Accueil > ArtAujourd'hui Hebdo > N° 486 - du 5 octobre 2017 au 11 octobre 2017

ArtAujourdhui.Hebdo

N° 486 - du 5 octobre 2017 au 11 octobre 2017


Caravage, Garçon mordu par un lézard, 1596-1597, huile sur toile, 65,8 x 52,3 cm. © Fondazione di Studi di Storia dell'Arte Roberto Longhi di Firenze.

L'AIR DU TEMPS

Caravage, génie et mauvais garçon

MILAN - N’est-il pas étonnant que des peintres aujourd’hui universellement admirés comme Caravage, Georges de la Tour et Vermeer soient tombés dans un oubli profond avant d’être redécouverts au début du XXe siècle ? Caravage (1571-1610) est peut-être l’ambassadeur le plus éclatant de cette brigade des ressuscités. Il fut célèbre en son temps, fascinant par son art et scandalisant par sa vie (l’inverse est aussi exact). Il renouvela la peinture par l’emploi d’un clair-obscur théâtral et par le choix de modèles dans le bas-peuple : il prit des clochards et des prostituées pour recomposer des scènes saintes et se permit même de faire des pieds sales à la Vierge. Dans le même temps, il maniait habilement la dague, étendait sur le carreau quelque compagnon de taverne, abusait de quelque fille facile, et fuyait, fuyait éperdument, sans cesse, la cohorte de ses ennemis : ses créanciers, les juges, les chevaliers de Malte… Cette vie romanesque, à cent à l’heure, d’une sorte de James Dean du XVIIe siècle, misérablement achevée sur une plage de Toscane, a été véritablement exhumée dans les années 1920 par un historien de l’art toscan, tiré à quatre épingles, Roberto Longhi. Depuis, la renommée de Caravage n’a cessé de croître et chacune de ses expositions est sûre de faire carton plein. Dans le cadre magnifique du château d’Otrante à l’été 2017, il a suffi d’un seul tableau - le Garçon mordu par un lézard - pour attirer la foule… Cette fois-ci, c’est une sélection d’une vingtaine d’œuvres, venues de différents horizons (Italie, New York, Londres, Detroit, etc.) qui sont couplées avec une radiographie ; il s’agit de cerner au plus près la technique du peintre, en montrant par exemple des repentirs (un agneau disparu sur le Saint-Jean-Baptiste de Palazzo Corsini ; ou encore de démontrer que Caravage a parfois réalisé des dessins sous-jacents, ce que l’on avait toujours réfuté. Cent ans d’études caravagesques n’ont pas épuisé le sujet…
Dentro Caravaggio au Palazzo Reale, du 29 septembre 2017 au 28 janvier 2018.

En savoir plus

EXPOSITIONS


André Derain, La Danse, 1906, huile sur toile, 185 x 228 cm, collection particulière © Adagp, Paris 2017

Derain tout feu tout flamme

PARIS - Derain (1880-1953) ? Un peu fauve, un peu cubiste, mais surtout très marqué par ce fameux voyage en Allemagne à l’automne 1941, organisé par les collaborateurs, et qui jeta une ombre indélébile sur l’ensemble de sa carrière. Ce qui est malheureux car, lui qui avait été un courageux soldat lors de la Première Guerre mondiale, le fit visiblement contraint et forcé, sans imaginer les répercussions qu’il aurait. Stigmatisé à la Libération, Derain fut plus ou moins évacué de l’histoire officielle des avant-gardes. L’exposition du Centre Pompidou l’y resitue en montrant qu’il fut, à l’égal de Matisse, l’âme du fauvisme de 1905 et qu’il fut, juste après, tout aussi déterminant dans le développement du cubisme. Dans deux domaines, il fut même en avance sur Picasso et Braque : l’utilisation de la photographie (une salle lui est consacrée) et la sensibilité aux arts lointains, d’Afrique et d’Océanie. Les toiles, qui se concentrent sur une seule décennie fondatrice (1904-1914) sont une véritable explosion de couleur, surtout la série faite sur les ponts de Londres en 1906, et présentent quelques raretés comme l’immense Danse, provenant d’une collection particulière. Coureur de femmes et amateur de bolides, Derain fut aussi un lecteur boulimique, écrivain, bricoleur de génie (il mit au point de petits objets volants), passionné de philosophie japonaise ou d’ésotérisme chrétien. Un personnage à multiples facettes, loin de cette apparence monolithique, académique et bourrue qu’on lui a trop souvent attribuée.
André Derain, la décennie radicale. 1904-1914 au Centre Pompidou, du 4 octobre 2017 au 29 janvier 2018.

En savoir plus

L’Amérique au temps du jazz

CLEVELAND - On date souvent la montée de l’hégémonie culturelle américaine de l’expressionnisme abstrait des années 40 et 50. N’est-elle pas antérieure avec les grands collectionneurs des l’entre-deux-guerres et le succès planétaire du jazz ? C’est ce que prouve cette exposition, qui montre le rôle majeur des émigrés européens dans cette floraison, particulièrement impressionnante dans les arts décoratifs.
The Jazz Age : American Style in the 1920s au Cleveland Museum of Art, du 30 septembre 2017 au 14 janvier 2018.

En savoir plus

Opéra, passion mondiale

LONDRES - L’opéra n’est pas qu’un spectacle, c’est une mythologie. Il a joué un rôle politique (Verdi pour l’unité italienne, Wagner pour la nation allemande), a mobilisé les plus grands compositeurs mais aussi les plus grands artistes pour les décors (par exemple Dalí pour un Salomé monté par Peter Brook en 1949). De Monteverdi (avec la partition originale du Couronnement de Poppée, le premier opéra joué en public) à Benjamin Britten et Chostakovitch, l’exposition propose un tour du monde sur 400 ans avec des espaces évidemment mis en musique (notamment une immersion dans le Va’ pensiero de Verdi, moment fort de Nabucco).
Opera, Passion, Power and Politics, au Victoria & Albert Museum, du 30 septembre 2017 au 25 février 2018.

En savoir plus


Rapha¨l, Portrait de Bindo Altoviti, vers 1514–1515, huile sur toile © National Gallery of Art, Washington

Les muscles de Raphaël

VIENNE - Raphaël est Italien mais l’Autriche lui veut du bien. 17 tableaux et 130 dessins y sont conservés, dont un certain nombre à l’Albertina. C’est le point de départ de cette exposition, qui réunit des prêts internationaux (la Sainte Famille du Prado, la Madone Esterhazy de Budapest, etc.) pour présenter les différentes facettes de son talent. Trop souvent présenté comme un peintre délicat, diaphane, presque désincarné, Raphaël fut aussi un érotomane notoire (sa liaison avec la Fornarina a fait fantasmer Picasso), un habitué du beau monde - papes, banquiers, ambassadeurs - et, pendant un temps, le patron d’un projet colossal - la construction de la basilique Saint-Pierre…
Raphaël à l’Albertina, du 29 septembre 2017 au 7 janvier 2018.

En savoir plus

ET AUSSI

BRÊME - Le Kunsthaus consacre une exposition à Max Beckmann et à son cruel «théâtre du monde». Du 30 septembre 2017 au 4 février 2018.

En savoir plus

PARIS - Peintre de cour, mais aussi confident et diplomate : Rubens fut tout cela. Ses portraits princiers sont présentés au musée du Luxembourg. Du 4 octobre 2017 au 14 janvier 2018.

En savoir plus

PARIS - Le musée Bourdelle étudie les rapports du sculpteur avec l’art antique. Du 4 octobre 2017 au 4 février 2018.

En savoir plus

TURIN - Le Palazzo Chiablese présente la dernière période créatrice de Miró en une centaine d’œuvres. Du 4 octobre 2017 au 14 janvier 2018.

En savoir plus

LIVRES

Pas si fous

Dubuffet s’est rendu célèbre avec son art brut, présenté comme la production d’artistes n’ayant jamais eu de contact avec les milieux académiques. Les hôpitaux psychiatriques ont constitué un réservoir de choix dans cette quête. Il n’était certes pas le premier à s’y intéresser - des docteurs comme le psychiatre Hans Prinzhorn furent des pionniers bien avant lui. A Paris, l’hôpital Sainte-Anne a constitué tôt une collection, à laquelle il donne un éclairage particulier pour son 150e anniversaire, célébré en cette année 2017. Assemblée de manière irrégulière dès la fin du XIXe siècle, elle connaît une accélération notable en 1950 quand le docteur Robert Volmat (1920-1998), qui avait fait sa thèse sur le sujet, organise une grande exposition d’art « psychopathologique ». Plus de 2000 œuvres, venues de 17 pays différents (dont une intéressante sélection d’un hôpital brésilien d’avant-garde, Juquéri à São Paulo), sont montrées à l’hôpital mais aussi dans la chapelle de la Sorbonne. Les œuvres sont naïves ou au contraire techniques (de beaux fusains de H.A.R., qui ressemblent à Daumier), poétiques ou ressemblant à des schémas techniques (comme l’Anonyme aux appareils locomoteurs). Leur variété montre que l’art « des fous » (le terme n’est plus usité) n’est pas réductible à une catégorie unique. Certaines œuvres correspondent à mal-être psychotique grave et permanent, d’autres expriment les goûts esthétiques d’un malade de passage. Le catalogue est accompagné d’une exposition en deux volets à Sainte-Anne, le premier jusqu’au 26 novembre, le second du 30 novembre 2017 au 28 février 2018, qui sera plus spécifiquement centré sur l’étonnante rétrospective de 1950.
Entre art des fous et art brut. La Collection Sainte-Anne, par Anne-Marie Dubois, Somogy, 2017, 160 p., 22 €.

Achetez cet ouvrage chez Amazon

EN BREF

LONDRES - La foire d'art contemporain Frieze se tient du 5 au 8 octobre 2017.

En savoir plus

MARRAKECH - Le musée Yves Saint Laurent a ouvert le 3 octobre 2017, avec une exposition consacrée à Jacques Majorelle.

En savoir plus

PARIS - Le musée Yves Saint Laurent a ouvert ses portes le 3 octobre 2017.

En savoir plus

PARIS - La Nuit blanche se tient du samedi 7 au dimanche 8 octobre 2017.

En savoir plus

PARIS - Le musée du 11 Conti, présentant les collections patrimoniales de la Monnaie de Paris, a ouvert le 30 septembre 2017.

En savoir plus

TURIN - Les OGR, anciens ateliers de réparation ferroviaire, ont rouvert le 30 septembre 2017 comme nouvel espace de création sur 9000 m2.

En savoir plus

LES VERNISSAGES DE LA SEMAINE


FLUX

10 octobre 2017 - PARIS - Galerie du Crous

Une réflexion collective sur le concept du flux

Notre sélection de nouvelles expositions en galeries