ArtAujourdhui.Hebdo
N° 150 - du 5 novembre 2009 au 11 novembre 2009
L'AIR DU TEMPS
La Joconde a grossi
Elle est cinquante fois plus grande que celle du Louvre et il a fallu 85 litres de peinture pour l’achever. Elle, c’est une Joconde un peu particulière que l’on peut voir depuis la fin du mois d’octobre sur le sol d’un centre commercial de Wrexham, en Grande-Bretagne. The Telegraph rapporte qu’elle est en tout point semblable à la vraie Mona Lisa : quand on se déplace en la regardant depuis le balcon, on a l‘impression qu’elle vous suit des yeux… Outre l’interrogation renouvelée sur son expression (des chercheurs espagnols viennent d’avancer une explication à ce vrai-faux sourire de chat du Cheshire), ce tour de force montre une fois de plus que le public est avide de s’impliquer dans la création plastique. Les mises en scène de nus de Spencer Tunick attirent des milliers de personnes. L’artiste qui monte en flèche au Canada, Adad Hannah, recrée des tableaux vivants avec des dizaines de figurants. Quant à cette Joconde, plus de 200 personnes se sont relayées pour la mener à bien. L’art comme grand-messe collective, cela faisait longtemps qu’on n’y pensait plus…
MUSÉES
Le retour du doyen d’Oxford
OXFORD – Ouvert en 1683, l’Ashmolean Museum se targue d’avoir été la première collection publique au monde. Plus de trois siècles plus tard, il reste fidèle à son esprit encyclopédique. Sa restauration, orchestrée par l’architecte Rick Mather, a duré trois ans, coûté près de 100 millions d’euros et permis de doubler les espaces disponibles. Tous les bâtiments anciens ont été démolis à l’exception du Cockerell Building, protégé au titre des monuments historiques. Les collections, démesurées, s’étendent de l’archéologie chypriote aux arts de l’Islam, des rouleaux japonais aux post-impressionnistes de Camden Town, des portraits du Fayoum aux dessins de Raphaël. La nouvelle approche muséographique privilégie les ponts entre civilisations plutôt que l’étanchéité des différents départements.
• L’Ashmolean Museum rouvre le 7 novembre 2009.
EXPOSITIONS
Les cavales de Wouverman
LA HAYE – Dans les tableaux de Philips Wouverman (1619-1668), on trouve presque immanquablement deux éléments : un cheval avec son cavalier et un arbre, de préférence fouetté par le vent. Un traitement qui peut nous paraître un peu répétitif mais qui plaisait beaucoup à son époque : dans les Pays-Bas du XVIIe siècle, Wouverman était quasiment l’égal de Rembrandt. C’est que ses scènes étaient colorées, animées et, derrière leurs formules bien huilées – scènes de bataille, de chasse, de loisirs d’hiver - résumaient efficacement le paysage hollandais ou italien. Le Mauritshuis présente une rétrospective mesurée (une cinquantaine d’œuvres) mais qui présente l’avantage de réunir des pièces lointaines (Vaduz, Floride, Manchester) et de puiser dans des collections privées, donc rarement montrées.
• A cheval ! Le monde de Philips Wouverman au Mauritshuis, du 12 novembre 2009 au 28 février 2010
L’esprit Bauhaus
NEW YORK – Après avoir été présentée au Martin-Gropius-Bau, jusqu’au 4 octobre, la rétrospective sur l’école du Bauhaus offre un autre rendez-vous à ceux qui l’auraient manquée. Le MoMA accueille en effet 400 œuvres synthétisant la vitalité de ce mouvement pluridisciplinaire qui brilla en Allemagne de 1919 à 1933 avant de disparaître sous l’éteignoir nazi. L’exposition, qui réunit des créations de Moholy-Nagy, Kandinsky, Albers ou Oscar Schlemmer, prend un sens particulier au MoMA, ouvert en 1929. Son fondateur, Alfred Barr Jr., ne passa en effet que trois jours au Bauhaus, en 1928, mais il les considéra parmi les plus formateurs de sa vie. La conception de son musée devait s’en inspirer directement par son savant mélange d’art, d’architecture et de design. Après l’exposition, un espace Lounge permet de s’asseoir dans du mobilier Bauhaus, signé Breuer ou Mies van der Rohe.
• Bauhaus 1919-1933 au MoMA (Museum of Modern Art) du 8 novembre 2009 au 25 janvier 2010.
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• A l’occasion de la publication de sa correspondance intégrale, le musée Van Gogh d’Amsterdam met en regard 120 lettres de Van Gogh avec les tableaux ou objets qu’elles commentent. Jusqu’au 3 janvier 2010
• A Paris, le musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme retrace la splendeur des Camondo, Juifs stambouliotes au destin tragique, qui constituèrent une des plus belles collections d’Europe. Du 6 novembre 2009 au 7 mars 2010
• Au musée Guimet, Au fil du Genji, hommage au Maître Yamaguchi. Présentés pour la première fois en France, les quatre rouleaux de brocart illustrant un des textes fondateurs de la littérature japonaise. Un témoignage éblouissant de la maîtrise et de la créativité des artisans d'art japonais Jusqu'au 10 janvier 2010
L'ARTISTE DE LA SEMAINE
Ida Tursic & Wilfried Mille, 90 Interview May 1998 Miroir III, 2008, huile sur toile, 250 X 200 cm, Courtesy Almine Rech Gallery, Bruxelles-Paris & Fondation d'entreprise Ricard, Paris
Ida Tursic et Wilfred Mille triturent l’actualité
Tous deux nés en 1974, ils se sont rencontrés plus ou moins à mi-chemin, à Dijon, où ils travaillent : lui, Wilfried Mille, est de Boulogne-sur-Mer, elle, Ida Tursic, de Belgrade. Ils passent au crible de leurs couleurs acidulées – qui mélangent extraits de journaux, aérographe et aquarelle - l’actualité et les fantasmes de l’homme occidental : le monde doré des top models et des icônes du cinéma comme Romy Schneider, James Dean ou Kate Moss, les faits divers dramatiques (incendies), la pornographie (qui a fait leur notoriété au début). Bref tout ce qui fait le contenu des magazines populaires ou est susceptible de titiller leurs lecteurs… Connaissant une carrière en pleine ascension, ils viennent de se voir attribuer le prix de la fondation Ricard 2009 pour l’art contemporain et verront donc une de leurs œuvres intégrer prochainement les collections du Centre Pompidou.
• Ida Tursic et Wilfried Mille sont montrés jusqu’au 7 novembre 2009 à la Fondation d'entreprise Ricard (12 rue Boissy d’Anglas, 75008 Paris) dans le cadre de l’exposition « L’image cabrée ».
VENTES
La chasse au trésor
PARIS - L’invention d’un trésor n’est pas chose commune. On a beaucoup parlé de celui du Staffordshire, mis au jour l’été dernier et récemment exposé à Birmingham. Un autre passe bientôt sous le feu des enchères : il a été découvert à Pouilly-sur-Meuse, près de Verdun, par un particulier en novembre 2006 et comprend 31 pièces d’orfèvrerie du XVIe siècle. Probablement mis en sécurité en une époque troublée par les guerres de religion, il a dormi près du lit de la Meuse pendant plus de quatre siècles. Il comprend trois coupes, deux gobelets, une aiguière en vermeil au poinçon de Paris et 21 cuillères dont un ensemble de 12 en argent, au poinçon de Chalons en Champagne, datée de 1520. Outre leur état de conservation, ces dernières modifient notre vision de l’histoire de l’orfèvrerie française puisque le plus ancien ensemble connu de douze couverts remontait jusqu’à présent à 1680. La vente de ce « trésor national » (interdit de sortie du territoire pendant 30 mois) se fera lot par lot avec une possibilité de réunion en fin de vente (si un enchérisseur propose plus que la valeur totale des dix lots).
• Trésor de Pouilly-sur-Meuse chez Sotheby’s Paris le 9 novembre 2009
A l’heure de clore la rédaction, nous apprenons que les collectivités publiques (ville de Nancy, région de Lorraine, Etat), avec l’aide d’un mécène et d’une société savante, se sont portées acquéreur de l’ensemble pour 1,4 millions €.
LIVRES
Dina, de la muse au musée
« Et vous monsieur l’artiste, comment voyez-vous le monument ? – Oh, moi, monsieur le Président, je vois un beau cul de femme ! » Le monument dont il est question doit être dédié à Blanqui, le révolutionnaire, et l’iconoclaste qui prononce ces mots est – qui l’aurait deviné ? - le timide Maillol… L’autobiographie de Dina Vierny (1919-2009), qui fut, toute jeune, le modèle favori du sculpteur, abonde en anecdotes croustillantes de ce genre, concernant des personnages aussi divers que Victor Serge, Jean Moulin, Auguste Perret, Gaston Deferre ou Billy Wilder. C’est que la jeune Russe venue d’Odessa en famille après la Révolution a fréquenté toute l’intelligentsia du XXe siècle. Et pas seulement comme modèle : elle fut aussi résistante, collectionneuse (d’archéologie ou de poupées), galeriste (elle révéla notamment Poliakoff, qui vivait jusqu’alors de ses émoluments de guitariste tzigane), libraire nocturne, enfin fondatrice du musée Maillol, qui s’est commodément installé dans la géographie culturelle parisienne après une gestation rendue interminable par les tracas administratifs
• Dina Vierny, histoire de ma vie racontée à Alain Jaubert, Gallimard, 2009, 250 p., 22,50 €, ISBN : 978-2-07-078201-7
BRÈVES
BÂLE – La foire d’art ancien Basel Ancient Art Fair se tient du 6 au 11 novembre 2009.
BAMAKO – Les Rencontres de Bamako, biennale africaine de la photographie, se tiennent du 6 novembre au 7 décembre 2009.
NEW YORK – La 3e édition de Performa, biennale internationale de la performance artistique, se tient à New York du 1er au 22 novembre 2009.
PARIS – Le musée Jean-Jacques Henner, installé dans l’ancien atelier de son ami Dubufe, rouvre le 5 novembre 2009.
PARIS – Le Salon du patrimoine culturel, qui se tient au Carrousel du Louvre du 5 au 8 novembre 2009, a pour thème « patrimoine des religions ».
PARIS – Les « Temps forts », présentation des plus beaux lots des ventes à venir, se tiennent à Drouot-Montaigne jusqu’au 8 novembre 2009.
TURIN – Le salon d’art moderne et contemporain Artissima se tient du 6 au 8 novembre 2009.
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Cette semaine, ne manquez pas...
SALON D'AUTOMNE 2009
PARIS - Manifestation plus que centenaire (la première édition se tint en 1904), qui a marqué l'histoire de l'art (avec le scandale des fauves en 1905, l'affirmation du surréalisme ou de l'Ecole de Paris), le Salon d'Automne revient au Grand Palais du 12 au 16 novembre 2009 pour défendre une certaine forme de diversité culturelle.