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N° 538 - du 13 décembre 2018 au 19 décembre 2018


Joan Mitchell, Untitled, vers 1952-1953, huile sur toile, 182,8 x 172,4 cm. Fondation Gandur pour l’Art, Genève. Photo M. Aeschimann © Estate of Joan Mitchell.

L'AIR DU TEMPS

Mitchell-Riopelle, attraction fatale

LANDERNEAU – A l’amour à la mort… et à l’art. Les relations entre l’Américaine Joan Mitchell (1925-1992) et le Canadien Jean Paul Riopelle (1923-2002) ont été marquées par la passion, l’excès, la violence. Ces deux expressionnistes abstraits avaient choisi la France pour créer, s’aimer, se disputer et s’autodétruire. Alors que Riopelle avait souvent le beau rôle, l’explosion récente de la cote de Mitchell (notamment à la dernière édition d’Art Basel à Bâle, chez Lévy Gorvy) les remet sur un pied d’égalité. A base de grands formats, le mano a mano les suit dans le quart de siècle de leur liaison, commencée en 1955, alors qu’ils étaient jeunes trentenaires, et achevée en 1979, déjà tous deux bien cabossés par la vie et l’alcool, mais toujours aussi créatifs…
Mitchell Riopelle, un couple dans la démesure au Fonds Etienne et Hélène Leclerc pour la culture , du 16 décembre 2018 au 22 avril 2019.

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EXPOSITIONS


nand Khnopff, Le masque au rideau noir, 1892, crayon et pastel sur papier, 26,5 x 17 cm, collection particulière. Crédit : Christie’s Images/ Bridgeman Images

Les secrets de Khnopff

PARIS - La Belgique a toujours été une terre fertile pour les peintres du symbole, du mystère, de l’énigme (c’est d’ailleurs le sous-titre accolé à cette exposition). Magritte, bien sûr ou Delvaux, mais avant eux, Ferdinand Khnopff (1858-1921), le champion du symbolisme. Première rétrospective qui lui est dédiée à Paris depuis quarante ans, elle met en avant son éternel féminin – femmes rousses nimbées d’un halo et au regard absent -, sa ville – Bruges – mais aussi son étrange demeure baignée de parfums qui est évoquée au long du parcours. On a le sentiment d’un artiste à l’insondable jardin secret – en notre époque de grand déballage, une vertu rare et excitante…
Fernand Khnopff, le maître de l’énigme au Petit Palais, du 11 décembre 2018 au 17 mars 2019.

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Abdelaziz Gorgi, Sans titre, gouache sur papier, 50 x 65 cm, non datée. Collection privée. © Galerie AGorgi / photo. Firas Ben Khelifa.

Gorgi, une redécouverte

TUNIS – Inconnu en France, il l’est certainement, preuve que les frontières ne sont pas si poreuses… Abdelaziz Gorgi (1928-2008) a eu une longue carrière, commencée dès avant l’indépendance, qui le vit produire des peintures de chevalet mais aussi de grandes décorations publiques, avec une inspiration qui tient de Klee comme d’Adami. Sa fille, qui possède une des bonnes galeries du pays (à Sidi Bou Saïd) est la cheville ouvrière de cette monographie, qui comprend quelque 300 œuvres et qui replace son parcours dans le cadre plus général de l’Ecole de Tunis.
Abdelaziz Gorgi au palais Kheireddine, du 7 décembre 2018 au 10 février 2019.

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Koloman Moser, Calendrier Frommes, 1899, © MAK

Moser, le centenaire

VIENNE - Rénovateur des arts décoratifs viennois, alors au centre du monde, donc par la même occasion, du vocabulaire européen, Koloman Moser fait partie de cette génération qui disparaît en 1918, comme pour signifier la fin d’un monde. Plus vieux que Schiele, plus jeune qu’Otto Wagner, à 50 ans seulement, il aurait sans doute eu moyen de créer encore. L’exposition, qui puise dans la très riche collection du musée des Arts décoratifs (MAK), montre des pièces rarement vues. Passant en revue l’ensemble de sa carrière, elle rappelle opportunément que Moser, avant d’être le fer de lance d’un nouveau design, a été peintre et qu’il est d’ailleurs revenu à cette passion à la fin de sa vie. Parallèlement, le Theatermuseum étudie les rapports de Moser avec les arts de la scène.
Koloman Moser au MAK, du 19 décembre 2018 au 22 avril 2019.

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LIVRES

Pinault, portrait personnel

Le titre est un rien trompeur. Il n’y est pas seulement question des rapports du capitaine d’industrie avec l’art – il possède l’une des plus belles collections au monde – mais d’un portrait à la fois élogieux et critique d’un petit Breton gallo de Trévérien qui s’est fait à la force du poignet. « Qu’ai-je appris à l’école ? répondit-il au jury américain de l’affaire Executive Life. A parler français… » On suit dans ce livre au ton inattendu, parfois caustique, parfois adulateur, l’ascension qui démarre par une scierie, passe par Conforama et le Printemps, débouche sur la FNAC, le Stade Rennais et la maison de ventes Christie’s… La passion pour l’art est évidemment décortiquée : le déclic d’un premier Mondrian acheté sur les conseils de Marc Blondeau, la saga de Venise puis de la Bourse de Commerce, ses rapports avec des créateurs contemporains, comme Koons, Hirst ou Cattelan… qui réussit à lui dessiner sa tombe contre son vœu. Cette passion devient dévorante avec le temps et sera amplifiée par son second mariage avec Maryvonne, qui tiendra une boutique d’antiquités à Rennes. Plus qu’une passion : pour ce condottière à qui tout a réussi mais qui a peur de la mort, c’est une façon de tendre à l’immortalité.
François Pinault, artiste, par José Alvarez, éditions Albin Michel, 2018, 320p., 23€.

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LES VERNISSAGES DE LA SEMAINE