Accueil > Le Quotidien des Arts > Le Musée de l’homme s’interroge

Musées

Le Musée de l'homme s'interroge

Suite au projet de déménagement de milliers d'objets vers le quai Branly, l'Institution continue la grève.

PARIS, 28 nov (AFP) - Le Musée de l'Homme, l'un des plus grands musées dans le monde consacré à l'anthropologie, l'ethnologie et la préhistoire, craint pour sa survie: depuis plus d'une semaine, son personnel est en grève pour protester contre la dispersion de ses collections, qui doivent notamment alimenter le futur Musée des Arts premiers.
Le personnel, à l'appel du comité de grève GGT, FO et SUD, a entamé mercredi son neuvième jour de grève pour dire "non" au déménagement des 300.000 pièces de ses collections. Le mouvement, qui a reçu le soutien de deux scientifiques prestigieux, le généticien André Langaney et le paléoanthropologue Yves Coppens, a été lancé par les 130 fonctionnaires de l'établissement au moment ou devaient démarrer les premiers préparatifs de déménagement.
Le Musée de l'Homme fait partie des 28 laboratoires du Muséum national d'histoire naturelle, avec deux autres établissements eux aussi consacrés aux sciences humaines: le Musée des arts africains et océaniens et le Musée des arts et traditions populaires.
"La place du Musée de l'Homme est immense. Au lieu d'être un +cabinet de curiosités+, dédié à l'exhibition d'objets étranges, c'est devenu un lieu de connaissance, où le père amène son fils, l'instituteur ses élèves", relève le président du comité de grève, Jean Mennecier.
Selon les grévistes, le transfert des collections d'ethnographie et d'anthropologie au futur musée des Arts premiers, qui doit ouvrir fin 2004 quai Branly, à deux pas de la Tour Eiffel, signerait l'arrêt de mort de la vénérable institution du Palais de Chaillot.
"Le Musée de l'Homme avait une vocation universaliste. On casse les choses", estime Jean Mennecier, qui relève que sur les 300.000 objets des collections de Chaillot, "moins de 2.000 seront exposés au quai Branly pour leur valeur esthétique".

Vision désuète. Aux yeux des grévistes, le déménagement de ces 300.000 pièces constituerait "un véritable forfait, leur unité scientifique serait brisée et le travail de décennies de recherche anéanti". Le Musée de l'Homme, qui ne conserverait que les collections de préhistoire, estiment-ils, n'y survivrait pas. Les grévistes soupçonnent en outre les pouvoirs publics de vouloir à terme déclasser une partie de ce patrimoine pour le vendre.
Pour les défenseurs du musée du quai Branly, le nouvel établissement permettra au contraire de regrouper et surtout de mieux mettre en valeur les collections. "Ce qui a été décidé en 1996, c'est que les collections ethnologiques non-européennes, actuellement dispersées entre deux musées, seraient regroupées", explique Stéphane Martin, président-directeur général du nouveau musée.
L'ensemble de cette collection va représenter 250.000 objets. 9.500 m2 carrés seront consacrés aux expositions, contre moins de 5.000 pour les deux établissements existants sur l'ethnologie hors Europe.
Selon Stéphane Martin, le musée du palais de Chaillot représente "une vision un peu désuète du monde". "C'est une vision qui a été celle de grands savants, mais qui ne correspond plus à l'état social et politique du monde actuel", souligne-t-il. Les grévistes ont demandé à être reçus par le président Jacques Chirac, le père du projet de musée des Arts premiers.
Patrice COLLEN

Toutes les informations d'origine AFP reproduites dans cette page (dépêches, photos, logos) sont protégées par des droits de propriétéintellectuelle détenus par l'AFP. Par conséquent, aucune de ces informations ne peut être reproduite, modifiée, rediffusée, traduite, exploitée commercialement ou réutilisée de quelque manière que ce soit sans l'accord préalable écrit de l'AFP. L'AFP ne pourra être tenue pour responsable des délais, erreurs, omissions qui ne peuvent être exclus, ni des conséquences des actions ou transactions effectuées sur la base de ces informations.

Tous droits de reproduction et de représentation réservés © 2001 Agence France-Presse


  AFP
29.11.2001