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N° 472 - du 4 mai 2017 au 10 mai 2017


Unité photographique de l’armée royale prussienne. Salle de réception avec la statue La Mort, Château de Saint-Cloud. (Images de la vie militaire à Paris et Strasbourg pendant la campagne de 1870-71. Cahier V, Planche 4), J.B Obernetter (éditeur), 1870. Berlin, Stiftung Deutsches Historisches Museum © Deutsches Historisches Museum, Berlin.

L'AIR DU TEMPS

L’histoire au secours du présent

Les récents débats politiques en France (et ailleurs : Grande-Bretagne, Italie) minorent systématiquement le rôle qu’une Europe unie a pu avoir sur le climat de paix et la prospérité économique du continent. La vogue des idées simples (les élites corrompues, l’étranger profiteur, etc.) et des solutions rapides prospère sur l’amnésie. A force de vivre dans le présent, on ne retient pas les bonnes leçons. Il ne fait pas de mal que quelques expositions d’histoire soient mises à la une en des dates aussi symboliques que le 1er ou le 8 mai. Celle que le musée de l’Armée consacre à la guerre franco-prussienne de 1870 et à la Commune de 1871 est passionnante par la qualité de ses infographies (par exemple sur l’avancée de Mac-Mahon dans un Paris en feu lors de la Semaine sanglante) et par la variété des objets rassemblés. Voici la nacelle du ballon Le Volta utilisé pendant le siège, une luisante mitrailleuse Bollée, de petites boules de Moulins (pour envoyer le courrier par voie d’eau), un fragment du panorama de la bataille de Champigny par Detaille (autrefois installé, sur 2025 m2, en haut des Champs-Elysées), les cornes du dernier bœuf mangé à Paris avant la famine. Mais elle est tout aussi passionnante par les questions qu’elle suscite, en rappelant le mécanisme malheureux du désastre : les proclamations enflammées d’un souverain (Napoléon III) invoquant la grandeur nationale ; le mépris ou l’indifférence pour une issue diplomatique ; la caisse de résonance d’une opinion publique chauffée à blanc par des slogans simples. Autant de leviers utilisés avec jubilation par populistes et nationalistes, et qui donnent rarement des résultats séduisants. Les analogies historiques sont toujours contestables mais elles sont de valables signaux d’alerte…
France-Allemagne(s), 1870-1871 au musée de l’Armée, du 13 avril au 30 juillet 2017.

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Georges Lemaire. Étienne Marcel. Jaspe rouge, agate mousseuse, lapis, jaspe du Congo, croûte d’opale, argent doré. Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris, Petit Palais. © Petit Palais / Roger-Viollet.

Gouverner Paris

PARIS - Le maire de Paris (actuellement la maire) est une figure nationale. Qui se souvient, parmi les nouvelles générations, que son apparition est chose récente ? Craignant la fronde de la capitale, traumatisé par l’expérience d’Etienne Marcel qui tint tête à Charles V au XIVe siècle, le pouvoir central a tout fait pour empêcher l’expression d’un pouvoir municipal. Hormis des résurgences épisodiques pendant les révolutions (1848, 1789), il faudra attendre 1977 pour qu’un maire parisien (Jacques Chirac) soit élu au suffrage universel. Réunissant des documents d’archives (armoiries, tableaux, ordonnances de justice, plans anciens, photos, films dont l'un montre Le Corbusier, feutre en main, expliquant ses projets drastiques à Jean-Marie Drot), l’exposition montre que la ville a toujours eu une étonnante capacité à s'organiser (confréries, fabriques paroissiales, bourses du travail) et à se soulever spontanément : la barricade est une spécialité parisienne !
Le gouvernement des Parisiens à l’Hôtel de Ville, du 22 avril au 22 juillet 2017.

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Pierre Verrier, affiche. © CHRD Lyon

Menus de guerre

LYON - Poursuivant son analyse de la vie quotidienne sous la Seconde Guerre mondiale, le CHRD s’attaque à l’alimentation. Notre société d’abondance nous semble aller de soi. Comment imaginer que l’on a pu, il y a quelques décennies, boire du café de glands, renforcer les enfants anémiques par des ampoules de sang de bœuf, ne manger que du pain sec (la vente du pain frais était interdite), et élever des lapins dans le buffet du salon pour s’assurer les protéines indispensables ? C’était la situation dans la plupart des villes françaises sous l’Occupation lorsque, pour se procurer un peu de rutabagas, il fallait que la ménagère s’astreigne à des queues interminables et excipe de son ticket de rationnement. Cette pénurie a alimenté un humour noir (pâté sans viande et soupe de légumes sans légumes), qui a marqué la musique du temps (Les Jours Sans chanté par Fernandel), mais le souvenir des 1000 calories disponibles dans certaines villes (contre un minimum nécessaire de 2500) a bien disparu…
Les jours sans. Alimentation et pénurie en temps de guerre au Centre d’histoire de la Résistance et la Déportation, du 13 avril 2017 au 28 janvier 2018.

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Il y a 500 ans, Luther

BERLIN - En octobre 1517, Luther placardait ses 95 thèses sur la porte de son église de Wittemberg, ouvrant la porte à la Réforme protestante. Elle a changé la face de l’Europe mais sa confrontation avec le catholicisme a causé guerres et massacres (dont la Saint-Barthélemy en France). Quels enseignements en tirer à l’heure où d’autres latitudes connaissent de violents conflits religieux ?
The Luther Effect au Martin-Gropius-Bau, du 12 avril au 5 novembre 2017.

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Grecs en Italie

POMPEI - La peur du colon étranger est universelle. Comment se posait le problème, il y a plus de vingt-cinq siècles, lorsque les migrants grecs vinrent commercer et s’établir sur le rivage de Campanie, fondant Parthenope et Neapolis, qui allait devenir Naples ?
Pompei e i Greci, aux Scavi di Pompei, du 12 avril au 27 novembre 2017.

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Roger Fenton, Le véhicule photographique avec Sparling sur le banc, 1855 © Library of Congress, Prints & Photographs Division.

La guerre en photo

VERDUN - Depuis 160 ans, que cherchent-ils ? demande l’affiche. Métier effectivement né avec un nouveau moyen de témoigner, le photographe de guerre a encore du pain sur la planche ! La profession a beaucoup évolué mais le danger est resté - même si le boulet de canon a été remplacé par les décharges de kalachnikov. De Roger Fenton, pionnier pendant la guerre de Crimée, à Véronique de Viguerie, rare femme dans un monde masculin, l’exposition entre dans le quotidien de grandes interprètes de ce genre très particulier.
Photographes de guerre au Mémorial de Verdun, du 28 avril au 1er octobre 2017.

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LIVRES

Paris, mémoire Art déco

Au lendemain de la Première Guerre mondiale, l’Europe tente de conjurer dans les Années folles le nouveau désastre qui s’annonce. Cette saison, incarnée par Joséphine Baker, le Bœuf sur le toit, le jazz et les toiles de Tamara de Lempicka, a également donné une magnifique floraison architecturale. Si l’on date commodément l’Art déco de l’Exposition internationale de 1925, il déborde bien sûr ces limites. On remonte ici aux premières réalisations d’Auguste Perret (dont le théâtre des Champs-Elysées, 1911) et l’on pousse jusqu’en 1938 avec le collège hollandais à la Cité universitaire. L’ancien musée des arts d’Afrique et d’Océanie, la Coupole, le cinéma Rex sont des témoignages emblématiques mais l’intérêt de l’ouvrage est de rappeler que l’esthétique Art déco a touché tous les registres : les postes, les lycées (celui de la rue des Morillons, par Pierre Sardou), les théâtres (les Folies-Bergère), les immeubles d’habitation, jusqu’aux piscines (Molitor). La Banque Transatlantique, qui est à louer pour avoir contribué au financement de cet ouvrage, possède effectivement un décor admirable (celui de l’ancienne banque Scalbert-Dupont) mais l’on regrette que les notices ne soient pas aussi détaillées sur d’autres fleurons méconnus comme l’immeuble de l’avenue Stéphane-Mallarmé, dont le vertigineux escalier est habilement rendu en photo.
Paris Art déco, par Emmanuel Bréon et Hubert Cavaniol, photos de Laurent Thion, Somogy, 2017, 240 p., 39 €.

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LES VERNISSAGES DE LA SEMAINE


DENIS DARZACQ - CONTREFORMES

6 mai 2017 - PARIS - Galerie RX

Une incursion dans l'abstraction par un photographe connu pour ses thématiques sociales

Notre sélection de nouvelles expositions