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N° 521 - du 21 juin 2018 au 27 juin 2018


Institut Giacometti, Atelier d'Alberto Giacometti, Photo Marc Domage, © Succession Alberto Giacometti (Fondation Giacometti, Paris + Adagp, Paris).

L'AIR DU TEMPS

Une maison pour Giacometti

PARIS – Pas exactement, d’ailleurs : l’adresse où emménage la Fondation Giacometti, dans le XIVe arrondissement, est un petit bijou de maison Art nouveau, dessinée entre 1912 et 1914 par Paul Follot, décorateur-ensemblier (c’est-à-dire qui s’exprimait de la maison à la petite cuillère). Outre la reconstitution de l’atelier de la rue Hippolyte-Maindron, dont les éléments ont été longtemps conservés dans un dépôt et un cabinet d’art graphique, elle propose des expositions très ciblées. Dans cet espace intime, qui a conservé ses décorations, ses vitraux, ses mosaïques, la première se consacre aux rapports de Giacometti avec Jean Genet, qui fut un de ses meilleurs exégètes, notamment dans son texte mémorable, L’atelier de Giacometti. Elle montre notamment une série de sculptures sur le thème des prostituées et les essais de couverture pour Le Balcon de Genet, dont l’intrigue se déroule dans un bordel.
• L’Institut Giacometti ouvre le 26 juin 2018 au public. Réservations sur internet. On lira à cette occasion la biographie de Giacometti écrite par la directrice du lieu, Catherine Grenier (éditions Flammarion).

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EXPOSITIONS


© Musée Fabre de Montpellier Méditerranée Métropole - photographie Steve GAVARD.

Le tour de Picasso en 14 étapes

MONTPELLIER – Les expositions Picasso se multiplient actuellement en Europe dans le cadre d’une saison méditerranéenne qui étudie diverses facettes de son œuvre. Une se démarque du reste, celle du musée Fabre, qui a choisi d’être généraliste et de résumer le parcours de l’ogre du XXe siècle en une série de moments-clés – 14 exactement – de 1895, quand il est adolescent, à 1972, un an avant sa mort. Certaines étapes sont constituées d’une seule année (1901, 1906, 1937 autour de Guernica), d’autres sont plus longues comme sa période néo-classique (1917-23). Si le musée Picasso Paris est le principal contributeur (la moitié de la centaine de pièces exposées), on compte de beaux prêts du Metropolitan de New York, du musée Berggruen à Berlin ou de collections privées (en particulier celle des Nahmad). La scénographie, ménageant des ouvertures théâtrales entre les sections, créant des enfilades, permet d’embrasser des décennies et de voir le permanent jeu de balancier picassien entre révolutions et retours en arrière…
Picasso. Donner à voir au musée Fabre, du 15 juin au 23 septembre 2018.

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Yves Klein, Saut dans le vide, 1960, tirage argentique noir et blanc © Succession Yves Klein c/o Adagp, Paris © Photo Collaboration Harry Shunk and Janos Kender © J. Paul Getty Trust. The Getty Research Institute, Los Angeles.

Ca plane pour la maison rouge

PARIS – Il n’est jamais facile de lancer un lieu artistique, encore moins de le fermer. C’est pourtant le sort qui attend la maison rouge, ouverte il y a quinze ans par Antoine de Galbert. Un peu comme Zidane qui tire sa révérence du Real Madrid à l’apogée du succès, la maison rouge ferme alors qu’elle semblait devenue indispensable – « incontournable », dira-t-on dans le jargon contemporain - dans le panorama parisien. Mais, comme pour signifier qu’un redimensionnement n’est pas une fin (la fondation va continuer à intervenir sous d’autres formes), son chant du cygne est un contre-pied. L’Envol est l’intitulé de ce dernier rassemblement d’œuvres de tous types et de toutes époques. Des mécanismes incroyables de Tatline, Panamarenko ou Gustav Mesmer (Vélo-hélicoptère de 1978), mais aussi des photos de plongeurs et acrobates par Clergue, Lartigue ou Borodulin, ou des envols intérieurs (scènes d’extase) par Frédéric Pardo ou Brassaï. Certaines suggestions sont encore plus conceptuelles, comme marcher dans une installation de Fabio Mauri qui mime la lune (Luna) ou s’allonger dans la position du fameux Saut dans le vide de Klein. Il faut de bonnes lombaires pour se couler dans cet Opus incertum de Didier Faustino… mais l’on pourra se refaire en écoutant une plage de musique concrète de Pierre Henry : L’Envol qui fut l’une de ses dernières compositions, en 2013.
L’Envol ou le rêve de voler à la maison rouge, du 16 juin au 28 octobre 2018.

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Sabine Weiss, Petit matin brumeux, Lyon, France, 1950, épreuve gélatino-argentique, 30,5 x 24,1 cm. Collection Centre Pompidou, Paris © Centre Pompidou, MNAM-CCI/Philippe Migeat/ Dist. RMN-GP © Sabine Weiss

Sabine Weiss, l’humanisme au féminin

PARIS - Elle a 93 ans, a toujours bon pied bon œil mais son âge vénérable lui a permis de connaître d’autres réalités. Elle fut par exemple parmi ceux qui purent immortaliser sur la pellicule l’atelier d’Alberto Giacometti dont il est question plus haut. Etiquetée à juste titre comme photographe humaniste, elle n’a cessé de croquer ses semblables avec empathie, humour, curiosité – les petits matins avec brouillard, les errances sur le pavé, les jeux de gosse qui sautent dans les flaques. D’origine suisse, naturalisée française à 71 ans, elle a évidemment connu Moscou, New York ou Madrid mais sa vraie ville est Paris. Publiée dès 1945, elle fait l’objet, à 30 ans, en 1954, d’une rétrospective personnelle à l’Art Institute de Chicago. Ce sont ses années phare, celles qu’explore l’exposition qui se concentre sur la période 1945-1960, lorsque la rue était encore chez nous l’extension du chez soi, une aire de jeux, de contacts et de palabres, et non un espace anonyme de marcheurs isolés par leur hâte ou leur casque. Le Financial Times lui a consacré le week-end dernier une page entière, persuadé qu’il s’agissait d’une des ultimes survivantes d’une certaine façon de regarder le monde.
Sabine Weiss. Les villes, la rue, l’autre au Centre Pompidou, du 20 juin au 15 octobre 2018.

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LIVRES

Boudinet, la couleur des seventies

C’est un photographe dont le nom est largement oublié, car mort prématurément en 1990, à l’âge de 45 ans. Une exposition au Jeu de paume à Tours et ce catalogue lui rendent maintenant hommage. Ce natif de Chamonix a marié les reportages pour la presse d’art et de décoration (L’Objet d’art, Décoration internationale) et des liens particuliers avec des personnalités hors norme comme le critique d’art Bernard Lamarche-Vadel ou Roland Barthes, qui commenta certaines de ses photos dans son séminaire. Si son noir et blanc joue de subtils camaïeux, comme le rappelle l’introduction, sa production couleur (qui est ici l’objet d’étude) est au contraire très contrastée, saturée. On peut le voir dans ses sujets sur l’Italie (le jardin de Bomarzo ou la tombe Brion, dessinée par Carlo Scarpa) et dans ses intérieurs parisiens. L’une des grandes séries de Boudinet porte sur les atmosphères nocturnes urbaines, comme une illustration idéale du livre de Richard Bohringer, sorti dans les mêmes années 1980, C’est beau une ville la nuit
Daniel Boudinet. Le temps de la couleur, éditions Liénart, 192 p., 35 €.

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LES VERNISSAGES DE LA SEMAINE


Vincent Gicquel

23 juin 2018 - RENNES - La Criée

La nouvelle sensation parmi les artistes français, adoubé par la Collection Pinault

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