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N° 417 - du 4 février 2016 au 10 février 2016


Tête d'Hadrien, marbre, vers 130 apr. J.-C. (découvert à Carthage), musée du Louvre, département des antiquités grecques, étrusques et romaines, Paris.

SPÉCIAL LIVRES

Yourcenar et le fantôme d’Hadrien

BAVAY (département du Nord) - Vendu à plusieurs millions d’exemplaires, traduit en quarante langues, placé sur les listes des meilleurs livres du siècle, Mémoires d’Hadrien est assurément le livre le plus célèbre de Marguerite Yourcenar (1903-1987). Le Forum antique de Bavay a eu la bonne idée d’enquêter sur la longue genèse de cette œuvre. Dès 1913, la jeune Marguerite admire le fameux buste de l’empereur au British Museum. En 1924, près de Rome, elle est éblouie par la Villa d’Hadrien. Mais il faudra l’exil en Amérique de 1939, la guerre, puis la redécouverte fortuite d’une malle avec ses premiers manuscrits sur le sujet pour la relancer dans l’aventure – couronnée par la parution du livre en 1951. Pourquoi Bavay ? Car on est ici tout près des racines de Marguerite Yourcenar et que le site, trop méconnu, conserve les vestiges de l’un des plus grands forums du monde romain. Si Hadrien, qui régna de 117 à 138, n’y est sans doute jamais passé (au contraire de Tibère), les objets rassemblés mettent en scène le personnage, son temps, son univers, ses voyages, sa politique, ses amours… Du buste en marbre du Louvre à la patère d’Amiens (souvenir touristique bimillénaire provenant du mur d’Hadrien en Ecosse), des médaillons de l’éphèbe Antinoüs aux scrapbooks de Marguerite Yourcenar (conservés dans sa maison su Maine), l’étonnant pouvoir de séduction de l’Antiquité s’exerce à différentes échelles…
Marguerite Yourcenar et l’empereur Hadrien, une réécriture de l’Antiquité au Forum antique de Bavay, du 4 février au 30 août 2016.

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• A savoir : la Villa départementale Marguerite-Yourcenar, résidence d’écrivains à Saint-Jans-Cappel (59270), programmera des conférences sur le thème.

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HISTOIRE

Goering, spoliateur en chef

Aviateur virtuose de la Première Guerre mondiale, Hermann Goering (1893-1946) devient l’un des plus proches lieutenants d’Hitler. Patron de la Luftwaffe, ordonnateur du plan quadriennal, il se montre avide de pompe et d’honneurs. Accumulant une richesse phénoménale, il se bâtit une somptueuse résidence de campagne, Carinhall, qu’il meuble des plus belles œuvres de l’art européen. Comment ? Parfois par achat, de temps en temps par échange, le plus souvent par la spoliation des grandes collections juives. Une fois que la France est occupée, il est un visiteur assidu du Jeu de paume où lui sont présentées, comme dans une galerie, les plus beaux trophées. Un document extraordinaire résume la boulimie du potentat obèse : le catalogue manuscrit où sont recensées les 1376 œuvres de sa collection (parmi lesquels quelque 50 Cranach, 40 Van Goyen, 30 Boucher, mais aussi des Botticelli, Georges de la Tour, Courbet, Renoir, Picasso). Retrouvé par Rose Valland (1898-1980), l’attachée de conservation au Jeu de paume dont les répertoires minutieux permirent de retrouver nombre d’œuvres volées (elle est l’une des héroïnes du film Monuments Men), il attendait patiemment dans les cartons des Archives diplomatiques à La Courneuve et connaît enfin une édition scientifique. Les photos qui accompagnaient les notices ont été restaurées et sont reproduites. On aurait bien aimé savoir le destin des œuvres (restituées, perdues, en attente) mais cela aurait demandé une recherche et une pagination bien plus amples. Ainsi le numéro 13, le Jugement de Pâris de Cranach l’Ancien, confisqué en 1936 (en échange de l’autorisation d’émigrer en Suisse), a-t-il été restitué en 1954 à son propriétaire, Robert van Hirsch, qui en a fait don au Kunstmuseum de Bâle en 1977. Chaque tableau pourra ainsi pousser le lecteur à mener sa propre enquête enquête…
Le catalogue Goering par les Archives diplomatiques et Jean-Marc Dreyfus, Flammarion, 2015, 608 p., 29 €.

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XIXe SIÈCLE

Hayez, champion d'Italie

C’est un personnage incontournable de la peinture italienne du XIXe siècle, mais sa célébrité a peu franchi les frontières. D’outre-tombe, il peut se consoler en se observant combien la notoriété de son Baiser a dépassé la sienne, inspirant, dit-on, le Baiser de l’Hôtel de Ville de Doisneau. De formation néo-classique (il fut très inspiré par Canova), Francesco Hayez (1791-1882) est devenu l’incarnation du romantisme et un grand interprète de la peinture d’histoire, alternant également portraits pénétrants, grandes compositions murales, peintures bibliques et même bouquets de fleurs. L’ouvrage, qui accompagne une exposition rétrospective aux Gallerie d’Italia à Milan (jusqu’au 21 février 2016), passe en revue cette étonnante diversité. Il faut dire que sa carrière égale en durée celle de son compatriote Titien – ils sont tous deux vénitiens d’origine – en s’étendant sur 71 ans ! L’un de ses premiers tableaux connus (1807) le montre en famille, à l’âge de 16 ans. L’un de ses derniers (1878) est un Autoportrait à 88 ans. Il ne manque guère au livre que les dessins érotiques (exposés à Londres en 1997) d’un homme qui fut aussi un grand séducteur…
Francesco Hayez (en italien), sous la direction de Fernando Mazzocca, Silvana Editoriale, 2015, 384 p., 34 €.

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SPIRITUALITÉ

Séduisantes extases

Audacieux que de présenter les grandes mystiques sous cette apparence de belles femmes en extase (même si ce fut souvent la réalité – que l’on relise Thérèse d’Avila ou Jeanne de la Croix – leur émoi a des accents profondément érotiques). Pas sûr, cependant, que ces fiancées de Dieu, ici peu vêtues, aient eu des plastiques aussi irréprochables. Le dessin impeccable de Pignon-Ernest et la plume d’André Velter embrassent deux mille ans d’extrême passion religieuse, de Marie-Madeleine à Madame Guyon, en passant par Angèle de Foligno ou Louise du Néant (1639-1694), qui fut internée à la Salpêtrière et connut une déchéance absolue et volontaire (elle lèche les miettes sur le plancher ou les plaies de ses voisines, boit dans une tête de mort).
Pour l’amour de l’amour, Ernest Pignon-Ernest, textes d’André Velter, Gallimard, 2015, 176 p., 35 €.

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PHOTOGRAPHIE

McCurry, une certaine idée de l’Inde

En introduction, William Dalrymple fait bien de rappeler que l’Inde est la terre des contrastes : d’un côté, des malls gigantesques et rutilants, de l’autre, des paysans pieds nus avec leur bêche et leur char à bras ; d’un côté, 55 milliardaires (deux fois plus qu’il y a dix ans), de l’autre, 72% de la population vivant avec moins de deux dollars par jour. L’Inde que Steve McCurry (né en 1950), grand reporter à Magnum, parcourt depuis trente ans, est à la croisée des chemins, entre traditions millénaires et mondialisation impitoyable. Vélos pédalant dans les flots de la mousson, femmes aux champs, gosses de rue, bidonvilles au milieu des canalisations rouillées, déluge de couleurs du Rajasthan… Tout se prête à des images fortes, aussi bien la nature sauvages du Ladakh que les villes surpeuplées, les incantations hindouistes sous le banian que les vieilles locomotives à vapeur. Avec toujours, au centre, l’homme, personnage incontournable qui fait de ce décor changeant et bigarré son quotidien.
Inde par Steve McCurry, Phaidon, 2015, 208 p., 49,95 €.

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ET AUSSI

Déambulations au Louvre

De la galerie d’Apollon à Milon de Crotone, de Georges de La Tour à Delacroix, une balade poétique et ironique dans le grand musée parisien, en petites aquarelles qui évoquent immanquablement l’univers de Sempé.
Le Louvre de Clara Baum, Somogy, 2015, 112 p., 19 €.

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Who’s who des peintres

Des grands noms de l’histoire de l’art abordés dans de brèves biographies. Il y a Degas mais pas Renoir, Delacroix mais pas Courbet. Et peut-on expédier Michel-Ange aussi rapidement que Banksy ?
50 artistes incontournables par Valérie Mettais et Louisa Alberti, éditions Palette…, 2015, 192 p., 29,50 €.

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L’art de notre temps

D’Alechinsky à Warhol, 54 biographies servent à définir l’art de l’après-guerre à nos jours. Tous les artistes ont commencé à produire dans l’entre-deux-guerres à part Fernand Léger (né en 1881), trublion inattendu du XIXe siècle alors que ni Picasso ni Matisse ni Duchamp n’a été retenu. Après l’abstraction (Pollock, Soulages) et le pop (Warhol, Erró), les nouvelles valeurs sûres semblent être le travail sur le corps (avec Orlan), les installations gigantesques (Christo, Serra), le graffiti (Haring, JonOne) et… la spéculation (avec Hirst, Koons et Murakami).
L’art contemporain, par Eloi Rousseau, Larousse, 2015, 240 p., 25 € 9782035923547

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Beauté de l’industrie

La photographie industrielle est depuis longtemps une discipline noble, incarnée par de grands noms comme Moholy-Nagy et François Kollar. Depuis 2013, la fondation MAST à Bologne organise une biennale spécifique. Le présent ouvrage donne un compte-rendu richement illustré de la première édition de 2013-2014.
Masterworks of Industrial Photography (en anglais et italien), éditions Electa, 2015, 704 p., 100 €.

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LES VERNISSAGES DE LA SEMAINE


STARING AT YOU STARING AT ME

4 février 2016 - LES LILAS - Khiasma

Un regard sur la scène émergente en Corée

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