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N° 522 - du 28 juin 2018 au 4 juillet 2018


Gustav Klimt, La Fiancée, 1917/18 (inachevé) © Klimt-Foundation, Vienne, Photo : Klimt-Foundation, Vienne, Leihgabe im Belvedere, Vienne

L'AIR DU TEMPS

Klimt, le boss

VIENNE - Treize de ses peintures ont dépassé les 10 millions de dollars aux enchères depuis 1997 et l’une a flirté en 2006 avec les 80 millions de dollars. Dix ans plus tôt, autre période de pic, il passait la barre des 5 millions de dollars (chiffres artprice). La poussée de Klimt (plus impressionnante encore en vente privée : Ronald Lauder avait déboursé 135 millions de dollars en 2006 pour un Portrait d’Adèle Bloch-Bauer) fait partie des plus spectaculaires de l’art moderne. Comme Picasso, comme Matisse, il est devenu une icône incontournable. Il fait vendre, fait venir des visiteurs - et augmente la fréquentation des newsletters, comme celle-ci ! L’exposition que lui consacre le Leopold Museum sous le titre discret de « Peintre du siècle » a donc toutes les chances de faire le plein. Elle puise à plein dans les riches collections du Leopold et de Vienne en général (avec le Belvédère mais aussi des prêteurs privés) pour montrer l’évolution inattendue de l’artiste. Né en 1862, il s’éloigne des rivages confortables de l’historicisme pour voguer vers les audaces de la Sécession, dont il est l’un des principaux représentants. De ses portraits classiques des années 1890, l’exposition le suit jusqu’à la veille de sa mort (en 1918) avec sa Fiancée inachevée. La trentaine de toiles, les quelque 100 dessins, les photos (il pratiqua la discipline) sont accompagnés de nombreux documents d’archives.
Gustav Klimt. Painter of the century au Leopold Museum, du 22 juin au 4 novembre 2018.

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EXPOSITIONS


Gaspar de Crayer, Portrait de Philippe IV d’Espagne, vers 1627-1628. Huile sur toile, 215 x 163 cm. © Madrid, Ministerio de Asuntos Exteriores y de Cooperacion, Gobierno de España

Crayer, chaînon manquant entre Rubens et Van Dyck

CASSEL - Son nom ne dit plus grande chose à personne et les commissaires de l’exposition peuvent s’enorgueillir d’avoir organisé la première exposition jamais consacrée à cet artiste. Pourtant, Gaspar de Crayer fut autrefois une véritable star : au XVIIe siècle, qu’il vécut entre Anvers, Bruxelles et Gand (où il mourut octogénaire en 1669), il passait pour le quatrième mousquetaire, aux côtés de Rubens, Van Dyck et Jordaens. Son étoile a peu à peu pâli, à mesure que l’on attribuait son corpus à ses collègues, voire à Vélasquez. Il reprend maintenant du poil de la bête bien que ses motifs de prédilection – les tableaux de piété – ne soient pas particulièrement en vogue. Mais Crayer a aussi brossé des portraits magistraux (comme ceux du roi d’Espagne Philippe IV, réunis dans une salle). Celui dont le nom signifie « coqueliner » était un piètre voyageur : à la différence de ses contemporains, il n’a pas fait l’obligatoire voyage d’Italie. Mais, comme le montrent les œuvres exposées, il a su absorber de manière étonnante l’influence italienne, de Titien ou des Bolonais comme Guido Reni, sans bouger de chez lui. La preuve que l’Europe était déjà une idée…
Gaspar de Crayer. Entre Rubens et Van Dyck au musée de Cassel, du 30 juin au 4 novembre 2018.


Ernst Ludwig Kirchner, Autoportrait, 1932, xylographie en couleur, Staatsgalerie Stuttgart, cabinet graphique.

Comment Stuttgart a retrouvé Kirchner

STUTTGART - Malgré l’assaut des nazis contre l’art dégénéré, les bûchers, les destructions et les ventes, certains musées allemands ont réussi à préserver ou à reconstituer des collections notables d’artistes expressionnistes. C’est le cas notamment de la Staatsgalerie de Stuttgart qui raconte dans cette exposition l’histoire de son fonds Ernst Ludwig Kirchner (1880-1938), renouvelé après les ponctions de 1937. Ces 82 dessins, 84 gravures et des éditions originales furent données au musée en 1957, provenant d’un énigmatique Dr Gervais, domicilié entre Zurich et Lyon. Le mystère a été récemment levé : toutes ces œuvres appartenaient à Kirchner et à sa veuve et furent ainsi labellisées par un de ses élèves, Christian Laely, pour éluder le gel imposé sur les collections allemandes après-guerre et pouvoir vendre ou donner plus facilement à des musées allemands…
Kirchner. The Unknown Collection à la Staatsgalerie, du 29 juin au 21 octobre 2018.

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Eugène Boudin, Scène de plage à Trouville, huile sur bois, 31,1 x 48,5 cm. © Collection particulière.

Monet/Boudin, aller-retour

MADRID – On sait l’admiration que Monet (1840-1926) vouait à Boudin (1824-1898), le « peintre des ciels ». L’aîné initia son cadet à la magie des paysages normands et à sa lumière changeante. On connaît la suite : Impression, soleil levant et tout l’impressionnisme en découlèrent… Le mano a mano organisé par le musée madrilène en une centaine d’œuvres (marines, plages, effets d’atmosphère) n’est pas à sens unique : il montre comment Boudin se persuada par ricochet du génie de son élève au point d’en devenir à son tour un « fan » inconditionnel…
Monet/Boudin au musée Thyssen-Bornemisza, du 26 juin au 30 septembre 2018.

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LIVRES

Visions marines

La mer, sans cesse recommencée… Un beau sujet pour les artistes qui s’y sont essayé à toutes époques. Dans le cadre d’un « Eté au Havre », une belle sélection a été rassemblée (au MuMA, jusqu’au 9 septembre) dont ce livre constitue le catalogue. La couverture, une jolie muse nue dans l’écume par Adolf Hirémy-Hirschl, donne le ton : on va redécouvrir ici nombre d’artistes oubliés car pompiers, maudits ou trop originaux. Le choix effectue un grand écart entre la peinture de salon, les illustrations de Jules Verne, les photographies de Painlevé (dont Ouverture de la poche incubatrice du mâle hippocampe qui a décidément une forme très sexuelle) et les cadavres exquis surréalistes pleins de coquillages. C’est un plaisir que de voir le Bras sur le Guadalquivir du photographe Pierre Boucher, le scaphandre des frères Carmagnolle (de 1882), les efflorescences marines de Wols et Zurn, ou un bel ensemble d’aquarelles de Hans Reichel. On regrettera l’absence d’index : comment vérifier la présence de l’Océanide de Bouguereau ? Elle n’est pas là : il faudra faire le pèlerinage à La Rochelle pour la voir…
Né(e)s de l’écume et des rêves, les artistes et la mer, MuMA/Octopus éditions, 2018, 256 p., 29 €.

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LES VERNISSAGES DE LA SEMAINE


MRDJAN BAJIC

4 juillet 2018 - PARIS - Galerie RX

Un artiste serbe né en 1957 qui transfigure les objets du quotidien

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