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Expositions

Sous la neige, Claude Malbranche

Le musée des beaux-arts de Caen suit les traces de ce peintre du 19e siècle qui a fait des paysages enneigés sa spécialité.


Louis-Claude Malbranche,
Vue de la vallée de Munster prise sur
le Hohneck
, 1836
© Photo : Géraldine Langlois
Né à Caen, le peintre Claude Malbranche (1790-1838), remporte un vif succès dans les années 1830 avant de tomber dans l’oubli. Élève de Pierre Prévost, premier peintre de panoramas, puis de Bergeret, le jeune artiste excelle dans les représentations de paysages. Son exposition aux Salons, chaque année depuis 1819, asseoit sa notoriété. La médaille d’or 2e classe qu’il reçoit en 1831 récompense Rivière glacée avec patineurs, soleil couchant. De nombreuses influences se retrouvent dans ses toiles : le thème des scènes d’hiver et le traitement naturaliste des écoles flamandes et hollandaises du 17e siècle, la peinture panoramique dans les ateliers de maîtres français. Les compositions grandioses ne sont pas sans rappeler le courant néoclassique tandis que l’ambiance mélancolique renvoie au romantisme. Malgré tous ces apports, l’artiste conserve une spécificité dans les violents contrastes entre les branchages noirs et la blancheur de la neige.

«Chaque fois que je vois de la neige, je pense aux tableaux de Malbranche». Cette citation de Louis-Philippe au Salon de 1831 révèle le succès de l’artiste dans un thème dont il se fait le spécialiste après Pierre Bruegel, Aert Van Loo, Henrick Avercamp et Jules-César-Denis Van Loo. Quinze des tableaux présentés dans cette exposition illustrent ce thème. C’est en 1822 qu’il réalise Hiver, effet de neige, en 1824 Vue prise en Normandie, effet de neige. Certes, l’aspect pittoresque de ses paysages ne rivalise pas avec l’intensité mystique de Friedrich et se rapproche plus d’artistes comme Cornelius Krieghoff. Les scènes anecdotiques alternent avec les scènes historiques relatant les épopées napoléoniennes comme Épisode sur le retour de la campagne de Russie.

Les années 1830 sont caractérisées par un changement dans le traitement de la lumière associé à une précision des contours. Les arbres se font plus cernés et un certain réalisme apparaît dans les détails. Sur les 54 peintures reçues aux Salons, 41 le sont entre 1831 et 1838 et un quart représente des paysages d’hiver. L’artiste vend de son vivant toutes ses toiles hivernales et sept des onze toiles acquises par le duc d’Orléans, la liste civile et la Société des Amis des arts illustrent ce thème. Les 25 paysages présentés au musée sont issus de collections publiques et privées et donnent à voir le goût d’une époque pour ce type d’œuvre. Redécouverte d’un artiste qui a fui l’art de son temps, symbolisé par l’école de Barbizon, pour se replonger dans le 17e siècle pittoresque…


 Stéphanie Magalhaes
26.12.2001