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N° 496 - du 14 décembre 2017 au 20 décembre 2017


Maître de Messkirch, L'Adoration des mages, détail du panneau central de l'ancien maître-autel de Saint-Martin Messkirch, vers 1535/40, bois, 165,7 x 92,8 cm, Messkirch, église paroissiale © Erzbischöfliches Ordinariat Freiburg i. Br., Bildarchiv, Aufnahme Michael Eckmann.

L'AIR DU TEMPS

Le mystère du Maître de Messkirch

STUTTGART - Son nom ? Le Maître de Messkirch ? Son legs ? Une des œuvres les plus poignantes de la Contre-Réforme allemande, qui fit de l’église Saint-Martin à Messkirch (dans le Bade-Würtemberg) une véritable place forte du catholicisme avec sa douzaine d’autels surchargés. On l’aura compris : alors que l’anonymat est aujourd’hui un statut quasi inaccessible, ce génie de la couleur et de la physionomie n’a même pas un nom propre pour être identifié. Afin de le classer dans les dictionnaires, on a dû lui accoler celui de l’église où il a œuvré. On suppose qu’il a connu l’œuvre de Dürer, sans doute par des gravures, et il aurait pu travailler dans l’atelier de Hans Baldung Grien. On a retracé sa présence autour de 1530-1540 à Sigmaringen, cité danubienne où il travaillait pour les Hohenzollern, qui atteindra, 400 ans plus tard, un autre type de célébrité en accueillant le maréchal Pétain et les derniers suppôts de la collaboration. Les montagnes bleutées dans le fond, les Rois mages richement chamarrés, des architectures fantastiques rongées par la végétation : voilà l’admirable Adoration des rois mages, qui n’a pas quitté la collégiale. En revanche, de nombreux autres éléments ont été dispersés à travers l’Allemagne, la Suisse, le reste de l’Europe (à Varsovie, Moscou, Maastricht, Londres), jusqu’en Amérique (Philadelphie, Minneapolis). Rien en France, en Italie, en Espagne : avec cette première exposition rétrospective, pour ces pays « pauvres », l’occasion est unique de découvrir ce génie sans état-civil…
Der Master von Messkirch à la Staatsgalerie, du 8 décembre 2017 au 2 avril 2018.

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EXPOSITIONS


Andy Warhol, La Cène © Coll. Gruppo Credito Valtellinese

Iolas, une maison à Athènes

ACIREALE (Sicile) - Certains galeristes de l’après-guerre ont eu des biographies pleines de rebondissements - guerre et exil obligent. On pense à Leo Castelli (1907-1999), juif de Trieste devenu empereur de l’expressionnisme abstrait à New York après une tranche de vie parisienne, ou à Daniel Cordier (né en 1920), qui fut secrétaire de Jean Moulin. Alexandre Iolas (1907-1987) en fait assurément partie. Grec d’Alexandrie, danseur dans la troupe du marquis de Cuevas, reconverti dans le commerce de l’art après une blessure, il fut un défenseur du Pop Art et des Nouveaux Réalistes. Nomade entre Paris et New York, il restait attaché à Athènes où il se fit construire une maison extraordinaire dans le faubourg d’Aghia Paraskevi. Dans les années 80, quand il proposa sa collection à l’Etat grec, une campagne de presse l’accusa d’avoir fait trafic de pièces, d’avoir fraudé le fisc, etc. Sa collection fut refusée et, à sa mort, sa villa, pillée, tomba à l’état de ruine. Peut-on encore la sauver ? Et en faire, ce qui fut autrefois envisagé, un centre d’art contemporain ? La galerie à Milan du Credito Valtellinese, où Iolas monta en 1987 sa dernière exposition avec la Cène de son ami Warhol (ils moururent à quelques mois d’intervalle), est à l’origine de cette exposition. Elle entend mobiliser les énergies pour ce projet utopique mais veut aussi évoquer un lieu hors du commun à partir d’œuvres d’art qui y étaient exposées et de reconstitutions 3D confiées à des étudiants locaux.
Call for Iola’s House au Palazzo Costa Grimaldi, du 14 décembre 2017 au 25 février 2018.

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Heaume avec masque, alliages métalliques, soie, laque, crin, Japon, période Edo (1603-1868), coll. part.

Les ninja en vrai

TURIN - On connaît le mot samouraï, un peu moins ninja, que l’on associe généralement aux tortues (il s’agit en fait des « guerriers de l’ombre »), encore moins bushido (l’éthique du guerrier) ou shaken (les lames des sabres). Toute plongée dans la civilisation japonaise suppose une terminologie spécifique, reflet d’un monde codifié. En attendant la grande exposition du musée Guimet sur les armures japonaises (le 15 février 2018), voici un avant-goût de ce monde des armes, qui donnera naissance aux premiers corps de police, les torimono.
Ninja e samurai au Museo d’arte orientale, du 8 décembre 2017 au 2 avril 2018.

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VENTES


Lot 39, Marquis de Sade, manuscrit autographe, Les 120 journées de Sodome ou l’école du libertinage. Estimation : 4-6 millions €. Courtesy Aguttes.

Aristophil, début d’un marathon

PARIS - La déconfiture d’Aristophil en 2015 a fait du bruit. Ce fonds d’investissement spécialisé dans l’achat de lettres et manuscrits, avait attiré (puis floué) quelque 18 000 épargnants (pour un montant avoisinant le milliard d’euros) et monté un luxueux musée boulevard Saint-Germain pour exposer ses plus belles pièces. Parmi celles-ci figuraient entre autres un manuscrit d’Einstein sur la relativité et le rouleau des 120 Journées de Sodome de Sade. Les dirigeants mis en examen pour escroquerie en bande organisée, la société en liquidation, il convient de réaliser autant que possible l’actif. C’est la maison Aguttes qui a remporté cette mission colossale (130 000 œuvres recensées), qui va l’occuper pendant plusieurs années. Cette vacation originale en donne un avant-goût avec, justement, le manuscrit de Sade (lot 39, plus sagement estimé à 4 millions €, soit le tiers de la somme alors déboursée par Aristophil), mais aussi des dessins de Warhol, des photos de Lartigue, des lettres de Proust. Certains lots semblent plus accessibles comme ce livre d’or de Mme Bulteau qui contient de nombreux autographes d’écrivains, dont un sonnet de José Maria de Heredia (lot 48, 800 €) mais il faudra se méfier de l’effet haussier de l’enthousiasme…
Les collections Aristophil, vente inaugurale le 20 décembre 2017 à Drouot-Richelieu (SVV Aguttes).

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LIVRES

Régnier redécouvert

Accompagnant la première rétrospective dédiée au caravagesque français Nicolas Régnier (au Musée d’arts de Nantes jusqu’au cc), ce catalogue a la vertu de proposer de véritables notices (avec les provenances), ce dont se dispensent un nombre croissant de publications. Pour ce peintre qui goûtait certaines thématiques particulières - la Madeleine pénitente mais aussi le Camouflet, farce de carnaval où l’on mettait une mèche allumée sous le nez d’un dormeur - il est toujours excitant de savoir entre quelles mains elles sont passées au cours des trois derniers siècles. Caravagesque français, disions-nous ? Pas vraiment : honoré d’une longue vie (1588-1667), Régnier en a en effet passé la plus grande partie en Italie, d’abord à Rome (de 1620 à 1626) puis à Venise (de 1631 à sa mort). Des cartes montrent ses lieux de résidence : mobile comme un jeune ambitieux à Rome (cinq domiciles différents), stable comme un peintre reconnu à Venise (il ne quitte pas la paroisse San Cassiano). Capable des plus beaux clairs obscurs comme son inspirateur Caravage (qu’il n’a pas connu), virtuose de la physionomie, des chairs et des regards, Régnier a aussi été admiré, curieusement, pour des portraits de cour (notamment des Farnèse) à l’opposé, empesés, statiques, qui évoquent des mannequins de bois…
Nicolas Régnier, l’homme libre, sous la direction d’Annick Lemoine et d’Adeline Collange-Perugi, Musée d’arts de Nantes/Liénart, 2017, 272 p., 33 €.

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EN BREF

FERRARE - Le MEIS (Museo Nazionale dell’Ebraismo Italiano e della Shoah), consacré à la communauté juive italienne, ouvre le 14 décembre 2017 dans l’ancienne prison communale de via Frangipane.

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JAEN - Le Museo Ibero, consacré à la culture ibère (premier millénaire av. J.-C.), est inauguré le 11 décembre 2017. Comme à Ferrare, il est installé dans les anciens bâtiments de la prison.

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MANNHEIM - Le nouveau bâtiment de la Kunsthalle, dessiné par gmp architects, est présenté au public le 18 décembre 2017 (inauguration avec la collection en juin 2018).

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POITIERS - Ouvert en 1986 dans d’anciens entrepôts, le Confort moderne, espace culturel qui accueille concerts et expositions, rouvre le 16 décembre 2017 après 18 mois de rénovation.

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