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N° 454 - du 15 décembre 2016 au 21 décembre 2016


© Atelier des Fac-Similés du Périgord.

L'AIR DU TEMPS

Lascaux 4, retour vers la préhistoire

MONTIGNAC - En 1940, de jeunes villageois de Montignac, dans le Périgord, emmenés par leur chien, font l’une des découvertes majeures de l’archéologie du XXe siècle : la grotte de Lascaux. En 1963, face aux dommages causés par une fréquentation excessive, la grotte est fermée au public. Depuis les années 80, les frustrés de Lascaux ont pu approcher des répliques de ces peintures vieilles de 20 000 ans : Lascaux 2, le fac-similé pionnier de 1983, puis Lascaux 3, emmené en voyage à travers le monde depuis 2012. Ce 15 décembre, est inauguré Lascaux 4, la reproduction la plus complète, au bas de la colline originelle, dans un bâtiment en lame de couteau dessiné par les architectes norvégiens Snohetta. Il abrite la quasi-totalité de la grotte, dans un « vrai » assez bluffant, réalisé avec les méthodes les plus avancées. Mais il entend être davantage qu’une simple copie, comme l’indique son nom : Centre international de l’art pariétal. On peut donc s’y initier à l’art des cavernes (dont le premier tremblement de terre fut causé en 1878 par la découverte d'Altamira), en comprendre les techniques mais aussi mesurer l’impact de ces figures (considérées jusqu’en 1900 par la plupart des spécialistes comme de grossiers canulars, l’homme préhistorique étant incapable d’expression artistique) sur l’art du XXe siècle, de Picasso à Gasiorowski.
• Lascaux 4, Centre international de l'art pariétal, ouvre au public le 15 décembre 2016

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EXPOSITIONS


Giovanni Prini, Les Amants, marbre, 1913.

Prini, sous le signe de Rodin

ROME - Il est courageux, de nos jours, de faire des expositions de sculpture si l’artiste ne s’appelle pas Rodin, voire Maillol ou Bourdelle. Giovanni Prini (1877-1958), qui est mis en avant à la Galleria d’arte moderna, est mal connu chez lui, et carrément inconnu à l’étranger. Il fait pourtant partie d’une génération dorée de l’art italien, en tant que contemporain et ami de Sironi, Cambellotti, Boccioni, Severini, tous habitués de sa maison de Via Nomentana, et qui jouèrent un rôle dans les mouvements à cheval entre le symbolisme, l’Art nouveau et le futurisme. Abordant aussi bien des thèmes bibliques et patriotiques (statue de la Victoire, bustes mortuaires), que les portraits de ses proches (comme Lilli, la fille de Giacomo Balla), il a laissé avec ses Amants de 1913 une œuvre souvent reproduite, où l’influence du Baiser de Rodin semble claire. Cette personnalité étonnante, à laquelle on peut reprocher certaines collusion avec le pouvoir (il est l’auteur d’une statuaire à la gloire du fascisme et a donné des cours à la reine Elena) a aussi dirigé la fabrique de jouets S.F.A.G.I. dans l’entre-deux-guerres. Ses curieux birilli (pions pour le billard italien) ont été montrés dans l’exposition « The Child of the Century » au MoMA en 2013.
Giovanni Prini, il potere del sentimento à la Galleria d’arte moderna, du 21 décembre 2016 au 26 mars 2017.

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Affiche russe, 1917-1921 Bibliothèque nationale de France, Paris © BnF.

Qui aime bien traduit bien…

MARSEILLE - Où en est le polyglottisme ? Après avoir vu sur Arte le récent documentaire de Kapnist et Dumais-Lvowski sur Visconti, où tous les intervenants - Visconti lui-même, Rosi, Mastroianni, la scénariste Suso Cecchi d’Amico ou la Callas - s’exprimaient impeccablement dans deux ou trois langues, on a bien le sentiment qu’il est en recul au profit d’une langue globalisée, l’anglais, dans sa version la plus sommaire. Rassemblant des objets couvrant plusieurs siècles, d’une lettre diplomatique en écriture cunéiforme jusqu’au Film Socialisme, de Jean-Luc Godard, sous-titré en « anglais navajo », l’exposition montre les enjeux de la traduction pour partager les richesses propres à chaque langue… mais aussi le statut de l’intraduisible. Une société qui traduit moins est, inévitablement, une société qui s’appauvrit. A l’heure où, sur les 6000 recensées, tant de langues sont menacées de mort (Claude Hagège estime qu’il en disparaît une tous les quinze jours), la traduction peut bien être considérée une mission d’intérêt public !
Après Babel, traduire au Mucem, du 14 décembre 2016 au 20 mars 2017.

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CES EXPOSITIONS OUVRENT AUSSI

Paysages industriels de Renger-Patzsch

MUNICH - Grand photographe du courant de la Nouvelle Objectivité, Albert Renger-Patzsch (1897-1966) a consacré à la fin des années vingt une importante série documentaire à la région de la Ruhr. A la Pinakothek der Moderne, du 16 décembre 2016 au 23 avril 2017.

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Sites éternels

PARIS - Cette exposition fait plonger le visiteur dans les monuments de quatre grandes cités antiques - au moment où l’on apprend que Palmyre est de nouveau sous le feu des djihadistes… Au Grand Palais, du 14 décembre 2016 au 9 janvier 2017.

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Des bombes au musée

TURIN - Pendant la Seconde Guerre mondiale, la capitale piémontaise fut plusieurs fois bombardée par l’aviation alliée. Touchée le 20 novembre 1942, la Galleria d’Arte moderna ne rouvrira qu’en 1959. C’est cette période de souffrance et de renaissance qu’étudie cette rétrospective de 60 œuvres et d’une centaine de photos d’époque, dans le musée même. Du 14 décembre 2016 au 14 mai 2017.

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Paysages de Tina Blau

VIENNE - Grande paysagiste du XIXe siècle, Tina Blau (1845-1916) est évoquée avec une série d’œuvres majeures dans sa ville natale. Au Belvedere, du 16 décembre 2016 au 9 avril 2017.

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L'ARTISTE DE LA SEMAINE


Guillaume Pinard, Ascension, 2016. Courtesy Fondation Colas.

Guillaume Pinard : le dessin, vite

Dans un entretien en 2009 avec Thimotée Chaillou, il affirmait son refus « des productions coûteuses, du monumental, de l’ostentation ». Son idéal était d’aller préparer une exposition avec un simple sac à main. D’où son souhait d’être considéré comme dessinateur plutôt que comme artiste et cette revendication d’une pratique artisanale, physique, souvent rapide. Virtuose du fusain, souvent de grandes dimensions, pour des scènes contemporaines ou inspirées de l’Antiquité, des paysages, des intérieurs - mais aussi capable de tout petits formats -, Guillaume Pinard aime que ses œuvres forment des installations. D’où des accrochages souvent réfléchis avec leurs rapports d’échelle, des trouées, des perspectives et des alignements. Dans ses dernières productions, Pinard s’est aussi intéressé à l’acrylique, produisant une tout autre matière, sorte d’hybride entre Garouste, les visions surréalistes de Brauner et le Magritte « peau de vache ». Guillaume Pinard, exposé par la galerie Anne Barrault, est l’un des lauréats 2016 de la Fondation Colas sur le thème de la route.

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LES VERNISSAGES DE LA SEMAINE


ERIC PILLOT - IN SITU 2010-2016

17 décembre 2016 - SENS - Orangerie des musées

Une analyse poétique des rapports homme-animal puisée dans les zoos

Tous les vernissages de la semaine

LIVRES

Lascaux, un mystère persistant

La sempiternelle question aura-t-elle jamais une réponse décisive : pourquoi les hommes préhistoriques ont-ils, pendant plus de 20 000 ans, couvert de peintures les parois des cavernes ? Simple goût artistique, rites magiques de chasse, intercession chamanique avec un au-delà ? De Chauvet (environ -37 000) à Lascaux (environ -18 000), plusieurs centaines de grottes ont ainsi été ornées - de peintures mais aussi de gravures. L’anthropologue Alain Testart, dans un ouvrage posthume (il est décédé en 2013), décrypte de façon systématique les signes laissés par nos ancêtres : espèces animales, symboles sexuels, motifs géométriques. Il propose de voir dans ces grottes des espaces clairement définis comme féminins, des sortes de grands utérus, qui seraient la preuve d’une pensée de type totémique et d’une cosmogonie élaborée. La complexité du propos (par exemple sur les questions de symétrie, qui visent à démontrer que les grottes comme Lascaux étaient des lieux conçus dans leur globalité) est tempérée par le découpage en chapitres cadencés et les nombreuses illustrations.
Art et religion - de Chauvet à Lascaux, par Alain Testart, Gallimard, 376 p., 26€.

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