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Selvatico, jet set vénitienne 1900

VENISE - La traduction de son nom de famille - Selvatico - donnerait « Sauvage ». Pourtant, rien de tel dans l’art de ce peintre mondain de la Belle Epoque italienne, à la chevelure d’une blondeur parfaite, en bon Vénitien qu’il était. Mort comme un vrai partisan du progrès - dans un accident de moto en 1924, à 52 ans -, il a laissé, dans la veine d’un Boccioni ou, en France, d’un Braïtou-Sala (exposé à la Piscine de Roubaix), des portraits de belles égéries. Actrices comme Irma Grammatica, ou comtesses, comme Annina Morosini, elles paradent dans de belles toilettes, accompagnées d’un lévrier, d’un chat ou d’un grand bouquet de fleurs. Habitué à fréquenter l’aristocratie (son père fut maire de Venise de 1890 à 1895 et l’un des promoteurs de la première Biennale, lancée en 1895), il signa aussi quelques sensuels. Fort oublié depuis une rétrospective de 1926, il sort enfin de son purgatoire, en partie grâce aux prêts de ses descendants.
• Lino Selvatico, une seconda Belle Epoque à Ca’ Pesaro, du 14 mai au 31 juillet 2016.

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Gleyre, élans romantiques

PARIS - Le moins que l’on puisse dire est que le fait d’avoir eu des disciples célèbres (Bazille, Sisley, Renoir, Monet) n’a pas beaucoup servi sa notoriété. Un autre facteur a compliqué la diffusion de l’œuvre de Charles Gleyre (1806-1874) : le fait que la ville de Lausanne se soit entichée de son œuvre (bien que fêté par les salons parisiens, Gleyre était lui-même d’origine suisse) et ait acheté tout son fonds d’atelier au début du XXe siècle. Ce sont donc des travaux au musée cantonal de Lausanne qui permettent de faire voyager ses tableaux et d’apprécier la palette de ce praticien impeccable. Romantique dans l’âme, il dut brider ses élans juvéniles pour la noirceur et la violence (Les Brigands romains, scène de viol déguisé, causa un scandale en 1831) pour des scènes mythologiques (Le Soir, 1843), souvent d’un érotisme soyeux. Il a aussi laissé, à l’instar de ses contemporains, de belles aquarelles d’un Orient qui l’épuisa et la laissa quasi aveugle lors d’un voyage de quatre ans (1834-38).
• Charles Gleyre, le romantique repenti au musée d’Orsay, du 10 mai au 11 septembre 2016.

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Pückler-Muskau, romanesque paysagiste

BONN - Hermann Pückler-Muskau (1785-1871), comte prussien, a mené une vite haute en couleurs. Engagé dans l’armée russe pendant les campagnes napoléoniennes, puis gouverneur de Bruges, il est davantage connu comme paysagiste : le jardin de son domaine de Bad Muskau, près de Dresde, sur l’actuelle frontière avec la Pologne, est classé au patrimoine de l’Unesco. Introducteur du parc à l’anglaise, cet anticonformiste (il ramènera de son voyage d’Orient une compagne égyptienne) est l’auteur d’Aperçus sur l’art du jardin paysager, un manuel qui a parfaitement résisté au temps. L’exposition résume sa pensée au moyen de dessins, premières éditions et photographies de ses créations, à Babelsberg et Branitz.
• Parkomania, The Landscaped Gardens of Prince Pückler au Bundeskunsthalle, du 14 mai au 18 septembre 2016.

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Henner, vive la Troisième République !

PARIS - Jean-Jacques Henner (1829-1905) est ce que l’on appelle un mandarin de la peinture. Grand Prix de Rome, membre de l’Institut, régulièrement médaillé au Salon, il reçoit dans son atelier de la place Pigalle une clientèle huppée, avide de ses portraits mondains (il en réalisera quelque 400). Egalement paysagiste et peintre d’histoire, il fait partie de ces « pompiers » vite balayés par l’histoire. Son souvenir survit heureusement grâce à l’engagement de sa nièce, qui achète en 1923 au cœur de la plaine Monceau l’ancien hôtel particulier du peintre Guillaume Dubufe, qu’elle transforme en 1923 en musée à la gloire de l’oncle. Restauré, doté d’un agréable jardin d’hiver, il présente quelque 300 œuvres dont le très politique L’Alsace. Elle attend, peint après l’annexion de la région par l’Allemagne, ou de plus légères nymphes dénudées sur tapis d’herbe.
• Le Musée national Jean-Jacques Henner rouvre le 21 mai 2016.

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Honneur à Honoré

Il faisait partie de l’équipe de Charlie Hebdo décimée par l’attentat du 7 janvier 2015. S’il n’avait pas la notoriété de ses collègues Cabu ou Wolinski, Philippe Honoré (1941-2015) était depuis 1992 l’un des piliers de la revue, où il avait développé un style très personnel, évoquant les linogravures et gravures sur bois, avec leurs noirs profonds, leurs lignes grasses et une signature façon pochoir. Une technique alliée à une grande culture et à un humour caustique : pour une marée noire aux Galapagos, où l’on voit Darwin les mains dans le mazout, il légende : « Et voilà l’origine de la fin des espèces… ». Apôtre du rébus littéraire, Honoré s’est involontairement éclipsé avec une vignette prophétique où l’on voit Al-Baghdadi, le leader de l’Etat islamique, prononcer ses vœux de nouvel an : « Et surtout la santé ! » On aurait aimé en savoir davantage sur le personnage et son parcours, sa formation de dessinateur industriel
• Petite anthologie du dessin politique, Honoré, éditions de La Martinière, 2016, 288 p., 25 €.

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Une phrase de 10 km

« Nous avons voulu mettre la littérature dehors », écrivent les auteurs. Dans le bon sens du terme : la plastiquer sur les murs, les trottoirs, la chaussée, les dalles de béton, la prison… Mené par Karelle Ménine et Ruedi Baur, le projet « la Phrase » a été l’un des moments forts de Mons 2015 (capitale européenne de la culture). Ces 10 km de poésie, de philosophie ou de révolte, ont été tirés de Verlaine, de Lacan, ou du poète Fernand Dumont, mort en 1945 à Bergen-Belsen. Partant de la gare et y arrivant, comme un train des lettres, ils se sont disséminés dans toute la ville. Comme la fourmi de 18 mètres de Desnos, on croira plus tard à une affabulation. Heureusement, il en reste ce livre, qui décrit la démarche, les difficultés administratives ou l’intervention de personnalités inattendues comme Patti Smith.
• La Phrase, une expérience de poésie urbaine, par Karelle Ménine et Ruedi Baur, éditions Alternatives, 320 p., 19 €.

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21 mai 2016 - PARIS - Galerie Anne-Sarah Bénichou

L'artiste, né en 1978, étudie les notions de permanence et de souvenir

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