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N° 471 - du 27 avril 2017 au 3 mai 2017


Walker Evans, Truck and Sign, 1928-1930, épreuve gélatino-argentique 16,5 x 22,2 cm. Collection particulière, San Francisco © Walker Evans Archive, The Metropolitan Museum of Art. Photo: © Fernando Maquieira, Cromotex.

L'AIR DU TEMPS

Walker Evans, toute une Amérique

PARIS - Dans nos souvenirs, il est automatiquement classé à côté de Dorothea Lange parmi les photographes qui ont témoigné de la crise économique aux Etats-Unis et des efforts du New Deal pour la combattre. Dans l’exposition, les fameux clichés commandés entre 1935 et 1937 par la Farm Security Administration - ces fermiers du coton en Alabama, lèvres serrées, pieds nus, habits rapiécés - sont en bonne position. Mais la surprise est de voir l’étendue de la matière traitée pendant un demi-siècle par le photographe Walker Evans (1903-1975), ici chanté comme le champion du vernaculaire (les architectures locales, les devantures de boutiques). Ce ne sont pas tant ses derniers portraits en polaroïd, produits à la chaîne, que ses débuts qui sont étonnants. En 1927, le jeune intellectuel de Saint Louis se voit plutôt en écrivain. Il étudie la civilisation française à la Sorbonne, lit Huysmans, traduit Baudelaire et Cendrars, joue au dandy surréaliste en se tirant le portrait dans des photomatons. Il faudra la rencontre de Berenice Abbott pour qu’il se découvre une empathie pour les classes populaires et les icônes de la civilisation matérielle. Il usera alors d’un même style documentaire, dépouillé et frontal, pour immortaliser l’Amérique des granges et des quincailleries, des ouvriers et des cimetières de voitures, mais aussi l’abstraction graphique d’outils en acier poli ou des masques africains (pour la grande expo du MoMA en 1935). Sociologue autant que photographe, passionné par l’objet de son étude, Walker Evans avait aussi accumulé chez lui une quantité d’objets du quotidien, des enseignes de publicités aux anneaux de canettes de bière. Une petite partie de cette Amérique personnelle a fait le voyage, à côté des photographies…
Walker Evans au Centre Pompidou, du 26 avril au 14 août 2017. Catalogue 320 p., 49,90 €.

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EXPOSITIONS

A l’école des Becher

FRANCFORT - Le couple de photographes allemands Bernd (1931-2007) et Hilla Becher (1934-2015) a élaboré une pratique qui a des analogies avec celle de Walker Evans : images frontales d’objets a priori non esthétiques (châteaux d’eau, cheminées d’usine par exemple) dans une lumière neutre, sans ombres ni distorsions. Un véritable courant est né de leurs cours à l’école d’art de Düsseldorf, dont sont issus certains des photographes les plus réputés (et les mieux cotés aux enchères) aujourd’hui. Quelque 200 images de Thomas Ruff, Andreas Gursky ou Candida Höfer témoignent de la puissance de leur influence.
The Becher Class au Staedel Museum, du 27 avril au 13 août 2017

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David Bomberg (1890-1957), La femme et l'enfant de l'artiste, 1937, huile sur toile, 76,6 x 56,2 cm © Tate, London 2017.

Hommes de Londres

MALAGA - On a regroupé sous le titre générique et assez lâche d’Ecole de Paris des peintres figuratifs de l’après-guerre. La capitale anglaise a eu son équivalent autour des figures tutélaires de Bacon et Freud. Cette Ecole de Londres est ici présentée en dix personnages, réunis par une interrogation commune sur le sens de la peinture et de forts liens d’amitié, nouée notamment au sein de la galerie Marlborough. Certains sont très peu connus du grand public comme David Bomberg et William Coldstream. Trois survivants continuent de produire : Leon Kossoff (né en 1926), Frank Auerbach (1931) et Paula Rego (1936), l’unique femme de cet ensemble.
Bacon, Freud y la Escuela de Londres au Museo Picasso, du 26 avril au 17 septembre 2017.

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Zorn, lumière du Nord

STOCKHOLM - Anders Zorn (1860-1920) est l’un des grandes figures de l’art scandinave, impressionniste nordique mais aussi portraitiste émérite, demandé à travers le monde, notamment en Espagne et aux Etats-Unis. Il est avec l’écrivain Axel Münthe (l’auteur du Livre de San Michele) le parfait représentant d’une Suède cosmopolite mais toujours émue par ses racines rurales, dont il a su rendre la luminosité et les couleurs (autant vertes et bleues que blanches !) avec un pinceau vibrant. Derrière son étonnante façade dorée, le musée réunit un ensemble provenant en partie de collections privées.
Anders Zorn au Sven-Harrys Konstmuseum, du 30 avril au 13 août 2017.

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ARCHITECTURE


Seine Musicale © Laurent Blossier.

Un auditorium sur la Seine

BOULOGNE-BILLANCOURT - Un symbole fort de l’automobile pendant des décennies vient de trouver une nouvelle affectation. L’île Seguin, qui a accueilli les usines Renault de 1919 à 1992, est désormais le siège de la « Seine musicale ». Cet immense centre de concert pour les musiques actuelles (avec une « Grande Seine » de 4000 à 6000 places et un auditorium de 1150 places), dessiné par Shigeru Ban et Jean de Gastines, a été inauguré le 21 avril 2017 par un concert de Bob Dylan. Surplombant les eaux de la Seine, l’œuf métallique, entouré de panneaux solaires coulissants, est appelé à devenir le signe distinctif de ce nouvel équipement de périphérie après la Philharmonie de Jean Nouvel, ouverte en 2015 à la Villette.

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LIVRES

Qu’est-ce que l’art ?

D’une fresque de Michel-Ange à un urinoir de Duchamp, d’une statue grecque en marbre à un graffiti urbain à la bombe spray, l’art englobe de nos jours un vaste domaine. Il n’en a pas toujours été ainsi et on en oublierait volontiers que l’œuvre d’art n’est pas une évidence abstraite, absolue qui s’impose à nous. Elle est le produit des normes sociales, des constructions mentales de chaque époque. L’impressionnisme, aujourd’hui star mondiale indéboulonnable, ne s’est pas imposé sans mal… L’art naïf, l’art « pompier », la statuaire africaine ont eu des statuts changeants. Cet ouvrage aux pages fines est un travail d’équipe qui résume l’apport sur ce sujet de plus de deux cents théoriciens à travers les âges (avec une bibliographie pour chacun). Beaucoup sont incontournables comme Vasari, Winckelmann, Burckhardt, Goethe, Elie Faure ou Ernst Gombrich. Quelques-uns sont plus inattendus (Sénèque ou Gramsci). D’autres, bien oubliés, sont remis sur la sellette comme cet évêque d’Orléans de la fin du VIIIe siècle, Théodulfe, à qui l’on attribue les Libri Carolini. En pleine querelle de l’iconoclasme, ils confirment la validité de l’image religieuse mais lui dénient tout caractère sacré, apportant par cette forme de « laïcisation » une liberté féconde.
Les théoriciens de l’art, sous la direction de Carole Talon-Hugon, PUF, 2017, 776 p., 35 €.

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LES VERNISSAGES DE LA SEMAINE


TU SAIS CE QU'ELLE TE DIT... MA CONCIERGE ?!

27 avril 2017 - TOURCOING - MUBA

Variations contemporaines autour d'un tableau de Fautrier

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