l'esprit de l'artiste

Notre sélection de nouvelles expositions

BRÈVES

LONDRES – Sur le modèle de ce qui se fait à Turin et Lyon, Londres tient sa fête des lumières, intitulée London Lumiere, du 14 au 17 janvier 2016.

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NEW YORK - Le Pritzker Prize 2016 a été attribué à l'architecte chilien Alejandro Aravena.

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PARIS – Les rencontres internationales Images en mouvement se tiennent à la Gaîté lyrique et en d’autres lieux parisiens, du 12 au 17 janvier 2016.

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