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N° 431 - du 12 mai 2016 au 18 mai 2016


Frankenstein, créé des ténèbres (Fondation Bodmer, Genève). Affiche de l’exposition (inspirée de Theodor von Holst pour la première édition illustrée de 1831), Graphisme : Alain Julliard, Genève.

L'AIR DU TEMPS

Frankenstein revient en Suisse

GENÈVE - Frankenstein, citoyen suisse ? Il y a là une part de vérité puisque c’est à Cologny, dans la banlieue chic de Genève, que Mary Shelley (1797-1851) rédigea son fameux récit en 1816. Ce fut lors d’un séjour à la villa Diodati, louée par Byron pour la jeune colonie anglaise. Deux cents ans plus tard, le précieux manuscrit, propriété de la Bodleian Library d’Oxford, fait retour sur les rives du lac Léman. En l’accompagnant d’autres pièces majeures - la première édition de 1818, annotée (provenant de New York), des portraits de Mary et de son mari, le poète Percy Bysshe Shelley mort à 29 ans (de la National Portrait Gallery), l’exposition retrace le destin unique de cette histoire issue de l’imagination d’une jeune femme qui n’avait pas encore fêté ses 19 ans…
Frankenstein, créé des ténèbres à la Fondation Bodmer, du 13 mai au 9 octobre 2016.

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EXPOSITIONS


Jean Genet en 1937. © D.R., Fonds Jean Genet/IMEC, cliché Michael Quemener

Genet l’insoumis

MARSEILLE - Il a longtemps fait partie des bannis, des perdants. Fils naturel, élevé par des paysans dans le Morvan, rétif à l’autorité, Jean Genet multiplie les séjours au pénitencier. Pour des vols répétés (coupons de tissu aux magasins du Louvre, bouteilles d’apéritifs, livres chez Gibert), il risque la prison à vie ! L’intervention courageuse de Cocteau, qui défend son protégé comme le plus prometteur écrivain de France, le sauve et le met définitivement sur les rails de la littérature. Sans pour autant oblitérer son goût pour la provocation, le scandale, la défense des opprimés. L’exposition raconte ce destin étonnant en juxtaposant dessins (notamment deux portraits par Giacometti, un bon ami), vidéos (une étonnante interview télévisée de Jean-Louis Barrault par Michel Droit lors de l’émeute à l’Odéon pour Les Paravents en 1966) et une série de manuscrits. Il y a le Journal du voleur mais aussi une lettre à Gide où le jeune Genet parle de son voyage en Tripolitaine. Son style magnifique, la richesse de sa langue, la perfection de sa grammaire laissent bouche bée tant elle jurent avec l’image convenue du bagnard analphabète.
Jean Genet, l’échappée belle au Mucem, du 15 avril au 18 juillet 2016.

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Frontispice à la gouache d'Éden, Éden, Éden (paru en 1970 aux Éditions Gallimard) Fonds Pierre Guyotat (NAF 28094) de la Bibliothèque nationale de France.

Guyotat, rebelle

PARIS – Comme celle de Genet, l’œuvre de Pierre Guyotat a été violemment contestée, taxée d’obscène ou d’incompréhensible. L’auteur, qui a connu une trajectoire aussi chahutée que celle de son aîné, avec des errances, des mesures disciplinaires du temps de son service militaire, des arrestations et des scandales retentissants (notamment pour Eden, Eden, Eden en 1970), est peu à peu devenu un classique à sa façon. L’exposition présente une partie de ses manuscrits et de ses dessins et orchestre un dialogue avec certains des artistes qu’il a marqués, de Miquel Barceló au photographe Eric Rondepierre.
Pierre Guyotat, la matière de nos œuvres à la galerie Azzedine Alaïa, du 22 avril au 12 juin 2016.

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Jean Hugo devant ses dessins de costumes et décors pour Roméo et Juliette, photographe anonyme, 1924.

Hugo et Cie

PARIS - Chez les Hugo, je demande… C’est un vrai jeu des sept familles que de suivre la généalogie du grand Victor. Où l’on découvre qu’il a transmis le démon de la création à sa descendance. A côté de ses propres œuvres – dessins à la plume et à l’aquarelle devenus célèbres, voici la production d’autres Hugo : son fils François-Victor, traducteur de Shakespeare mais aussi daguerréotypiste, son neveu Léopold, mathématicien excentrique et dessinateur de mondes bizarres, son petit-fils Georges, auteur de dessins de tranchées pendant la Grande Guerre, son arrière-petit-fils Jean (1894-1984), scénographe dans le Paris des Années folles. Jusqu’aux actuels représentants de la cinquième génération, Marie, peintre, et Jean-Baptiste, photographe…
Les Hugo, une famille d’artistes à la Maison de Victor Hugo, du 14 avril au 18 septembre 2016.

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MUSÉES


Snøhetta, extension of the new SFMOMA, 2016; photo © Henrik Kam, courtesy SFMOMAS.

Déluge d’art sur Frisco

SAN FRANCISCO – Fondé en 1935, d’abord logé dans le Veterans Builiding où fut signée la charte des Nations-Unies en 1945, installé en 1995 dans un bâtiment de Mario Botta, le SFMOMA (San Francisco Museum of Modern Art) dévoile le 14 mai son extension, qui lui permet de tripler ses espaces d’exposition. Dessinée par le cabinet norvégien Snöhetta (auteur de la bibliothèque d’Alexandrie, de l’opéra d’Oslo et du futur musée de Lascaux 4), elle a l’apparence d’un monolithe, bloc gréseux immaculé et mal équarri, inspiré par les brouillards et les lumières de la baie. Dans ce nouveau cocon, évidemment de haute qualité environnementale (le matériau composite de la façade a été fabriqué à moins de 50 kilomètres), les 33 000 œuvres du fonds pourront être vues plus commodément, notamment la collection Fisher, une des plus riches en art d’après-guerre. Le musée, habitué des coups d’éclat (il fut le premier, en 1936, à présenter Matisse sur la côte Ouest) démarre avec 19 expositions inaugurales. Et il aura avec le nouveau Pritzker Center le plus grand espace d’exposition de photographie aux Etats-Unis.
• Le SFMOMA rouvre au public le 14 mai 2016.

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VENTES


Lot 307, Virgin and Saint John at sculpted and polychrome wooden calvarye en chêne sculpté et polychromé, art populaire, XVI-XVIIe siècle, 77 cm et 76 cm. Estimation : 1200-1500 €.

Comme chez Audiard

PARIS - Michel Audiard (1920-1985) fut l’un des plus étincelants scénaristes du cinéma français. On lui doit, entre autres, Un singe en hiver, Les Tontons flingueurs, Le cave se rebiffe. Dialoguiste culte, il a un cercle d’admirateurs passionnés qui vont sans doute se jeter sur les lots de cette vente comme autant de reliques. Rien de réellement remarquable à part de belles éditions de Proust (en 13 volumes chez Gallimard, 1927, estimée 20 000 €) ou de Céline. Mais une série d’objets qui agrémentaient son quotidien, du fauteuil d’âtre sur lequel il s’est assis à la table de communauté sur laquelle il a planché, de sa lampe de bureau en opaline verte jusqu’au mortier en marbre gris des Pyrénées (quels fruits secs y a-t-il concassés ?) Sauf enchères enflammées, on pourra emporter son presse-papier, sa pipe ou sa casquette kaki pour une petite centaine d’euros…
Vente Audiard les 12 et 13 mai 2016 à Richelieu-Drouot (Pierre Bergé & associés).

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Lot 41 : 5 dessins attribués à Nestor L'Hôte. Estimation : 600-1000 €.

Parfum de Champollion

PARIS – Dissimulés entre des autographes d’académiciens et la correspondance du Comité des forges dans les années 1860, cette vente présente un vrai petit trésor : les manuscrits de Nestor L’Hôte, parfois accompagnées de dessins à la plume ou d’aquarelles (tombeaux, sites de Nubie, colonnade de Karnak, temples de Louxor, etc.). Inconnu du grand public, il accompagna Champollion dans son deuxième voyage en Egypte en 1828, en consignant les péripéties (notamment les détails de la vie quotidienne) et dessinant pour l’illustre égyptologue. Tous deux mourront tôt (Champollion en 1832 à 41 ans, L’Hôte en 1842 à 38 ans). La quarantaine de lots (lettres, récit de voyage, commentaires pour le Musée des antiquités égyptiennes et un essai de 600 pages sur les obélisques !) font revivre cette amitié orageuse et pourraient voir leurs estimations (de 300 à 10 000 €) largement enfoncées.
Livres et manuscrits le 13 mai 2016 à Richelieu-Drouot (Tessier & Sarrou).

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LIVRES

Bibliothèques du monde

On annonce infailliblement la fin du livre imprimé. On n’en a pourtant jamais autant produit et on ne l’a jamais, comme le montre cet étonnant florilège de bibliothèques dans le monde, diffusé de manière plus originale. Du confort feutré d’établissements de grand luxe (The Library Hotel à New York, dont les dix étages garnis de livres sont inspirés de la classification décimale Dewey) au Biblioburro colombien (bibliothèque portative à dos d’âne), l’inventivité des bibliothécaires, véritables passeurs de culture, est réjouissante. Dans des arbres (Norvège), des hamacs (Burundi) ou des cabines téléphoniques désaffectées (Angleterre), sur des jonques (Bangladesh), des éléphants (Laos), des chameaux (désert de Gobi) ou des trottoirs (Manille), dans les écrins de verre et de métal des universités (Aberdeen) ou sur le sable des plages (Sydney), le livre à emprunter semble ne s’être jamais mieux porté. Autant de situations disparates qui rappellent qu’il unit deux qualités a priori incompatibles, le vice impuni de la lecture et le plaisir de la transmission…
Bibliothèques insolites, par Alex Johnson, éditions Jonglez, 2016, 240 p., 19,90 €

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Quand Guillaume (Apollinaire) parle à (Paul) Guillaume

On ne saurait exagérer l’importance d’Apollinaire (1880-1918) dans la genèse des avant-gardes. Il fut ami de Picasso, de Derain, de Chirico, du Douanier Rousseau… et plus qu’ami de Marie Laurencin ! Comme le rappelle cette correspondance, il fut aussi le mentor d’un jeune garagiste ambitieux, Paul Guillaume (1891-1934), qui arrondissait ses fins de mois en vendant des statues africaines et finit par devenir l’un des principaux marchands d’art de Paris. L’aîné, par ses billets concis, oriente, conseille, met en contact l’apprenti galeriste avec les peintres qui comptent. Il finira par lui rédiger tout seul, sous plusieurs pseudonymes, sa revue, Les Arts à Paris. Les relations s’altèreront lorsque le marchand oubliera de se présenter au mariage d’Apollinaire et le plantera plusieurs fois à déjeuner. La dernière lettre du poète, le 11 octobre 1918, est explicite : « Votre conduite vis-à-vis de moi est celle d’un fort grand voyou (…) » Un mois plus tard, il était mort et l’on ne saura jamais comment aurait évoluer cet étonnant attelage…
Guillaume Apollinaire/Paul Guillaume, Correspondance (1913-1918), sous la direction de Laurence Campa et Peter Read, Gallimard, 192 p., 19,50 €.

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EN BREF

AIX-EN-PROVENCE – Le SM’ART, salon méditerranéen d’art contemporain, se tient du 12 au 16 mai 2016.

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CHOLET - L'artiste François Morellet est mort le 11 mai 2016 à l'âge de 90 ans.

L'article du Monde

NEW YORK – La sculpture Him de Maurizio Cattelan représentant Hitler agenouillé, a été vendu pour 17,2 millions $ chez Christie’s le 8 mai 2016.

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MONDE - Musées et paysages culturels est le thème de la Journée internationale des musées, sous l'égide de l'ICOM, le 18 mai 2016.

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LES VERNISSAGES DE LA SEMAINE


CHRISTIAN HIDAKA, ESERT STAGE

14 mai 2016 - SAINT-NAZAIRE - Le Grand Café

Une œuvre nourrie par la grande tradition figurative de la Renaissance

Notre sélection de nouvelles expositions