Après Sotheby's, Christie's entre en scène

Les maisons anglo-saxonnes sont désormais établies à Paris, à tous les effets. Sotheby’s a frappé ses trois coups le 29 novembre, pour une vente de bibliophilie qui a connu un franc succès. Sa rivale de toujours, Christie’s, lui emboîte le pas aujourd’hui. Les deux stratégies diffèrent. Alors que Sotheby’s égrène ses ventes, Christie’s les concentre en rafales. Nous aurons ainsi droit à dix vacations entre le 5 et le 13 décembre avec, notamment, de l’orfèvrerie, du mobilier français et la collection Marthe Couvelaire de laques du Japon (le 7), la collection Gaffé d’art tribal (le 8), la bibliothèque Giannalisa Feltrinelli (le 11) et la collection d’arts décoratifs de Karl Lagerfeld, qui reste fidèle à Christie’s à qui il avait confié ses précédentes ventes.Après une interruption de deux mois, les prochains rendez-vous sont fixés au 12 février pour des des automobiles historiqes, au 21 mars pour des dessins anciens, puis au 8-10 avril pour 4 ventes en 3 jours.

L’inauguration, en deux sessions, est consacrée à la collection de Charles-Otto Zieseniss. Elle comprend des porcelaines, des bronzes de Barye, des tableaux. Décédé en 2000 à 85 ans, le collectionneur, grand admirateur de l’empereur, fut vice-président de la fondation Napoléon, administrateur de la Malmaison et conservateur honoraire de Versailles. Si les bronzes de Barye lui ont été légués par son père, la porcelaine, qu’il a ammassée pendant une trentaine d’années, a constitué sa vraie passion. «L’objectif de Charles-Otto de Zieseniss était de posséder une assiette de chaque service de la manufacture royale de Sèvres, précise l’expert, Hervé de la Verrie. Aucune collection n’en possède autant. A côté des commandes royales ou de hauts personnages – l’assiette du service que Madame du Barry a fait exécuter en copie de celui de Catherine II de Russie est estimée 100 000 francs – on trouve un ensemble très original d’assisettes d’échantillon.»

Il s’agissait de modèles que les intéressés pouvaient faire retoucher. «Zieseniss possédait une quarantaine de ces prototypes, tous uniques alors qu’un service complet comportait plusieurs centaines de pièces. Ainsi, par exemple, le service que la Du Barry a demandé pour son dîner inaugural à Louveciennes en comptait 250, dont 145 assiettes. Celle que nous présentons, à décor polychrome et frise de perles bleues, est estimée entre 50 000 et 70 000 francs». Avant la porcelaine, qui sera dispersée demain, on pourra suivre le sort du Triomphe de Vénus (entre 800 000 et 1 million de francs), attribué à François Le Moyne, l’auteur des plafonds du Salon d’Hercule à Versailles, récemment restaurés. Ou se replonger, à partir de 150 000 francs, dans les vues vénitiennes de Ziem.