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N° 543 - du 31 janvier 2019 au 6 février 2019


Santiago Ramón y Cajal, Spanish, Cellules gliales de la moelle épinière d'un rat, 1899, encre et crayon sur papier. Courtesy Instituto Cajal (CSIC).

L'AIR DU TEMPS

Cajal, l’inventeur du cerveau

CHAPEL HILL - C’est l’un des génies du XXe siècle, insuffisamment reconnu. Presque toutes les villes d’Espagne ont une rue, une avenue, un parc ou un hôpital dédié à Santiago Ramón y Cajal (1852-1934). Il fut le véritable découvreur de l’unité de base du cerveau, le neurone, et obtint pour cela le prix Nobel de médecine 1906 (avec son collègue italien Camillo Golgi). Originaire de Petilla de Aragón, un minuscule hameau navarrais (aujourd’hui une trentaine d’habitants) enclavé en territoire aragonais, Ramón y Cajal a voyagé (médecin militaire à Cuba, professeur et directeur de laboratoire à Saragosse, Valence et Madrid), il est toujours resté fidèle à ses racines et à une passion de jeunesse, l’art, qu’il cultiva à sa manière : en dessinant inlassablement des connexions nerveuses. On lui attribue quelque 3000 délicats dessins à l’encre de Chine, conservés à l’Instituto Cajal à Madrid (centre réputé de recherche en neurobiologie), mais rarement montrés dans un contexte muséographique. C’est ici le cas mais il faudra voyager loin pour en profiter : jusqu’en Caroline du Nord…
The Beautiful Brain: The Drawings of Santiago Ramón y Cajal, à l’Ackland Art Museum, du 25 janvier au 7 avril 2019.

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Bons dessins de Russie

PARIS – Il y a là des Dürer mais aussi des Toulouse-Lautrec, des Rubens mais aussi des Chagall. Des trésors sur papier couvrant cinq siècles. Quelle institution peut bien posséder cela ? Le Louvre, le Met, la National Gallery ? En l’occurrence, il s’agit du musée Pouchkine à Moscou et l’exposition se tient à la Fondation Custodia – c’est donc un appariement tout à fait inédit. Une goutte d’eau sur les 27 000 feuilles de l’institution mais qui permet de distiller quelques trésors. Des exemples ? Les études du Cavalier d’Arpin sur saint Matthieu pour la chapelle Contarelli à Rome, qui n’eurent pas le succès escompté : il fut devancé par un certain Caravage… Le Portrait d’une jeune femme par Van Gogh : tout simplement le seul dessin de l’artiste maudit dans les collections publiques russes. La Danse : ce fut la proposition que Matisse envoya au collectionneur Chtchoukine et qui détermina celui-ci à commander l’ensemble aujourd’hui à l’Ermitage. Mais aussi – Russie oblige ! – Tatline, Malévitch et les moins connus Deïneka et Koupreïanov.
Le Musée Pouchkine. Cinq cents ans de dessins de maîtres à la Fondation Custodia, du 2 février au 12 mai 2019.

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Frank Stella, Gray Scramble, 1968-69, huile sur toile, 175,3 x 175,3 cm, Solomon R. Guggenheim Foundation, New York, Hannelore B. and Rudolph B. Schulhof Collection, legs Hannelore B. Schulhof, 2012. © Frank Stella, by SIAE 2019.

Le cadeau fait à Guggenheim

VENISE – C’est un petit trésor que reçoit la Peggy Guggenheim Collection en 2012 : les époux Schulhof, amis de longue date de Peggy, laissent en legs un ensemble d’œuvres couvrant quatre décennies d’art occidental, de la guerre jusqu’aux années 1980. Américains et Européens y sont mêlés, Rothko et Ellsworth Kelly voisinant avec Afro, Fontana et Burri. C’est évidemment le domaine de l’abstraction que ces 80 peintures explorent en priorité. Cet ensemble a été au cœur d’une dispute judiciaire en France, les héritiers de Peggy estimant que la Fondation avait outrepassé les volontés de leur aïeule en acceptant ce legs. La Cour de cassation leur a donné tort en mars 2018…
Dal gesto alla forma. Arte europea e americana nella Collezione Schulhof à la Peggy Guggenheim Collection, du 26 janvier au 18 mars 2019.

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Hernandez et l’âme de Los Angeles

MADRID - Le mur ! Le mur ! Le mur ! demande Trump, bien qu’il semble avoir momentanément perdu son bras de fer. Combien de créateurs, d’inventeurs, de champions, d’artistes sont pourtant venus de la frontière Sud pour devenir, à leur tour, de bons Etats-Uniens ! Anthony Hernandez (né en 1947) est issu de cette filière : fils de migrants, il combat pour son nouveau pays au Vietnam. C’est là qu’il se plonge dans une lecture inattendue – le magazine Artforum que lui envoie sa tante – et en tire une passion dévorante pour la photographie. Il y consacrera les cinquante années suivantes, d’abord en noir et blanc, puis en couleur. Avec un sujet quasiment unique : Los Angeles, sa ville, symbole multiethnique et capitale chicana, dont il saisit la vitalité urbaine…
Anthony Hernandez à la Fondation Mapfre, du 31 janvier au 12 mai 2019.

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LIVRES

L’artiste sauvera-t-il le monde ?

Les artistes doivent-ils être des observateurs ou des militants, des esthètes ou des hommes d’action ? A l’heure de l’anthropocène, c’est-à-dire cet âge géologique où la pression de l’homme modifie tous les équilibres, c’est la seconde thèse qui y est invoquée. L’artiste doit être à l’avant-garde d’un changement des mentalités, pour inverser le constat d’Edgar Morin, qui prétend que l’Homo sapiens sapiens est en réalité devenu Homo sapiens demens, tant il se plaît à détruire son cadre de vie. Présentant les pionniers du travail avec la terre, l’eau, les éléments (Christo, Smithson, Turrell, Gina Pane, Ana Mendieta), l’auteur montre que l’urgence pousse les créateurs actuels vers des interventions encore plus politiques – dans la lignée de Beuys à Kassel en 1982 avec la plantation de 7000 chênes. Objectif : respecter l’arbre, entrer dans l’ère de l’écosophie (au moins, la langue grecque bénéficie de la crise écologique !) Particle Falls d’Andrea Polli (visualisant le taux de particules fines) ou Fukushima-Dynamo de Yann Toma (parabole sur l’accident nucléaire japonais) sont quelques exemples récents de cet art engagé.
Un art écologique. Création plasticienne et anthropocène, par Paul Ardenne, La Muette/Le Bord de l’eau, 2018, 27 €.

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LES VERNISSAGES DE LA SEMAINE