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N° 519 - du 7 juin 2018 au 13 juin 2018


Harry Gruyaert, Gordon Matta-Clark et Gerry Hovagimyan travaillant à Conical Intersect, Rue Beaubourg, 1975 © Harry Gruyaert / Magnum Photos

L'AIR DU TEMPS

Quand Matta-Clark creusait la ville

PARIS - En 1975, en plein nettoyage du quartier des Halles pour faire place nette au futur Centre Pompidou, un immeuble condamné est occupé par une équipe de démolisseurs très particuliers. Avec raffinement, ils découpent la façade pour y faire une immense ouverture circulaire. Un hublot, un œil sur la ville ? Le concepteur de cette œuvre s’appelle Gordon Matta-Clark. Fils du peintre surréaliste Matta, diplômé en architecture, il a choisi de mener des opérations spectaculaires dans des espaces abandonnés, en déliquescence, comme au Bronx, pour y mener une critique in situ, et à la force des muscles, de l’urbanisme de son temps. La célèbre vidéo qui immortalise l’affaire des Halles (Conical Intersect) est projetée dans cette exposition qui résume le parcours de Matta-Clark, mort trop jeune (en 1978, à 35 ans, d’un cancer) et notamment ses interventions parisiennes.
Gordon Matta-Clark. Anarchitecte au Jeu de paume, du 5 juin au 23 septembre 2018.

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EXPOSITIONS


Georg Baselitz dans son atelier sur les bords du lac Ammersee, 12 octobre 2017. Photo : DR.

Baselitz, questions pour un corps

COLMAR – 80 ans et toute son énergie, pourrait-on dire. Le peintre allemand, qui a été célébré un peu partout (notamment à la Fondation Beyeler) pour son entrée dans le club des octogénaires, n’entend pas rendre les armes. L’exposition montre en effet que la production récente de Baselitz reste abondante et « physique » (il y a là certains grands formats de près de 25 m2 !) Les quelque 70 œuvres présentées sont en effet datées des 4 dernières années et montrent un artiste en proie à une interrogation sur son propre corps vieillissant. Outre son admiration pour les maîtres qui sont présents en force à Colmar (Grünewald évidemment et son Retable d’Issenheim, mais aussi Cranach et Dix), Baselitz apprécie les architectes Herzog et de Meuron, responsables de l’extension du musée (inaugurée en janvier 2016) mais aussi de son atelier sur les bords du lac Ammersee en Bavière.
Corpus Baselitz au musée Unterlinden, du 10 juin au 29 octobre 2018.

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Victor Vasarely, Feny, 1973. Colección Carmen Thyssen-Bornemisza © Victor Vasarely, VEGAP, Madrid, 2018

Vasarely, l’aîné de l’Op Art

MADRID – Son nom est lié à l’Op Art ou art optique et à la galerie Denise René, qui en a été un défenseur acharné pendant plus d’un demi-siècle. Le pionnier Victor Vasarely (1906-1997), Hongrois acclimaté en France, a eu dans cette aventure des compagnons comme Le Parc ou Soto. Au musée Thyssen, il est seul à tenir l’affiche, à partir du corpus de sa fondation à Aix-en-Provence, qui a connu des années agitées, et de collections privées, dont celle de Carmen Thyssen-Bornemisza. Déjà montré à la fondation March de Madrid peu après sa mort, en 2000, ou à la salle BBK de Bilbao, Vasarely, passé par le Bauhaus de Budapest, ouvert à des collaborations multiples (notamment avec Renault) a en partie souffert d’une diffusion abondante de son œuvre.
Victor Vasarely. El nacimiento del Op Art au musée Thyssen-Bornemisza, du 7 juin au 9 septembre 2018.

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FONDATIONS


Four Seasons par Ugo Rondinone dans le parc. Photo R. Pic.

Carmignac, l’art dans la garrigue

Alors que l’exposition Matta-Clark montre une critique radicale de l’architecture qui a influencé des créateurs contemporains comme Frank Gehry, l’inauguration de la Fondation Carmignac sur l’île ultra-protégée de Porquerolles montre combien l’architecture contemporaine est capable de se plier avec succès à des conditions draconiennes. Les règlements y empêchaient toute agrandissement en surface. C’est donc sous terre que l’agence GMAA est allé chercher le métrage nécessaire à la présentation (tournante) de quelque 300 œuvres de la collection réunie par le magnat de la finance Edouard Carmignac, dans un lieu désormais piloté par son fils Charles. Il a fallu pour cela suspendre quelque temps la maison dans le vide, creuser, puis imaginer une source lumineuse. Filtrée par une plaque de verre couverte d’eau, la lumière méditerranéenne arrive ténue et tremblotante dans les salles blanches où sont accrochés des Lichtenstein, Warhol, Basquiat… A l’air libre, sous les pins, un labyrinthe de miroirs de Hein, des œufs de marbre de Nils-Udo, des statues chromées de Rondinone invitent à une autre visite. Il y a longtemps, ce mas servit de décor à Pierrot le fou
• La Fondation Carmignac a été inaugurée le 1er juin 2018.

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LIVRES

Fromanger, le goût de la révolte

Que reste-t-il de la Révolution ? Fromanger, né en 1939, a été aux premières loges en mai 68, à l’atelier populaire des beaux-arts qui produisait à la chaîne les affiches que l’on sait. Lorsque les CRS mirent fin à cette petite république du placard, c’est à lui qu’on doit le fameux « La police s’affiche aux Beaux-Arts, les Beaux-Arts affichent dans la rue ». Anecdote parmi d’autres, celle-ci figure en bonne place dans les souvenirs que l’artiste a distillés dans une conversation à bâtons rompus avec le journaliste Laurent Greilsamer (déjà auteur d’une biographie de Nicolas de Staël). On y retrouve un révolté de longue date (qui, adolescent, tentait déjà de mettre le feu à son collège rigoriste !), qui décoche certaines de ses piques les plus récentes au système de la commande publique, notamment sous Jack Lang. Ses nombreuses amitiés lui ont permis de côtoyer de près des personnalités marquantes : Giacometti, Prévert, Foucault, Guattari ou encore Castel, le roi des nuits germanopratines, dans des circonstances qui semblent parfois trop romanesques. Ainsi quand Giacometti, au Salon de Mai de 1964, est séduit par son nu que les organisateurs avaient pourtant tenté de cacher : il le découvre à l’intérieur des toilettes ! Fromanger semble avoir trouvé une nouvelle forme de sérénité : il habite depuis quarante ans dans la campagne toscane, près de Sienne, où il médite sur les paysages des frères Lorenzetti et où il a continué à faire des rencontres extraordinaires, du restaurateur Brunelli au général Giap...
Fromanger, de toutes les couleurs, par Laurent Greilsamer, Gallimard, 2018, 240 p., 25 €.

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LES VERNISSAGES DE LA SEMAINE


TATOUÉ. ARCHIVE

8 juin 2018 - LYON - Galerie Tator

Le collectif à l'origine de la première machine automatique à tatouer

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EN BREF

BERLIN - La Biennale d'art contemporain se tient du 9 juin au 9 septembre 2018.

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BRUXELLES - Trois salons extra-européens se tiennent sous le label Cultures du 6 au 10 juin 2018 (Bruneaf, BAAF et AAB).

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