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N° 487 - du 12 octobre 2017 au 18 octobre 2017

L'AIR DU TEMPS

Pourquoi Gauguin nous parle

PARIS - 230 = 67+54+35+34+29+14. L’addition est impressionnante : 230 œuvres de Paul Gauguin (1848-1903) sont réunies pendant trois mois au Grand Palais, dont 67 gravures, 54 tableaux, 35 sculptures, 34 dessins, 29 céramiques, 14 blocs de bois. Derrière les chiffres, c’est évidemment un univers qui se dessine, déjà présenté à l’Art Institute de Chicago, un des musées les mieux fournis en œuvres de l’artiste. Un univers qui ne se limite pas « aux seins nus et aux mangues », comme l’a joliment formulé la commissaire américaine Gloria Groom (ici épaulée par des alter ego du musée d’Orsay) mais qui a puisé à d’autres sources que Tahiti. Outre les influences de ses collègues impressionnistes, on peut ajouter celles des arts péruviens, qu’il côtoya pendant son enfance à Lima, des arts des Antilles, du Japon, du Cambodge ou du Grand Nord, qui, tous, le fascinaient. D’où la présence dans l’exposition, à côté de ses chefs-d’œuvre venant d’une quinzaine de pays, de sculptures mochica ou huaxtèque, d’appeaux français en bois, de chopes norvégiennes… Sa « terrible démangeaison d’inconnu », comme il la définissait à son ami Pissarro, s’exprime aussi dans ses expérimentations sur de nombreux supports, la gravure, la céramique (notamment avec l’atelier Chaplet de la rue Blomet à Paris) ou la taille du bois (un superbe cabinet polychrome vient de Hambourg). Les tropiques restent évidemment très présents : un espace détaille son ouvrage Noa Noa, sorte de confession artistique ; un autre reconstitue en hologramme sa Maison du Jouir aux Marquises, où il vécut ses deux dernières années. Si Gauguin nous touche aujourd’hui davantage que certains de ses contemporains comme Monet ou Renoir, c’est probablement par sa dimension d’écorché vif, qui le poussa à toujours fuir ses semblables (y compris sa femme et ses enfants), jusqu’au bout du monde, et, en fin de compte, à se fuir lui-même, jusqu’à la fin de ses jours…
Gauguin l’alchimiste au Grand Palais, du 11 octobre 2017 au 22 janvier 2018.

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EXPOSITIONS


Lawrence Ferlinghetti, Contre les falaises de craie, 1957, collection de l'artiste, San Francisco © Lawrence Ferlinghetti

Ferlinghetti, le Beat qui venait d’Italie

BRESCIA - Pourquoi parler d’un des champions de la Beat Generation dans une ville lombarde cossue, surtout connue pour sa manufacture d’armes Beretta ? C’est que Lawrence Feringhetti, fondateur de la librairie City Lights à San Francisco, en est originaire par son père, émigré italien installé aux Etats-Unis. L’exposition détaille son parcours personnel (littéraire mais aussi pictural) et la réception de la littérature beat en Italie. Mais elle dit aussi un mot de sa recherche d’identité. Ferlinghetti, qui est entré dans sa 99e année, n’a découvert qu’en 2005, à 86 ans, la maison familiale d’où son père (mort avant sa naissance) était parti pour la grande aventure américaine…
A Life: Lawrence Ferlinghetti au Museo di Santa Giulia, du 7 octobre 2017 au 14 janvier 2018.

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Dali et Duchamp, deux trublions

LONDRES - Certains couples semblent évidents : Picasso/Matisse, Van Gogh/Gauguin, Monet/Renoir. D’autres le sont moins, et donc intéressants à fouiller, comme récemment Derain/Giacometti/Balthus au musée d’Art moderne à Paris. Voici deux autres géants du XXe siècle que l’on rapproche rarement : l’inventeur du ready made et de l’art conceptuel (Duchamp), l’électron libre du surréalisme et de la «méthode paranoïaque-critique» (Dali). Œuvres mais aussi échanges épistolaires et photos (souvent avec un jeu d’échecs à proximité) documentent cette amitié un peu lâche mais durable. C’est l’occasion de rappeler que l’une des versions de la scandaleuse Joconde L.H.O.O.Q. de Duchamp passe en vente le 21 octobre chez Sotheby’s à Paris…
Dalí/Duchamp à la Royal Academy of Arts, du 7 octobre 2017 au 3 janvier 2018

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• Vente surréaliste chez Sotheby’s à Paris le 21 octobre 2017.

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Ferdinand Hodler, Portrait de Gertrud Müller, 1911 © Kunstmuseum Solothurn, Dübi-Müller-Stiftung.

Hodler : le retour à Vienne

VIENNE - Il fut quasiment contemporain de Gauguin : le Suisse Ferdinand Hodler, né cinq ans après lui, lui survécut quinze ans - le temps d’être témoin du carnage de la Première Guerre mondiale. Pourtant, rien ne semble transparaître des temps troublés dans sa peinture à dominante symboliste, portraits, lacs et montagnes, où brillent des couleurs éclatantes. Souffrance il y a cependant, et elle plutôt intime : l’agonie de son amante Valentine Godé-Darel est suivie par le peintre avec une minute clinique et bouleversante. En son temps, Hodler fut déjà fêté à Vienne : il participa plusieurs fois aux expositions de la Sécession et fut en 1904 l’artiste le mieux représenté avec 31 tableaux (contre 20 à Edvard Munch).
Ferdinand Hodler au Leopold Museum, du 13 octobre 2017 au 22 janvier 2018.

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Le goût du MoMA

PARIS - En 1939, bien peu s’en souviennent, l’une des expositions qui attira le plus de monde à Paris fut celle qui présentait les collections américaines du MoMA. Le musée d’art moderne (c’est le sens de son acronyme) était tout jeune : il n’avait pas dix ans. Fondé en 1929 par la volonté de trois fortes (et riches) femmes dont une Rockefeller, piloté par un directeur à peine sorti de l’adolescence (Alfred Barr avait 27 ans), il entendait montrer que l’art moderne n’était pas l’apanage de la Vieille Europe. Dans les bruits de bottes de l’époque, on se gaussa de cet art américain balbutiant. Quatre-vingts ans plus tard, les choses ont bien changé. Avec Pollock, Rauschenberg ou Warhol, l’art US s’est installé sur le haut du podium - et le MoMA y a largement contribué. Au contraire de celle de 1938, la rétrospective qui ouvre aujourd’hui a la forme d’un bilan. Elle aborde bien sûr ce complexe jeu de balancier entre Europe et Amérique mais montre aussi que le MoMA s’est bâti sur une curiosité multiforme : c’est là que l’architecture, le design, la photographie et le cinéma, ont été adoubés pour la première fois comme disciplines nobles. D’une hélice d’avion aux dessins de Frank Lloyd Wright, de Mickey aux « film stills » de Cindy Sherman, le musée a aidé à élargir le périmètre de l’art moderne : il mérite bien son nom.
Etre moderne : le MoMA à Paris à la Fondation Louis Vuitton, du 11 octobre 2017 au 5 mars 2018.

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LIVRES

La fin d’un Orient chrétien ?

Les guerres civiles et l’expansion de Daesh ont mis en relief la situation critique des Chrétiens d’Orient, et, dans le même temps, la multiplicité de confessions dont beaucoup ignoraient jusqu’à l’existence - syriaques, assyriens, melkites ou chaldéens. Cet ouvrage, qui accompagne une exposition à l’Institut du monde arabe (jusqu’au 14 janvier 2018) puis au MuBA de Tourcoing (du 23 février au 12 juin 2018), parcourt une histoire qui remonte aux débuts du christianisme. Elle en explore les zones sombres (l’éradication des Arméniens et des Syriaques sous l’empire ottoman) ou moins (le riche héritage du monachisme égyptien). Considérés comme dhimmi ou « protégés », les chrétiens ont connu des périodes de véritable tolérance : à Bagdad en 878, le ministre des finances est chrétien. Des aspects peu connus sont abordés, comme le christianisme dans la péninsule arabique, aujourd’hui foyer du rigorisme islamique, ou la littérature médiévale chrétienne de langue arabe. Icônes, ampoules à eulogies, évangéliaires, mosaïques de pavements, manuscrits coptes montrent la diversité patrimoniale de populations confrontées à un inexorable déclin démographique.
Chrétiens d’Orient. 2000 ans d’histoire, sous la direction de Raphaëlle Ziadé, Gallimard, 2017, 208 p., 29 €.

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13 octobre 2017 - CHALON-SUR-SAONE - Musée Nicéphore Niépce

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