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N° 504 - du 22 février 2018 au 28 février 2018


Egon Schiele, Portrait de femme (Wally Neuzil), 1912 © Courtesy Heidi Horten Collection.

L'AIR DU TEMPS

Lettre de Vienne

Dans la capitale autrichienne, 1918 n’est pas un millésime comme les autres. C’est certes la fin de la guerre, une guerre perdue, mais, de surcroît, c’est la fin d’une génération magnifique. En effet, en moins de douze mois, disparaissent quatre des créateurs qui ont fait de Vienne 1900 un mythe aussi puissant que le Paris de la Belle Epoque ou le Londres des Sixties. Ils ont nom Gustav Klimt, Egon Schiele, Otto Wagner et Koloman Moser. Certains sont déjà âgés (Wagner a 76 ans), d’autres moins (Klimt a 57 ans, Moser 50) ou carrément jeunes (Schiele décède à 28 ans de la grippe espagnole, qui a davantage fauché de vies que la guerre). Cent ans plus tard, Vienne prend cet anniversaire au sérieux en consacrant une série d’expositions à ces Fab Four et à leurs contemporains.

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MUSEES


Gustav Klimt, L'Egypte ancienne, peinture sur le pendentif au-dessus du grand escalier, Kunsthistorisches Museum, Vienne 1890/91© KHM-Museumsverband

Toucher Klimt…

Ce n’est pas Ascenseur pour l’échafaud mais Escalier pour Klimt. Le peintre le plus connu de la modernité viennoise, dont la frise de la Sécession est une visite obligée (dans le bâtiment conçu et couvert d’une guirlande d’or par Otto Wagner), n’a pas peint que des égéries fin de siècle. En 1890-91, alors qu’il a 28 ans, il opère plutôt comme décorateur en compagnie de son frère cadet Ernst et de son ami Franz Matsch. Ils sont choisis pour un chantier prestigieux : décorer les voûtes surplombant le grand escalier du Kunsthistoriches Museum. A 12 mètres au-dessus du sol, ils réalisent un cycle allégorique qui résume l’histoire de l’art depuis l’Egypte jusqu’à nos jours. Comme en 2012, lorsqu’il s’était agi de fêter le 150e anniversaire de la naissance de Klimt, les visiteurs disposent d’un privilège particulier depuis le 13 février : monter sur le pont Klimt, une passerelle, qui les amène tout près des figures peintes par le jeune Viennois…

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EXPOSITIONS


August Macke, Deux femmes devant la boutique d'un chapelier, 1913 © Courtesy Heidi Horten Collection.

Heidi Orten, collection cachée…

Il y a là du Picasso, du Lucian Freud, du Fontana, du Warhol et même du Damien Hirst, mais la collection rassemblée par Heidi Orten et présentée sous un nom de compagnie aérienne (WOW ! – tout le monde n’est pas familier de l’interjection admirative anglo-saxonne…) contient bien davantage. Les enfants terribles du modernisme, et leurs héritiers ou antagonistes expressionnistes (Jawlensky, Kokoschka, Mueller, etc.) y sont présents, fruit d’une collecte forcenée sur le dernier quart de siècle. Heidi Goëss-Horten est la veuve de Helmut Horten (1909-1987), fondateur d’une prospère chaîne de supermarchés en Allemagne, avec qui elle a d’abord bâti une collection centrée sur l’expressionnisme allemand. Depuis le décès de son mari, Heidi Horten a changé ses priorités et exploré d’autres territoires. La collection, qui est montrée pour la première fois au public, possède notamment un beau paysage de Klimt (Attersee, 1916) et un portrait de femme par Schiele, au rouge violent.
The Heidi Orten Collection au Leopold Museum, du 16 février au 29 juillet 2018.

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Richard Gerstl, Autoporrtrait demi-nu, 1904/05 © Leopold Museum, Vienne.

Et Gerstl ?

Le fracas médiatique laisse parfois de côté des artistes de valeur. C’est le cas avec l’expressionniste Richard Gerstl, météore comme Schiele, mort encore plus jeune, à 25 ans en 1908. Le Leopold Museum, qui possède l’une des plus belles collections de Schiele au monde, a une sensibilité naturelle pour les talents tronqués trop tôt. Il associe Gerstl, obsédé par son image et qui réalisa l'essentiel de ses toiles en deux étés, à trois autres géants qui vécurent bien plus longtemps. Gerstl n’est pas mort à la guerre ni de maladie, mais de suicide lorsque le compositeur Arnold Schoenberg découvrit l’idylle qu’il entretenait avec sa femme…
Vienna 1900. Klimt-Moser-Gerstl-Kokoschka, au Leopold Museum, jusqu’au 10 juin 2018.

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Rudolf von Alt, Le Dachstein depuis le lac Gosau, 1838, Albertina, Vienne.

Aquarelles du passé

A côté des fulgurances chromatiques, des outrances thématiques des artistes de 1900 et de l’avant-guerre, les paysages de Rudolf von Alt et de Thomas Ender, les planches botaniques de Moritz Michael Daffinger, les scènes pittoresques de Karl Schindler semblent surgies d’un autre monde. Elles ne sont pourtant antérieures que de quelques décennies, exprimant au moyen de l’aquarelle les certitudes de la puissance impériale.
The Art of the Viennese Watercolor, à l’Albertina, jusqu’au 13 mai 2018.

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Man Ray, Cadeau, 1921/1958, , The Museum of Modern Art, New York, James Thrall Soby Fund, 1966 © 2017. Digital image, The Museum of Modern Art, New York / Scala, Florenz © MAN RAY TRUST/ Bildrecht, Wien, 2017/18

Man Ray, toujours actuel

Il n’a rien à voir avec Vienne ni par ses origines (ses parents étaient des juifs russes établis aux Etats-Unis) ni par sa carrière (passée pour une bonne part à Paris, avec des étapes à Philadelphie et New York au début, puis à Hollywood dans les années 1940). Mais l’iconoclasme de Man Ray offre un parallèle intéressant avec les audaces des modernistes quelques années plus tôt. La rétrospective montre d’ailleurs plus que ses habituelles photographies, s’attachant à l’ensemble de son œuvre : il a probablement été plus provocateur, subversif avec ses objets surréalistes. Il est certains de ses Cadeaux que l’on n’aimerait pas recevoir !
Man Ray au Kunstforum, du 14 février au 24 juin 2018.

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LES VERNISSAGES DE LA SEMAINE


RÉSIDENCES SECONDAIRES

24 février 2018 - NANTES - Galerie RDV

Deux artistes angevins, Frédéric Bonjean et Mathieu Archambault qui inventent leurs espaces personnels

Notre sélection de nouvelles expositions