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N° 479 - du 22 juin 2017 au 28 juin 2017


Pingtan Art Museum, Mad Architects, Pékin (exposition au Musée d'art et d'histoire, Genève).

L'AIR DU TEMPS

Ovni ou cathédrale : à quoi ressemble le musée du XXIe siècle?

GENÈVE - Une longue frise montre le phénomène d’accélération exponentielle. Les premiers jalons sont espacés : les Offices de Florence au XVIIe siècle, le Louvre en 1793, le nouveau bâtiment du British Museum en 1857. Le XXe siècle se densifie avec, notamment, le Guggenheim New York de Frank Lloyd Wright en 1959, le nouveau Louvre de Pei en 1986, le Guggenheim Bilbao de Gehry en 1997. Et le XXIe siècle prend des allures de feu d’artifice sur tous les continents, l’Asie et le Proche-Orient rattrapant leur retard avec des créations spectaculaires. Une sélection de ces nouveaux musées à peine terminés ou encore en gestation (parfois interrompue comme celle du Guggenheim Helsinki par Moreau Kusunoki ou du China Comic and Animation Museum par MVRDV) montre que le geste architectural est devenu le principe fondateur. Pour des raisons diverses (le cas le plus emblématique est celui du Palestinian Museum de Bir Zeit par Heneghan Peng), ces musées n’ont pas toujours une collection identifiable. Mais l’étrangeté de leurs formes, l’audace de leur conception (le Zeitz Museum installé dans d’anciens silos de Johannesburg par Heatherwick Studio, le Pingtan Museum flottant telle une île) suffisent à en faire des buts de visite. D’où un paradoxe parfois inquiétant : si les musées n’ont jamais attiré autant de monde, ils sont désormais moins vus comme des sanctuaires du savoir ou de l’art (parfois rebutants !), que comme des lieux de distraction, voire de shopping - les muses patronnesses doivent s’en émouvoir là-haut dans leur éther ! Un parc d’attraction n’est pas forcément un lieu où l’on apprend : aux nouveaux musées de savoir garder un cap culturel et formateur qui n’est pas toujours inscrit clairement dans le cahier des charges…
Musées du XXIe siècle. Visions, ambitions, défis au Musée d’art et d’histoire, du 11 mai au 20 août 2017.

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NOUVEAUX MUSÉES


Centro Botín. By courtesy: Fundación Botín ©Photo: Belén de Benito

Centro Botín, cap sur la Cantabrie

SANTANDER - Le Banco Santander est la banque la plus solide d’Espagne et la famille Botín, qui la contrôle, une incontournable dynastie financière. Il était donc naturel, trois ans après la disparition du patriarche Emilio, que le nouveau centre de la fondation Botín (active depuis 1964) ouvre à Santander même, jolie capitale de la Cantabrie que les itinéraires muséaux négligent au profit de sa puissante rivale basque Bilbao, à cent kilomètres. L’architecte en est le concepteur actuellement le plus demandé en matière de musées, Renzo Piano. L’objet lui-même, sandwich de verre et d’acier ouvert sur la fameuse baie, appuyé sur des pilotis, contribue à revitaliser l’ancien quartier des docks. Mêlant activités culturelles et projets éducatifs, il se lance avec trois expositions au contenu très varié, illustrant l’ambition de sa politique : une rétrospective complète de Carsten Höller, une sélection d’une centaine de dessins de Goya et un choix dans les acquisitions des deux dernières décennies, où l’art espagnol et latino-américain occupe une place de choix avec Lara Almarcegui, Carlos Garaicoa ou Juan Uslé.
• Le Centro Botín ouvre au public le 24 juin 2017.

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Escalier d'honneur © Musée d'arts de Nantes - C. Clos / Architecture Stanton Williams

Nantes : pas que des primitifs

NANTES - Il a bâti sa réputation sur son remarquable fonds d’art italien, provenant d’un diplomate en poste à Florence et Rome au temps de Napoléon : François Cacault. D’où une belle série de fonds d’or, de caravagesques et de quelques grands noms, comme Pérugin ou Orazio Gentileschi. Mais le musée, ouvert en 1900 dans un immense bâtiment du typique style « beaux-arts » s’est offert une cure de rajeunissement de cinq longues années (par le cabinet britannique Stanton Williams) qui culmine dans un agrandissement sous forme de cube lumineux et un nouveau nom - Musée d’arts de Nantes. L’occasion de rappeler que l’institution a aussi des intérêts plus contemporains, notamment dans l’abstraction (de belles séries de Kandinsky et Manessier), jusqu’aux vidéos de Bill Viola ou au cabinet personnel de Jean-Jacques Lebel. Un point fort sont les talents d’origine locale, pas toujours reconnus à leur juste valeur, des « académiques » Delaunay ou Picou, en passant par Tissot, virtuose des étoffes, jusqu’à un fort contingent de surréalistes, de Pierre Roy à Claude Cahun.
• Le Musée d’arts de Nantes rouvre au public le 23 juin 2017.

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Salle des Rigaud, photo Pascale Marchesan Courtesy musée d'art Hyacinthe Rigaud.

Perpignan, entre Rigaud et Picasso

PERPIGNAN - L’enfant du pays, c’est Hyacinthe Rigaud (1659-1743), né, comme Napoléon à la veille de voir sa terre rejoindre le royaume de France. Ce fils de tailleur, que rien ne prédestinait à un grand destin, brilla à la cour de Versailles, où il devint le portraitiste attitré des grands Bourbons, notamment Louis XIV et Louis XV. Il est dignement représenté dans les deux hôtels particuliers (de Mailly et de Lazerme) sobrement mais élégamment adaptés à leurs fonctions par l’agence Barbotin Larrieu. La collection, riche en œuvres du gothique roussillonnais, a une autre période fétiche au début du XXe siècle lorsque les avant-gardes (Maillol, Matisse, Picasso, mais aussi des locaux comme Terrus) se retrouvent à Céret ou Collioure. C’est d’ailleurs Picasso qui fait l’affiche de l’inauguration : une période assez peu connue de sa vie l’a vu fréquenter l’un des hôtels particuliers où est logé le musée. Entre 1953 et 1955, il a été plusieurs fois l’invité de la famille de Lazerme à un moment délicat puisqu’il se séparait de François Gilot pour se rapprocher de sa dernière compagne, Jacqueline Roque. Dans une atmosphère chaleureuse, ces semaines estivales ont donné lieu à une création débridée, et joyeuse : portraits, papiers découpés et même des porte-serviettes ! Elles furent aussi l’occasion d’un impressionnant ballet de personnalités : Kahnweiler, Leiris, Cocteau, des toreros voire le jeune Mouloudji côtoient le maître, à déjeuner ou à la corrida, avant qu’il ne décide de s’isoler progressivement dans ses demeures de la Côte d’Azur.
• Le musée d’art Hyacinthe Rigaud rouvre au public le 24 juin 2017.

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ET AUSSI

ANVERS - Le musée de Reede a ouvert ses portes le 10 juin 2017. Consacré à l'art graphique, il expose une sélection de gravures, avec trois ensembles conséquents consacrés à Goya, Félicien Rops et Edvard Munch.

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LE HAVRE - Après six mois de rénovation, menée avec le concours de la Fondation du Patrimoine et de la Fondation Total, le musée d’Histoire naturelle rouvre au public le 23 juin 2017, en pleine célébration du 500e anniversaire de la fondation de la ville par François Ier.

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OAKLAND (Californie) - Le musée du Capitalisme (Museum of Capitalism) a ouvert ses portes le 18 juin 2017. Jetant un regard critique sur la saga du capitalisme, il fait intervenir des artistes, chercheurs historiens. Son exposition inaugurale étudie les rapports entre capitalisme, classes sociales et environnement aux Etats-Unis.

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PARIS - L'Hôtel d'Heidelbach, qui accueillait le Panthéon bouddhique du musée Guimet, rouvre après restauration le 21 juin 2017 autour de collections de textile et de mobilier.

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LIVRES

Perec, commissaire d’exposition

Dans son œuvre maîtresse, La vie mode d’emploi, Perec disséminait des œuvres d’art dans les différents appartements de l’immeuble parisien qu’il disséquait. Cet intérêt pour l’art se retrouve dans Un cabinet d’amateur, qui raconte l’histoire rocambolesque d’une collection exposée à Pittsburgh en 1913. Autour de différents maîtres anciens achetés par Raffke, un Américain d’origine allemande ayant fait fortune avec ses brasseries, l’œuvre la plus importante est un tableau dû au peintre Kürz. Comme chez Panini au XVIIIe siècle, il montre le salon du collectionneur Raffke avec tous ses tableaux accrochés aux murs. Ce tableau d’ensemble est lui-même reproduit en petit dans le tableau, et ainsi de suite en un interminable jeu de rétrécissements progressifs. A sa manière, Perec juxtapose des œuvres authentiques et des œuvres fantaisistes, donnant à toutes un pedigree élaboré, pour finir par une pirouette : « la plupart des tableaux de la collection Raffke étaient faux ». Aux connaisseurs de déterminer les vrais…
Un cabinet d’amateur, par Georges Perec est inclus dans le tome II des Œuvres, sous la direction de Christelle Reggiani, dans la bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, 2017, 1266 p., 56 €.

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LES VERNISSAGES DE LA SEMAINE


DISPERSION, sculptures de Bernard Pagès

25 juin 2017 - BIGNAN - Domaine de Kerguéhennec

Un artiste qui confronte matériaux naturels et industriels

Notre sélection de nouvelles expositions