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N° 442 - du 22 septembre 2016 au 28 septembre 2016

L'AIR DU TEMPS

Magritte, l’image au pouvoir

PARIS - « C’est un homme qui pense en images », explique le commissaire Didier Ottinger. Et c’est plutôt bien vu : les toiles de Magritte s’impriment dans notre mémoire, avec leur arsenal d’objets fétiches - voiles, rideaux, grelots, pipes. L’exposition en réunit une belle sélection, provenant de musées du monde entier, dont le Jockey perdu de 1927, le Blanc-seing de 1965, qui clôt le parcours, l’immanquable Ceci n’est pas une pipe ou les toiles criardes de la « période vache ». Elle postule que Magritte n’est pas qu’un peintre (il n’a jamais eu d’atelier, se bornant à étendre un tapis dans le salon pour y installer son chevalet) et pas qu’un impressionniste. Il est peut-être avant tout un philosophe, qui a exploré les thématiques de la réalité, du rêve, du subconscient, au moyen de pinceaux et de tubes de couleur. Avec une vision très cinématographique, synthétique, plane, de notre séjour terrestre. « Je pouvais voir le monde comme s’il était un rideau placé devant mes yeux » : c’est la meilleure définition, par Magritte lui-même, de son art.
Magritte, la trahison des images, au Centre Pompidou, du 21 septembre 2016 au 23 janvier 2017.

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EXPOSITIONS


Cosmè Tura‬, Saint Georges, vers 1460-65‬‬‬‬, huile sur panneau, 21,6 x 13‬‬‬‬ cm. ‪Fondazione Giorgio Cini, Venezia, Galleria di Palazzo Cini (en dépôt des héritiers Cini).

L’Arioste, une usine à rêves

FERRARE - Une géographie mentale, peuplée de chevaliers, de dragons, de paysages exotiques, de femmes désirables et pourtant inaccessibles : c’est ce qui encombrait les méninges de L’Arioste lorsqu’il écrivit son best-seller de la Renaissance, le Roland furieux. A cinq cents ans de sa première publication (le 22 avril 1516), sa ville natale dédie au poète une exposition-miroir. Elle reflète ses obsessions en puisant dans le fonds inépuisable de l’art italien, notamment ferrarais, qui s’est toujours signalé par une tendance particulière à l’excentrique, de Cossa jusqu’à l’épisode métaphysique de Chirico et Carrà. Et l’on n’est pas déçu par l’accumulation d’images bizarres, des tuniques violettes de Cosmè Tura aux monstres bien connus de Piero di Cosimo, en passant par une viole à la caisse décorée d’effigies grimaçantes. A replacer dans le contexte d’une époque où n’existaient ni télévision, ni internet, ni presse magazine, ce que rappelle le très joli sous-titre : « Ce que voyait L’Arioste quand il fermait les yeux ».
Orlando furioso, 500 anni au Palazzo dei Diamanti, du 24 septembre 2016 au 8 janvier 2017.

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Charles Dugasseau, (1812-1885), La Mort de Sapho, 1842. Le Mans, musée de Tessé © Musées du Mans

Baudelaire, amateur d’art

PARIS - Poète maudit des Fleurs du mal mais critique bien installé des Salons : Baudelaire aimait varier les positions… Le cadre toujours idyllique du Musée de la vie romantique accueille dans son dédale de salons, d’alcôves (dont l’une présente, à côte de la blancheur virginale d’un grand marbre de Bartolini, La Jeune Fille et le Scorpion, de piquantes gravures érotiques) et d’escaliers un panorama bien cadencé de ses goûts artistiques. Il y a évidemment Delacroix, Courbet, Constantin Guys. Mais aussi des peintres qui mériteraient d’être relancés comme Alphonse Legros, grand ami de Fantin-Latour, gloire en Angleterre, dont on montre une sombre procession de vieilles bigotes, Antoine Chazal, peintre naturaliste, ou l’ingresque Dugasseau. Son Suicide de Sapho montre la plantureuse Lesbienne au bord de sa falaise, nimbée d’un soleil couchant. On poussera, dans la même rue, les portes des galeries Chaptal et de la Nouvelle Athènes, qui présentent un bon choix du XIXe siècle.
L’œil de Baudelaire au musée de la Vie romantique, du 20 septembre 2016 au 29 janvier 2017.

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Félicien Rops, Eritis Similes Deo. Photo Sylvain Baligand.

Une passion pour Félicien Rops

LE CREUSOT - Sa courtisane déshabillée (simplement vêtue de bas, de gants, d’escarpins noirs et d’une légère ceinture), les yeux bandés, guidée par un cochon, est son œuvre la plus connue. A côté de ce Pornokratès, bien d’autres compositions de Félicien Rops (1833-1898) - avec son carrousel de femmes impudiques, de diables, de têtes de mort, de croix - ont contribué à dynamiter les conventions bourgeoises et religieuses de sa Wallonie natale. Les quelque 100 œuvres présentées dans les espaces de L’art, scène nationale, sont une unique collection rassemblée avec passion depuis un demi-siècle par un couple belge. Elles rappellent que Félicien Rops, ami de Baudelaire, fut un graveur émérite (environ 1000 estampes recensées), un remarquable dessinateur mais aussi un peintre de paysages mélancoliques (Ostende, Blankenberge, baie de Klampenborg).
Vous avez dit Félicien Rops ?!, à l’Arc, du 24 septembre au 16 décembre 2016

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L’ARTISTE DE LA SEMAINE


Arno Gisinger, War Room, de la série Reims - patrimoines revisités, 2016, photographie couleurs, tirage jet d’encre sur plexiglas 5 mm, 120 x 160 cm, socle avec rétro-éclairage.

Arno Gisinger, dans les plis de l’histoire

Une intéressante exposition à Reims, dans l’ancien cellier Mumm (puis Jacquart), avec ses belles mosaïques en façade, réunit cinq photographes qui donnent leur vision personnelle du patrimoine local. Celle d’Arno Gisinger (Autriche, 1964) colle de près à l’histoire des guerres (et des réconciliations) qui a tant marqué la ville. Comme à son habitude, le photographe s’est nourri de recherches, notamment à la bibliothèque Carnegie, un magnifique bâtiment Art déco, legs de l’Amérique pour une Europe sans guerre. Une image intrigante montre la salle de classe du Collège moderne et technique : une gigantesque carte au mur (« Battle Map »), des chaises sagement alignées (sauf une, celle de l’interprète soviétique), une grande table de réunion. Tout semble confit dans le temps mais tout est en réalité reconstruit pour plus d’authenticité. Rien ne semble avoir changé depuis ce fatidique 7 mai 1945, 2h41, largement oublié : c’est là, aux Supreme Allied Headquarters, que fut signée la reddition de l’Allemagne et non à Berlin le lendemain, simple répétition voulue par Staline pour exalter le rôle fondamental de l’Armée rouge. Dans la mémoire collective, une date a chassé l’autre : comment s’écrit l’histoire ?
• Arno Gisinger expose dans Patrimoines revisités au Cellier, à Reims, du 17 septembre au 31 décembre 2016, en compagnie de Jordi Bernardó, Claudio Sabatino, Paolo Verzone, Sophie Zénon.

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LES VERNISSAGES DE LA SEMAINE


AUDE MOREAU - LA NUIT POLITIQUE

24 septembre 2016 - LUXEMBOURG - Casino Luxembourg

Un éclairage inédit sur la ville nord-américaine et ses gratte-ciels vertigineux

Notre sélection de nouvelles expositions dans les galeries

LIVRES

Le goût des ruines

Elles reviennent très en vogue après avoir séduit Hubert Robert puis les romantiques comme Goethe et Chateaubriand. Les ruines ont une beauté intrinsèque - souvent poignante - et pas seulement les « nobles » de l’architecture classique… Toute une école de photographes, depuis une trentaine d’années, traque les bâtiments décrépits de nos sociétés. Nourries d’une obsolescence accélérée, elles laissent de sacrés débris ! L’ex monde soviétique, avec ses centrales, ses rampes à missiles et ses centres de congrès pharaoniques, est expert en la matière. Mais l’on trouve l’équivalent en Occident avec des palais à fresques (en Italie), des usines textiles (en Allemagne), des puits de mine (en Belgique), des routes dévorées par la nature (au Japon). Les trois photographes réunis - Sylvain Margaine, Henk Van Rensbergen, Romain Veillon - font aussi l’objet d’une exposition dans un lieu hors du commun, l’Espace Niemeyer au siège du parti communiste. Choisir les jours de conférences pour pouvoir entrer dans l’incroyable salle à coupole scintillante du Comité central. L’idée qu’elle puisse être un jour sur la carte des explorateurs, dans un Paris mangé par la jungle, fait froid dans le dos…
Temps suspendu, exploration urbaine, sous la direction de Céline Neveux, Silvana Editoriale, 2016, 144 p., 25 €.

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EN BREF

BRUXELLES - Le Musée juif de Belgique accueille l'Accessible Art Fair, du 22 au 25 septembre 2016.

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TOULOUSE - Le Printemps de Septembre a lieu du 23 septembre au 23 octobre 2016.

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VIENNE - La foire Vienna Contemporary a lieu du 22 au 25 septembre 2016.

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WASHINGTON - Le National Museum of African American History & Culture est inauguré le 24 septembre 2016.

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