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N° 463 - du 2 mars 2017 au 8 mars 2017


Boni de Castellane. Courtesy Christie's.

L'AIR DU TEMPS

Boni de Castellane, le dernier dandy

PARIS - « Les Américaines sont plus belles vues de dot » aimait-il à dire en une boutade semi-sérieuse. Car le grand mondain désargenté Boni de Castellane (1867-1932) avait justement choisi de s’unir à une florissante héritière, Anna Gould, ce qui lui permit de vivre sur un très grand pied dans la décennie 1900, avant de connaître une chute aussi brutale lorsque sa femme demanda le divorce, après ses multiples infidélités. Selon le bon mot rapporté par son biographe Eric Mension Rigau, ce peu assidu député des Basses-Alpes (de 1898 à 1910) était plus souvent dans les chambres qu'à la Chambre…. Le couple occupait une demeure fastueuse avenue Foch, le Palais Rose, dont la destruction en 1969 fut un crime contre le patrimoine, contemporain de la démolition des Halles. Il existe des pièces de qualité muséale dans cette vente comme cette grande Place de Saint-Marc de Francesco Guardi (4 millions €) ou un nécessaire de bureau Cartier en jade, lapis-lazuli et pierres fines (1 million €) acquis après le divorce, quand Boni se refit une situation en tant qu'antiquaire. Mais c’est surtout l’esprit que véhicule la vente qui est séduisant : un certain goût français, brillant, léger et cosmopolite. Y voisinent pendules mystérieuses, pastels de Perronneau, potiches chinoises, bougeoirs à main Louis XV, quelques éditions de Cervantès et de Custine. Le tout arrive dans un étonnant état de fraîcheur car scrupuleusement conservé par une descendante dans un hôtel particulier de la rue d’Andigné à Paris. Le « dernier dandy » bouge encore…
Boni de Castellane & Anna Gould, la mémoire du Palais Rose, chez Christie’s le 7 mars 2017.

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EXPOSITIONS


Camille Pissarro, La Seine à Rouen, l’ile Lacroix, effet de brouillard, 1888, Philadelphie, Philadelphia Museum of Art, collection John G. Johnson, 1917.

Pissarro, le boss

PARIS - On le voit comme un placide grand-père à la barbe fleurie, un peu éteint, un peu fade. En réalité, Pissarro (1830-1903) est l’un des plus étonnants personnages de la galaxie impressionniste et cette exposition lui rend justice. De compositions où l’on sent du Courbet et du Corot, Pivot du groupe, il fut le seul à participer aux huit expositions. Et bien que le plus âgé, il est peut-être le plus audacieux : presque sexagénaire, plutôt que de répéter ses recettes, il est séduit par les recherches de Seurat sur le mélange optique et décide de suivre les plus jeunes dans leur recherche pointilliste« scientifique ». Et, on ne le sait pas forcément - si Cézanne et Gauguin sont devenus ce que l’on sait, c’est en partie grâce à lui, qui les orienta et les forma (pour saisir son sens de la lumière, Cézanne copia même un de ses tableaux, (Louveciennes, de 1871, qui est présenté à l’exposition). On voit l’un de ses rares autoportraits, venu de Dallas, des gouaches sur soie venues de Mexico, des prêts de Cardiff, du Japon, de Kansas City, une gouache du Marché de Gisors, conservée à Philadelphie et pas vue en France depuis qu’elle a été peinte…
Pissarro, le premier des impressionnistes au musée Marmottan Monet, du 23 février au 2 juillet 2017.

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La jet set de Boldini

ROME - C’est le prince des portraitistes, un convive immanquable dans le Paris de la Belle Epoque (et évidemment ami de Boni de Castellane, traité plus haut, dont il dépeindra certaines des amantes comme Antoinette de Rafélis de Saint-Sauveur). Giovanni Boldini (1842-1931), originaire de Ferrare, occupe le Vittoriano avec plus de cent œuvres, dont les portraits de Franca Florio ou de la danseuse espagnole Anita de La Feria.
Boldini au Vittoriano, du 4 mars au 23 juillet 2017.

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Paul Rosenberg, galeriste d’exception

PARIS - L’exposition tire son nom de l’adresse d’une galerie à Paris, celle du marchand Paul Rosenberg (1881-1959), connu pour être le marchand de Picasso et d’autres artistes majeurs des avant-gardes comme Braque ou Maillol. Juif, il fut spolié par les nazis et sa collection fut dispersée. A l’initiative de sa petite-fille Anne Sinclair, qui a synthétisé ce destin dans un livre, certaines des plus belles pièces sont temporairement réunies, dont des Léger, Matisse ou un portrait d’Anne Sinclair à l’âge de 4 ans par Marie Laurencin.
21, rue La Boétie au musée Maillol, du 2 mars au 23 juillet 2017.

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Anatomie du vulgaire

VIENNE - Il y a le kitsch, il y a le mauvais goût, et il y a le vulgaire. Comment distingue-t-on, dans la mode vestimentaire, ces différentes catégories, comment évolue leur perception au cours du temps ? C’est l’enquête menée depuis le XVIIIe siècle jusqu’à nos jours., des robes à baleines jusqu’à Vivienne Westwood.
The Vulgar au Belvedere, du 3 mars au 25 juin 2017.

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LIVRES

Vermeer and Co

L’exposition du Louvre sur Vermeer et les maîtres de la peinture de genre donne lieu à un catalogue volumineux : près de 3 kg. Il suit étroitement le parcours thématique de l’exposition et ses rapprochements sous des titres tantôt émoustillants tantôt obscurs (« Aphrodisiaques », « Les perroquets », « Sublimation »). Si Vermeer donne le la, il n’y occupe somme toute qu’une place mineure. Ter Borch, Metsu ou Van Mieris y sont ses égaux. Si les œuvres sont commentées (l’interprétation érotique de la Laitière fait du sage Vermeer un peintre scabreux !), on regrette l’absence de fiches individuelles par tableau. La provenance et les expositions passées sont de précieux indicateurs de la naissance et de l’affirmation d’une école. Les essais introductifs entrent dans des détails passionnants : ainsi Marjorie Wiseman, dans la lignée du fameux Embarras de richesses de Simon Schama, décrypte l’univers matériel. Les carrelages en marbre d’Italie et pierre de Suède, les perroquets du Gabon, les murs couverts de cuir doré, les lustres en laiton : que nous disent-ils ? Où les peintres, généralement modestes, ont-ils pu les voir ?
Vermeer et les peintres de genre, sous la direction d’Adriaan E. Waiboer, Blaise Ducos, Arthur K. Wheelock, musée du Louvre éditions/Somogy, 448 p., 39 €.

Le site Somogy

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Vermeer en gros plan

A la différence du précédent, cet ouvrage se focalise entièrement sur le « sphinx de Delft ». Réédition en plus petit format d’un ouvrage de taille monumentale, il permet tout de même d’apprécier des détails de près : les reflets sur les perles, les motifs des tapis de table, le miroitement des étoffes de satin, et cette étonnante lumière blanche qui tombe des gros carreaux de verre. Les fiches permettent d’apprendre le parcours de la Laitière et sa sortie mouvementée de l’incroyable collection Six (laquelle est toujours au cœur de l’actualité aux Pays-Bas) vers le Rijksmuseum, ou d’autres étonnantes provenances. Si la réputation de « redécouvreur » attribuée à Thoré-Burger est exagérée (la fameuse Vue de Delft avait été achetée dès 1822 par le roi Guillaume Ier pour le prix extraordinaire de 2900 florins), on mesure l’acuité du critique français qui réordonna le corpus de Vermeer à partir de 1859. Il en posséda plusieurs dans sa collection (dont Le Concert, volé en 1990 au musée Isabella Stewart Gardner de Boston) et aida le banquier Isaac Péreire à acheter le fameux Géographe. Alors, 35, 36, ou 37 ? Le décompte s’arrête ici à 35, la Jeune Fille au virginal de la Collection Leiden et la Sainte Praxède disparue des radars en 2004 étant considérées comme contestées.
Vermeer, par Karl Schütz, Taschen, 2017, 258 p., 29,99 €.

Le site Taschen

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EN BREF

NEW YORK - Thomas Campbell a démissionné le 28 février 2018 de son poste de directeur du Metropolitan Museum.

L'article sur le New York Times

NEW YORK - L’Armory Show, salon d’art moderne et contemporain, a lieu du 2 au 5 mars 2017.

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PARIS - Laurence des Cars a été nommée le 28 février 2017 présidente du Musée d'Orsay. Elle succède à Guy Cogeval dont le mandat arrive à expiration.

L'article du Monde

PARIS - La bibliothèque Forney a rouvert ses portes au public le 28 février 2017 après un an de travaux.

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LES VERNISSAGES DE LA SEMAINE


CARL DE KEYZER, HIGHER GROUND

2 mars 2017 - BRUXELLES - Le Botanique

Le photographe belge montre à sa manière les effets du réchauffement climatique

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