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N° 476 - du 1 juin 2017 au 7 juin 2017


Balthus (1908-2001), La Rue, 1933, huile sur toile, 195 x 240 cm, New York, Museum of Modern Art (MoMA) © Balthus © 2017. Digital image, The Museum of Modern Art, New York/Scala, Florence

L'AIR DU TEMPS

Balthus, Derain, Giacometti : le club des trois

PARIS - Trois géants du XXe siècle. L’un, le plus âgé, n’a jamais réussi à vraiment effacer l’opprobre de son voyage en Allemagne en 1941 ni la conviction de ses critiques qu’il avait épuisé son parcours créatif dès 1914. Le deuxième, monstre sacré de la sculpture, a vécu quarante ans dans un modeste atelier parisien. Le dernier, le cadet, baignant dans un milieu désargenté mais cultivé et cosmopolite (sa mère fut l’amante de Rilke), a choqué par ses tableaux à l’érotisme glacé avant de devenir le directeur de la Villa Médicis. Derain (1880-1954), Giacometti (1901-1966), Balthus (1908-2001). Pour le néophyte, rien ne semble rapprocher l’ancien fauve retranché à Chambourcy, le sédentaire torturé de Montparnasse et le grand mondain de Rome. Ils furent pourtant amis pendant deux décennies et se nourrirent de leur œuvre réciproque. Un lien qui dura post mortem : vingt ans après la mort de ses amis, Balthus leur consacra à chacun une rétrospective à la Villa Médicis. Les portraits croisés ne sont pas un exercice facile tant ils supposent de maîtriser un bagage culturel et biographique. Heureusement, les jeux d’écho sont ici décelables dans les formes et les thèmes (le nu, la nature morte). Et les réseaux communs (Pierre Matisse, Antonin Artaud, la muse et amante Isabel Rawsthorne) donnent une dimension humaine, parfois romanesque, à leur amitié.
Derain, Balthus, Giacometti. Une amitié artistique au musée d’Art moderne de la Ville de Paris, du 2 juin au 29 octobre 2017. Catalogue Paris Musées, 300 p., 49,90 €.

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EXPOSITIONS


Raphaêl, Têtes et mains de deux apôtres, c. 1519–20. Craie noire, dessin sous-jacent relevé au blanc, 49,9 x 36,4 cm © Ashmolean Museum, University of Oxford.

Raphaël, une vie en dessin

OXFORD - Pour le musée, il n’y a pas de doute : c’est une « once-in-a-lifetime exhibition ». Autant dire que l’occasion de voir ensemble une telle quantité de dessins de Raphaël (1483-1520) ne se représentera pas de sitôt. Il faut dire que l’Ashmolean ne partait pas de zéro : il possède la plus importante collection au monde, qui fut autrefois la propriété du peintre Thomas Lawrence. Mais pour multiplier par deux et demi ce corpus de 50 pièces, il a fallu s’adjoindre les services de l’Albertina de Vienne (qui en possède 25) et de nombreuses collections publiques et privées. L’ensemble permet de vérifier la versatilité de Raphaël dans l’usage des différentes techniques et le rôle du dessin comme outil d’étude et d’expérimentation, de sa sortie de l’adolescence (un autoportrait présumé de 1500) jusqu’à ses derniers instants (têtes et mains d’apôtres de 1520).
Raphael. The Drawings à l’Ashmolean Museum, du 1er juin au 3 septembre 2017.

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Dan-Graham, Project for Slide Projector, 1966-2005, © Dan Graham. Courtesy Marian Goodman Gallery, Collection Astrid Ullens de Schooten, Fondation A. Stichting, Bruxelles

Requiem pour la diapositive

LAUSANNE - Les soirées diapositives avec le carrousel à mettre péniblement en place, le bruit du ventilateur, le cliquetis du magasin qui avance, et le mur du salon qui sert d’écran pour afficher les photos de vacances ? Cela a désormais un goût amer de révolu. On va plus vite en partageant sur smartphone ou sur les réseaux sociaux des images dont le nombre a connu une inflation exponentielle. La diapositive, dans son petit cache de carton blanc, existe depuis la fin du XIXe siècle mais elle a surtout rythmé les décennies d’après-guerre. Elle a aujourd’hui quasiment disparu et peut donc être prise comme objet d’étude. C’est le sens de cette exposition qui montre l’usage qu’en ont fait les photographes, designers et architectes, de Lewis Hine à Fischli et Weiss, en passant par Le Corbusier et les artistes conceptuels des années 1970.
Diapositive. Histoire de la photo projetée au musée de l’Elysée, du 1er juin au 24 septembre 2017.

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Peter Saul, Ronald Reagan à la Grenade, 1984, 210 x 180 cm, acrylique sur toile, Hall Collection, © Peter Saul, Courtesy Hall Art Foundation, Photo: Jeffrey Nintzel

Peter Saul : le laid, arme de destruction massive

FRANCFORT - Il y a en lui du Pop Art, du Bad Painting, de la contre-culture californienne - il participa à la légendaire exposition Funk en 1967 au musée de l’Université de Berkeley. Mais Peter Saul (né en 1934) n’a jamais obtenu la reconnaissance déversée sur Warhol et consorts - l’underground fait clairement partie de sa nature. Ses toiles aux couleurs criardes, au dessin trash, portent un regard caustique sur la société de consommation et ses valeurs, sur les idoles planétaires (Superman), sur l’impérialisme américain (la guerre du Vietnam, la geôle d’Abu Ghraib), les inégalités sociales et la violence urbaine. Première rétrospective de cette ampleur en Europe, elle montre une drôle de version de l’American Dream.
Peter Saul au Schirn Kubsthalle, du 2 juin au 3 septembre 2017.

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LIVRES

Un peintre russe à la guerre

On avait découvert il y a quelques mois les étonnants dessins de guerre d’Ossip Zadkine, présentés en son musée. Voici un autre regard sur ce front de Champagne pendant les années 1914-1917, par un compatriote russe. Versé dans les ambulances, vivant la vie des tranchées, connaissant les mutineries de 1917, Zinoview (son nom d’espion pour le compte de l’Okhrana, la police tsariste) laisse un véritable reportage sur le nombreux contingent russe. Dessins, photographies, gouaches sur papier, pigments et cire sur bois (les matériaux sont rares) : le peintre, qui avait connu les derniers feux du Paris de la Belle Epoque, décrit une autre réalité, poignante et meurtrière. Blessés, morts et mutilés, veilles et bombardements, cauchemars et fantasmes… Revenu à la vie civile, Zinoview fait une tournée américaine avec la Légion étrangère, puis change de registre : il fréquente Rivera et Picasso, participe aux salons, travaille pour le music-hall où il dessine les habits de Mistinguett et s’éteint, très âgé (89 ans) en 1977, après avoir survécu plus d’un demi-siècle, sans les avoir oubliées, aux horreurs de la guerre.
Alexandre Zinoview, un peintre russe sur le front français, sous la direction de Cécile Pichon-Bonin et Alexandre Sumpf, éditions Alternatives, 2017, 128 p., 24 €.

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LES VERNISSAGES DE LA SEMAINE


FESTIVAL MAP - HISTOIRES DE FAMILLES

1er juin 2017 - TOULOUSE

L'un des festivals photo les plus dynamiques explore l'intime (Photo Sylvie Meunier)

Notre sélection de nouvelles expositions

EN BREF

AMIENS - Les 22e Rendez-vous de la bande dessinée ont lieu du 2 au 4 juin 2017.

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ESSOYES (Aube) - La maison familiale des Renoir ouvre au public le 3 juin 2017.

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FONTAINEBLEAU - Le 7e festival d'histoire de l'art a lieu du 2 au 4 juin, avec la Nature et les Etats-Unis comme thèmes principaux.

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LA GACILLY (Morbihan) - Le 14e festival photo, qui a lieu du 3 juin au 30 septembre 2017, rend hommage à la photographie africaine subsaharienne.

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