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N° 449 - du 10 novembre 2016 au 16 novembre 2016


Nino Migliori, Le Plongeur, 1951, épreuve à la gélatine d'argent, galerie Keith de Lellis, New York (Paris Photo).

L'AIR DU TEMPS

OÙ VA L’AMÉRIQUE ?

Selon une statistique du New York Times, 70% des Américains en âge de voter regrettent le monde des années cinquante. Peut-on rembobiner le cours de l’histoire ? L'élection d'un nouveau président aux États-Unis pose d'intéressantes questions... Que nous prépare le croisé anti-establishment, élu malgré les suspicions qui pèsent sur son comportement de contribuable (impôts évités pendant vingt ans selon certaines enquêtes), d’éducateur (la courte expérience de la Trump University, une «fraude pure et simple» selon le procureur de New York), de citoyen (qualifiant les femmes de «fat», «pig», «dog», «disgusting animal») ?
On connaît mal sa position en matière culturelle mais l’application des mesures annoncées est susceptible d'avoir des effets à différents niveaux : expulsion de tous les étrangers en situation irrégulière, protection des envahisseurs du Sud par un mur «impénétrable» (que paiera le Mexique), obstacles à l'entrée des musulmans, annulation de l’Obamacare (extension de la sécurité sociale aux plus démunis) et de la plupart des mesures prises par son prédécesseur, retrait d’un certain nombre de traités internationaux, relance des dépenses militaires, développement de l’exploitation du charbon et du gaz de schiste. Avec, au passage, la promesse de créer 25 millions d’emplois en dix ans : le songe creux d’une Amérique plus sûre dans un monde hostile…
L’ouverture de la foire Paris Photo, qui coïncide avec sa victoire, donne l’occasion de s’interroger de manière décalée sur une certaine vision de l’Amérique et du monde.
Paris Photo a lieu au Grand Palais, du 10 au 13 novembre 2016.

Le site de Paris Photo

RELANCER LES ÉNERGIES FOSSILES


Tamas Dezso, Copsa Mica, 2013 (galerie Robert Koch, San Francisco).

Le 45e président des Etats-Unis veut libérer les 50 000 milliards de dollars prétendument enfouis dans les réserves du pays en pétrole, gaz naturel, gaz de schiste, et charbon.
NOTRE IMAGE : Au cœur de la Transylvanie, Copsa Mica est considérée comme l’une des villes les plus polluées du monde. Pendant des années, sous Ceaucescu, ses usines y ont produit de façon intensive les matières les plus toxiques, comme le noir de charbon servant à colorer les pneumatiques. Né en 1978, le Hongrois Tamas Dezso documente les ravages produits par cette industrialisation mégalomane sur les hommes et les paysages.

DÉVELOPPER LE PORT D’ARMES


Alfredo Srur, El Chino y el Checho, 2005 (galerie Julian Sander, Cologne).

Donald Trump souhaite légaliser le port d’armes dans les 50 États de l’Union. Selon les termes de son programme, ce n’est pas le rôle de l’administration que de déterminer le type d’armes que peuvent porter les «honnêtes gens».
NOTRE IMAGE : Né en 1977, le photographe argentin Alfredo Srur a étudié à l’université de Californie. Son œuvre explore la réalité de pays comme la Colombie, le Honduras, où la guérilla, le phénomène des bandes organisées et la diffusion des armes contribuent à une violence urbaine explosive.

MENER UNE POLITIQUE D’INCARCÉRATION


Danny Lyon, The Line, Ferguson Unit, Texas, from Conversations with the Dead, 1968 (galerie Etherton, Tucson).

Dès son «Day One», Trump annonce vouloir emprisonner tous les criminels qui se «promènent librement dans le pays». Il souhaite réparer le système psychiatrique mentale en imposant des soins aux malades mentaux, principaux responsables des crimes de masse.
NOTRE IMAGE : Danny Lyon a réalisé dans les années soixante un travail pionnier sur les pénitenciers du Texas, où des milliers de prisonniers subissaient la «loi des trois coups» ou «grosse salope» (trois condamnations, de quelque type que ce soit, entraînent automatiquement la perpétuité). Avec leurs 2,5 millions de prisonniers, les États-Unis ont actuellement le plus haut taux d’incarcération au monde.

S'ÉLOIGNER DU MEXIQUE


Enrique Metinides, Mexico, 19 septembre 1985 (galerie Emma Molina, Monterrey).

Le Mexique, auquel les Etats-Unis avaient déjà soustrait la Californie, le Texas et d’autres Etats au XIXe siècle, est en ligne de mire. Outre la construction d’un mur colossal, le nouveau président veut tripler le nombre de douaniers et agents contrôlant les frontières (Immigration and Customs Enforcement).
NOTRE IMAGE : Né en 1934, d’origine grecque, le Mexicain Enrique Metinides a passé sa vie à traquer les faits divers dans la tentaculaire capitale du pays, réussissant à transcender le genre grâce à son empathie pour les victimes et à son refus d’un voyeurisme trop facile. Le tremblement de terre de 1985 fit plus de 10 000 victimes.

ENGAGER UN BRAS DE FER AVEC LA CHINE


Thomas Sauvin, Beijing Silvermine (galerie Paris-Beijing, Paris, Pékin).

Dans son projet « America First », Trump a annoncé vouloir engager des procédures commerciales contre la Chine devant l’OMC. Il veut demander au Trésor de considérer le géant asiatique comme un pays «manipulateur».
NOTRE IMAGE : Né en 1983, installé en Chine, Thomas Sauvin a une âme de sauveteur. Sur l’une des décharges de la capitale, il achète depuis des années des sacs de négatifs voués à la destruction. Il en aurait sauvé un demi-million, constituant un étonnant fonds d’archives, qui lui sert à dessiner un trend inverse à la dictature de la «pipolisation». On ne connaît rien de ces inconnus, ni leur nom, ni leur état-civil ni l’année de la prise de vues. C’est peut-être cet incognito qui nous les rend proches comme de vieux cousins perdus de vue.

VAINCRE L’EXTRÉMISME ISLAMIQUE


Philippe Dudouit, Ubari, Libye du Sud, The Dynamics of Dust, 2015 (galerie East Wing, Doha, Dubai).

Donald Trump prétend gagner la lutte contre l’intégrisme tout comme «l’Amérique a gagné la Guerre froide». Il entend notamment mener des opérations militaires sur place pour détruire l’ISIS et créer une Commission sur l’Islam radical.
NOTRE IMAGE : Né en 1977, diplômé de l’école de Vevey, Philippe Dudouit a vite quitté les rivages tranquilles du lac Léman pour des milieux bien plus agités. On lui doit des séries sur les combattants kurdes du PKK et une autre, en cours, sur les rebelles touaregs du Sahel. Dans un monde dévoré par le sable, les symboles de la civilisation occidentale y prennent l’aspect d’objets surréalistes.

SUSPENDRE L’IMMIGRATION DEPUIS LES ZONES À RISQUE


James Hill, Sanctuaire d’Azrat Ali dans la ville de Mazar-i Sharif, 2001 (School Gallery Olivier Castaing, Paris).

Après avoir évoqué l’interdiction du sol américain aux musulmans, Trump indique dans son programme vouloir suspendre provisoirement la délivrance de visas aux ressortissants de pays «dangereux et volatiles».
NOTRE IMAGE : Cador du photojournalisme longtemps basé à Moscou, le Britannique James Hill (né en 1967) a vu s’effondrer la Russie soviétique et l’Irak de Saddam, mais s’est aussi penché sur le corps-à-corps des toreros. Cette image d’un Afghanistan idyllique aux blanches colombes est prise l’année de l’attentat contre les tours jumelles…

LES VERNISSAGES DE LA SEMAINE


RICHARD MEITNER

10 novembre 2016 - BRUXELLES - Mathilde Hatzenberger

Un artiste indépendant et plein d'humour, né aux Etats-Unis en 1949 mais installé à Amsterdam

Tous les vernissages de la semaine

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Cette semaine, ne manquez pas…

GIACOMETTI-NAUMAN

FRANCFORT - A la Schirn Kunsthalle, la première exposition d’envergure confrontant les œuvres d’Alberto Giacometti et de Bruce Nauman. Les sculptures et peintures de l'artiste suisse dialoguent avec les vidéos, dessins, photographies et installations de l'artiste multimédia américain. Jusqu'au 22 janvier 2017.

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