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N° 423 - du 17 mars 2016 au 23 mars 2016


Claude Monet, Régates à Argenteuil, huile sur toile, 48x75,3 cm; Paris, Musée d’Orsay © RMN-Grand Palais (musée d’Orsay) / Hervé Lewandowski (exposition à la GAM de Turin).

L'AIR DU TEMPS

Musées de printemps, musées voyageurs

Il est préférable d’aller voir les grands musées chez eux. Mais tout le monde n’a pas la chance d’arpenter la fondation Barnes à Philadelphie ou le musée Pouchkine à Moscou. Parfois, ces institutions sont longuement fermées pour rénovation. D’où l’intérêt de faire voyager leurs collections même si les puristes froncent des sourcils devant ces rétrospectives sans originalité… Dans notre monde virtuel, les visiteurs restent étonnamment attachés au contact direct avec les œuvres, surtout si elles sont des « icônes ». Comment expliquer autrement le succès des tournées et des antennes du Petit Palais au Japon, du Louvre à Atlanta, de l’Ermitage à Amsterdam ? D’octobre 2015 à février 2016, l’exposition Monet à la Galleria d’Arte Moderna de Turin, entièrement basée sur les collections du musée d’Orsay, a attiré 313 000 visiteurs ! Le Centre Pompidou est particulièrement adepte de la démultiplication : outre ses avant-postes de Metz et de Malaga, il est également présent en ce mois de mars au Museum für Moderne Kunst de Francfort et à la Haus der Kunst de Munich. Et sait rendre la monnaie : fin juin, le Centre Pompidou Metz accueillera les chefs-d’œuvre du Saarlandmuseum de Sarrebruck, notamment ses expressionnistes. Pour paraphraser un proverbe, si tu ne vas pas au musée, que le musée aille à toi…

EXPOSITIONS


Vassily Kandinsky, Vers le haut (Empor), octobre 1929, huile sur carton, 70x49 cm. Venise, Collection Peggy Guggenheim. Photo David Heald.

Escale toscane pour les Guggenheim

FLORENCE - Avec les Guggenheim, le Palazzo Strozzi fait d’une pierre deux coups : il accueille à la fois la Fondation Solomon Guggenheim de New York et la Collection Peggy Guggenheim de Venise, montrant le rôle qu’ont eu ces deux personnalités, l’oncle Solomon (1861-1949) et son excentrique nièce Peggy (1898-1979), dans l’évolution de l’art moderne. Au premier, on associe Kandinsky et Klee et, évidemment, l’architecte Frank Lloyd Wright, auteur du célèbre bâtiment new-yorkais inauguré en 1959. A la seconde, on donne Pollock, Klein et Duchamp, mais aussi de Kooning, Dubuffet, Burri, l’architecte et scénographe Kiesler (que l’on verra bientôt au MAK de Vienne), Kertész et Bacon. Des photographies permettent de mieux définir cette personnalité hors norme. On voit Peggy mollement allongée sur son lit au palazzo Venier dei Leoni. Lorsque Calder, le roi des mobiles, accède enfin à la demande de l’héritière de lui dessiner une tête de lit, il le fait avec le matériau le plus facile à trouver en 1946, période de pénurie : ni bois ni fer mais argent massif…
Da Kandinsky a Pollock, la grande arte dei Guggenheim au Palazzo Strozzi, du 19 mars au 24 juillet 2016.

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De Nantes à Evian, beautés fatales

EVIAN – Le musée des Beaux-Arts de Nantes étant en travaux (depuis 2011 et au moins jusqu’en 2017), pourquoi ne pas faire voyager ses collections en leur donnant un petit côté sexy ? C’est un peu le sous-entendu de cette sélection de portraits féminins où voisinent, en tant qu'auteurs, Burne-Jones et Tamara de Lempicka. Au passage, on redécouvre le métier impeccable de Paul Baudry et d’Egard Maxence, ou des figures attachantes comme Jacqueline Marval et Andrée Karpelès. C’est un fait avéré : les trésors des collections permanentes ont souvent besoin d’une mise en lumière événementielle pour attirer l’attention…
Belles de jour au Palais Lumière, du 6 février au 2 mai 2016.

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Valentin Serov, Ivan Morozov, 1910, Galerie nationale Trétiakov, Moscou.

De Moscou à Londres, figures de l’art russe

LONDRES - Leurs noms nous sont connus et, souvent aussi, leurs têtes tant elles ont de caractère, avec leurs yeux perçants, leurs grandes barbes ou leurs petites lunettes cerclées de fer. La galerie Trétiakov a prêté à la National Portrait Gallery 26 tableaux représentant des géants de l’art russe, écrivains (Tchékhov, Akhmatova), musiciens (Moussorgski, Rimski-Korsakov) ou collectionneurs pionniers comme Ivan Morozov. Comme l'image d'un Age d’or précédant le cataclysme de 1914.
Russia and the Arts : The Age of Tolstoy and Tchaikovsky à la National Portrait Gallery, du 17 mars au 26 juin 2016.

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József Rippl-Rónai, Femme à la cage, 1892, huile sur toile, 185,5 x 130 cm © Galerie nationale Hongroise, Budapest 2016.

De Budapest à Paris, esprit magyar

PARIS - Une sorte de bilan de l’esprit magyar, des statues de saints du Moyen Age jusqu’aux flamboiements des fauves du Danube : ainsi se présente cette rétrospective qui puise dans quelques grands musées de la capitale, notamment le musée des Beaux-Arts, en rénovation jusqu’en 2018 dans le cadre d'un projet pharaonique de nouveau quartier des musées. On y découvre des stars européennes (Dürer, Greco, Goya), dont des Français, mais surtout un échantillon des gloires locales, notamment les avant-gardes du symbolisme et du XXe siècle, encore mal connues chez nous (Vaszary, Rippl-Ronai, Bortnyik).
Chefs-d’œuvre de Budapest au musée du Luxembourg, du 9 mars au 10 juillet 2016.

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L’ARTISTE DE LA SEMAINE


Albert Woda, Paysage au creux de mes mains, huile sur toile, 195 x 130 cm.

Albert Woda : la couleur du paysage

Son nom signifie « eau » en polonais. Et son bleu magnétique – produit en utilisant des pigments de cobalt centenaires dénichés chez un vieux peintre – fait hommage à cette étymologie. A la vérité, l’artiste né à Nice en 1955 et qui travaille dans le calme d’un atelier pyrénéen, sait varier les couleurs. Ses paysages d’arbres et de nuages sont aussi tributaires d’un brun doré qui évoque Rembrandt. Et il excelle dans une autre couleur particulière : dans certaines de ses gravures, il remet en effet à l’honneur la « manière noire », une discipline ardue qui consiste à partir du sombre pour l’éclairer peu à peu. Comme faisaient les peintres de sgraffites sur les façades ou les peintres d’icônes qui allaient des ténèbres vers la lumière…
• Albert Woda est exposé jusqu’au 22 mai 2016 au musée Paul-Valéry de Sète, en compagnie de Philippe Pradalié, Joël Leick et Nick Ervinck.

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• Le site d’Albert Woda

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LIVRES

De l’art et du canard

Et si la Joconde, au lieu d’être femme, avait été dinde ou, plutôt, cane ? Et Napoléon col vert, Goethe souchet, Wagner pékinois ? C’est un peu l’état d’esprit qui sous-tend ce livre énorme : un monde à la sauce canard. Même les sceaux sumériens et les hiéroglyphes sont revisités de cette manière. L’homo erectus est remplacé par un anas erectus et la Vénus de Willendorf se mue en Vénus de Willenduck. On en a vite le tournis : les geishas au miroir, les têtes réduites jivaros, les personnages de Manet, les abstractions de Mondrian et même les panneaux routiers subissent la même métamorphose. Ce qui aurait pu être une farce prenant le format d’un simple canard est devenu une véritable encyclopédie, animée par le groupement d’artistes Interduck. Tenant sa flamme devant le port de New York se dresse le canard de la Liberté. Qui sait : le monde aurait peut-être été plus pacifique sous ce patronage…
L’art du canard, par le collectif Interduck, Glénat, 2016, 512 p., 45 €.

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EN BREF

CHERBOURG – Le musée d’art Thomas Henry rouvre le 18 mars 2016 après quatre ans de travaux.

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LYON – Le musée des Tissus, menacé de fermeture imminente en raison d’une situation financière très dégradée, a reçu une dotation exceptionnelle de 1,75 millions €, de la part de l’Etat, des collectivités territoriales et de la Chambre de commerce pour demeurer ouvert jusqu’à la fin 2016.

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NEW YORK – Le Met Breuer, dessiné par Marcel Breuer, autrefois siège du Whitney Museum, rouvre le 18 mars 2016 en tant qu’espace d’art moderne et contemporain du Metropolitan Museum.

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SYDNEY – La 20e biennale d’art et contemporain se tient du 18 mars au 5 juin 2016.

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LES VERNISSAGES DE LA SEMAINE


EMMANUELLE JUDE, UN APRÈS-MIDI À COLLIOURE

18 mars 2016 - COLLIOURE - Galerie Odile Oms

Dans la ville chère au fauve Matisse, comment mange-t-on sa glace ?

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