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N° 523 - du 5 juillet 2018 au 11 juillet 2018


William Wegman, Décontracté, 2002, avec l’aimable autorisation de l’artiste. Exposition au palais de l’Archevêché, Arles.

L'AIR DU TEMPS

Arles, les 49e rugissants

ARLES – Rendez-vous incontournable des festivals de photographie, les Rencontres fondées par Lucien Clergue, Michel Tournier et le poète Jean-Maurice Rouquette (dernier survivant de ces trois mousquetaires) fêtent leur 49e édition. Pour le jeune directeur, Sam Stourdzé, qui n’était pas né lors de l’inauguration de 1970 (il est de 1973), c’est la quatrième livraison. Et le millésime à célébrer s’imposait de lui-même : 1968. Un peu pour son contenu révolutionnaire parisien (les barricades), davantage pour les changements de mode de vie (les vacances à la Grande-Motte), plus encore pour sa dimension américaine (la mort de Martin Luther King et Robert Kennedy, la première édition du livre mythique de Robert Franck, Les Américains chez Delpire, opportunément réédité). Le voyage mêle Raymond Depardon, un habitué de l’Oncle Sam depuis un demi-siècle, et des émules bien plus jeunes comme Laura Henno (partie croquer l’ex-base militaire de Slab City transformée en cité informelle de vieux bus déglingués) ou le Palestinien Taysir Batniji (qui documente la vie de ses cousins d’Amérique). « America Great Again », dit le titre : on dirait du Trump, mais c’est à prendre au second degré…
Les Rencontres de la photographie à Arles, du 2 juillet au 23 septembre 2018.

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EXPOSITIONS


Vue de l'exposition à la Fondation Maeght. Photo R. Pic.

Jan Fabre, remue-méninges

SAINT-PAUL-DE-VENCE – Il est iconoclaste, on le sait depuis un moment. Mais Jan Fabre passe une étape supplémentaire en dédiant sa dernière rétrospective au thème du cerveau. « C’est un cerveau barré d’une flèche qu’il faudrait graver sur l’écorce des arbres, et pas un cœur », expliquait-il lors de l’inauguration, en soulignant l’importance primordiale de cet organe dans toutes les passions, c’est-à-dire dans la vie même… Le voici donc engagé dans une multiplication d’hémisphères, en marbre de Carrare, en marbre noir de Wallonie ou en silicone. Certaines pièces font sourire – les pseudo-cerveaux de Wittgenstein, Einstein, Gertrude Stein, Frankenstein, symbolisant la philosophie, la science, les arts, les ténèbres. D’autres sont plus dérangeants, comme les moulages des cerveaux de son père et de sa mère, rafraîchis par de petits ventilateurs…
Jan Fabre. Ma nation : l’imagination à la Fondation Maeght, du 30 juin au 11 novembre 2018.

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Ernesto Neto, GaiaMotherTree à la gare de Zurich. Photo : Mark Niedermann.

Ernesto Neto tropicalise Zurich

ZURICH – L’artiste brésilien Ernesto Neto a investi les lieux les plus prestigieux de la culture (le Panthéon à Paris, le Guggenheim à Bilbao) avec ses installations rhizomatiques faites de filets et de formes molles. Avec l’appui de la Fondation Beyeler, il s’est installé dans la gare de la plus grande ville suisse pour un nouveau travail qui dit bien sa préoccupation pour notre planète, GaiaMotherTree. Comme à son habitude, il ne s’agit pas d’une création intouchable mais d’un lieu que les visiteurs sont invités à investir. Entièrement faite de tissus teints naturellement et noués à la main, elle illustre ses rapports avec la tribu amazonienne des Huni Kuin. Les poches suspendues contiennent des épices et des feuilles séchées qui diffusent une agréable odeur, comme pour illustrer ce que nous perdrions si le réchauffement climatique se poursuivait.
• Ernesto Neto, Gaiamothertree, 2018, gare centrale de Zurich, Fondation Beyeler du 30 juin au 29 juillet 2018.

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Thomas Houseago, Baby, 2009-2010 © Thomas Houseago / Adagp, Paris, 2018 Photo : Fredrik Nilsen Pinault Collection.

Pinault, retour en Bretagne

RENNES – Il est Breton et il devait bien ça à sa terre. Alors que l’actualité Pinault porte plutôt sur sa définition des « petites gens » et de l’intérêt que ne leur porte pas Macron, le capitaine d’industrie présente dans la capitale régionale une sélection de sa collection de 3000 œuvres. Plutôt habituée aux cimaises vénitiennes du Palazzo Grassi et de Punta della Dogana, et prochainement (fin 2019 dans un calendrier susceptible d’évoluer), parisiennes de la Bourse de Commerce, celle-ci investit donc trois lieux. Couvent des Jacobins, musée des Beaux-Arts et Criée se partagent des pièces classiques (Cattelan, Lavier, Pierre Huyghe, les frères Chapman) et le tout dernier coup de cœur du magnat, Vincent Gicquel (né en 1974).
Debout ! La collection Pinault à Rennes du 23 juin au 9 septembre 2018.

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Joana Vasconcelos, I'll Be Your Mirror, 2017, bronze et miroirs, 356 x 682 x 537 cm, édition de 7 + 1 PA. Collection de l'artiste. © Joana Vasconcelos, VEGAP, Bilbao, 2018

Vasconcelos, la subversion du quotidien

BILBAO-TOULON – Elle avait fait sensation à la Biennale de Venise de 2005 avec son lustre de belle allure mais curieux à y voir de plus près, car entièrement composé de tampons hygiéniques. Portugaise née à Paris mais installée à Lisbonne, Joana Vasconcelos (1971) est post-Pop par son utilisation de motifs et d’objets populaires (comme la broderie ou les azulejos, les casseroles ou les miroirs) qu’elle agrandit, travestit, combine, détourne de leur fonction initiale… Les créations qui en résultent ont une dimension polychrome et sculpturale qui en fait de véritables objets de décoration, mais sont surtout des aberrations qui interrogent. L’artiste, qui avait déjà eu les honneurs de Versailles, est doublement célébrée, en Espagne et en France, comme un bilan de vingt années d’activité.
Joana Vasconcelos. Je suis ton miroir au Guggenheim Bilbao, du 29 juin au 11 novembre 2018.

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Joana Vasconcelos à l’Hôtel des arts de Toulon, du 13 juillet au 18 novembre 2018.

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LIVRES

Burri, champion du triangle

A côté des livres de photo qui alignent simplement des images ou déroulent sagement une biographie, en voici un curieux. Il part de la fascination de René Burri (1933-2014) pour le motif triangulaire – dont la genèse se trouverait dans les pics suisses de son enfance et la consolidation dans la vision des pyramides d’Egypte en 1958. Quelques notes en allemand sur un papier à en-tête Magnum (reproduit en frontispice) confirment cette obsession. On suit ensuite sur un demi-siècle la résurgence de cette forme. Des pyramides, il en voit partout ! Dans le gravier des jardins zen, dans une vitre cassée, dans le Flatiron Building vu du ciel, dans les tipis de la Route 66, dans les architectures de Barragán et Le Corbusier ou dans un dallage à La Havane. Elles sont parfois moins évidentes mais cela fait le sel du livre, qui nous oblige à regarder et pas seulement à voir…
Les pyramides imaginaires de René Burri, éditions Textuel, 128 p., 35 €

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