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N° 505 - du 1 mars 2018 au 7 mars 2018


Renato Guttuso, Boogie-woogie, 1953, huile sur toile, 170 x 205,5 cm. Rovereto, Mart – Museo di arte moderna e contemporanea di Trento e Rovereto Collezione VAF-Stiftung.

L'AIR DU TEMPS

Un petit air d’Italie

Alors qu’on le croyait déconfit, l’hiver revient de plus belle. Ce sont les dernières piques, les plus douloureuses. C’est le moment où, pour tenir bon, il faut rêver de jasmin, de fleurs d’oranger, de tapis de bleuets sous les oliviers. Bref, rêver à l’Italie, qui est un peu synonyme de printemps, et pas que dans les allégories de Botticelli. L’actualité fournit les armes pour ce faire : de belles expositions ouvrent dans la péninsule et ailleurs. L’Italie a d’autres soucis immédiats (les élections du 4 mars avec le possible retour de Berlusconi, le sorpasso du Napoli sur la Juventus en Serie A) mais qui n’influeront pas sur panorama des mois à venir : on attend notamment à Palazzo Strozzi, à Florence, une intéressante rétrospective, Naissance d’une nation (16 mars), qui fera revivre l’atmosphère des années 50 et 60, celles du boom italien que la nostalgie pare des plus belles couleurs…

EXPOSITIONS


Renato Guttuso, Marsigliese contadina, 1947, huile sur papier marouflée, 151 x 208,5 cm, musée des Beaux-Arts, Budapest.

Guttuso revient !

TURIN – Il pourrait être une sorte de croisement entre Picasso et Fougeron. Renato Guttuso (1911-1987) fut l’une des stars de la peinture de l’après-guerre. Communiste, adepte d’un art social, il dépeignit la vie des petites gens, des marchés et des ouvriers, comme Fougeron. Mais il fut aussi capable de grandes compositions quasi abstraites où se lit l’influence du Picasso de Massacre en Corée et même du Goya du Dos de Mayo. Sa position d’apparatchik du parti et son réalisme socialiste l’ont un peu fait passer à la trappe mais l’anniversaire de Mai 68 est une bonne occasion de faire ressurgir ces toiles pleines d’énergie, de couleur et d’engagement. Et de redécouvrir une autre facette de son travail avec les nus (ce communiste bon teint fut un séducteur notoire, et notamment l’amant de la comtesse Marzotto pendant des années), les natures mortes ou ce boogie-woogie endiablé dans une cave de Rome…
Renato Guttuso, l’arte rivoluzionaria nel cinquantenario del ‘68 à la GAM, du 23 février au 24 juin 2018. Catalogue Silvana.

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Giorgio de Chirico, Composizione metafisica (Muse metafisiche), 1918. Collezione Fondazione Francesco Federico Cerruti per l’Arte. Dépôt à long terme au Castello di Rivoli Museo d’Arte Contemporanea, Rivoli-Torino.

Les Chirico de Cerutti

RIVOLI - Plutôt connu pour ses rétrospectives très pointues d’art contemporain (de Sophie Calle à Luigi Ontani, de Piero Gilardi à Ana Mendieta), le Castello di Rivoli, structure baroque du grand architecte Juvarra remodelée par Andrea Bruno, propose une incursion dans les avant-gardes du XXe siècle. C’est la conséquence de l’accord noué avec la fondation Francesco Federico Cerutti qui gère l’extraordinaire collection de l’entrepreneur piémontais (1922-2015), qui fit de la petite entreprise de reliure familiale une machine à cash… Avant de montrer début 2019 l’ensemble du fonds (300 œuvres) dans la villa en cours de restauration du très discret magnat, le Castello di Rivoli en donne un avant-goût avec ses Chirico : huit exactement, dont quelques pièces majeures comme ces Muses métaphysiques, qui ont exactement un siècle.
Giorgio de Chirico. Capolavori della collezione di Francesco Federico Cerruti au Castello di Rivoli, du 6 mars au 27 mai 2018.

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L’Académie de Saint-Luc sous les projecteurs

PEROUSE – Tout peintre italien ou étranger à Rome pouvait autrefois mesurer son succès à une consécration : l’élection à l’académie de Saint-Luc (l’apôtre Luc étant le patron des peintres pour avoir fait le portrait de la Vierge). Toujours logée dans le palais Carpegna, place d’Espagne, l’académie fait partie de ces institutions de la Renaissance qui ont réussi à passer le cap des siècles. Si une première association est mentionnée dès 1478, ses statuts sont réellement approuvés en 1607, sous la baguette autoritaire de Federico Zuccari, le « prince des peintres ». Elle connaît alors son véritable âge d’or, comptant parmi ses présidents Bernin, Vouet, Poussin et Le Brun. Leurs homologues sont aujourd’hui Gianni Dessì (le président, né en 1955), Jim Dine, Alvaro Siza ou Tony Cragg. Devenue très discrète, l’académie possède pourtant un trésor de plus de mille tableaux, trois cents sculptures et cinq mille dessins, qu’elle prête volontiers. Elle passe cette fois-ci sous le feu des projecteurs en dépêchant à la Caisse d’épargne de Pérouse un ensemble de cent œuvres, dont un putto de Raphaël, Amour et Vénus du Guerchin, des plâtres de Thorvaldsen et Canova, des autoportraits d’Alma-Tadema et Balla.
Da Raffaello a Canova, da Valadier à Balla à la Fondazione Cariperugia, du 21 février au 30 septembre 2018.

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Les décennies fashion

MILAN - La fin du XXe siècle marque la véritable explosion de la mode italienne au niveau mondial : Valentino le pionnier, qui fit ses classes à Paris, puis Armani, Versace, Moschino, Dolce et Gabbana, Prada…. L’exposition reparcourt ces trente années d’exception et montre que le succès a tenu à l’osmose entre une créativité débridée et un tissu industriel très réactif.
Italiana. L’Italia vista dalla moda. 1971-2001 au Palazzo Reale, du 22 février au 6 mai 2018.

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Gaetano Previati, Le Rêve, 1912, huile sur toile, collection particulière.

Les couleurs de l’âme

FERRARE - Comment exprimer la peur, la folie, l’angoisse, le désir par la peinture ? La thématique intéresse particulièrement les avant-gardes 1900, sur fond de théories darwiniennes et freudiennes et de développement de l’abstraction. Dans le beau palais de la maison d’Este, sont réunis une dizaine de peintres italiens (en vis-à-vis d’alter ego européens). On en connaît bien certains (Boccioni, de Chirico), mais l’intérêt est de redécouvrir les autres comme le local Previati (1952-1920) ou Morbelli (1853-1919), qui développent un symbolisme très coloré.
Stati d’animo. Arte e psiche tra Previati e Boccioni au Palazzo dei Diamanti, du 3 mars au 10 juin 2018.

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Tintoret aussi fut jeune…

PARIS – C’est l’un des grands de la Renaissance vénitienne, l’épigone de Titien (même si l’on n’a aucune certitude qu’il ait étudié dans son atelier) et l’égal de Véronèse. Comment s’est bâti le parcours de ce maître des fresques au caractère ombrageux ? L’exposition, qui réunit des prêts de très nombreuses institutions (italiennes mais pas que : le Kunsthistorisches de Vienne, le musée de Budapest, des musées de province comme Amiens ou Nantes, etc.) pose quelques jalons et montre l’ambition démesurée de celui qui se fit appeler par défi Tintoretto (« petit teinturier », le métier de son père).
Tintoret, naissance d’un génie au musée du Luxembourg, du 7 mars au 1er juillet 2018. Catalogue RMN.

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LIVRES

Affaires de Salon

Les Grecs anciens ne la pratiquaient guère, se contentant de décrire les tableaux et d’en admirer l’aspect naturaliste. Vasari et ses collègues en posèrent les bases avec leurs vies des artistes. Mais l’âge d’or de la critique d’art doit plutôt être cherché du côté des Salons parisiens, avec Diderot et Baudelaire et les frères Goncourt. Le renouveau est notable au début du XXe siècle, sous le plume de Fénéon, d’Apollinaire ou de dilettantes doués comme Blaise Cendrars. Ce volume d’accès pratique par ses entrées (non pas 50, comme le prétend le titre de la collection, mais bien 150 – c’est-à-dire trois livres pour le prix d’un !) trace une chronologie efficace. Elle permet d’exhumer certains personnages injustement oubliés du public cultivé comme Lionello Venturi et Michel Georges-Michel (mort à 102 ans en 1985 !) qui fit la pluie et le beau temps à l’époque des Montparnos. Elle apporte des éclairages intéressants sur des personnalités comme D’Annunzio, Rilke ou le Sâr Péladan. Dans cette vaste érudition, on regrettera l’absence d’un index, qui aurait été fort utile, et le choix de s’arrêter à 1945. La critique a certainement perdu aujourd’hui de ses caractéristiques initiales – coincée entre le journalisme et la poésie – mais les apports de l’école marxiste ou du formalisme de Clement Greenberg mériteraient d’y figurer. Dans un prochain volume ?
Histoire de la critique d’art, par Gérard-Georges Lemaire, éditions Klincksieck, 2018, 480 p, 25 €.

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LES VERNISSAGES DE LA SEMAINE


STEPHEN SHAMES - POWER TO THE PEOPLE

3 mars 2018 - STRASBOURG - La Chambre

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